P comme Poisson d'avril

Avec Pulchérie et Delphine à une certaine époque, nous adorions faire des poissons d’avril par téléphone (enfin surtout moi, je peux garder mon sérieux en toutes circonstances et répondre au téléphone au boulot en plein fou rire sans moufter, ce qui fait encore plus rire les autres). Je sais c’était très lâche, mais personne ne pouvait identifier un n° entrant sans faire appel à la police avec un bon motif, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Mrs Bibelot et moi sommes assez facétieuses. Il y a d’abord eu le sifflet qu’elle avait trouvé je ne sais où. Comme mes parents habitaient devant un stop, nous nous planquions les soirs d’hiver (à nous peler sous une couette en laissant la TV à Jean Poirotte) sur le balcon de la maison, et dès que quelqu’un faisait mine d’ignorer le stop (avec raison pourtant, la visibilité côté gauche était parfaite et côté droit : que des pavillons), un coup de sifflet bref stoppait net la voiture. Recul, hésitation, redémarrage tremblotant… Comment qu’on imitait bien le flic avec un sifflet !!!!

Les filles ont trouvé cela supprêmement drôle et sont venues nous rejoindre sous la couette (Chuttttt !!!)

Un certain monsieur pompait l’air à tout le monde dans le village pour des raisons toutes plus crétines les unes que les autres : un géranium qui dépasse, un laurier mal placé, la voiture qui empiète de 5 cm sur le passage piéton, et j’en passe. Je le pris donc pour cible un premier avril sans imaginer qu’il serait aussi bon public.

  • 1er avril n° 1, le bon jour, appel d’un traiteur (moi) à 14 H 30. « Cher Monsieur, nous attendons toujours que vous veniez prendre le buffet froid que vous avez commandé pour 300 personnes ». Les filles par terre et l’autre grimpant à l’arbre à l’autre bout du fil : « j’appelle les flics, ce n’est pas moi qui ait commandé un repas froid pour 300 personnes ! » « et bien c’est cela monsieur, appelez la police, moi je vous poste la note et je les appelle aussi ! »

  • 1er avril n° 2 : « cher Monsieur, suite à votre commande de 7 tonnes de sable et 4 tonnes de gravier, notre camion tourne en rond sans vous trouver » « mais espèce de conne !!! je n’ai jamais commandé cela » « ce n’est pas grave Monsieur, on déchargera dans la cour on verra après« . Les filles les pattes en l’air et l’autre éructant qu’il n’était pas question qu’on lui décharge 11 tonnes de gravier et autre (mauvais public, il avait la place… Petit joueur va !). Je précise que le haut parleur existait déjà !!!!

  • 1er avril n° 3 : « cher Monsieur ici la SPA de Plaisir, nous avons la joie de vous dire que l’on a retrouvé votre terre neuve » « quel terre neuve ? » « le vôtre, il est tatoué non ? et dépêchez vous de venir le chercher, il a déjà mordu 9 personnes » (les filles au bord de l’apoplexie)

  • 1er avril n° 4. Là, grand complot avec Mrs Bibelot et les filles. Ne pas rater la chose. Un autre emmerdeur dans le village… Les mettre en relation… « AAAALLLOOOO ici france télécom, je vous appelle suite à votre facture ». Rires au bout du fil « je vois ce que c’est » (merde il va me dire c’est le 1er avril) « je vois ce que c’est, c’est suite à l’achat que j’ai fait d’un téléphone sans fil »… « Mais comment donc cher Monsieur, pour régler le problème, car vous en êtes tout de même à 5000 F de facture (hein ! Quoi ???) appelez mon collègue, Monsieur Terre neuve à tel n° (en lui refilant le n° de l’autre emmerdeur, dommage nous avons raté l’appel fatidique « comment c’est vous ? c’est moi ! c’est vous ??? »)

  • Mon frère était maréchal ferrand et mon ex belle soeur très bon public, pour accepter de prendre un rendez-vous, un premier avril, pour faire ferrer des lamas et 2 éléphants… (et OUIIIIII le maréchal ferrand existe toujours, comment croyez vous que survivent les chevaux de course, de club zypique, etc… ?)

  • 1er avril n° 5, l’emmerdeur faisant partie des chers disparus trouver une autre cible. La maman d’une copine de Pulchérie qui m’enquiquinait prodigieusement, dont le gamin était odieux faisait d’après elle (et moi) parfaitement l’affaire avec son chiard immonde. D’ailleurs elle prévenait tout le monde « attention il mord ! » : c’est tout dire du charmant bambin. Me voici décrochant mon combiné, Pulchérie déjà couché par terre, morte de rire (c’était l’époque du vieux combiné avec écouteur) « allooooo madaaaaame, ici la DASS (oui il y a un centre DASS dans le petit village de mes parents). « Voilaaaaa, votre fils à mordu une petite fille cet après midi et je voudrais savoir s’il est à jour de son vaccin antiraaaabique ! » « Silence puis : Sébatiennnnnn ! Tu as mordu une petite fille cet après midi ? Je te préviens, je le saurais !!!! » (Pulchérie s’étouffe, où diable était donc Delphine ?) « Désolée madame, pour les vaccins je ne sais pas s’il est à jour de tout » « et bien faites en sorte de le savoir ! je vous rappelle demain ».

OK je l’avoue, c’était lâche très lâche, mais qu’est-ce qu’on a pu rire avec les filles !!!!

Pour faire passer ma lâcheté, quelques poissons d’avril de mes chéries :

  • Tartiner les sièges des WC d’huile d’olivre première pression à froid de chez Fanchon. Testez.

  • Appeler leur grand père parce qu’un cerf s’est égaré dans mon jardin et que je suis partie en courses en les abandonnant lâchement (c’était mon style, il ne les a pas crues)

  • Mettre du sel dans le vin

  • Répandre trois sachets de lavande dans mon lit

  • Faire pétitionner tout le village pour la survie des fourmis poissons (plein de signatures, et juste une personne pour sourire en précisant « c’est bien parce que c’est le 1er avril »)

  • Coup de téléphone au bureau, Pulchérie s’étant rendue à une manifestation contre mon avis, et soutenue par son grand père (si elle ne manifeste pas à 16 ans, elle le fera quand ?) « Allô maman, c’est pour te dire que Pulchérie s’est fait casser le bras par un CRS, mais ce n’est pas trop grave, elle a juste un gros plâtre ».

  • Interchanger tous mes CD et boîtes (Mozart dans les Beatles, les Moody blues dans Rachmaninoff et Rachmaninoff dans Abba)

  • Débrancher la souris de Mr Mac Intosh

  • Appeler SOS détresse amitié en précisant « j’ai un révolver sur la tempe, qu’est-ce que je dois faire ? »

Qu’elles étaient meugnoooonnes mes chéries (et imaginatives, je persiste pour l’huile d’olive sur le siège des WC… à faire tester à belle maman).

Cette année pour la première fois de ma vie je me suis faite avoir comme un bleu avec ma méchante annonçant la fermeture de son blog… Quand elle a vu mon commentaire elle a tout de suite compris que j’étais vraiment en train de pleurer comme une madeleine et m’a appelée immédiatement et traitée de grosse nounouille. On parle comme ça à sa mère ?

La vie n’est qu’un long calvaire…

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