La formidable rencontre…

SourireAu départ c’était « la rencontre », mais un auteur m’avait déjà piqué le titre…

Il y a une amie de la famille dont je ne vous ai jamais parlée. Bien sûr j’avais l’intention de le faire, mais la vie m’a rattrapée… Parce qu’elle a rencontré Maritza avant que je ne vous la présente…

Car vous connaissez Maritza, mais vous ne connaissez pas Théo. Bien sûr c’est un pseudonyme. Mais Théo c’est une dame qui avait avec son mari, une maison de campagne à 50 mètres de chez mon grand père. Après « 20 ans de concubinage notoire » (dixit leur faire part), ils ont décidé de se marier. Elle avait 47 ans, lui 10 de plus… Nous nous sommes fréquentés pendant des années avant la mort de Georges son mari, qui la laissa sans rien… Il était très habile pour les papiers des autres, mais pas pour les siens. Cette maison qu’elle avait tant aimée, qu’elle avait contribué (au noir) à faire agrandir et prospérer, elle s’en vit d’un seul coup chassée… Elle garde avec les habitants du village, un contact privilégié, y compris avec mes parents.

Elle n’a pas connu la vie trépidante de Maritza et ses 4 mariages et divorces. Mais c’est une femme très drôle à qui j’aimerais bien ressembler quand j’aurais son âge. Je crains fort qu’à 72 ans je ne sois pas aussi vaillante.

J’adore la voir arriver. Et pourquoi arrive-t-elle ? Elle garde les maisons de X, Y Z, A, B, C, D, pendant leurs congés. Elle s’occupe des chiens, des chats, éventuellement des plantes et du jardin (parce qu’elle adore). Elle quitte son Paris chéri pour revenir se tremper dans l’ambiance du village en ne regardant pas trop son ancienne maison… Je l’adore, et je viens forcément quand Mrs Bibelot m’annonce que Théo est là. Et Jean Poirotte ne fait pas le fatigué à l’avance à son arrivée et l’a même emmenée en vacances avec lui et Mrs Bibelot. Elle est très drôle, comme Maritza, mais pas de la même manière. Elle ne tombe pas de l’armoire tout le temps, elle raconte avec humour. Finalement quand on les compare, ce qui est énervant chez Maritza, c’est sa manie de « débarquer », comme si elle n’avait pas bientôt septante ans.

Théo est la reine pour demander au poissonnier si c’est cela qu’il appelle du poisson frais, qui rappelle à l’ordre le marchand de fromage « votre fromage de chèvres était de la daube, je sais de quoi je parle, je suis du Béri ». Elle ne se laisse impressionner ni par un flic, ni un agent du fisc, ni n’importe qui d’ailleurs, et avec les mots qu’il faut. J’adoooore !

Théo n’a qu’un problème important : elle est à moitié sourde. Ce qui fait qu’elle n’entend pas tout, loin de là. C’est un peu énervant quand on lui parle et surtout quand on lui téléphone : elle n’entend pas la sonnerie par exemple et on se demande toujours si elle n’a pas fait un malaise (ça c’est de ma mère qui ignore elle-même le mode « vibreur » sur son portable qu’elle ne prend jamais).

Théo n’avait jamais rencontré Maritza : c’est curieux, c’est ainsi, mais le hasard ne les avait jamais mises en présence. C’est chose faite maintenant. Deux gamines se découvrant. Comme Théo est à moitié sourde, Maritza ne risque pas de la saoûler… Et comme Théo a trimé pendant quasi 40 ans à la société des wagons-lits, elle comprend parfaitement l’anglais dont Maritza émaille ses phrases.

Elles se sont adorées d’emblée… Et nous bien contents de voir Maritza quasi casée, Jean Poirotte assis à côté d’elles pour ne pas louper ça… (tout le monde avait bien remarqué qu’il n’était pas hors des décibels de Maritza…)

Cela a commencé à l’appéritif sur l’art et la manière d’être veuve : Maritza aimerait bien l’être, tant qu’à être toute seule. Théo l’est et elle n’a pas trop apprécié de perdre son mari qu’elle aimait, mais « bon, des amants vous y avez pensé ? » (le ton était donné : elle est du genre à me dire : « tu as petite mine ma petite biche, j’espère que tu as un bon amant au moins… » (si je réponds non, c’est l’interrogatoire serré, autant dire « oui »)). Comme Maritza les amants ça ne lui fait pas peur, elle ne s’est point effarouchée et a sû répondre : elles étaient sur un terrain d’entente (eh oui, à 70 ans passés ou à venir…). La gent masculine en a pris plein la tronche (sauf Georges) et nous commencions à tendre l’oreille de leur côté.

Elles se sont installées ensemble à table. De vraies gamines : « pas de problèmes, je viens en Cornouailles chez toi, mais tu viendras à Paris chez moi, en plus tu connais bien Paris » – « Ah tu habites à côté du père Lachaise, je connais très bien » – « je connais par coeur le Père Lachaise, je passe ma vie à donner le chemin aux gens égarés, la tombe de mon mari est voisine de celle de Jim Morrison, alors tu imagine » – « comme cela tu rencontreras Trévor, il est mourant, il ne faut pas tarder », etc…. 2 heures après la rencontre elles se tutoyaient et faisaient des projets en squattant le fromage de chèvres…

« De vraies gamines » rigolait ma belle soeur (assez proche pour quasi tout entendre). Oui. Cela m’a rassurée. On peut l’être encore pendant longtemps et elles ont rigolé ensemble de mes 50 ans à venir « tu es encore une gosse, le lait te sort du nez ! » « et moi quand j’étais petite dans le Béri, et nanana… »…

« Les Mémées vous voulez du gâteau ? » demanda Jean Poirotte, espérant faire de l’esprit, alors que nous étions tous morts de rire autour de la table, sauf Mrs Bibelot qui regrettait de ne pas être assez proche de ses copines… (je pense qu’il a dû payer le « mémées » assez cher…)

« Non merci Pépé ! laisse nous causer ! et va te coucher ! si tu peux encore le faire  avec utilité ! » (ricanements genre j’ai 14 ans, via Théo). Pauvre Jean Poirotte ! habitué depuis plusieurs jours à contrer Maritza ! Il nous a fait de la peine…

Et alors comme elles tchatent autant l’une que l’autre, nous sommes partis (les jeunes) en les laissant en pleine conversation, à 17 H 30 tout de même…

  • Théo va se mettre au bridge avant d’aller rejoindre Maritza en Cournouailles. C’est dans les clubs de bridge que l’on peut trouver un partenaire intéressant. On le lui a dit, donc c’est certain.

  • Maritza va enfin demander les règles du bridge à Trévor avant qu’il ne trépasse parce que finalement c’est un bon plan, effectivement (« mais bien sûr que c’est un bon plan, ce n’est pas lui qui va te le dire ! ») qu’elle découvre soudain…

  • Elles se sont échangé des recettes de sorcière pour avoir la peau au top… Jean poirotte a vérifié s’il avait ou non de l’oseille dans son jardin. Oui : lui l’aime avec du poisson : pas en masque sur la peau….

  • Mrs Bibelot leur a proposé un thé pour le lendemain. Curieusement je n’étais pas spécialement invitée et je me suis esbignée avant…

La vie n’est qu’un long calvaire… Avec ça et là, des lueurs d’espoir…. Car je pense qu’elles ont dû bien se marrer toutes les trois, mon père étant parti lâchement jouer au billard chez un copain à lui dont la femme était partie faire du shopping…

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