Vous l’avez revu(e) ? Dommage…

Coeur_rogn__LS015908J’ai entendu et lu ça et là que nous serions nombreux à avoir au fond du coeur comme une blessure qui ne veut pas guérir.

Le premier amour… Ou un loupé quelque part.

Je n’ai pas échappé à la règle. Avec lui il ne s’est jamais rien passé, du coup j’ai fantasmé le personnage, rencontré quand j’avais 14 ans, qui m’a attaqué le palpitant au marteau piqueur jusqu’à notre bac réussi, du coup je n’avais plus grande chance de le rencontrer…

La vie passe avec ses revers. A chaque revers amoureux, je pensais à lui. Certaine qu’avec lui tout aurait bien été, que je n’en serais pas à mordre mon oreiller de désespoir et que nous attendrions la retraite sereinement main dans la main (curieusement avec lui j’avais toujours Pulchérie et Delphine, mais ne nous arrêtons pas sur cette invraisemblance chromosomique…)

Le temps passe vraiment. 30 années pour le moins. Et sur qui je tombe il y a 2 mois ? Sa mère. Elle me connaissait bien dans la mesure où j’étais une copine de sa fille et que c’est comme cela que j’avais rencontré l’élu… La voilà qui s’approche de moi pour m’embrasser affectueusement, ce qu’elle n’avait jamais fait de sa vie. Et moi les idées tourneboulant un peu. 30 ans, c’est vite passé finalement…

  • Ah ma petite Coraline, tu n’as pas changé (c’est gentil mais en 30 ans sûrement que si…) et blabla. Nous parlons souvent de toi avec Bertrand (son mari) et blabla, nous avons espéré longtemps que tu serais notre petite bru (et moi donc… d’ailleurs j’y songeais il y a peu…) et blabla…

  • Si tu savais ce que nous sommes contents finalement que tu aies échappé à cela (à quoi ?). Il nous en a fait voir et blabla…  C’est un infidèle chronique, il va d’une femme à l’autre, Il en est à son 4ème mariage, son 5ème enfant à 51 ans, tu te rends compte (mais de qui parle-t-elle ?) et blabla…

  • On peut dire que de nos 5 enfants, Olivier est celui qui nous en a le plus fait voir… Et toi ? J’ai vu ta mère dernièrement, le monde est petit depuis quelques temps, il paraît que cela n’a pas été rose tous les jours pour toi ? Tu as échappé au pire, crois-moi, et je parle ainsi  de mon fils le coeur serré… Et blablabla…

Je la quitte un peu secouée par toutes ces révélations. Le monde est décidément vraiment petit, le surlendemain, clac, je tombe sur la soeur, l’amie perdue de vue depuis le bac… 30 ans à se raconter devant la banque à passer pour des braqueuses en puissance. Là voici qui me parle de son frère pour m’en dire pis que pendre, comme sa mère… Elle doit se tromper elle aussi… C’était l’homme idéal qui n’a pas su voir en moi la femme idéale et que je regretterai toute ma vie, qui me regrettera toute sa vie…

  • « Tiens justement, le voici », me précise-t-elle au bout d’un moment. « Il buvait un coup en faisant son tiercé »

  • Je scrute les alentours, le coeur un peu dans les godasses. Mais je scrute inutilement. Il est là, c’est juste que je ne l’ai pas reconnu du tout.

  • « Bonjour Coraline, tu n’as pas changé » (lui aussi ?! dois-je comprendre que j’ai l’air aussi tarte qu’à 18 ans ? ou que je fais vachement jeune, ce que mon miroir ne me dit pas ?) Et le voici qui me fait la bise pour la première fois de sa vie et de la mienne. Je me serais damnée pour cela il y a… Il y a…

  • C’est donc lui, faisant « vieux beau » à 51 ans seulement, ayant trop abusé des UV, qui prend une pose avantageuse en me lorgnant d’un air intéressé (30 ans de retard mon pauvre vieux),  c’est pas possible, maman au secours ! J’ai beau le regarder, il ne me « parle » pas. Je ne le reconnais pas. Je balbutie un « toi non plus » (tu n’as pas changé) hypocrite avant de filer comme une voleuse… Je l’aurais croisé dans la rue, sans présentations, je serais passée à côté… J’ai peur de lui avoir refilé au hasard le premier n° de portable qui me passait par la tête (pas le mien forcément j’ai du mal à m’en souvenir, les filles pardonnez-moi si c’est tombé sur vous, interdiction de donner le bon numéro…)

  • Exit le « heureux de t’avoir retrouvée mon amour » « … » « Je t’ai cherchée en vain mon amour… » « … » « c’était toi ma vie mon amour » « … » (oui, ne rien répondre dans ces moments là, plutôt que « moi aussi mon amouuuur… »)

Moi mariée depuis 30 ans avec ça ? Non mais vous rigolez ? Dommage de ne pas l’avoir revu plus tôt. Son frère m’avait parlé de lui il y a une quinzaine d’années en me disant « tu ne le reconnaitrais pas… » Dommage je ne l’avais pas écouté. Ce devait être l’époque où il se faisait faire des brushings (j’en avais vaguement entendu parler, mais je n’avais pas voulu y croire, quand on est con, on est con…)

Je me serais épargné 15 ans de plus à imaginer quelle vie idyllique j’aurais passé à ses côtés…

Et vous, vous l’avez revu(e) ce regret lancinant planté dans votre pauvre petit coeur d’artichaut ? Non ? C’est dommage…. Ca guérit de tout… (sauf des impôts, mais rien ne guérit des impôts…)

Sauf que… J’aurais eu une belle doche sympa et… Coraline aux pieds et tu vas te coucher plus vite que ça !!!! (mais non sinon, rien de tel que de le/la revoir pour guérir enfin…)

La vie n’est qu’un long calvaire…

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