Les filles bougez vous le cul (c'est le cas de le dire)…

Bon, alors, je sais que la visite annuelle chez le gynéco (tous les deux ans pour ma méchante qui a avoué sur son blog son forfait, Delphine on n’en parle même pas…), n’a rien de réjouissant loin de là, sauf pour quelques pervers, curieusement tous mâles… Vous n’en voyez finalement pas l’utilité malgré les campagnes de prévention toutes plus loupées les unes que les autres. Et vous essayez de passer à une fois tous les 2 ans, voire une fois tous les 3 ans. Ceci aidées par la SS (LA SECU !) en déficit, qui trouve sans doute que payer pour soigner c’est moins cher que pour la prévention, la vraie. Parce qu’un frottis tous les 2 ou 3 ans, comme prôné par elle, c’est insuffisant.

Je vais donc vous raconter pourquoi c’est utile, désagréable mais obligatoire. Vous allez comprendre pourquoi il vaut mieux perdre 1/2 H par an (allez, 1 H avec l’attente !) pour s’éviter des années de désagrément. Ce qui suit est 100 % authentique et non exagéré.

  • 1988 (j’avais 30 ans) lors de ma visite ANNUELLE chez la gynéco, j’avais une mycose donc, aucun frottis n’a été effectué. Elle m’a précisé de revenir dans 3 mois, mais vous pensez bien que je ne l’ai pas écoutée, j’avais effectué ma corvée, juste 6 mois après mon dernier frottis, j’avais le temps…
  • 1989, Albert me quitte en me laissant encore une mycose. J’avais autre chose à faire que d’aller me faire trifouiller le kiki par une femme pourtant charmante et psychologue.
  • 1990 : le frottis est fait et chez moi c’est la totale, le col est mal orienté, ça prend un temps fou. Allez savoir pourquoi j’oublie le frottis dans mon sac. J’ai 32 ans, cet examen c’est de la daube et je le jette.
  • 1991 : je me pousse chez une nouvelle gynéco qui procède au prélèvement obligatoire. J’ai beau avoir accouché 2 fois, c’est toujours une épreuve, avec un utérus rétroversé, un col qui se balade, et la haine de la position sur la table. La nouvelle est sympa, elle essaye de me détendre en faisant de l’humour, sauf que je ne suis pas en position pour avoir envie de sourire. Je poste le frottis.
  • 1991 : le téléphone sonne. Un dimanche. C’est la gynéco. Elle a reçu les résultats de mon frottis. Ca ne va pas du tout. Elle m’attend demain lundi de toute urgence. Je balise.
  • 1991 : entre le dimanche 11 H 30 et le RV du lundi 18 H 30, on a le temps de baliser et le sommeil devient une option. Un rat s’est installé dans mon estomac et m’empêche de manger et de vivre normalement.
  • 1991, mars : le lundi 18 H 30. Mon frottis n’est même plus au stade III. J’ai un cancer du col. « In situ » certes, mais un cancer. (Fin 1987, tout était parfait, nomination « I » (classement changé depuis)). Bel et bien un cancer qui s’est installé en largement moins de 4 ans. Elle ne pèse pas ses mots, elle sait que si elle minimise trop je peux zapper ce qu’il faut faire (elle me l’avouera après : beaucoup de femmes zappent si l’on minimise et se font traiter trop tard). Elle m’a pris RV chez un spécialiste, à Paris. Elle m’explique gentiment qu’il est encore largement temps, que tout se passera bien, et ce que l’on va me faire. J’en frémis d’horreur et j’ai toujours un rat qui me bouffe l’estomac.
  • 1991 : je pleure. J’espère encore avoir un troisième enfant. Pulchérie a 10 ans, Delphine 7. Que vont devenir mes petites puces si je dois mourir de cette saloperie ? Leur vision d’elles pleurant à mon enterrement m’empêche de dormir.
  • 1991 : je pleure toujours. Je viens de passer la porte d’un service de « cancérologie féminine ». C’est écrit en gros. Le professeur me demande si j’ai eu un choc affectif important au cours des 3 années précédentes. J’apprendrais bien plus tard que cela a un impact. De toutes manières je ne peux lui dire que « oui » (merci Albert !). Il reste dubitatif, parce que je suis négative aux papillomachintruc-chose et autres, contre lesquels il y a un vaccin désormais (je ne dis pas que c’est du pipeau), et retient l’option « choc affectif ».
  • 1991 : le professeur est ce qu’il est, et surtout pas aimable. Il m’aboie de retirer ma culotte pour la biopsie, parce que je l’avais gardée pour monter sur la table, précise à l’infirmière : « passez-moi une pince à biopsie, et pas comme tout à l’heure, une qui coupe ». Avant de faire la biopsie, sans me demander mon avis, il fait défiler 7 internes pour leur montrer l’état de mon col (il ne voit rien), qu’un col ça peut avoir une drôle de tête (le mien regarde vers la droite), et comment que l’on colore un col pour voir la lésion (qui est là, regardez bien…).
  • 1991 : je ne suis pas en état de protester devant le défilé des internes qui vérifient qu’en colorant un col, on peut voir une petite tache suspecte. Si je proteste j’ai peur que le professeur X ne me loupe avec la pince à biopsie qui théoriquement coupe. Je dois être honnête, je n’ai rien senti de désagréable, à part mes jambes qui tremblaient vu la position que je devais tenir, juste un vague chatouillement qui lui a permis de m’assurer que je n’étais pas douillette, contrairement à ce que j’avais dit. Mais bon, grâce au défilé des internes, l’examen et le prélèvement ont pris 1 H 30… Et je sais qu’il aurait dû me demander ma permission…
  • 1991 : un lundi : professeur X au téléphone. C’est bien un cancer « in situ ». Il m’opère la semaine prochaine. Finalement non, il a de la place jeudi.
  • 1991 : je pleure. S’il ne laisse pas de temps passer, c’est que c’est grave. Tout le monde me ment. Je regarde mes filles innocentes en me disant que je vais les rendre orphelines. Je regarde mes parents chez lesquels je vis, qui affichent pour moi un optimisme forcément faux. Ils savent… Ils doivent s’inquiéter dans mon dos. Toujours un sommeil fragmenté, des cauchemars, la trouille.
  • 1991 : je suis à l’hôpital et je suis opérée demain. On va me retirer le bout de col qui est envahi par du « in situ ». Je pleure. Et si j’allais rester sur la table ? Et si je ne guérissais pas ? Et si je n’allais plus pouvoir faire une petite soeur aux filles ? (cela a été le cas)… Une infirmière sympa essaye de me remonter en vain le moral, et de guerre lasse me refile un comprimé pour dormir, mon cul.
  • 1991 : je me réveille. J’ai mal. On ne m’a rien dit sur le déroulement de l’opération. J’ai un ballon dans l’utérus pour éviter qu’il ne se rétracte sur le curetage qui a été fait (quel curetage ? Pourquoi ?) et un genre de sonde « pompe à vélo » qui me sort de… Je le découvre avec terreur en allant faire mon premier petit pipi. Bonjour l’hygiène d’ailleurs, mais le professeur désagréable à qui je le précise avec aigreur, me déclare qu’il est au courant et qu’il se bat en vain (et il se bat contre lui-même qui n’informe pas ses patientes ?)
  • 1991 : visite post opératoire après biopsie du morceau retiré, 2 semaines après l’opération. 2 semaines de joie et de sérénité bien sûr… Le professeur X me précise qu’il m’a retiré 2 cm à l’intérieur du col, gros comme un haricot vert. Comme il ne précise pas s’il s’agit d’un mange tout ou d’un extra fin, j’ai l’impression d’être mutilée. Les examens sont formels : il est repassé en zone saine, la biopsie de l’endomètre s’est révélée normale (d’où le curetage). Pour lui TVB, il me rend à ma gynéco, d’autant plus que je l’ai consulté non en privé (à prix prohibitif) mais en prix public. Je peux reprendre une vie de nonne normale, tout est rentré dans l’ordre, sauf que…
  • 1991 : j’ai droit à un frottis tous les 3 mois. J’y vais ponctuellement, en regrettant amèrement les années où j’ai zappé ce fichu frottis, le moment où l’on aurait pu voir que les choses commençaient à se gâter. Le moment où l’on aurait pu faire moins lourd que ce que j’ai subi, le pire étant l’attente des résultats. J’ai toujours cette peur au ventre de l’attente des résultats, aujourd’hui plus rapides. Et puis je vis désormais le soulagement de voir l’enveloppe du laboratoire : quand ça merde, on ne nous envoie pas les résultats, c’est le médecin qui téléphone. Et ça rassure de l’avoir en ligne un dimanche…
  • 1993 : je passe à un frottis tous les 6 mois, puis en 1995, à un frottis tous les 9 mois. Nouvelle gynéco à nouveau qui me précise que c’était limite quand on m’a opérée…
  • 2001 : 10 ans se sont passés depuis l’opération, je peux passer à un frottis tous les ans. Tout continue à aller bien. Des frottis de rêve… (les résultats…)
  • 2006 : les résultats sont toujours excellents. Le docteur Acromion m’assure avec certitude que là, je peux passer sans risques à 1 frottis tous les 2 ans. Parce que je n’ai plus 33 ans. Parce que mes hormones se calment. Parce que le cancer du col, contrairement à ce que l’on pense, frappe les jeunes femmes de préférence.
  • 2008 : le temps revient du frottis… Bien sûr je déteste cet examen et j’irai à reculons, après avoir pris un anxyolitique. Mais cet examen m’a jadis sauvé la vie, voyez-vous. Au stade galopant où j’en étais, j’étais bonne 2 ans plus tard au plus, pour un cancer invasif, beaucoup plus difficile, voire impossible à guérir. Devant mes résultats passés, le Dr Acromion me l’a confirmé.

Alors les filles, bougez vous le cul pour aller le poser sur la froide table du gynéco, respirez bien fort, pensez qu’il ne s’agit que de 20 minutes désagréables par an dans votre vie, à passer…

A zapper le minimum de désagrément, on ne sait jamais ce que l’on se réserve. Et je sais que ce troisième enfant que je n’ai pas pu avoir, c’est le morceau de col que l’on m’a retiré qui me l’a probablement interdit…

Alors, les filles, et les miennes comprises hein ? n’oubliez pas le frottis !

Il peut vous sauvez la vie, votre descendance future, votre sérénité, et votre joie de vivre…

PS : ce post sera réédité régulièrement, de manière à ce que, en ayant tellement marre, vous veniez me dire que bon, c’est fait. (Ophise ne te sens pas spécialement visée…). Epargnez moi l’envoi du scan des résultats, je vous croirai sur parole (sauf mes filles, mais ça se règle à part…)

Chic j'ai des nouveaux voisins… Champagne !

Ma voisine de pallier est partie depuis octobre, c’est bien vous avez suivi. C’est elle qui revient en sautillant dans la résidence, dûment camouflée, pour rendre visite au vieux lubrique d’en dessous, vous avez toujours suivi. D’ailleurs au passage il y a un moment qu’elle n’est pas venue, je me demande s’ils n’ont pas rompu…

Elle ne me manque pas vraiment. Enfin ce qui ne me manque pas ce sont ses visites du soir vers 21 H pour me taxer d’une ou deux clopes, alors que rien que l’odeur de son haleine pouvait rendre ivre n’importe qui (le rhum dès 15 H, ça décoiffe). Par contre elle n’avait pas son pareil pour aller voir madame Vampire en lui signifiant qu’elle faisait trop de bruit, et ça, ça manque cruellement, nous ne sommes plus que 3 à rouspéter.

Comme elle voulait un prix exhorbitant de son appart, elle n’a pas trouvé à le vendre et s’est résignée à le mettre en location au lieux de baisser ses tarifs (avec ce qu’elle demande on peut limite acheter une propriété avec parc, pièce d’eau et statues rares). D’ailleurs sur le plan location, elle devait vouloir cher aussi, car dans ma résidence un appartement reste en moyenne 8 jours à louer (ou à vendre). Là cela traînait depuis octobre, tout de même.

Et puis La dernière semaine de mon inactivité, les stores ouverts, un peu de bruit dans l’escalier, des allers et retours dans l’ascenseur : cela bougeait. Effectivement. Un beau jour, on sonne à ma porte. Une chance que j’entende, car Madame Vampire fait sa vaisselle. Sur le pallier un jeune couple, la trentaine, des gamins quoi. Ils se présentent aimablement, ils sont mes nouveaux voisins, et désirent savoir quel est ce raffut infernal qui vient de chez moi, parce que ce n’est pas le tout, ils ont un bébé et souhaitent savoir si ce bruit revient souvent.

Je les fais rentrer et ils peuvent constater que le seul bruit chez moi émane du chat qui ronfle. Diabolos a des végétations, ce n’est pas de sa faute ce petit père. En plus j’écoute de la musique sur l’ordi, mais comme je suis sensible au bruit, c’est minimum. Je leur signale que ce bruit infernal vient du dessus, c’est un robinet de cuisine, et, la voisine étant maniaque, c’est infernal parce qu’elle se sert de ce robinet environ 12 H par jour.

Que ce soit infernal, ils en conviennent car au moment où ils rangeaient leurs bols dans un placard de cuisine, quand le bruit a commencé ils ont machinalement regardé par la fenêtre pour repérer l’avion de chasse en train de s’écraser avec sirène, comme pendant la dernière guerre mondiale.

Ils sont d’autant plus consternés qu’apparemment ils destinaient à leur mouflet la chambre donnant sur la cuisine. Ils vont être contraints de changer leur fusil d’épaule et c’est ballot parce qu’ils ont déjà posé le papier à schtroumfs dans ce qui finalement sera la chambre d’amis. Je compatis. Il est utile de préciser qu’outre de l’eau, ce robinet a déjà fait couler beaucoup de salive et d’encre. Dans un silence enfin revenu, un autre bruit nous vrille les oreilles : c’est le placard maudit qui grince.

Je les vois se figer : ce sont des gamins qui n’aiment pas le bruit, ça tombe bien. Le monsieur me demande comment je supporte ça : et bien je ne supporte plus justement. Mais qu’à cela ne tienne, il me déclare qu’ils ont loué ici parce que cela semblait calme, et ça l’était avant, et qu’ils n’ont pas l’intention de se laisser envahir par des décibels venant d’une voisine bruyante. Cet homme exquis et son épouse auraient mis au pas mes filles et leur chaîne stéréo (entre autres) en deux temps trois mouvements. En 10 minutes ils ont tout compris, d’autant qu’au dessus, après fermeture couiiiiiic de la porte du placard, il y a maintenant le piétinement habituel à grand renfort de mules à talons. La gamine file chez « elle » et revient confirmer que chez eux « ça s’entend également, et même vachement ».

Je sens déjà se pointer le conflit entre eux et Madame Vampire, dont ce n’est jamais la faute. Je ne sais pas ce qu’ils font dans la vie, mais ils sont du style à lui commander un plombier et plus vite que ça, lui acheter des charentaises et lui graisser ses gonds. J’en rigole à l’avance.

Ils me déclarent emménager le jeudi 14 août. Le parking va être bloqué toute la matinée par le camion des déménageurs, information précieuse, il y a 6 mois nous avons été 5 à être bloqués une partie de la journée, avec forcément des trucs urgents à faire. Comme ils m’ont l’air un peu stressés et je les comprends, je me charge d’avertir les autres voisins, afin qu’ils prennent leurs dispositions s’ils ont besoin de se déplacer ce jour précis qui précède un long WE.

Curieusement, j’ai oublié de prévenir madame Vampire…

24 août…

Mes parents ont eu une super bonne idée, encouragés par la directrice de mon école et ma maîtresse de CP : me faire sauter une classe. Je suis passée du CP au CE2. Après avoir fait une petite semaine en CE1 avec toutes mes copines, dans la joie, un beau jour la directrice est venue me chercher pour m’emmener dans une autre classe : la classe de CE2.

Naturellement, je n’avais été ni consultée, ni prévenue. Aujourd’hui encore, je leur en veux, mais ils ne comprennent pas. C’est moi qui ne tourne pas rond, d’en avoir gardé un super mauvais souvenir…

J’ai débarqué en plein cours d’histoire sur les guerres de religion. J’ai bien évidemment le lendemain de mon arrivée, foiré les questions sur les guerres de religion. Pour la maîtresse, ce n’était pas grave, mais pas pour mes parents. Je n’avais pas le droit de foirer quoi que ce soit, ils attendaient trop de moi.

Le soir à table, ceci jusqu’à la prochaine leçon d’histoire…

  • « Coraline ? ton résumé sur les guerres de religion ? »
  • « … »
  • « Catho… »
  • « Catholiques et protestants se font la guerre, à Paris les protestants sont massacrés le jour de la St Barthélémy » (c’était le résumé des guerres de religion, j’ai encore le livre…). Je récitais, mais le début ne venait pas spontanément. J’étais perdue dans cette classe, sans mes copines, perdue tout simplement.
  • « Coraline, la St Barthélémy ? »
  • « Heu… le… août … »
  • « Concentre toi ou pas de dessert… »
  • « Heu… »

Le lendemain :

  • « Coraline, la St Barthélémy ? »
  • « 24 août 1572 »
  • « C’est bien, tu auras double ration de crème au chocolat ». Merci papa, mais tu sais que quelque part je te déteste et maman aussi ? Que m’avez-vous fait ?

C’était devenu une petite blague de temps à autre que cette St Barthélémy. Mais moi, j’avais en travers mon changement de classe. A tel point qu’il est toujours en travers et que je vous en parlerai un jour plus longuement.

Adulte, j’ai TOUJOURS envoyé une carte postale à mes parents le 24 août, en datant « ce jour de la St Barthélémy ». Et puis là dernièrement, Jean Poirotte a été prié de retrouver la date en moins de 5 minutes.

  • « Papa, la St Barthélémy ? »
  • « Heu… Août ? »
  • « Tu ne vas pas me faire l’insulte de sécher sur cette date là, et pas de dictionnaire autorisé ».
  • « Heu, le 24 ? »
  • « Quelle année ? »
  • « Ce n’est pas 1515, mais c’est quinze cent quelque chose »

Je n’ai pas pû le priver de dessert.

La vie n’est qu’un long calvaire…

Assez curieusement moi qui adore l’histoire, je dois dire que cette période je la connais très bien. Si vous ne savez pas, vous me demandez…

Donc, le compte rendu du premier jour…

  • Je me réveille en sursaut à 1 H du matin, avec l’impression que j’ai loupé mon réveil. Non, TVB, j’ai encore quelques heures à dormir.
  • Je saute mutine et tout, de mon lit, au premier couic des informations de 6 H 30. Normalement avant 9 H je ne suis qu’une larve…
  • Je me demande si c’est bien moi.
  • Je me rassure : c’est bien ma tête dans la glace. Ca ne va pas durer ce saut de puce, je me donne jusqu’à la semaine prochaine…
  • A 7 H 30 je suis prête et je regrette le quart d’heure supplémentaire que j’aurais pu passer au lit (déjà).
  • A 7 H 45 je pars, on ne sait jamais, sur mes 5 minutes de trajet, il peut y avoir un impondérable.
  • J’arrive avec 10 minutes d’avance. On m’offre gentiment un café. Puis comme je ne peux pas tout refuser, j’accepte un thé. C’est de l’earl grey, je déteste.
  • Tout le monde vient me souhaiter la bienvenue. L’ambiance est détendue, il n’y a pas dans l’air, cette oppression horrible qu’il y avait chez Truchon.
  • On me décrit mon poste, je sens que le soir, je vais avoir la migraine. C’est un poste varié qui demande de la concentration et de l’organisation.
  • Je ne suis organisée que dans le boulot, ça tombe bien.
  • On me présente le logiciel de gestion commerciale en me précisant que c’est une daube.
  • C’est une daube.
  • Finalement je maîtrise, mes 5 premières factures et 2 premières commandes sont justes.
  • Il paraît qu’il faut organiser totalement le secrétariat. Effectivement c’est un bordel infâme, j’en ai au moins pour 6 mois. Tout le monde attend avec impatience quelque chose qui tienne la route, sans qu’il faille perdre 2 H à chercher le moindre document.
  • Les gens ont l’air normaux, surtout le patron, ça me perturbe.
  • En plus il blague.
  • En plus il est drôle par comme l’autre du con d’avant.
  • Il y a un gros chien noir dans les locaux qui m’a prise en amitié. Je ne pourrai donc plus porter que du noir (en bas). Fort heureusement il n’a pas le droit d’aller dans les bureaux. Sinon j’avais droit à ce croisement labrador/géant de je ne sais quoi, sur mes genoux.
  • J’ai tout à apprendre, mais tout le monde me précise qu’il me faudra du temps, que c’est normal, et que chacun a le droit d’avoir son rythme. J’hallucine.
  • J’hallucine encore plus que l’on se dérange pour bien m’expliquer quand je m’en vas poser une question.
  • Je constate que dans cette société aussi, il faudrait avoir fait « mec bourré deuxième langue » pour déchiffrer les rapports, bons d’intervention et autres. Rien n’est parfait.
  • Il n’y a que le chien pour aboyer.
  • Plus d’angoisses.
  • Mes horaires sont fixées pile poil comme je le voulais.
  • Nuit à venir : rêver du logiciel daube. Mais ce n’est pas grave parce que :
  • J’ai l’impression de revivre !

Donc merci à tous pour vos pensées positives !

Priez pour moi mes frères (et mes soeurs…) !

Il y a des jours qui ne s’oublient pas. La preuve. Je me souviens très bien de ma première journée chez Truchon… D’ailleurs je me souviens de toutes mes premières journées chez tous les Truchons possibles et imaginables. A chaque premier jour il m’est arrivé un pépin.

  • Première journée à l’hôpital truc : ma mobylette fidèle coule une bièle ou un truc dans ce genre. Je termine à pied, en poussant l’engin, j’ai 2 minutes de retard ce qui pour moi signifie que je peux au pire me faire hara kiri…
  • Première journée chez le docteur Foldingo : j’apprends le décès de mon grand père paternel (ça ne s’oublie jamais) à mon premier décrochage de téléphone, à 9 H 05. C’est tout ce dont je me souviens de la journée, et pour cause…
  • Première journée chez l’agent immobilier quelques mois plus tard : je me foule la cheville en prenant le métro le soir. C’est moins grave mais bon, arriver boiteuse le deuxième jour, ça la fout mal.
  • Première journée chez mon premier avocat : je déclare une rage de dent atroce vers 10 H. Je quitte le cabinet au bord du suicide. Le dentiste que j’ai supplié à genoux de me recevoir, ne trouvera jamais rien…
  • Première journée dans l’informatique : encore une rage de dent subite et inexpliquée. Un abcès visible et palpable et de la fièvre, ce n’est PAS psycho-somatique.
  • Première journée dans une société organisant des séminaires pour cadres : Pulchérie qui a 5 mois a également 40,5° de fièvre… Difficile de ne pas s’y pointer tout de même, le premier jour (allô, ici madame Abraca, je commence aujourd’hui, mais je ne pourrai pas venir : ma fille est malade). Je me ronge les poings toute la matinée (je suis à mi-temps) en n’écoutant donc pas les consignes de première urgence…
  • Première journée dans une société tournant des téléfilms : première et unique crise de vertiges de Meynières que mon médecin de l’époque est prié de juguler immédiatement… Le soir… Je passe mon après midi à ne pas me lever pour ne pas révéler le malaise…
  • Première journée dans l’import/export de cuisines industrielles : je me réveille avec une angine blanche. Le médecin peut me recevoir… le soir…
  • Première journée chez mon avocat tordu : c’est Delphine qui a la grippe. Je rameute maman en urgence, vu que j’avais tout bien expliqué que mes filles étaient grandes et mes parents juste à côté… Et Delphine, tout comme moi, quand elle dépasse le 38° délire totalement. Je suis très rassurée de la laisser…

Première journée chez Truchon donc :

  • C’est ma bonne copine de chez l’avocat tordu qui m’avait téléphoné : « Coraline, il y a une petite annonce dans les nouvelles de « Triffouillie les Oies qu’on gave » qui correspond tout à fait à ton profil ». A l’époque Internet débutait, je faisais les petites annonces dans les journaux, comme tout le monde, mais je n’aurais jamais songé à celui-là. J’ai téléphoné immédiatement. J’ai été reçue par un homme aux cheveux blancs qui m’avait semblé très fortement impoli (il l’était). C’était l’oncle de Truchon, Truchon n° 1. Ca lui plaisait que j’habite « intra muros », mes 40 ans (elle ne me fera pas de gosse), et le fait que dans un cabinet d’avocats on bosse dur (pas faux).

  • Il m’appelle pour me dire que ma candidature est retenue au premier tour, qu’il me rappelle le lendemain pour me tenir au courant, et me raccroche au nez (il raccroche toujours au nez, enfin, il raccrochait toujours au nez en septembre 2007…)

  • Il m’appelle pour me dire que je suis totalement retenue et que je commence le 1er octobre 1998. Il me raccroche au nez

  • Je débarque le 1er octobre à 8 H 30. Vous savez ce que c’est que débarquer… J’ai d’abord vu son neveu (le Truchon caractériel) qui m’a semblé totalement excité et à la limite du normal, avec son débit style mitraillette, m’expliquant que je ne devais laisser aucun original dans les mains de son oncle qui perdait tout, que ceci, que cela. 3 minutes 20 secondes plus tard, j’étais à mon poste… Truchon caractériel pourrait battre JFK s’il avait un discours à faire…

  • Truchon n° 1 arrive, et va direct à son bureau, sans dire bonjour à personne. La secrétaire ravie de me voir arriver en second, m’explique que c’est normal : ici les patrons ne disent jamais bonjour et font la tronche quand on leur dit au-revoir… et essaye de commencer à me mettre au courant…

  • Mon téléphone sonne à 9 H. C’est Truchon n° 1

  • « Passez-moi Mathieu » me dit-il avant de me raccrocher au nez (je ne pouvais pas savoir, pauvre innocente, que l’oncle et le neveu ne savaient pas faire un numéro de téléphone, mais lui aurait dû savoir que je ne savais pas qui était « Mathieu »).

  • Le midi, me demandant si je n’étais pas tombée dans une boîte de cinglés dont je pouvais me tirer à la fin de mon CDD (j’ai été embauchée avec un CDD de 3 mois devant déboucher sur un CDI, avec période d’essai (il avait vu la vierge le vieux)), une de mes dents s’est fendue en deux sur une tranche de pain de mie avec Tarama. C’est dire que la dent était ruinée, et explication de deux ou trois crises, soit-disant inexpliquées, au cours des années passées… (oui parce que je n’ai que deux couronnes).

C’était un signe. On devrait toujours tenir compte des signes…

Et moi en bonne sorcière, je me suis faite avoir sur ce coup là, mais d’un autre côté je n’avais pas trop le choix… Où en serais-je aujourd’hui si j’avais définitivement dit « bye bye » en décembre 1998 comme j’en avais proféré la menace ? D’autant que j’avais tiré les cartes et qu’elles n’étaient pas du meilleur qu’il soit…

Et vous ? Premier jour ? Juste une appréhension normale ou un pépin de plus ?

Parce que moi, pour demain, j’ai tout fait réviser : mon chat paranoïaque, la voiture et sa clim qui chauffe, et d’ailleurs puisqu’on en cause, je suis allée y remettre de l’essence dans cette fichue voiture, à l’heure où le soleil était depuis longtemps couché. J’ai préparé et essayé mes fringues dont certaines sont devenues trop petites, vérifié les prises électriques pour éviter l’incendie, et les joints de ma robinetterie pour éviter le dégât des eaux. J’ai intimé l’ordre à mes proches de ne pas prendre leur voiture le lundi 18 août sans grand espoir d’être entendue. J’ai dû glapir aux filles comme au bon vieux temps de faire attention en traversant, de ne pas suivre des inconnus et d’arrêter de boulotter devant la TV ou l’ordinateur (« comment tu sais maman ? » (maman sait tout)). Tout ceci le samedi pour passer un dimanche serein (arrêtez de ricaner…).

Je vais manger diététique tout ce dimanche pour éviter la gastro. J’ai vérifié mes dents, préparé une trousse de secours de première urgence contre tout ce qu’il pouvait m’arriver, révisé mon sac à main, préparé ma petite bouteille d’eau. Et je vais sacrifier une bougie à la vanille à Sainte Rita, patronne des causes désespérées et une à la fleur d’oranger à St Patrick mon saint préféré.

Je me sens parée pour passer un dimanche un peu angoissé, mais c’est somme toute normal… Je sais que beaucoup vont m’appeler pour me dire merde et je les en remercie à l’avance.

Alors priez pour moi mes frères, mes soeurs, et si j’avais un marteau, pour que ce jour à venir soit bien le début d’une nouvelle vie, comme j’y crois si fort.

Amen…