Mauriiiiiice !

C’était un bel après midi d’été, un moment idéal pour se reposer dans un transat à l’ombre d’un arbre, un bon livre à la main. Les voisins recevaient leurs enfants, et, manque de bol pour le repos dominical, leurs petits enfants. Difficile aux bruits et aux splotchs dans la piscine de savoir combien ils étaient, mais une chose était certaine, il y en avait un qui était plus infernal que les autres :

  • Mauriiiiice arrête de vider la piscine dans la pelouse !
  • Mauriiiiice ne frappe pas ta soeur !
  • Mauriiiiice on ne joue pas avec la hache !
  • Mauriiiiice laisse des gâteaux pour les autres !
  • Mauriiiiice rends nous les clefs de l’audi !
  • Mauriiiiice !!!!!

Un beau dimanche, à se croire en semaine. Epoque où je pointais déjà au chômage et où je passais pas mal de temps dehors quand les beaux jours étaient là. Et dehors c’était à 20 mètres du terrain de sport de l’école qui servait aussi parfois de cour de récréation, avec les commentaires qui allaient avec :

  • Maurice, au foot on ne plaque pas ses camarades !
  • Maurice, au foot on ne garde pas le ballon, surtout sous le coude !
  • Maurice, on ne donne pas de coups de pied !
  • Maurice tu retire les doigts de ton nez quand je te parle !
  • Maurice tu feras 50 lignes !
  • C’est Maurice m’sieur !

C’était Maurice. Pauvre Maurice qui un jour ruina le tibia de Delphine à tel point qu’elle rentra à la maison avec un bleu tuméfié gros comme ça. Le sang de Pulchérie ne fit qu’un tour : elle était la seule à avoir le droit de flanquer des coups de pied à sa soeur. La voici donc partie à l’heure de la sortie de l’étude, en expédition punitive, moi suivant un peu derrière pour éviter le carnage. Maurice faisait 2 bonnes têtes de plus qu’elle, mais elle était bien du genre à sauter en l’air pour lui flanquer un pain et dieu sait ce qu’il pouvait advenir s’il venait au grand dadais l’idée de rétorquer.

J’avais tort d’avoir peur pour Pulchérie. Quand Maurice entendit le fatal « Hep Mauriiiice ! » et qu’il vit l’air aimable de ma fille aînée qui fonçait tête baissée, il choisit de faire profil bas et commença à se défiler, la mine peu fière, voire même terrorisée. Ce n’était pas le méchant cheval, juste un pré-ado un peu embarrassé par sa grande taille, brutal parce que maladroit, et, le maître me l’avait glissé au passage, pas élevé du tout.

Evidemment les copains copines rigolaient bien de le voir fuir devant ma mini terreur, et Delphine venue me rejoindre, riait plus fort que les autres. Il était à ce point terrorisé qu’il ne vit même pas sa mère venue pour une fois le chercher.

« Que se passe-t-il ? » me demanda l’innocente, alors que je bloquais Pulchérie en précisant que cela suffisait : il avait eu peur, c’était très bien. Pour toute réponse, Delphine lui présenta son tibia droit. Elle eut un haut le coeur mais resta digne. Et là chers lecteurs, vint LA PHRASE QUI TUAIT :

« Mon dieu, mais quelle idée avons nous eu de l’appeler Maurice ? »

Oui on se demande quelle idée ont certains parents de donner à leur progéniture qu’ils n’ont pas l’intention d’élever spécialement, des prénoms qui vont soi-disant avec un caractère difficile ou une turbulence annoncée. Les bras vous en tombent certainement, comme les miens l’ont fait ce soir là. Je suis rentrée avec ma progéniture à la maison avec sur le coeur une répartie peu amène.

Quant à moi je suis résolument contre les traits de caractère allant avec le prénom, ayant eu une méchante belle soeur, et les filles une méchante belle mère, ayant le même prénom que moi. Tout de même je me pose encore la question : pourquoi diable l’avoir appelé Mauriiiiice ????

0 réponse sur “Mauriiiiiice !”

  1. S’il a l’âge de tes filles, Maurice, il a du maudire ses parents plus d’une fois pour ce prénom un peu vieillot.

    En plus, il a du connaitre la pub des pâtes « Mauriiiiice, reviens, j’ai les mêmes à la maison… »

    Pauvre gosse !!!!!

  2. Bah, d’un autre côté, si Papa-Maman-toute l’école-les voisins-le monde entier savent déjà que « Maurice » est le prénom d’un pénible… Difficile d’être autrement que pénible non ?

  3. Pourquoi l’avoir appelé Maurice? Pour faire plaisir à un oncle à héritage, j’ai connu ça dans mon entourage, le pauvre Maurice n’a jamais hérité, son surnom était Momo, guère mieux que Mauriiiiiiiiiiiiice

  4. Réponses en vrac !

    Angèle : elle aurait encore trouvé à redire à la moindre bêtise…

    Louisianne : Je ne sais pas pourquoi mais Adolphe n’est pas très prisé…

    Mamanlivier : il a l’âge des filles effectivement. Maurice, je crois que c’est le poisson rouge qui a « bouffé » tous les chocosuisses… Louisianne, c’est effectivement Léon qui doit revenir…

    shalima : moi c’était le 2ème mari de ma grand-mère qui adulte restait globalement infernal…

    Marcus : comme toi je n’y crois pas. Peut-être que Mauriiiice était juste révolté contre ce prénom si peu courant à l’époque…

    Véronique : certainement qu’à force d’entendre que les Maurice sont difficiles, il n’a pas voulu faire mentir sa réputation…

    mab : ah l’histoire des prénoms pour faire plaisir à quelqu’un, c’est une idée abominable parfois. Et Momo ce n’est pas top…

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