Les filles et les chats

Enfant_et_chat_57210720Je suis d’une famille où l’on a toujours adoré les chats, et les chiens aussi d’ailleurs. Mrs Bibelot dit toujours que ce sont des bêtes à misère car on se transforme en serpillère quand ils nous quittent.

J’ai donc toujours aimé les chats, cet amour immodéré n’étant pas partagé par Albert qui ne les aimait pas, les trouvant hypocrites et trop indépendants, comme si lui n’était pas hypocrite et qu’être indépendant soit une tare immonde à éradiquer de la planète avant « pasteurella pestis » « ebola » et « HIV » (j’en oublie naturellement, je ne suis pas un dictionnaire médical non plus).

Je respecte toutefois le non amour des animaux, n’aimant pas particulièrement les mygales et les frelons, du moment qu’on ne leur fait pas volontairement de mal (encore qu’une mygale égarée chez moi ne bénéficiera d’aucune indulgence, elle est prévenue, le frelon idem). Je n’apprécie pas non plus vraiment le croque Odile qui n’a pas l’air très sympa, ni le black Mamba que théoriquement je ne risque pas de croiser dans ma cave. Mais bon, toute vie a droit au respect dans l’ordre des choses, et a son utilité (sauf l’homme en terme général parlant d’espèce, vu que nous sommes LE nuisible de la planète, mais je m’égare).

Pulchérie par contre, toute petite, adorait les chats tenant donc de sa mère au grand désespoir d’Albert. Comme elle a parlé très tôt, elle parlait comme elle pouvait tout de même à 12 mois, et un chat c’était un « miaaa ». Elle leur cavalait après ayant également marché très tôt, et était très décontenancée par la capacité du chat, pas si fou, à se carapater dans un buisson, hors d’atteinte (on n’est jamais trop prudent quand on est poursuivi par une poupée en manteau bleu qui crit « miaaa ! »).

Pas d’animal en appartement (règle sacro sainte), vint le jour où Albert fit « fortune » en bourse et où nous eûmes notre maison rien qu’à nous. Je voulais un chat, lui pas, il m’offrit donc une chienne malinoise de 2 mois adorable (avec l’idée tout de même qu’elle ferait chien de garde, ce qu’elle fit très bien), mais qui s’ennuyait un peu quand les filles étaient à l’école. Pulchérie voulait un chat et tous les soirs quand son père montait pour le « bisous papa », elle fondait en larmes avec un art consommé, et Albert se coltina 30 jours de sanglots agrémenté d’un « je veeeuuuux un chaaaat« . Sa culpabilité grandissait. Sournoisement, je rappelais d’ailleurs à Pulchérie qu’il ne fallait pas qu’elle oublie de préciser à son père qu’elle voulaiiiiiit un chat (oui je sais parfois, je suis une garce, mais pas souvent)

Puis Mrs Bibelot me signala un chaton adorable à donner, hébergé pour l’instant par la maison de retraite occupée par Tante Hortense. Jean Poirotte venu bricoler chez moi me signala un beau jour qu’il avait vu un rat gros comme ça sur la façade de ma maison (on peut admirer au passage ce qu’est une conspiration et comment Pulchérie avait pu également convaincre ses grands parents qu’elle voulait un chaaaaat). Mon sang ne fit qu’un tour car j’aime à peu près autant les rats que de la cervelle avec des épinards et les croques Odiles. Je partis donc à la maison de retraite sans avertir Albert et ramenais une petite chatte qui tenait dans la main, et qui était caline comme tout, ayant débuté sa carrière sur les genoux des petits vieux de la maison de retraite qui sont morts en rafale de son départ (d’un autre côté, il fallait la donner).

La cohabitation chien/chat fera l’objet d’un post exclusif. Pulchérie était ravie : elle avait son chat. Albert craquat devant la boule de poil tenant dans la main qui lui avait léchouillé la joue droite, et pour une fois pratique, émit quelques réserves sur la capacité de la crevette à poil à faire peur à un rat des champs au cours des mois à venir…

Pulchérie et Delphine adoraient bien évidemment Caline, notre premier chat, qui disparu un jour d’ouverture de la chasse, probablement dégommée par un con de chasseur qui accuse les chats de lui tuer son gibier qu’il veut tuer lui-même. Bref. Elles passaient leur temps à jouer avec la petite mignonne toujours d’accord, l’habillant, la promenant dans la poussette (je peux certifier qu’elles ne l’ont jamais maquillée). Un soir Albert s’indignat parce qu’un chat ce n’est pas un jouet. Il sortit l’animal de la poussette et de dessous son coussin, lui ôta sa robe et son chapeau, et lui rendit sa liberté. Caline indignée fila direct dans la chambre des filles en engueulant Albert, l’air intéressé par ce qui pouvait bien se passer maintenant dans la chambre naturellement bien rangée de ses bien aimées amies, et Albert renonça à défendre le chat contre des mauvais traitements qu’il adorait et se fit un kir.

Pulchérie causait au chat qui dormait sur son lit, lové en boule sur la couette et l’édredon (pauvre bête) pour chasser les vampires. Tout allait donc très bien jusqu’à la disparition du chat qui eut lieu 2 semaines après la défection d’Albert qui voulait vivre sa vie, hibernant sans doute avec moi et ses 2 filles (et le chat, et la chienne).

Je pris un autre chat (toujours une chatttte d’ailleurs, mais je veux égarer les moteurs de recherche porno), tricolore et absolument très mignonne également surtout avec les filles qu’elle adorait (j’ai du bol comme le dit mon vétérinaire, je ne suis tombée que sur des chats crème et mignons comme tout). Et revoici pour un tour les confidences de Pulchérie à son Eglantine chérie. Direction chez mes parents car le sort a ses revers comme le tennis.

Eglantine détestait profondément que les filles pleurent où qu’elles se fassent enguirlander (on se demande à quel sujet, ces petites chéries). On la voyait rappliquer dare dare au moindre ton un peu sec et larmes qui suivaient, elle nous engueulait en miaulant et grimpait sur les genoux des filles pour leur lécher les larmes. Généralement l’engueulade s’arrêtait là et les pleurs aussi (méthode très efficace). Puis Pulchérie partait avec son chat dans les bras en marmonnant « mon bébé d’amooouuur ». Jusqu’au jour où Jean Poirotte la mimat « ma pauvre Eglantine, y’a que toi qui m’aime dans cette maison snif, heureusement que tu es là snif, la vie n’est qu’un long calvaire snif, je ne sais pas ce que je ferais sans toi snif ».

Stupéfaction de Pulchérie « Comment tu le sais que j’étais en train de lui dire cela ? »

Ben nous aussi on a été petits et on a nous aussi raconté au chat qu’on avait certainement été adoptés et qu’heureusement qu’il était là… Elle a donc apprit que Jean Poirotte petit causait à son chat Bambi et qu’il envisageait même de fuguer en le mettant dans un balluchon, moi idem mais sans quart de pomme (faut suivre, je ne le répèterais jamais assez)…

Elle était dépitée, se croyant unique au monde. Mais la vie n’est qu’un long calvaire, surtout quand un abruti qui déteste les chats, écrase celui que l’on aime, volontairement, quitte à écraser un gosse avec (d’ailleurs il n’aime pas les mômes non plus). Le chat suivant était pot de colle et dormait carrément dans le lit des filles après avoir regardé la télévision avachie sur les deux (c’était mieux).

Aujourd’hui, l’histoire est quasi close pour moi. J’ai encore Diabolos, mais après lui, je n’aurais plus d’animal en appartement. Pulchérie reprendra un chat et pourra à nouveau lui raconter ses misères… (je hais ma mère)

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