Le martyre de la photo d'identité

Simone_02Sur cette photo : la maman de Jean Poirotte, autrement dit ma grand mère paternelle.

Zolie vous trouvez pas ? Elle l’était effectivement, et même plus que jolie. Mais elle n’était pas folle elle, elle allait se faire photographier chez un photographe professionnel qui coûtait moins cher qu’on ne croit et lui tirait 50 exemplaires de ses nombreux portraits (tout le monde en a, dont moi 15 à tous les âges, elle est toujours sublime). Mon autre grand mère faisait comme elle, et un jour je vous la montrerai : impossible de me reconnaître dans la rue avec les photos de mes grands mères : l’hérédité n’est qu’un long calvaire et mon incognito assuré (surtout quand on sait que Delphine tiendrait plutôt de la photo et que je ne vois pas pourquoi cela saute 2 générations, même si je suis heureuse d’avoir des filles ravissantes (Pulchérie tient de l’autre grand mère…).

De nos jours il est fréquent que l’on ait besoin d’une photographie dite « d’identité » (pas comme ici), et là le parcours du combattant commence, car il est exceptionnel que l’on s’adore via ce biais.

Déjà en règle générale, on se trouve moche, donc on s’adooooore tout particulièrement en photo, surtout quand le bon copain qui fait « clic »  choisit le moment où l’on ferme les yeux en disant « bof » avec une grimace, un verre de beaujolpif à la main. C’est divin.

Donc, il faut une photographie qui nous ressemble et ne fasse pas peur au douanier pour éviter la fouille… de nos bagages. Une qui ne fasse pas douter le flic qui contemple notre permis de conduire d’un air dubitatif, et contente l’ambassade des USA qui essaye de dépister les terroristes avant de délivrer un visa (en plus la photo est fichée et fera le tour du monde).

On teste la cabine automatique. Généralement quand je récupère les clichés (on a le choix et on se trompe toujours), je me retrouve rousse alors que je suis blonde, ce n’est plus de vagues cernes que j’ai sous les yeux mais carrément des lunettes, et j’ai le nez en biais alors qu’après vérification il est normal (il faut bien que quelque chose soit normal chez moi). Je déprime donc à mort.

La dernière fois que j’ai été obligée d’aller me faire tirer le portrait en 12 exemplaires, un rat italien m’avait chourré tous mes papiers avec le portefeuille qui allait avec et le fric qu’il y avait donc dedans. Contrainte et forcée de me faire refaire : carte d’identité, permis de conduire et passeport. Direction la cabine automatique. J’en suis ressortie avec la bave aux lèvres en déchirant les clichés pour que personne ne les mette dans une sordide collection, et j’ai filé droit chez le photographe.

Une femme en sortait avec la mine d’un abominable tueur psychopathe potentiel, et j’aurais dû me méfier. Car le photographe n’a pas fait dans la dentelle, a essayé de me refourguer de la couleur à quoi j’ai dit non avec fermeté, m’a demandé de baisser la tête, m’a fait le fond d’oeil et m’a tendu 15 minutes après de quoi rameuter à mes trousses tous les flics de France et de Navarre en me précisant « vous êtes particulièrement réussie ».

Si cette chose là, sur les 12 carrés c’était moi particulièrement réussie, je n’avais plus qu’à aller m’ouvrir les veines ou aller tuer quelqu’un, comme la femme que j’avais croisée, et que j’aurais dû interroger avant de m’enfuir. Mais comme j’étais particulièrement réussie, je n’ai pas osé retenter un autre tirage : de peur que je sois ratée au deuxième essai.

Avant… Il y a très longtemps, les photographes faisaient poser avec ou sans sourire, recherchaient le meilleur profil, choisissait le fond adapté à leur modèle et même pour l’identité, ils faisaient du joli (j’étais ravissante sur mon permis qui circule en Italie, mais bon j’avais 20 ans tout en n’étant pas plus photogénique qu’aujourd’hui). Maintenant ils vous font asseoir devant 12 personnes qui attendent, font clac et vous tendent de quoi faire un serial killer de plus. C’est donc à cela que je ressemble sur tous mes papiers d’identité. Manquerait plus que le fisc nous demande notre photographie, je ne vous cause pas des 50 % qu’on se prendrait pour avoir essayé de traumatiser un honnête fonctionnaire…

La vie n’est qu’un long calvaire.

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