Les filles malades : à 2 c'est mieux (dernier épisode)

Infirmi_re_53272638Quelle femme n’a pas rêvé secrètement d’être une Florence Nightingale, ou bien une infirmière héroïne d’un livre de Slaughter (ben oui j’ai lu Slaughter dans ma jeunesse, ce qui me permet de savoir ce qu’est la « dure mère » et où est situé le pancréas, entre autres, ça vous évitera de ricaner bêtement), que le chirurgien aime en secret et qu’il épouse à la fin ? On peut aussi faire dans le Robin Cook spécialiste de l’horreur médicale (l’infirmière administrant l’anesthésique mortel étant du genre vieille givrée/moche peau et ayant dû normalement alerter le héros avec sa trombine de tueur psychopathe rescapé des photomatons) (faut vraiment suivre) (mais vous remarquerez que parfois les héros manquent cruellement de discernement, et oui, ça fait beaucoup de parenthèses).

Si vous êtes mère de famille vous aurez l’occasion de vous transformer en infirmière, mais je vous préviens que votre look sera nettement moins classe que celui de la photo ou alors vous avez du mérite et du métier.

Pour les maladies infantiles, temps d’incubation oblige, les filles étaient malades en rafale. Pulchérie rapportait les oreillons de l’école maternelle, se transformait en Louis Philippe pour un temps, et dès qu’elle avait repris le collier, c’était Delphine qui succombait à son tour à la maladie, ne résistant pas plus aux virus que sa soeur. Elles m’ont fait successivement les oreillons, la scarlatine, la roséole et la rubéole (passant théoriquement inaperçue mais pas chez Pulchérie) en 3 mois de temps, je me sentais un peu lasse…

Les angines (blanches ou rouges on a le choix), les otites, grippes vraies, anthrax, peste, petite vérole, choléra et rhumes divers par contre les attaquaient généralement ensemble, et je me retrouvais avec deux enfants malades mais pas de la même manière.

Pulchérie avec son bon 40,5° voulait jouer aux 7 familles alors que sa soeur avec son petit 38° était répandue au fond de son lit en prenant Bambi pour un monstre (j’ai toujours eu une passion perverse remontant à mon enfance pour les 7 familles de Disney, et nous nous battions toutes les trois pour avoir la famille Bambi et la famille Blanche Neige (heu… oui… même moi…)). Impossible donc de transformer une chambre en infirmerie avec les deux sous le regard à pioncer et moi à lire tranquillement un livre d’horreur médicale avec un look divin. L’une gênait l’autre, la cadette ne pouvant rester seule pour cause de délire, alors que l’aînée gambadait dans les escaliers avec tout de même une petite mine, pour aller se mettre Dorothée à la télévision à l’étage inférieur (faut toujours suivre) ou jouer avec le chat ravi.

Delphine malgré sa température avait toujours de l’appétit et encore plus faim qu’à l’ordinaire, Pulchérie profitant du moindre microbe pour entamer une ènième grève de la faim, surtout devant un litron de soupe et un oeuf coque avec mouillettes beurrées. Toutes les deux détestaient que je leur prenne la température et je passais mon temps à chercher le thermomètre que la plus valide (donc Pulchérie) planquait dans une poubelle quelconque. Je n’étais pas une acharnée du thermomètre, mais on m’avait dit tout de même « d’éviter » (j’aime le terme) que Pulchérie ne dépasse 40° (le ,5 étant obligatoire pour elle, sinon c’était une fausse maladie). « Chère madame, évitez qu’elle ne dépasse 40° » : je fais quoi : je la mets au congélateur ? Pendant que je pistais le thermomètre, Delphine en délire prenait sa soeur pour Dracula et lui flanquait une baffe monstrueuse, ce qui engendrait des hurlements à faire baver d’envie un loup de film d’horreur.

Je comptabilisais les cachets, suppositoires, gélules adroitement diluées dans de la confiture, cuillères de sirop répandues et recrachées par Delphine, doses multiples fatalement différentes vu leurs 3 années d’écart. Je passais mon temps à leur chevet (surtout celui de Delphine à lui assurer que tout allait bien) ou à courir derrière l’aînée en pestant, et testais « la journée pyjama » avec application et hâte que cela se termine en terminant la soupe froide de Pulchérie et un oeuf coque figé avec mouillette molle.

Elles adoraient toutes les deux par contre, se faire masser avec du vicks « vaporub » comme elles disaient et la maison toute entière empestait le camphre et moi avec, même quand il n’était d’aucune utilité : ça les rassurait et me rendait « gentille maman qui s’occupe bien de nous ».

Cette odeur d’ailleurs avait un effet curieux sur Albert. Il demandait en premier lieu « qu’est-ce qu’on mange ce soir ? », devant ma tête aimable enchaînait sur un « qu’est-ce que ça sent ici ? ». L’odeur du camphre finissait par le terrasser et la mauvaise nouvelle arrivait bien assez tôt.

« Chérie, je ne me sens pas bien ! Je crois que j’ai de la fièvre, où est le thermomètre ? » (bonne question).

Pour Albert prévoir deux infirmières… + un prêtre, tout ceci sous fond de filles gambadant, enfin guéries. Car la vie n’est qu’un long calvaire. D’ailleurs je reviendrai sur mon post d’Albert malade, car il me revient que j’en ai oublié…

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