Un bienfait n'est jamais perdu…

Et moi qui déteste les dictons…

MAIS… Il était une fois une gentille sorcière qui, en 1994, a été dans l’obligation d’accepter n’importe quel boulot parce qu’elle était RMiste, avec 2 filles à charge. Qui a dû supplier un homme pour qu’il l’embauche, parce que même le SMIC c’était mieux que le RMI. Et un homme qui lui disait qu’elle était trop qualifiée, mais n’avait plus envie de la voir ramper à genoux devant lui, pour décrocher le job (je n’exagère pas vraiment…).

Et c’est ainsi que j’ai rencontré le patron le plus charmant de mon existence. C’était un domaine que je ne connaissais pas, mais j’avais le temps de m’y mettre. La société était en fait au bord du dépôt de bilan, il avait tout rapatrié chez lui pour sauver les meubles, et donnait de son propre argent pour la faire survivre (d’où les salaires minimum pour moi et un technicien indispensable). Pendant ce temps là, l’actionnaire majoritaire, vivait des rentes de ses autres sociétés en le laissant se débattre et perdre de l’argent.

C’était un homme vraiment charmant. Cela me faisait mal au coeur de le voir se battre pour rien. Je passais mon temps à répondre aux fournisseurs que oui mais, le règlement partirait le lendemain. En fait, j’attendais la fin, sans rien pouvoir faire.

Il était tellement malheureux quand enfin l’actionnaire majoritaire, le vrai patron, a décidé de mettre la clef sous la porte au lieu d’insuffler un peu d’argent, qu’il m’a fait vraiment peine, parce que j’ai un coeur d’artichaut. Après mon licenciement, le sachant perdu dans ses papiers, j’ai sacrifié une journée pour aller l’aider gracieusement à tout transformer en archives.

Je connaissais bien sa femme qui passait bien sûr tous les jours me voir dans le bureau mis en place à la hâte dans une annexe de leur maison. Femme charmante également.

Et puis j’ai retrouvé un travail chez mon avocat tordu, et puis après, chez Truchon. Et puis mon seul vraiment charmant patron est mort un soir, en faisant un petit somme dans son fauteuil. Manque de bol, quand j’ai croisé un enterrement un beau jour, on m’a juste dit que c’était l’ancien maire du village de mon enfance, et je n’ai pas pensé à lui, mais au maire suivant, ce qui ne m’a pas attristée… Du coup j’ai loupé les condoléances sincères à sa femme, quand j’ai su la vérité 2 mois trop tard.

Je savais par Mrs Bibelot que cette femme qu’elle rencontrait souvent (et moi pas), demandait toujours de mes nouvelles. Et puis il y a eu une brocante où je ne voulais pas me rendre, parce que la pluie menaçait. C’était en juin. C’est le destin. ON m’a poussée à y aller, et le premier stand, c’était cette femme que je n’avais pas revue depuis plusieurs années, mais dont je savais qu’elle s’inquiétait régulièrement de moi. Nous avons donc discuté longuement, avec beaucoup de chaleur, et quand elle a sû que j’étais au chômage, elle m’a demandé mes coordonnées. « Je ne vous promets rien, mais notre assistante ne convient pas, je vais parler de vous à mon patron ». Son patron, est celui qui a racheté les parts essentielles de la société qu’elle avait montée avec son mari, après le décès de celui-ci. Et à la façon dont elle ne me promettait rien, j’ai compris qu’en fait, elle me promettait beaucoup, ou alors c’était comme une intuition, mais je sentais que la chance allait tourner. J’y ai cru très fort, sans savoir pourquoi…

6 semaines plus tard, lundi : appel téléphonique. L’assistante a donné sa démission. Donc elle appuie fortement ma candidature, et Inch Allah… Elle se souvient à quel point j’ai été dévouée, que l’on pouvait compter sur moi, de mon travail. C’était miraculeux pour moi que Truchon avait essayée de démolir moralement, ainsi que d’autres… RV pris avec le directeur pour le lendemain, bon feeling, bon tout ce que j’espère. C’est à 5 minutes de chez moi, c’est tout à fait dans mes cordes, je croise les doigts, toute la famille le fait… J’ai l’impression que l’entretien est vraiment positif…

Quand elle m’a appelée pour m’offrir le poste, elle m’a dit qu’aucune rencontre n’était anodine et je pense comme elle. Je pense que quelque part, c’était la chance qui tournait, et surtout qu’il y avait eu ce moment, où j’ai aidé un homme dans la détresse, sans rien attendre en échange. C’était peut-être il y a 13 ans, mais c’était à ce point hier, qu’il y avait quelqu’un pour s’en souvenir… Et effectivement rien n’est anodin. Car le jour de la brocante, s’il avait plu 1 H plus tôt, je n’aurais pas rencontré celle qui serait importante pour moi.

PARCE QUE OUI ! TADAMMMMM ! JE L’AI LE JOB ! JE L’AI SU LE VENDREDI MIDI ET J’AI SAUTE DE JOIE COMME UNE GAMINE !

Le 18 août au matin, enfin, je serai à nouveau sur les rails… Croisons toujours les doigts… Parce que le seul hic, c’est que le patron n’a pas l’air caractériel du tout (comme Truchon) et ça, je sens que ça va me perturber grave…

Compte rendu du dimanche (c'est nouveau, cela vient de sortir).

Actuellement, comme je range mes bibliothèques, je retrouve des livres que je n’ai pas lus depuis une éternité. Je suis une bouquinovore, et si je n’ai rien à lire c’est l’horreur.

Je viens donc de relire « VIRUS » de Richard Preston. Ce n’est pas un livre d’aventures, c’est l’histoire du virus Ebola, l’un des plus mortels qui puisse exister, depuis son apparition en Allemagne en 1967.

Apparenté à la fièvre de Marbourg, d’origine exacte inconnue, virus mortel venu des forêts équatoriales, on en connaît actuellement trois types différents : l’Ebola Zaïre, l’Ebola Soudan et l’Ebola Reston. Famille : filovirus. Nom commun : fièvre hémorragique africaine. Je suis vachement calée, forcément, je viens de relire le livre.

L’histoire est passionnante, traumatisante parfois, quand on suit le patient n° 1 qui forcément va mourir et va donner son nom à une souche de ce virus. Les symptômes font peur, et quand le Reston arrive à Washington, ne décimant finalement que des singes, on imagine aisément ce qu’il serait advenu si ce virus avait été mortel pour l’homme également.

Mais la fin, la conclusion de l’auteur, comme la première fois que j’ai lu ce livre il y a des années, m’a laissée rêveuse, surtout actuellement où l’on parle tant de l’avenir de notre planète.

« Voici quelques noms de virus émergents : Lassa, Vallée du RIft, Oropouche, Rocio, Q, Guanarito, VEE, Dengue, Chikingunya, Machupo, Junin. Les Hantavirus, les souches de Rhabovirus comme le Mokolo et le Duvenhage, le Dantec. Le virus cérébral de la forêt de Kyasamur, le VIH que l’on peut classer dans la catégorie des virus émergents parce que sa pénétration dans l’espèce humaine s’accroît rapidement sans aucune fin prévisible. L’agent de la forêt Semliki, le Crimée-Congo, Siudbis, Marbourg, Ebola Soudan, Ebola Zaïre, Ebola Reston »

En un sens, la terre est en train de fabriquer une réponse immunitaire contre la race humaine. Elle commence à réagir à l’homme comme à un parasite, face à l’envahissement contre une marée humaine, face aux espaces morts recouverts de béton, aux déchets mortifères de l’Europe, du Japon, des USA, etc, provoqués par ces primates prolifiques dont la colonie toujours plus nombreuse menace la biosphère de chocs mortels et d’extinction par son extension même.

Peut-être que la biosphère n’aime pas la présence de sept milliards d’êtres humains. On pourrait aussi dire que l’amplification extrême de la race humaine, intervenue dans les 150 dernières années environ, a soudain produit une immense quantité de viande, partout présente dans la biosphère et pas toujours capable de se défendre contre une forme de vie qui pourrait vouloir la consommer. La nature a des façons intéressantes de rétablir son équilibre. La forêt vierge a ses propres défenses. Le système immunitaire de la terre, si l’on peut s’exprimer ainsi « constate » la présence de la race humaine et commence à l’attaquer. La terre tente au fond de se débarrasser d’une vaste infection provoquée par le parasite humain. Peut-être le sida est-il la première étape de ce processus naturel d’élimination ».

Dans les études faites sur les apparitions soudaines de virus, rétrovirus, ou autres, contre lesquels l’humain est démuni, il n’y a eu pour l’instant qu’une seule conclusion. L’homme, en abattant des forêts, en détruisant des espaces, a mis en présence des écosystèmes dont la nature n’avait pas prévu qu’ils se rencontrent un jour. Rien n’est plus dissemblable que le haut d’un arbre et le lieu de ses racines dans la forêt vierge. Quand l’arbre meurt, petit à petit la faune le quitte, sans dommage. Abattre un arbre n’est pas un acte anodin. Des êtres vivants au sommet, porteurs sains de virus vivants en eux, se retrouvent confrontés à d’autres, eux démunis contre ces virus. On suit paraît-il la trace du VIH le long d’une autoroute africaine. ON cherche toujours d’où cela vient vraiment. Si vous voulez mon avis (non ? Tant pis !) on ne saura jamais.

Les anciens étaient-ils plus sages que nous qui voyaient en la terre une déesse, une mère, capable de se fâcher, de se révolter, tout comme elle était capable d’aimer ?

Contre le réchauffement, la planète pourrait faire, elle a des moyens, comme de multiples volcans rentrant en activité en projetant trop haut, des cendres qui bloqueraient les rayons du soleil pendant un long moment. Mais la terre peut vivre réchauffée, nous peut-être pas, et sommes nous si importants que cela à ses yeux ? Ou bien avec ce réchauffement, nous prépare-t-elle une glaciation qui nous détruira aux 3/4 ?

Que nous réserve-t-elle pour sauver ses mers, ses forêts, ses savanes, les merveilles qu’elle a engendrées, ses enfants, dont nous ne sommes pas les seuls, mais les seuls à savoir détruire entièrement une espèce ? Lorsque l’on voit le gâchis que nous sommes en train de faire, au nom de quotas ou autres, avons nous le droit de demander pardon pour continuer ?

Je n’ai pas vraiment d’avis là-dessus. Ce livre m’a une fois de plus bouleversée, tout comme Pulchérie avait été bouleversée par un film (ici).

Richard Preston.
VIRUS
Pocket 4448

Edit du lundi 7 juillet : les textes en gras et italique sont de Richard Preston et non de moi…

Mon bac (part 3)

Il y avait un petit moment (4 ans quasiment) que nous passions nos vacances avec meilleure amie, dans la maison de mes arrières grands parents, sans confort, sans eau chaude, sans chauffage. Les meilleurs souvenirs pour toujours de notre vie.

Nous allions donc réviser. Je ne sais pas si les parents y ont cru ces innocents. Peut-être nous pensaient-ils aussi stressées qu’eux.

Je précise donc : premières épreuves du bac passées (écrit), nous étions dans l’attente des résultats avec 3 options : reçu du premier coup, oral de rattrapage, ou recalé et peut mieux faire l’année prochaine.

Moi j’étais tranquille : le bac du premier coup les doigts dans le nez. J’avais assez bossé pendant 2 ans mine de rien, en étant régulièrement en tête de classe sans problèmes. Pas à m’abrutir à essayer de tout savoir trop tard 2 semaines avant les épreuves, comme beaucoup. Les révisions n’ont jamais été mon truc : je savais ou pas, mais généralement je savais ayant ingurgité tout au fur et à mesure et à bien y réfléchir, c’est dingue cette capacité d’apprentissage que nous avons dans notre folle jeunesse.

Meilleure amie se mariait en septembre quoiqu’il advienne. Nous avons donc révisé à fond pour nous préparer à l’oral de rattrapage, vous l’imaginez bien. Elle parce qu’elle s’en fichait de l’avoir son bac, moi, parce que j’étais certaine de ne pas avoir à cocher l’option « rattrapage ». Donc nous avons fait très fort, et sans bouquins d’aucune sorte :

  • A poil dans le jardin à causer de son mariage et à peaufiner un bronzage sans marque qui chez moi ne viendrait jamais, sans nous douter qu’un vieux voisin nous matait sans jumelles
  • A manger du riz au lait en nous racontant nos déjà vieux souvenirs et en faisant de la gym pour brûler les calories du riz au lait
  • A écouter la musique à fond (pour le plus grand plaisir des autres voisins), dont les Beatles et les Aphrodites childs de préférence, sur mon tourne-disques dont il est bien dommage qu’il ait été jeté un jour par ma mère qui normalement garde tout. Les filles se seraient battues pour, je le sens bien.
  • A puiser dans les recettes de Mrs Morgan pour nous faire des masques de toutes les couleurs et des bains pour cheveux idem
  • A aller nous baigner de préférence dans les étangs où il était précisé que c’était interdit (pourquoi interdit ?)
  • Supers souvenirs.

Vint le jour des résultats. J’avais tout de même une petite angoisse et pris le train avec mes copines de classe un peu crispée. Les résultats étaient affichés à Versailles (quel sadisme !) et papa le regrettait ce coup ci, mais il avait un chantier et ne pouvait m’emmener en voiture.

Ce fut la journée de la désolation. Classe excellente, quasi tout le monde avec avis très favorable. Du plus loin que nous approchions de ce fichu Lycée Marie Curie, on en voyait beaucoup trop pleurer. Les profs ayant déclaré rester coûte que coûte jusqu’au bout, jusqu’au dernier élève, avaient disparu.

Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur. De loin, le seul garçon de la classe me fit « bravo ». J’étais là, dans les reçus du premier tour, j’ai bien vérifié. Mais pour toutes mes meilleures copines il n’y avait pas de rattrapage, et cela m’a gâché ma joie de les accompagner vers un retour sans retour. Nous n’étions que 4/30 dans mon cas et seulement 2 pour le rattrapage. J’ai appelé mes parents qui m’avaient fournie en petites pièces, pour les rassurer et tout de même partager ma joie.

Et puis donc, triste retour. Comment se féliciter quand tout le monde ou quasi pleure à côté ? Nous nous sommes raccompagnées les unes après les autres. Les réactions parentales étaient variables :

  • Ce n’est pas grave ma chérie ce sera pour l’année prochaine !
  • Bravo ! je n’en attendais pas mieux de toi !
  • Tu as toujours été nulle !
  • Tu n’es plus ma fille !
  • File dans ta chambre, on en parlera tout à l’heure !

Du coup je suis rentrée un peu tard à la maison. Tout le monde m’attendait pour un restaurant. Meilleure amie avait appelé : elle avait son bac aussi. Nous avons donc fêté ça, et j’ai oublié devant un trop bon repas, ma peine pour les autres.

Ce sont des jours de joie qui comptent dans une vie, en tous cas cela a compté dans la mienne car ce bac pro ce n’était pas rien. Je m’en souviens toujours avec émotion, ainsi que de tous les coups de téléphone que j’ai eus le lendemain, tout le monde étant encore là. En attendant avec impatience que je rentre pour ce restaurant dont je me souviendrai toujours du menu, les parents avaient eu le temps de prévenir tout ce monde…

J’ai tellement peu stressé pour le bac des filles que je ne me souviens que de l’annonce des résultats positifs… Je me souviens que j’étais vraiment confiante, qu’elles étaient bien classées quoique… Il en faut si peu : perdre ses moyens par exemple même si l’on est excellent.

C’est ballot… D’ailleurs encore maintenant puisque Delphine est toujours étudiante, je ne me souviens que de l’annonce du bon résultat… Bon OK pour son bac, j’étais en Tunisie et j’ai appelé la maison 16 fois avant de tomber sur elle : cette chipie faisait la fête avec ses copines… Avant même que je ne revienne, elle s’était déplacée sur Paris avec ma pince à épiler et mon ôte agrafe. Maintenant elle oublie carrément de me dire que ses partiels c’est OK, les enfants sont d’une ingratitude épouvantable…

Pardonnez moi mes chéries pour votre bac… Cela vous aurait peut-être fait plaisir de me voir me ronger les sangs. Ce sera pour vos accouchements. Je sens déjà que je ne vais pas en dormir de la nuit en faisant une crise de colite frénétique par solidarité…