11 novembre…

C’est affreux, cela tombe demain, un dimanche, mais j’en avais déjà parlé l’année dernière… (ici). Là c’est juste une lettre du front… (je ne vous épargne pas, il a toujours épargné sa femme du pire…)

« Ma chère Georgette, mon très cher amour,
« Ne te fais pas de soucis pour moi, je suis à l’abri dans une tranchée. C’est un genre de grand fossé que nous avons creusé face aux lignes allemandes… Nous ne pensons pas que les leurs sont aussi bien faites que les nôtres qui sont très bien aménagées. Nous sommes certains de gagner cette guerre : les allemands sont tellement stupides !
« Le temps me paraît long tout de même à ronger mon frein dans cette tranchée. Nous ne montons à l’assaut que très peu… Mon petit garçon a pris deux années sans que je le vois… Cela paraît si long tout à coup ! J’espère que tu vas bien et continue la vie avec courage. Ne t’inquiètes pas pour moi, tout va bien, je ne risque rien, je suis bien protégé par nos tranchées.
« Je ne peux t’écrire plus car je manque de papier, nous l’attendons de l’intendance… Il me faudrait des chaussettes et des gants, si tu le peux, vois à faire quelque chose… Je t’embrasse et mon petit Henri également. A bientôt de vous retrouver si je peux avoir enfin une permission. Depuis le temps je pense que j’y ai droit.
« Je t’aime et ne t’inquiète pas pour moi, je suis bien à l’abri. Ici cela s’appelle CENSURE, je ne sais pas de quel village il s’agit. Pense à mes chaussettes et mes gants, nous sommes parfois mal chauffés…
« Je t’embrasse très fort et n’oublie jamais que je t’aimais
« Emile »

Le 11 novembre un dimanche : quelle horreur !!!

Le seul survivant mâle de la photo de mariage : le marié. Gueule cassée, gazé, la totale… Nous conserverons coûte que coûte ses médailles et décorations…

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