Petite histoire du shampoing

shampoing-2Devant l’affluence de requêtes gogoles ayant abouties chez moi après la question piège « shampoing », je me sens dans l’obligation de faire un post non exhaustif sur le shampoing afin que les malheureux ne sachant pas comment se laver les cheveux n’arrivent pas chez moi en vain (donc je m’absente 18 jours NA ! pour les laisser lire et en prendre de la graine !). (Ce n’est pas la pire des requêtes mais je reste soft, sinon où irions nous ?…)

Pour l’histoire du shampoing je vais vous faire la machine à remonter le temps et cela va vous scier, parce que théoriquement, remonter le temps, c’est impossible (si je dis le contraire, la méchante me flingue et sera inculpée de mamanticide).

Donc, quand que j’étais petite, on nous lavait les cheveux deux fois par mois, avec du shampoing éventuellement à un jour fixé appelé « le jour du shampooing« . Le mot « Shampoing » (et vlan gogole remonte) est important et prouve que ma mère était moderne, car le shampoing avant, peu de temps avant, juste sur le coup, c’était du savon de marseille découpé en copeaux avec un économiseur à légume, mis à macérer dans de l’eau jusqu’à obtenir une bouillie lavante. Ou de la poudre de je ne sais plus quelle racine soit disant lavante (donc à sec), ou bien de l’infusion de lierre soit disant lavante également.

Lavez-vous les cheveux avec du savon de marseille et vous comprendrez ce que je veux dire ou bien avec de l’infusion de lierre si vous savez le reconnaître de l’ortie vulgaire… C’est comme cela que toutes mes copines se faisaient laver la tête (d’où l’expression d’ailleurs, car ce n’était pas plaisant du tout, pendant et après)  et moi avec le flacon acheté en pharmacie par maman (la grande surface perçait tout juste) je n’étais qu’une crâneuse. Maman mettait du vinaigre dans la dernière eau de rinçage pour faire briller (et ça, c’est toujours valable en cas d’eau calcaire)

Donc notre mère osait le « 2 fois par mois« , contre toute logique car elle, de son temps, on lui autorisait le une fois par mois grand maximum, avec du savon de marseille ou, si les parents avaient les moyens, chez le coiffeur avec du shampoing, du vrai. Pour vous faire une idée, relisez cet excellent livre d’Agatha Christie (cherchez vous trouverez) où l’héroïne se décide à aller se faire faire un shampoing chez un coiffeur, ayant le cheveux plus que crade après 1 mois à chercher du boulot en Angleterre + 1 mois à chercher son chemin en Afrique du nord tout ceci sans se faire un seul shampoing (se lavait-elle le reste ? la question reste sans réponse) (en plus chez le coiffeur elle se fait enlever et décolorer en blonde, à la dégouter de se laver le scalp pour le restant de ses jours).

Ma mère m’avait autorisé, elle, à l’adolescence, le « une fois par semaine » avec force soupirs (genre « tu fais ce que tu veux ma pauvre petite » (ben oui), alors qu’actuellement elle se lave la tête tous les jours). Si l’on dépassait cette extrême limite c’était risquer de perdre tous ses cheveux, la desquamation du cuir chevelu en vue, la lèpre et la peste noire qui s’annonçaient, une vieillesse se pointant à se morfondre sans cheveux dans un hospice avec personne pour venir nous rendre visite (pour le cas où un homme aurait tout de même craqué pour nous et nous ayant fait un enfant découragé lui par notre crâne chauve). Les cheveux c’est quelque chose ! Mais c’était indiqué partout par de vrais spécialistes (!) : plus d’une fois par semaine était interdit sous peine de dégradation du bulbe capillaire et décès définitif du cheveux, sans parler des galères et du bagne toujours envisageables.

Hors j’avais (j’ai), le cheveux gras comme une majorité de personnes. Le cheveux gras n’existe plus désormais, il « regraisse vite », c’est écrit partout. Et se laver les cheveux une fois par semaine dans ces conditions c’est 5 jours avec les cheveux huileux et l’horreur. Donc j’ai transgressé les règles et décidé de me les laver 2 fois par semaine (je les ai toujours, comment ce fait-ce ?).

Cette prise de position eut lieu au grand damn de mes grands mères ayant elles, connu le diktat absolu du « une fois par mois grand maximum« . Une fois par trimestre étant l’idéal ! Sans shampoing. Elles se faisaient un mélange jaune d’oeuf/rhum, laissaient poser, rinçaient, refaisait leur mélange, ou une autre mixture secret de famille. Pendant la guerre, le jaune d’oeuf valant de l’or, je ne sais pas comment elles ont fait (au savon fait maison sans doute : cendre + potasse). Le jaune d’oeuf était sensé nourrir et nettoyer le cheveux et le rhum à masquer l’odeur (testez… ça sent toujour l’oeuf).

Intéressée dès 12 ans par les cheveux, j’ai interrogé mes arrières grand mères qui elles se lavaient les cheveux une fois par an. C’était là encore le maximum autorisé. Pas pendant les règles, et jamais l’hiver… Pour entretenir une chevelure de 1 mètre environ que l’on ne coupait jamais sauf une fois par an en lune croissante de quelques centimètres (coupe effectuée traditionnellement par la grand mère, sinon on ne répondait plus de rien), il y avait le peigne qui dégraissait (d’où les peignes à dents rapprochées de nos ancêtres), la brosse qui enlevait la poussière (voici la raison du brossage quotidien et long, et des fameux 100 coups de brosse). Elles passaient des heures à brosser et peigner leur abondante (et grasse) chevelure. Elles rinçaient à l’eau de pluie, les puits et les citernes n’étant pas fait pour les chiens (et l’eau courant bien chlorée n’existant pas).

Le cheveux « propre » n’était pas de mise. La comtesse de Ségur relate dans « les deux nigauds » les beaux cheveux gras et pommadés de mademoiselle Sulpicie… Les malheureuses n’ayant pas des cheveux regraissant vite étaient condamnées à les enduire d’huile et de moëlle de boeuf… On les envie ! Les économies qu’on aurait fait ! (les bouchers ont manifesté contre le cheveux propre).

Je ne sais pas, n’ayant pu interroger aucun survivant, comment et combien de fois par an les cheveux étaient lavés au moyen âge… Encore que cette période ait été plus propre que la Renaissance où l’on a pensé que c’était l’eau qui véhiculait la peste, d’où l’absence de salle de bain dans les châteaux et l’originalité de Diane de Poitier se baignant tous les jours (elle en est morte à force, bien fait pour elle, si si, elle est morte je vous dit…)

J’ai connu l’époque du shampoing + vinaigre dans l’eau pour les faire briller. Jean Poirotte voulant des filles à cheveux longs et ma petite soeur, la veinarde, ondulant naturellement jusqu’à faire des anglaises, Mrs Bibelot se précipitat sur le premier démêlant sorti. En pharmacie, une ampoule à diluer dans 1 l d’eau. Cela puait atroce (cela s’appelait Lixel et a disparu depuis). Puis le parfum changeat (obligé : on ne voulait pas non plus puer le cadavre pour avoir le cheveu brillant et démêlé) pour le une fois par semaine, et un beau jour je trouvais à Monoprix un après shampoing, le tout premier, de chez « miss Helen » qui me permit de me démêler sans larmes et à petit prix (Miss Helen a disparu aussi et c’est bien dommage)…

Aujourd’hui il y a tellement tout ce qu’il faut que je me prends à rêver à ce qu’aurait été ma vie à 12 ans, s’il y avait eu tout cela, y compris l’autorisation de se laver les cheveux tous les jours si besoin…. Pour mes filles bien sûr, tous les shampoings et soins, quand elles le voulaient… Pour moi les spécialistes n’étaient plus que du n’importe quoi… (d’ailleurs les mêmes vous disent aujourd’hui qu’il faut laver sa tignasse tous les jours sous peine de galères et de bagne, l’échaffaud étant à la retraite…)

J’ai la recette du shampoing nourrissant pour cheveux gras ou sec et du soin qui va avec…. Somme prohibitive (mais vous en aurez pour votre argent), accepte carte bleue… Me contacter. Mes cheveux sont impecs malgré mon grand âge…

La chevelure c’est important, mais la vie n’est qu’un long calvaire (parsemée ça et là de shampoings…)

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