Les filles et Paris !

Les filles petites ont beaucoup vécu à la campagne. Enfin, la campagne pas trop loin de la ville non plus. Albert et moi n’étions pas du genre à apprécier de faire 60 bornes aller et retour pour aller dans une grande surface (promenade idéale pour tout le monde).

Tous les dimanches ou presque c’était la campagne, celle bien de la campagne chez le furoncle et son mari à 15 km de toute zone habitée, ou chez mon grand-père dont la maison est désormais occupée par Mrs Bibelot et Jean Poirotte.

Mon village de famille, je l’ai connu petit village, avant l’avènement de nombreux lotissements, à l’époque où il y avait encore 5 fermes en activité. Les filles l’ont toujours connu, sans pouvoir comprendre ce qu’il était jadis. Elles y ont vécu pendant 4 ans.

A l’époque elles étaient devenues ploucs comme pas possible, à côté d’elles le dernier ex cultivateur pour qui le comble de l’expédition c’était Rambouillet à 15 bornes, pouvait faire figure de citadin dans l’âme.

Quand j’ai cherché à me loger, j’ai bien essayé de le faire dans ce village que j’aime tant. Dans la série « comment se faire escroquer » j’ai donné, avant de faire l’acquisition de mon appartement à 3 km du village, quasi en ville il faut le dire : il y a une supérette, deux cafés, un laboratoire, deux boulangeries ET une gare. C’est tout dire. Les filles étaient outrées et d’ailleurs j’étais avertie, aussitôt que possible elles retourneraient dans leur cher village, la ville n’étant pas faite pour elles. Paris c’était l’expédition de l’année et qu’on est trop bien à la campagne à entendre les petits zozieaux chanter.

Puis Pulchérie contrainte et forcée par ses études, partit pour Paris et une chambre de bonne dans le marais, avec l’intégralité de mes tournes vis et ma pince à épiler. La métamorphose fut spectaculaire. 3 mois après avoir emménagé au 6ème étage sous les combles, elle se déplaçait dans le métro les yeux bandés, connaissait tous les bons plans pour vider son compte en banque sous le prétexte fallacieux de s’habiller, de manger des glaces, de boire du thé, et j’en passe. Paris c’était formidable, super, et munie de sa carte d’étudiante en arts lui donnant libre accès aux musées nationaux, elle commença à arpenter le bitume pour une excellente cause : se cultiver. Faire du baby sitting était un rêve dans son secteur, son carnet de rendez-vous ne désemplissait pas.

La vie à Paris semblait tellement idyllique, que Delphine n’avait qu’un rêve : y aller à son tour. Manque de chance il y avait une fac pour elle à 15 minutes en train. Il lui fallu se creuser les méninges pour trouver une option l’obligeant à aller à Paris la pauvre. Ce qui fut fait.

Elle emménagea elle, en co-location avec une amie dans un quartier assez différent du marais, mais qu’importe, elle aussi prit rapidement ses marques métro, baby sitting, shopping. Puis l’amie se révéla être du genre qu’avec une amie comme cela on peut se passer d’ennemie, et Pulchérie trouva à sa soeur une chambre de bonne juste en face de chez elle via sa propriétaire qui exploitait les étudiants en ne louant que cela.

Les deux soeurs dans le même quartier, séparées juste par une petite rue, c’était hyper pratique. Après avoir testé des talkies walkies se révélant insuffisants, elles purent économiser des frais de portable en ouvrant juste la fenêtre pour se causer, l’une du quatrième, l’autre du sixième, pour la grande joie des voisins. L’idéal était tout de même qu’elles se tenaient compagnie pour le shopping, se refilaient des baby sittings, etc…

Aujourd’hui, parisiennes désormais dans l’âme alors que je joue moi, les ploucs de service, elles ont semble-t-il oublié les petites filles qu’elles ont été, ne jurant que par la verdure et la campagne. Pulchérie dans l’ile saint louis, Delphine toujours dans le marais, entre elles et LEUR Paris, c’est une grande histoire d’amour. A l’idée de « revenir dans le coin », elles se figent. Leurs yeux s’exhorbitent tandis qu’une sournoise sueur leur glace le front. La campagne c’est sympa de temps à autre pour quelques jours maximum mais y vivre : pouhaaaa !

Je ne sais plus à quel âge nous revient l’amour de nos racines que nous avons reniées…

0 réponse sur “Les filles et Paris !”

  1. J’ai encore cet amour à 21 ans, peut-être parce que c’est une petite ville ici et que la ville de mes études est infâme… Mais je rêve de m’installer en face de chez ma soeur 😉
    (D’ailleurs, il y a une maison à vendre =D)

  2. A quel âge ? zut, j’espère que ce n’est pas un passage obligé, parce que pour moi, c’est pas demain la veille. Mais je l’aime bien cette Bretagne, finalement !

  3. C’est bien vu ! Tu as raison cela va avec l’évolution ! Enfant on ne jure que par la campagne… Et Paris, ou la ville c’est formidable quand on est jeune, sans enfants…
    J’ai aimé aussi la ville, je n’aime pas être trop loin d’une grande ville, mais aujourd’hui j’ai besoin d’un « sas » entre les deux mondes… Habiter dans un quartier calme (arbres, maison) et pas trop loin du centre ville…
    La ville il faut pouvoir y aller quand on en a envie, pas la subir…
    Quand je repense à l’endroit où habitait mes parents, à peine la porte cochère passée c’est déjà la foule, je ne m’y vois plus du tout aujourd’hui : ça me fatigue !

  4. Quand mes parents ont déménagé à 15 km de la ville, au milieu de la campagne, j’ai gueulé comme pas possible. Pourtant, après y avoir vécu 5 ans… cette maison et son jardin me manquent. Pour le moment, je n’ai jamais trouvé un autre endroit où j’ai pu me sentir avec certitude chez moi.
    Je ne suis pas si vieux pourtant… Ou alors c’est parce que je n’ai pas renié mes racines (quoique).

  5. la cadette qui de lilotte est devenue parigote m’a déjà prévenue qu’elle n’élèverait pas ses chtites nenfants (qu’elle n’a pas encore… ) sur Paris ! Ils visent Lyon (c’est curieux… j’y ai habité 15 ans !

    L’aînée qui est toujours lilotte rêve de campagne ! comme quoi…

    Quant à moi, enfance à Paris, adolescence à la campagne lyonnaise, jeune adulte en ville et jeune moman à la campagne…

    actuellement, j’ai trouvé le compromis idéal : en campagne à 10 mn de la ville !

  6. Il paraît que tout ce qu’il faut donner à nos enfants, ce sont des racines et des ailes… proverbe chinois, hein ? pas de moi 🙂
    Alors disons que … tu leur donnes les racines… et elles ouvrent les ailes…

  7. J’ai mes racines en Bretagne, j’ai grandi dans une petite ville de 3000 habitants mais je n’aimerais pas retourner y vivre.
    Ca fait 3 ans 1/2 que je vis près de Paris et j’adore la ville même si ici c’est un peu trop grand.
    Je rêve de Nantes, c’est grave ???

  8. oh! c’est joliment écrit tout ça… pas de réponse, mais peut-être que l’appel des racines revient quand les personnes qui les gardent s’en vont et qu’il faut les faire revivre autrement…

  9. Réponses en vrac, et pourquoi que mes commentaires ne s’affichent pas sur la gauche ?

    Stéphanie : j’ai gardé cet amour de ma campagne depuis toujours et cela me fait toujours curieux qu’il se perde quelques temps !

    shalima : entre la vie en province et Paris il y a un gouffre et je préfère nettement l’autre côté du gouffre, à Paris, j’étouffe un peu…

    Louisianne : comme toi, la foule, ça va un peu. La petite ville très proche de la campagne, cela me suffit largement ! Je ne sais plus quel humoriste disait qu’il fallait transférer les villes à la campagne pour le bonheur de tous !!!

    Erwan: reste à savoir où sont réellement nos racines. Dans le cas des filles, c’est réellement ce périmètres où je vis. Certains citadins de toujours ne supportent jamais la campagne !

    leeloo : c’est vraiment l’idéal ! c’est au retour des beaux jours que je regrette d’être en appartement. Heureusement que j’ai ma bouffée d’oxygène et les plaisirs d’un jardin !

    Véronique : c’est très joli !!!

    Tandm : de ce que j’ai vu, Nantes est une ville très sympa ! Et puis il est vrai qu’il y a des villes que l’on souhaite fuir. Je n’en citerai aucune pour ne vexer personne.

    aneth : si c’est cela, je ne suis pas pressée du tout (brr !!!)

  10. Paris, intra-muros lorsqu’on est jeune adulte, seul ou en couple c’est un lieu de vie formidable. En ce qui nous concerne, nous avions décidé de faire nos enfants en province et en ville. Ce qui fut fait. De plus, avec les problèmes liés au prix et à la prochaine rareté des produits pétroliers ça me paraît de plus en plus évident qu’il faut faire revivre les centres villes et tout réorganiser (urbanisme, vie sociale et familiale afin d’éviter les déplacements) Tout ceci n’est évidemment qu’un avis personnel…

    Bleck

  11. Bleck : je suis tout à fait d’accord avec toi. Et problèmes de prix et rareté des produits pétroliers n’empêchent pas que l’on puisse se plaire à maxi 8 km d’une ville acceptable… Ce que je soulignais c’est cette capacité des jeunes à changer radicalement d’avis (comme leurs parents :-))

  12. @ – Calpurnia, Bien sûr je schématisais, ce qui fou c’est de constater la tendance acutuelle et qui date d’une vingtaine d’années : Construire à tout prix sa maison selon le standart Français c’est à dire un terrain permettant de faire le tour de sa « maison »… et devoir faire 1 heure de trajet pour aller gratter, habiter de fait à la campagne, en collectionnant tous les inconvénients et vivre de fait en micro-lotissement avec zéro commodités… Une authentique catastrophe économique/écologique/familiale mais grandement encouragée par le « Système ». Je dois reconnaitre que ma déclaration est celle d’un « nanti »…

    Bleck

  13. Bleck : certains lotissements en certains endroits sont effectivement des catastrophes et le bonheur pas toujours au rendez-vous comme certains l’on rêvé. A quand l’idéal suédois : un garçon et une fille, une maison, un chien et un break ?

  14. calpurnia : Là d’où je viens ca n’est pas à proprement parler un endroit à fuir, c’est très beau en plus, mais je suis citadine dans l’âme.
    On est en train d’acheter un terrain en ville mais à 10 min de la campagne et çà me semble un bon compromis.
    Pour mon idéal c’est 2 ou 3 enfants rapprochés (1 à ce jour), une maison pas trop grande, 1 chat et peut-être un chien, une petite voiture et une voiture de loc pour les vacances…

  15. Même démarche que Bleck.
    Nous vivions ma femme et moi à Paris dans le XVe et nous avons fait résolument le choix de partir pour faire nos enfants ailleurs. Réorientation professionnelle pour moi, licenciement éco pour mon épouse.
    Nous nous sommes installés à La Rochelle, une ville ou le T2 dans les parcs était alors un peu moins cher que notre studio à Paris. Vingt ans de leur vie elles auront vécues sur une île. Après, ma foi, elles verront bien. Elles iront là où la vie le travail et les amours les mèneront, probablement à Paris ou en IDF comme beaucoup, souvent plus par nécessité que par envie. Elles verront si elles veulent y rester ou si elles peuvent en sortir. Question de chance, d’opportunités, de volonté aussi.

    Bleck : cette politique d’une France de propriétaires endettés et excentrés va en mettre dans le rouge plus d’un dans les mois à venir.

  16. Réponses en vrac !

    Tandm : ce qui est assez surprenant en ce qui concerne mes pétroulettes, c’est ce passage de la campagnarde invétérée à la parisienne branchée et follement amoureuse de sa capitale !

    Marcus : chance, opportunités, volonté, oui mais quand les goûts changent il n’y a pas de malheur à vivre ce que l’on vit. Et ces propriétaires endettés et excentrés finissent par gâcher le charme de la vraie campagne sans en profiter vraiment (je ne parle pas par chez moi où l’on a tous les avantages)

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