Mon naufrage du Titanic

J’ai toujours été fascinée par l’histoire du Titanic… Et j’ai adoré le film de Cameron.

Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais il y a un moment, à la fin, où une femme pleure en disant « ce sera bientôt fini, ce sera bientôt fini… » Même si c’est la mort au bout, il faut que cela finisse.

Et donc j’ai coulé ce soir. Depuis des mois et des mois tout allait mal dans ma boîte. Nous avons eu petit à petit des explications sur la fonte du câble de Truchon en février. Puis il y a eu restructuration. Puis il y a eu réorganisation. Il y a eu le moment où je ne me sentais plus spécialement visée car en fait c’était tout le monde qui l’était.

Et puis ce soir : « Coraline venez me voir s’il vous plaît ». Je monte avec mon cahier, et là je sens que… Il a l’air triste et il l’est vraiment. Les amerloques ont eu sa peau (d’ailleurs il a perdu du poids depuis un petit moment). Il était parti d’une petite structure qu’il a fait grossir et là, les amerloques coupent la société en deux, lui rendant uniquement le département qu’il avait créé au départ (ça nous le savions depuis 3 semaines). Sauf que les américains gardent la main sur ce département qui actuellement perd de l’argent.

Et ils m’ont pointée d’un doigt vengeur : « à pousser à la démission », « lui trouver une faute grave », etc… 50 ans bientôt ce n’est pas possible.

Truchon m’a déclaré, et je sais qu’il était sincère : « je n’ai poussé personne à la démission, ou alors sans le vouloir (mais personne n’a démissionné, sauf mon ancien chef qui ne voulait pas être licencié, avait trouvé autre chose et qui à 55 ans était sur la liste rouge américaine), je suis conscient que j’ai été infernal, mais ils me font toujours une vie d’enfer, je ne sais pas si je ne vais pas partir moi aussi au bout du  compte » « jouer à ce jeu là avec vous je n’en ai pas envie, ni avec les autres qui vont devoir partir, vous êtes effectivement la plus ancienne, et nous avons vécu des choses très sympas ensemble, ce n’est pas vous que j’aurais fait partir en priorité, compte tenu de votre âge et de votre situation de famille en plus du reste »… Je vous passe ce qu’il a pu me dire de gentil, pour constater finalement ce que je savais : qu’il m’aime bien… Nous avons pu parler un peu à part du boulot. J’ai appris que pour lui j’étais de confiance et très psychologue, et a sû qu’il aurait dû s’excuser de sa sortie impardonnable de février et l’a fait.

Mais c’est comme ça, je dois dégager, et il doit justifier que j’ai dégagé. Les prud’hommes les amerloques s’en foutent : ça prend du temps et sous entendu pour lui « le temps que ce qu’on me laisse coule et personne ne touchera rien… » (ça c’est ce que les américains pensent, mais ils ont tort : il faudra qu’ils casquent)

Donc il me propose un deal : tant qu’il a la main, et ce pour encore 2 mois, il souhaite négocier avec moi, comme il a pu le faire avec d’autres (certains refusant l’accord, et là cela s’est mal passé). Il m’a accordé et signé 4 jours de récupération (du jamais vu) pour que j’aille voir un conseil, un avocat, qui prendra contact avec l’avocat de la boîte afin que nous trouvions la transaction idéale pour moi, que les américains ne rejetteront pas puisque c’est encore lui le patron jusqu’au 31 décembre au plus tard… Il annoncera lui-même demain que je l’ai sollicité suite à un problème personnel grave… Ceci reste bien entendu confidentiel entre lui et moi et il sait que je ne le trahirai pas sur ce coup là…

Donc c’est fini. Je me suis battue, accrochée, comme d’autres, mais en vain, comme il le fait lui-même, en sachant très bien qu’on l’a collé sur le bateau qui coule, et il m’a précisé que c’est en me convoquant moi, qu’il en prenait vraiment conscience…

Mon Titanic à coulé… C’est fini, alors que comme tout le monde je me demandais comment cela allait finir…  Mais rien n’est jamais fini… Reste à se débattre dans l’eau glacée du chômage avec mon grand âge, et à continuer à vivre avec la trouille au ventre. Plus la même, mais encore la trouille.

Et puis c’était le bon jour pour m’annoncer la nouvelle : aujourd’hui je fêtais mes 9 ans de boîte.

Et j’ai pleuré en rentrant, comme une pauvre gamine… Il n’y a pas de sorts contre la connerie américaine, et là, je les hais (je sais ce n’est pas bien, mais c’est comme ça !). (Ne me laissez pas barbotter dans la flotte comme ça, faites quelque chose !)

Edit de la rediffusion le 16 octobre : j’ai bien gardé tous vos gentils commentaires, sauf ceux trop « personnels ou directs », mais que je ne peux pas remettre en ligne pour l’instant, à moins de nombreuses heures de travail, et je n’ai pas trop le courage…

Encore merci à tous.

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