Ma dernière visite à Rauchan…

C’était le 23 décembre au soir. Des semaines que je me proposais d’y aller pour des biens de consommation que je ne trouve pas dans mes supérettes du coin.

Car je déteste les grandes surfaces méritant le nom d’hyper marchés. Rauchan a doublé de taille depuis 4 ans (et déjà avant, ça me flanquait la nausée d’y aller), quant au Carrouf de Rambouillet c’est la même chose. J’y ai mis les pieds pour la dernière fois en novembre dernier avec Mrs Bibelot, et j’ai été horrifiée par l’alignement des caisses (heureusement nous n’étions venues que pour découvrir les magasins de la galerie marchande).

Mais là, Rauchan obligé pour l’achat du saumon de Noël, car je pensais y avoir plus de choix qu’à Ataquue, mais macache en fait. Je m’y suis donc rendue avec tout l’enthousiasme qui me caractériserait si je devais aller chez le dentiste me faire arracher une dent de sagesse alors que les anesthésies locales sont interdites par une nouvelle loi qui vient de sortir…

Vous saisissez l’ambiance, et l’air aimable qui était forcément le mien, alors que je conduisais d’une main nonchalante, dans les embouteillages…

Le parking archi plein à 17 H 15 : c’est normal, ce sont LES FETES ! Je n’ai pas trop tourné pour trouver une place et je suis allée naïvement prendre un caddy, en pensant que tant que j’y serais, je ferais d’autres achats…

Déjà, mon rejet est tel de l’hyper marché, que dès que je me retrouve à pousser un énorme caddy (les supérettes ont des petits caddies, obligé, c’est un truc de marketing vachement bien étudié), j’ai les genoux qui merdent. Le gauche ou le droit, au choix. J’ai l’impression que les ligaments croisés se crispent et j’ai une drôle de démarche.

En plus le sol est glissant à Rauchan, c’est ce que je ressens en marchant (admirez cette prose !)

Comme d’habitude, en voyant le monde, mes yeux se sont écarquillés d’horreur. Ce n’est pas possible, qu’est-ce que cela va être demain vers 15 H ? (impec m’a dit ma soeur, tout le monde avait eu la même idée que moi : y aller mardi soir)

La fréquentation des hyper marchés déclenche chez moi un état quasi hypnotique. Lumières, bruit, ambiance. A une époque nous avions remarqué avec Pulchérie que Rauchan était le lieu de nos plus belles engueulades (Delphine restant hors hypnose) (Et mon Rauchan du secteur ayant été décoré à une époque de la palme du plus grand nombre de crises d’épilepsie recensées, car le coup des lumières c’est vrai).

Il paraît que c’est fait exprès pour nous faire acheter le plus possible, en toute inconscience. Chez moi, l’hypnose a l’effet contraire, je ne vois qu’une chose : la porte de sortie, à retrouver le plus vite possible.

  • Direction saumon : la porte de sortie !
  • Le pain de mie : à l’opposé : la porte de sortie !
  • La ciboulette : au milieu : la porte de sortie !
  • Merde des croquettes pour le chat : je cherche… la porte de sortie !
  • Les petits trucs que je voulais acheter depuis des semaines ? LA PORTE DE SORTIE !

Une caisse pas trop encombrée où j’arrive hagarde, après avoir croisé un couple en train de s’étriper au rayon « foie gras » « oie ? » ou  » canard ? », une hôtesse souriante et visiblement zen, une sainte quoi, et me voici me précipitant vers la porte de sortie, négligeant les stands « d’artisans » que j’aime normalement. Mais là, pareil trop de monde. Ma peur de la foule me jette dehors.

Et puis il y a toute cette bouffe… Je me demande quelle proportion ira aux ordures. Trop c’est trop, cela me met mal à l’aise de voir ces parents hésiter pour un peu de foie gras en décidant que du coup on mangera des yahourts natures pendant deux mois, ou cette main anonyme qui prend, repose, reprend la petite barquette de 2 tranches de saumon fumé pour finalement l’abandonner à nouveau avec un soupir (oui une main ça peut soupirer !).

Je ne me souviens pas d’un tel étalage, aussi abondant, à l’époque où j’étais encore avec Albert et les filles petites. Bien sûr on trouvait le classique à l’époque des fêtes, mais pas des ragoûts mijotant, trop de tout préparé et tout cuit, pas tout ce qu’il y a aujourd’hui… Il n’y avait pas cette profusion choquante, dans une ambiance restant morose tout de même, car beaucoup ont juste le droit de regarder et de humer…

J’ai imaginé la tête du petit Togolais de Delphine, à l’époque où ils s’écrivaient (ici), devant un tel gaspillage… Car c’est bien de gaspillage dont il s’agit.

Et j’ai donc enfin trouvé la porte de sortie… J’y retournerai pour le non indispensable dont j’ai besoin, après la folie furieuse…

Un jour…

0 réponse sur “Ma dernière visite à Rauchan…”

  1. je n’ai même pas envie de penser au gaspillage qui est fait en cette période.
    Chez moi, plus les années passent, plus on mange léger, simple et pas trop. Et j’en suis bien contente.

  2. gaspillage certes, comme un envie de se prouver que tout ne va pas si mal…
    Moi les grandes surfaces je n’y vais plus… trouvé un site près de chez moi, eh oui même en province ça existe, je commande.. en plus mon strict nécessaire, tu évites d’être tentée :-)…je choisis mon jour et heure, et j’ai juste à récupérer… une demie heure après être partie de chez moi, je suis rentrée et mes courses sont faites… j’évite la foule, le bruit, l’agression ….

    Et pour les fruits, viandes, fromages et pain…les halles, un bonheur… une proximité, un relationnel, être un vrai client… apprécier le savoir faire de nos artisans… voilà pourquoi ça va faire 4 mois que je n’ai plus mis les pieds dans une grande surface….

  3. D’accord avec Marie sur son diagnostic, Dans les temps présents, je pense que ceux qui le peuvent encore ont voulu mettre la crise et les soucis qui vont avec entre parenthèse.
    En partie d’accord avec elle sur les artisans. Il y a des métiers qui commencent à se faire rares, les bouchers par exemple sont en perte de vitesse. Il y a aussi des affaires à faire sur les marchés.
    Calpurnia, A te lire, je me demande bien ce que tu fais en Région Parisienne. Le travail j’imagine, sinon, tu aurais tout à fait le profil pour vivre en province dans une sous préfecture et je t’assure qu’il n’y a rien de péjoratif dans mon propos.

  4. Oh mon dieu que tu as raison ! C’est dingue de voir la profusion de biens disponible pour les fêtes… l’abondance que nous avons la « chance » d’avoir… quand on pense qu’à l’autre bout du monde et même dans la rue tout près de chez soi souvent il y a des gens qui meurt de faim !

  5. Ca y est tu as survécu, on dirait!
    Moi j’admire ma belle-mère -à la retraite depuis dix ans quand même- attendre spécialement le 23 à 17 heures pour s’apercevoir que,mondieumondieu, il lui manque absolument 1 paquet de croquettes spéciales pour son chien, à acheter d’urgence, naturellement, et que tant qu’à faire elle va aussi acheter un ballotin de chocolats, « pour être débarrassée de ce souci le 24 » ben si, il y en a encore qui raisonnent comme ça….
    J’avoue que comme beaucoup la profusion de ces denrées comestibles d’une qualité plus ou moins douteuse, me gêne un peu, et puis tant et tant d’un coup pour se retrouver pendant deux mois pâtes à l’eau sans beurre…non finalement, cette année, ça a été beaucoup plus raisonnable (et pourtant dieu sait que mon Granchef de mari aime avoir « la panse remplie » (et je suis polie)!

  6. Réponses en vrac !

    Caju : dans ma famille on mange « bien », mais il n’y a rien à jeter !

    Marie : un site de ce genre doit voir le jour prochainement. J’en rêve ! Quant à se prouver que cela ne va pas si mal, il faut aller le dire à ceux qui ont tout cela sous les yeux et ne peuvent rien s’offrir… Comme toi, je privilégie les petits commerces de quartier…

    Louisianne : c’est cela qui nous perd : d’avoir perdu l’habitude, et pourquoi diable ? Parce qu’à un moment donné, on en a eu raz le bol…

    Marcus : les artisans qui exposent dans les galeries marchandes n’en sont pas tous de vrais. Et pour répondre à ta question, j’ai toujours habité par ici, toute ma famille y est ainsi que mes amis, et surtout mes filles à Paris, je n’ai rien à faire en province, même si j’y trouve la vie douce. Et puis « chez moi », malgré Rauchan, c’est la forêt, la campagne…

    Vladyk : oui des gens qui crèvent la dalle, il y en a à côté de nous, d’où l’utilité GRANDISSANTE des restos du coeur…

    Filo : je ne me suis pas sentie isolée sur le coup de la sur-profusion… Finalement nous fêtons Noël et le jour de l’an, comme il y a 20 ans…

  7. Je déteste aussi les hypers ou ne serait-ce que les supérmarché un peu trop grands !
    Dans mon quartier parisien j’ai le choix entre un monop, un mini G20, un ED et un leader price.Ma préférence va au petit G20 qui propose l’essentiel à des prix corrects, avec en plus tous les jours des produits à moitié prix quand c’est le jour de la date de péremption. En plus la queue est toujours minime aux caisses, et les caissiers me reconnaissent.
    Je n’aime pas avoir trop de choix, les rayons qui n’en finissent pas me filent la nausée. De plus le carrouf c’est cher !
    Bonne année Calpunia !

  8. lunairia : comme moi, tu déteste la dimension inhumaine de la chose.
    Moi aussi j’aime bien le sourire de la caissière qui me demande des nouvelles des filles, et l’absence de choix qui me fait me tenir à ma liste !
    Bonne année à toi aussi !

  9. Achats pour le reveillon a Carrefour, le 30 apres-midi. Parce que les bouchers du quartier n’ont plus de canard, qu’un chapon pour deux c’est trop, et que je ne vais pas faire un poulet (meme de Bresse) au fils de la rein incontestee du poulet a la bressane. Je veus du canard, c’est mon cote sud-ouest, ca.
    Premiers pas dans ce Carrefour inconnu, je tournicote a la recherche des rayons, mon panier pese une tonne, j’ai trop chaud, et puis ras-le-bol de slalomer entre les chalands. Je pose le panier (pas bien, je ne le ferai plus) et je m’en vais.
    31 decembre, 8h30: enfer et marrons glaces, des dizaines de personnes ont eu comme moi l’idee de venir a l’ouverture du magasin… Une mamie qui me bouscule pour se rapprocher la barriere, un pepe qui me marche sur les pieds, j’ai des envies de croche-pied qui me montent a la tete…
    J’expedie les courses en un temps record et me sauve a toutes jambes.

    Le soir, scandale a table. Voulant eviter le gaspillage (j’en ai marre des restes qui trainent des jours au frigo sans que personne n’en veuille), j’ai prevu un plat principal copieux et un dessert, le tout, fait par mes blanches menottes.

    Scandale numero 1: je n’ai pas achete de foie gras (exact… J’en ai mange tous les jours pendant deux semaines, notamment du foie fait maison par mon Chef de frere, et je n’avais pas envie d’acheter a prix d’or un foie gras industriel).
    Scandale numero 2: il n’y avait pas d’entree (non, parce qu’a Noel, apres l’aperitif et le foie gras, je n’avais plus faim pour le reste… Quel interet de baffrer a s’en rendre malade?)
    Scandale numero 3: il n’y avait qu’un seul fromage a table… Forcement, me retrouver avec un brie, du chevre et un camembert abandonnes dans le frigo apres le depart de mon hote (je ne mange pas de fromage, moi, et je le voyais mal s’enfiler un plateau a lui seul), ca ne me tentait pas. J’ai donc prefere acheter un beau morceau de bon Comte, a manger avec des raisins et du pain aux figues de chez le boulanger d’en bas (un delice).
    Scandale numero 4: pas de vin. Voir le paragraphe sur le fromage. En plus, je n’y connais rien en vin. Il fallait me dire « prends une bouteille de Saint-Machin », je l’aurais fait. Mais je me suis faite gronder comme le chien de Madame Vampire.
    Scandale numero 5: j’ai prepare le dessert a la fin du repas, au lieu de le preparer a l’avance.
    Scandale numero 6: le repas a dure moins d’une heure.

    Il ne me reste plus qu’a aller voir un psy pour soigner mon surmoi, fortement mis a mal par tous les epithetes malsonnants de mon invite. ;+)

  10. C’est drole, parce que je visualise bien la zone géographique, les flots de circulation, la recherche de la place de parking, les caddies sans chauffeurs dans les allées, j’ai donné aussi il y a quelques années…

  11. Bonne annee a toi aussi Calpurnia, ainsi qu’a toutes les lectrices (et Marcus) que j’ai le plaisir de croiser regulirement ici!

    Pour Marie: les grands esprits se rencontrent… ;+)

  12. Réponses en vrac !

    Bruno : en règle générale j’évite à tous prix, mais là, saumon oblige je me suis lancée dans l’arène à la mauvaise époque !

    Marie : tu as bien raison pour l’hôte à ne pas inviter. On dirait mon ex première belle doche…

    Princesse Strudel : tout est dit 🙂

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