Les filles ça bricole (ça en fait des choses)

Fille_et_bricolageA ceux qui croyaient tout savoir après avoir lu mon billet « conseils utiles aux ignorants qui ont mis au monde des filles », je précise qu’ils ne savent pas encore tout (oh combien !). Exemple : les filles c’est comme les garçons, ça bricole en plus du reste, confondant au passage d’ailleurs le ciseaux à bois de leur grand père avec un tourne vis. L’un et l’autre ne s’en sont jamais remis (les menuisiers comprendront).

Le père des filles, Albert, était bricoleur, et c’est un vrai bonheur que d’avoir un mari qui bricole quand il ne décide pas de s’immoler un pouce avec le marteau ou de se planter la perceuse dans le pied, au son de « appelle le SAMU chérie merde ! je vais crever sinon ! ».

Pulchérie adorait « picoler » avec son papa (de quoi lui faire une réputation), d’autant que le WE, Albert étant plus matinal que moi, s’occupait d’elle jusqu’à ce que j’émerge. A savoir qu’ayant pris un biberon (mal) réchauffé par lui, elle recevait l’ordre absolu de ne pas le quitter d’une semelle. Un enfant ça ne se quitte pas d’un regard (surtout elle qui faisait de l’escalade dans les plantes vertes et sur le piano, et adorait répandre le liquide vaisselle sur la moquette ou même le boire, ce trésor chéri).

Pour l’occuper, tout en vaquant à ses occupations bricolesques, Albert refilait à sa fille des gros clous et une planche dans laquelle les planter avec un petit marteau (coup de bol elle ne mangea ni clou, ni planche, ni marteau et ne se planta rien dans le pied, ce qui est tout à fait admirable vu ses dons multiples). Les barbies et les poneys multicolores avaient donc leurs planches à clous pour le coup du fakir, et les voisins que du bonheur le samedi à 9 heures, Pulchérie ne pouvant pas planter des clous sans jacter en plus, comme de coutume (elle tient de moi, j’aime bien parlotter). Delphine montra moins d’empressement quand vint son tour car elle suçait son pouce droit en étant droitière, ce qui est ennuyeux pour planter des clous. Mais elle regardait quand même en attendant que je me réveille pour lui faire un second biberon vu qu’elle avait toujours jamais pas faim : un papa qui bricole c’est beau, surtout quand il y a du sang et que du coup maman va se lever plus tôt et faire à manger en appelant le SAMU.

Lorsqu’elles sont arrivées à l’adolescence, Albert parti depuis un moment, j’ai senti à un moment donné que les filles tenaient de leur père et peut-être du mien pour le côté « bricolage », et là on peut admirer ce qu’est l’atavisme.

Un beau vendredi soir de vacances scolaires, je suis rentrée de chez mon avocat tordu de l’époque (je ferai un post un jour rien que pour lui, promis), pour trouver leur chambre entièrement réorganisée (surprise maman chérie !) et tous mes outils par terre dans la chambre (où sont mes chaussures de sécurité ?).

Oui j’avais des outils, la vie d’une femme seule n’étant qu’un long calvaire, il me fallait bien planter mes clous toute seule et tuer les araignées moi-même. En plus quand j’ai un petit copain, il est toujours du style à se planter un clou dans la main, sans être le messie (pas de bol, je pourrais faire la Marie Madeleine sinon) (revieeeennnnnns Albert – non je plaisante, mais si tu veux on peut en causer…).

L’étagère basse que j’avais mise entre leurs deux lits sous la grande fenêtre pour délimiter le territoire et supporter leurs réveils, chaine stéréo et « autres », que j’avais montée à grand renfort de jurons contre le kit, avait été « réaménagée ». Comprendre que comme, prudente, je n’avais pas de scie circulaire, elles avaient pété deux ou trois lattes de pin pour dégager de l’espace vers le haut (ne cherchez pas à comprendre pourquoi ni comment, mais un marteau ne s’en est jamais remis non plus : les étagères étaient cuites).

Les bureaux à cylindres montés par Jean Poirotte et moi-même, toujours à grands renforts de jurons, avaient été débarrassés de leurs cylindres transformés en stores les empêchant de se voir (c’était la période : « je ne peux pas t’encadrer t’es trop con, et moche en plus, tu t’es vue, et gnagnagna »), montés habilement avec les planches cassées de l’étagère. C’était divin. Elles avaient plantés des clous dans les murs pour dissimuler les posters et accrocher de jolies étoffes (mes paréos dont je faisais collection), et également dans le plafond pour la même raison. Régulièrement elles se mettaient en grand bricolage, transformant les étagères en commode, les lits en pouf, et les bureaux en table de salon dès fois qu’elles reçoivent sans que je le sache.

Les tiroirs des bureaux ont connu 22 places (dans les étagères transformées), y compris la leur dans les bureaux. Quand ils dégageaient pour une étagère modifiée, leurs emplacement d’origine se transformaient en étagères prêtes à s’écrouler (grâce à une habile réutilisation des stores, car finalement elles s’adoraient et étaient « plus que belle, mais non c’est toi la plus belle, non j’insiste c’est toi, et gnagnagna »).

Pulchérie partie pour Paris avec l’intégralité de mes tourne-vis, ma pince coupante, + ma pince à épiler, Delphine se retrouva diaboliquement seule pour :

  • Transformer leurs deux lits en un canapé lit qui fit le tour de la chambre (montage des sommiers en angle droit : deux heures et 3 kg de fil de fer), (mise en place du dossier avec un angle confortable finalement : 4 heures et 3 kg de fil de fer : je ne sais pas où elle s’était procuré le dit fil, n’en ayant pas l’usage personnellement, mais ça tenait)

  • Démonter une grande étagère qu’elle m’avait fait acheter et monter 6 mois avant pour faire des « transformations », mes paréos étant devenus des rideaux masques bordels sur étagères avec plein de trous car elle ne savait que planter des clous (ou enrouler du fil de fer).

  • Récupérer les cylindres pour en faire des étagères décoratives mais qui penchaient légèrement sur la droite et ne semblaient pas bien solides (elle avait renoncé à dormir en dessous, j’ai bien reconnu là son tempérament non téméraire)

  • Monter une cabane pour le chat avec le bois perdu, où il ne mit jamais les pattes, préférant dormir en rond sur ses vêtements qui jonchaient le sol (manquant s’ouvrir la jugulaire sur un coupe ongles aussi facétieux qu’une pince à épiler, qui traînait par terre, on se demande pourquoi).

Quand Delphine est partie à son tour pour Paris avec mon ôte agrafes + ma pince à épiler, je n’ai pu rescaper qu’une seule étagère qui penche un peu, et est toujours couverte de son bordel qu’un de ces jours je vas mettre à la benne…

PS : je garde le post tel qu’il était au départ (j’écris autant que je parlotte) mais l’autre WE, Delphine a enfin benné elle-même son b… Bricolage. Mais je persiste : la boîte à outils est toujours vide et l’étagère ressemble à la tour de Pise. Je ferai bien payer pour qu’on la regarde…

La vie n’est qu’un long calvaire et la pince à épiler facétieuse…

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