Faut qu'on cause

Discussion_57539311« Chéri(e) il faut qu’on(moi) cause » est la phrase clef du couple, qui n’augure généralement rien de bon, surtout quand elle est prononcée à 23 H 30 au moment où l’on se couche avant une journée  marquée d’avance par une réunion importante.

Quand la femme la prononce c’est parfois pour un sujet totalement futile, relatif à l’incapacité de l’homme à reboucher le dentifrice, étendre les serviettes, rabaisser la lunette des WC, mettre son linge sale dans le panier, etc… Futile pour lui, car si nous précisons « il faut qu’on cause » c’est que la coupe est aussi pleine que le panier de linge sale.

Quand l’homme la prononce, c’est souvent pour asséner des coups de massue, on le reconnaît bien là : « je te quitte », « j’ai une maîtresse », « j’ai tout perdu au jeu » « j’aime pas Fernande, c’est elle ou moi ». Sinon l’homme a rarement à causer, sauf avec ses potes et ses collègues, de choses très précises : foot, sport en général, jeu vidéo super, film nul, voiture et femmes, loin de nos innocentes oreilles.

Le problème majeur est que l’homme et la femme n’ont pas le même sens de ce que peut bien être une « discussion ». La femme et l’homme ont des cerveaux structurés différement, et je m’en vais vous expliquer pourquoi (ce n’est pas moi qui ai scanné des cerveaux H/F, ni fait de hautes déductions, j’ai juste lu les comptes rendus). Ceci sans aucun racisme et surtout sans vouloir prétendre qu’un sexe est supérieur à l’autre.

Cela remonte à la préhistoire, la sélection naturelle ayant naturellement joué pour faire survivre l’homme et la femme les plus aptes à assurer la survie de l’espèce.

L’homme généralement partait chasser la dinde sauvage (et accessoirement le mamouth ou le bison en Europe), avec une bande de potes aussi affamés que lui. Toute la tribu derrière applaudissant et leur recommandant de ne pas rentrer bredouilles sous peine d’être exclus du groupe. Cela motive.

Peut-être que des femmes les accompagnaient. Probablement de temps à autre. Mais généralement les femmes s’occupaient de la marmaille, la leur, également celle des autre parties cueillir de la verveine sauvage pour calmer les chiards. Pour s’occuper de la marmaille en n’en perdant aucun de vue, tout en surveillant les copines, le sorcier gâteux et s’il ne s’approchait pas un prédateur, les femmes ont développé une vision périphérique super au point, et une énorme capacité à « écouter ». Ainsi elles savaient que leurs 3 mômes allaient bien, que la copine HB était tombée dans les orties et que le sorcier radotait une fois de plus.

Pendant ce temps là, le chasseur de dindes développait une vision en tunel pour bien viser, une appréciation exacte des distances, et une grande capacité à se repérer dans l’espace pour retrouver son chemin et rentrer à la caverne. Il apprenait également à se taire pour ne pas faire fuir les troupeaux de dindes dont l’approche était délicate, les dindes étant très crétines de nature et s’affolant d’un rien.

Aujourd’hui nous sommes toujours ce que la sélection naturelle a fait de nous. Les femmes sont capables de surveiller les enfants, tout en faisant la cuisine en papottant au téléphone avec Fernande, et en surveillant d’une oreille qu’Albert tond bien la pelouse. L’homme lui n’est pas « multi tâches ». J’en connais même au boulot qui sont incapables de réfléchir debout. Il leur faut s’assoir, sinon les talons « font contact avec le sol (oh !!!), cela fait remonter direct un courant électique au cervelet et leur bloque leur capacité à réfléchir » (c’est leur explication). En fait ils ne peuvent pas à la fois se tenir debout, respirer, faire battre leur coeur, et en plus réfléchir. Une fois assis, cela va mieux.

Par contre l’homme sait où est le nord même dans le tunnel du mont blanc, comment rentrer à la maison sans demander son chemin (surtout pas, quitte à se perdre pendant 4 heures), comment trucider un sanglier sans hésitation avec une lance, et apprécie mieux en voiture, vitesse, distances de freinage que la femme qui par contre est moins dangereuse aux carrefours rapports à son angle de vision supérieur à celui de Monsieur qui lui ne trouve pas le beurre dans le frigo s’il ne lui tombe pas sous l’oeil à l’ouverture de la bête (le frigo, je sais que les hommes ne suivent pas), rapport à sa vision en tunnel.

Pour discuter c’est pareil. Si vous voulez annoncer à Albert « j’ai un amant je te quitte », attendez que le match de foot soit commencé, il ne vous entendra même pas, s’étant déconnecté d’une réalité qui soit autre que « pénalty, hors jeu, arbitre ». Vous pourrez toujours lui dire « je te l’avais dit » sans mentir. Dans les réunions de famille c’est pareil. Il se concentre pour écouter ce que dit son frère et n’entend plus rien d’autre, les papotages des femmes capables de suivre 3 conversations à la fois lui donnant l’impression d’être dans une infâme basse cours. Alors que l’on suit toutes les conversation, la cuisson du gâteau au four du nez, et du coin de l’oeil Pulchérie qui fait l’andouille dans l’escalier une fois de plus.

Ce n’est pas qu’il soit contre la discussion : il est à la recherche perpétuelle d’une zone « langage » sérieusement atrophiée chez lui par rapport à la nôtre (notre zone atrophiée étant celle du déplacement dans l’espace  d’où notre facilité à demander notre chemin). Donc il n’envisage pas la discussion comme nous du tout. Quand il parle c’est toujours du concret : l’arbitre est un con, le sélectionneur est un con, tous des cons, et le dernier jeu sur playstaichion est super où il a trouvé la sortie cachée du piège infâme.

Nous, les femmes pouvons très bien parler juste pour nous soulager d’un souci, d’un problème pour l’instant insoluble. Suffit qu’on en parle et cela va mieux. Nous appelons cela communiquer et les informations fusent en vrac et dans le désordre. Lui n’en voit pas l’intérêt. Il garde ses emmerdes pour lui tant qu’il n’a pas de solution, donc il ne nous les communique pas, même si on insiste car on voit bien que quelque chose le ronge. Pour lui, si nous lui disons que Truchon est décidément insupportable, c’est qu’on attend de lui une solution qu’il croit, solution qu’il s’empresse de nous donner alors que l’on n’en veut pas, le : « démissionne ! » n’étant pas une option valable pour nous, ni la phalloïde dans le petit café. Nous aimerions qu’il compatisse où tout bêtement nous écoute, au lieu de faire semblant en suivant plutôt les infos de 20 H.

Habitué qu’il est par nos bavardages pour lui non productifs, l’homme n’entend pas le sous-entendu « j’en ai marre de toi, ça va craquer ». J’ai testé avec Charles Hubert : 2 semaines de « tu risque fort de prendre la porte » ce qui était tout de même plus qu’un sous-entendu, n’ont donné aucun résultat et il était tout surpris, le pauvret quand j’ai ouvert la porte en disant « dehors ». Il ne s’en est toujours pas remis. Je pense qu’il devait y avoir une grande compétition de foot à l’époque…

La discussion pour l’homme doit être productive : on trouve une solution au problème, si problème il y a. S’il ne met pas son linge sale dans le panier ad hoc, ce n’est pas un problème vrai, donc il n’écoute pas. Pire, il n’entend même pas, étant programmé pour entendre surtout l’approche d’un prédateur. Des feuilles mortes qu’on piétine, une branche qui craque ça l’interpelle, pas le bébé qui pleure la nuit dont on s’occupe très bien, qui n’est pas dangereux pour lui, et qui ne sait pas encore ce qu’est le foot.

Solution un peu salissante : avoir une grande provision de feuilles mortes, de branches bien sèches, et piétiner le tout avant de lui dire « il faut qu’on parle ». Vous aurez toute son attention… Son instinct joue enfin… (si vous êtes en appartement, méprisez la surprise des voisins de vous voir arriver avec votre fagot)

Garder son attention sera un autre problème et avoir une discussion vraie avec lui est souvent quasi impossible. En fait l’homme qui discute avec ses potes, monologue et eux avec… Ce n’est pas de la discussion. La phrase clef d’Albert quand je parlais de ses parents était « on parle d’autre chose » (oui mais de quoi ?), Charles Hubert avait la sienne aussi quand j’abordais le cas de ses tas de sacs plastiques qu’il entassait dans le salon « je ne comprends pas ce que tu me dis ». Et c’est vrai qu’il ne comprenait pas le pauvre bouchon : il était incapable d’écouter, et les informations suivaient toutes les circonvolutions de son cerveau avant de lui présenter le résumé : …

Sinon on peut faire comme lui et n’aborder que les vrais problèmes en ayant une solution « tu me fais ch…., je te quitte ». Garder les dialogues intéressants pour les copines qui partagent notre besoin de dire environ 6000 mots par jour. L’homme qui a un cerveau dont la zone langage est moins atrophiée que la moyenne (à 2000 mots par jour ils ont fait leur maximum) fait homme politique, journaliste ou avocat : il peut causer (enfin monologuer). De ce qui lui convient d’ailleurs, ce qui ne l’empêche certainement pas d’être muet chez lui n’éprouvant pas le besoin de dire « je t’aime » à sa titine adorée : s’il ne l’aimait pas il y a longtemps qu’il se serait tiré.

La vie n’est qu’un long calvaire et la sélection naturelle aussi…

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