Le retour annuel de Maritza part 2…

Donc il y avait le samedi ET le dimanche.

Samedi soir : nous fêtions les 11 ans de mon neveu Tristan, et donc, elle faisait partie des personnes invitées. Ma soeur avait un peu la trouille qu’elle ne raconte n’importe quoi devant les enfants, ou ne fasse des gaffes à n’en plus finir (comme d’habitude).

Dûment chapitrée apparemment par Mrs Bibelot, Maritza n’a commis aucune gaffe. Par contre dès son arrivée, elle a mis le grappin sur le héros du jour, pour lui tailler une bavette, en émaillant comme de coutume sa conversation de mots d’anglais, l’anglais étant pour elle désormais, sa langue maternelle.

De loin, nous pouvions voir comme un carpillon tressautant dans son filet, sans savoir qu’il ne pourrait pas s’échapper comme cela. On n’échappe pas à Maritza qui a des choses à apprendre à un carpillon de 11 ans ou des choses à dire à n’importe qui. Parfois nous croisions son regard désespéré parce que c’est un enfant bien élevé qui n’est pas du genre à s’échapper mal poliment sous un prétexte fallacieux, pas même celui d’avoir envie de faire pipi. Nous lui faisions signe que c’était comme ça, que nous le comprenions parfaitement, mais que… Bah oui, il était englué dans un mauvais filet car la vie n’est qu’un long calvaire…Sa soeur a vite compris que cela pouvait retomber sur elle, et elle s’est esbignée dans sa chambre, attendant l’apéritif au cours duquel elle a siroté son coca, loin des yeux de Maritza, au cas’où. Du coup cette dernière s’est rabattue sur le carpillon qui n’osait même plus profiter de son jus d’orange.

Le dimanche midi, je suis arrivée la première chez mes parents. Comme j’ai le bip du portail automatique de mes parents, ELLE M’A VUE SURGIR TOUT A COUP DERRIERE LA PORTE VITREE ET A FROLE LA CRISE CARDIAQUE. Jean-Poirotte à son cri, s’est massé l’oreille droite…

La chienne de mes parents, vieil épagneul breton de 16 ans, se trouvait bien évidemment derrière la porte. Pour chiens et chats, rien ne vaut l’été et la porte toujours ouverte.

Bien évidemment également, PERSONNE n’ouvre la porte avec violence, car il y a forcément un animal derrière. Maritza s’est levée en hurlant !

  • Ah mon dieu, tu as cogné cette pauvre bête ! Tu aurais pu faire attention tout de même ! Elle était derrière la porte, elle voulait sortir, SUR que tu l’as heurtée avec la porte !
  • Maritza, oui je fais attention à la chienne, et elle ne veut pas sortir, elle veut venir me saluer (tout à fait exact, la petite mère, me tournant autour pour avoir ses caresses et son petit câlin)
  • Mais je te dis qu’elle veut sortir elle était derrière la porte !
  • Et bien ouvre lui…

Peine perdue, la chienne était retournée se coucher dans son panier garni de coussins.

  • Tu as dû la cogner, je suis certaine qu’elle voulait sortir…
  • Je ne l’ai pas cognée…
  • Alors pourquoi elle s’est recouchée comme ça ?
  • SOUPIR DE MON PERE : elle avait senti Coraline arriver, c’est pour cela qu’elle est allée derrière la porte
  • AH BON ?
  • TU CROIS ?
  • TU ES SUR ?
  • Moi je suis sûre qu’elle a été cognée par la porte grum flum glubs…

Je vous passe le repas.

Si si, je vous le passe… Parce qu’il y a un moment où cela finit par ne plus être drôle… De répéter qu’on est certains de ne pas se brûler, que la tache va partir, que la nappe en a vu d’autres et qu’on se sert du couteau avec la main gauche sans être gaucher et gnagnagna !

De toutes manières, nous n’avons pas à nous inquiéter, elle revient l’an prochain, fêter avec nous ses septante ans. Oui parce que quand elle retrouve son français, elle compte comme les suisses…

On sera bien contents (tout de même) de la retrouver, si on peut faire groupe face à elle… D’ailleurs, on fera groupe. Genre la famille au grand complet, + sa copine Théo qui saura bien l’occuper…

Le retour annuel de Maritza !

Il n’y a pas que l’automne qui revient régulièrement tous les ans, il y a Maritza également, qui nous fait son coming back de Tintagel chaque automne et vient passer quelques jours chez son amie Mrs Bibelot. C’est lors de ses visites que l’on peut mesurer ce qu’est la relativité du temps, sans l’aide de Mr E=MC2. Il devait avoir quelqu’un dans son entourage, genre Maritza, qui lui a fait tout à coup tout comprendre..

Il y a deux ans, elle était restée 2 semaines, mais Jean Poirotte épuisé et on le comprend, avait précisé gentiment à sa femme, qu’1 semaine était le maximum supportable pour lui.

L’année dernière, elle est restée 1 semaine, pour la grande fatigue de mes parents et moi. J’étais licenciée de peu et passait beaucoup de temps chez eux. Elle m’a gavée grave (mais si, souvenez-vous, ! (pour le ici, vous vous démerdez pour aller voir le part 1 la veille ou l’avant veille du « là », parce que le lien ne veut pas se faire, c’est comme ça et pas autrement, et parfois je hais word press).

Bref la semaine s’annonçait mal. Le mercredi 15 octobre Jean Poirotte devait se faire changer son défibrillateur (une machine ressemblant à une calculatrice, j’ai vu la radio, implanté dans le creux de l’épaule (gauche, forcément, vu que le coeur est à gauche), qui lui envoie des décharges électriques dans le coeur via des électrodes implantées directement dedans (le coeur !!!!) à la première pose, en cas de départ de tachycardie ventriculaire, à ne pas confondre avec un pace maker, surtout pas, ça l’énerve et nous aussi, dont moi). Si vous ne connaissez pas la différence entre un pace maker et un défibrillateur, vous avez gogole pour vous renseigner, moi je ne ne suis pas l’encyclopédie de médecine NON PLUS !

Opération bénigne. Un défibrillateur ça coûte la peau des fesses mais on ne peut pas en changer les piles, faut changer l’appareil. Les trucs implantés dans le coeur à la première pose, on les laisse en place, c’est toujours ça de gagné. Sur le plan du déficit de la SS (LA SECU !); il est toutefois dommage que cet appareil soit prévu sans changement de piles. Car il fonctionne avec des piles. Farfaitement. Et quand les piles ont trop envoyé de décharges en cas de départ de TV servi, il faut changer l’appareil directement.

Mon père qui rentre de sa visite chez le cardio qui doit l’opérer, mérite la médaille du patient le moins curieux qu’il puisse exister. Discussion du dimanche midi :

  • On te remet le même défibrillateur ou c’est un appareil plus moderne ? je ne sais pas…
  • On touche à tes électrodes ou pas ? je ne sais pas…
  • Tu es anesthésié complètement ou pas ? je ne sais pas…

La seule question qu’il pose au médecin est « combien de temps vous allez me garder ? » et ça c’est rapport au temps pendant lequel il ne pourra pas cloper… Alors que moi je prends des notes en demandant au chirurgien comment il va me défigurer l’épaule droite ou m’expédier ad patres. Après je vais vérifier sur internet s’il m’a menti…

Ma mère qui ne l’accompagne plus, ne vaut donc pas mieux. C’est APRES qu’elle nous précise qu’on nous avait tout bien dit à l’avance, mais qu’on n’écoute pas (comme si on était comme elle quoi…).

Bref.

Donc opération le mercredi 15, opération de Jean Poirotte, sortie théorique le jeudi 16. Le vendredi 17 ce sont les 11 ans de mon neveu que l’on n’a pas vu grandir, ET l’arrivée de Maritza.

Elle ne doit pas rester longtemps, elle repart le lundi. Tout le monde conseille tout de même à Mrs Bibelot de conserver son parisien quotidien pour que Maritza fasse ses découpages, parce que pendant ce temps là, elle fiche la paix à tout le monde.

Et je ne sais pas, je zappe complètement l’arrivée de Maritza. Je m’inquiète pour mon père. J’ignore bien évidemment que l’opération a lieu sous anesthésie locale, que c’est une broutille, et que dès le lendemain matin (opéré à 17 H 30), il sort. Nous sommes donc le jeudi. Tout va bien, je suis rassurée, et je me pointe donc le vendredi 17 au soir après le boulot, pour l’appéro de la semaine parents/enfants.

Et je tombe sur Maritza. J’avais complètement oublié qu’elle devait venir, elle m’a vue, il est trop tard pour m’enfuir.

  • Alors tu as retrouvé du boulot ?
  • Oui
  • Tu es contente ?
  • Oui
  • TU ES SURE ?
  • Oui
  • Ton patron est sympa ?
  • Oui
  • TU ES SURE ?
  • Ouii
  • Tu fais combien d’heures par semaine ?
  • 37 1/2 avec un jour de récup par mois pour faire 35 H
  • TU ES SURE ?
  • Ouiii
  • Et ta soeur comment va-t-elle ? Son mari c’est Philippe hein ?
  • Non c’est Jean-Pascal
  • TU ES SURE ?
  • Ouiiiiiiii je suis certaine.
  • CE N’EST PAS PHILIPPE ? JEAN POIROTTE CE N’EST PAS PHILIPPE ?
  • Non c’est Jean-Pascal !
  • TU ES SUR ? VOUS AVEZ BIEN UN PHILIPPE DANS LA FAMILLE !
  • NON !
  • VOUS ETES CERTAINS ? MOI IL ME SEMBLE BIEN QUE VOUS AVEZ UN PHILIPPE DANS LA FAMILLE.
  • Justes regards de mon père et maman qui précisent « NON ». Non. Nous n’avons rien contre les philippe mais nous n’en avons aucun dans la famille.
  • VOUS DEVEZ VOUS TROMPER. VOUS ETES SURS QUE CE N’EST PAS PHILIPPE LE VRAI PRENOM DE JEAN-PASCAL ?
  • ….
  • Et tes filles Coraline ça va ?
  • VI
  • Tu es sûre ?
  • Certaine
  • Ca leur fait quel âge déjà ?
  • Ecoute Maritza, si tu me refais le coup de mes 50 ans de l’année dernière je vais VRAIMENT m’énerver
  • Ah mais c’est bon c’est passé maintenant. Ah 24 et 27 ans MON DIEU MAIS QUELLE HORREUR !
  • Bibelot, tu te rends compte, les filles de Coraline ont 24 et 27 ans, QUELLE HORREUR ! Jean Poirotte tu te rends compte ? QUELLE HORREUR !
  • Tu sais Maritza, je ne peux pas suivre toutes les conversations, C’EST MAUVAIS POUR L’IMPLANTATION DE MON NOUVEL APPAREIL !

Il était temps que mon frère, sa femme et sa fille arrivent… Mon père et moi avions eu le même regard vers la collection de fers à repasser à l’ancienne de Mrs Bibelot.

Un accident est si vite arrivé…

La suite au prochain épisode. Il restait le samedi, le dimanche et le lundi…

C'était un jour comme les autres…

C’était un jour comme les autres, une consultation de routine, une de celle que toute femme vit régulièrement.

Il y a eu le moment où la gynéco s’est un peu figée, où son ton a changé, où elle a insisté sur la zone qu’elle palpait, en refusant tout à coup de continuer à parler. Il y a eu ce moment où Jacqueline s’est sentie tomber dans un gouffre, ce moment où son coeur s’est serré pour trop longtemps. Il y a eu l’ordonnance pour la mammographie, les paroles rassurantes qui ne rassuraient pas parce que le ton était déjà pour trop longtemps différent, trop neutre.

Il y a eu l’attente dans l’arrière boutique du radiologue, où elle se sentait transie, glacée de l’intérieur, comme déjà à la morgue, son coeur battant la chamade, un refus absolu planté en elle : le refus de mourir. Pas déjà, pas maintenant ! Un jour peut-être, un jour c’est sûr, mais pas dans trop peu de temps. Trop d’attente pour trop de clichés de contrôles…

Il y a eu la ponction et l’attente des résultats, mais elle savait. Elle savait que ce n’était pas un kyste. Elle a pleuré de n’avoir pas allaité ses enfants puisqu’il paraît que cela protège du cancer du sein. Elle payait d’être une mauvaise mère, la Faculté le lui a laissé entendre, même si nous lui disions que non, et que rien n’est vraiment prouvé.

Il y a eu la boule que l’on retire, sans retirer celles d’angoisses qui coincent la gorge, les enfants trop enthousiastes et optimistes à son chevet. Elle n’avait que les copines Jacqueline, pour en parler vraiment, pour pleurer, pour refuser la pitié, tout en ayant besoin de soutien, besoin que l’on écoute et partage ses angoisses et cette peur qui la faisait téléphoner souvent à 3 H du matin. Il y avait le téléphone qui la reliait à celles qui parfois, jadis, avaient pu lui donner une fausse impression de ne pas l’apprécier et qui maintenant lui tendaient les bras. Elle découvrait Jacqueline, que la solidarité féminine existe, et cela lui réchauffait le coeur, terrassait parfois sa peur.

Il y a eu les rayons pour l’aider à terrasser la bête qui se nourrissait de sa vie. Elle ne voulait pas arrêter de travailler Jacqueline, parce que son travail c’était aussi sa vie. Elle s’y rendait après ses séances pour entendre, muette et épuisée, son patron se plaindre de son rhume… Avec tout un personnel horrifié par le comportement de l’avocat tordu, devant et derrière elle pour lui ordonner de s’arrêter et de se reposer. Mais elle ne voulait pas se reposer pour trop penser au moment où elle deviendrait poussières.

Elle a pleuré Jacqueline, trop pleuré peut-être, sachant que le véritable espoir était bien loin dans le temps. Pas envie de mourir, pas envie de vieillir pour savoir si elle vivrait ou non, tout en sachant qu’un jour qu’elle voulait le plus lointain possible, la mort aurait gain de cause.

Elle a écrit son journal Jacqueline et commencé à aider les femmes comme elles, souffrant dans leur féminité de cette tumeur injuste.

Et puis le temps a passé. 10 ans déjà !!!! Les examens étaient bons. Toujours bons, toujours négatifs pour le mauvais, toujours parfaits quoi. Et il y a eu le jour où le cancérologue lui a dit qu’elle était considérée comme guérie, définitivement guérie de cette fois là. Parce qu’il peut toujours en venir un autre, un crabe… Ailleurs, on ne sait pas pourquoi…

Il y a eu le vendredi 17 octobre 2008 où elle a entendu le mot « guérie madame ! n’ayez plus aucune inquiétude ! » « maintenant je vous revois dans 2 ans, juste pour la tranquillité d’esprit »

Il y avait toutes ces années où elle ne pouvait s’empêcher de se palper les seins, de guetter le moindre symptôme qui pouvait être le signe que le crabe n’était pas mort, oubliant qu’il métastase généralement ailleurs. Il y avait un pan de sa vie qui n’avait été qu’attente, et enfin, au bout du chemin, le résultat trop espéré.

Elle était tellement heureuse Jacqueline, qu’elle a envoyé un texto à ses enfants « enfin guérie, je suis trop heureuse et je vous aime trop ». C’était le restaurant pour le samedi 18 octobre 2008, avec champagne à volonté et taxi pour ramener tout le monde. C’était le premier jour vraiment heureux depuis trop longtemps.

Et puis c’était un jour comme les autres pour tout le monde. Elle est sortie de l’hôpital en lévitant, tellement elle était heureuse, pour rejoindre sa voiture. C’est ce que l’on imagine vu le texto… Il faisait beau, même si un peu froid ce vendredi, et elle était guérie. Même si le déluge avait été là, elle l’aurait trouvé magnifique. Il était 15 H 35.

Elle n’a pas vu le bus Jacqueline… Le conducteur l’a vue trop tard, elle s’est quasi jetée sous ses roues. Et la camarde qui l’attendait depuis si longtemps devait ricaner derrière un peuplier quand le SAMU est arrivé trop tard. Dès le choc, il était trop tard. Et, des médecins sortis sur l’alerte, celui qui pleurait le plus, était paraît-il son cancérologue… On peut le comprendre. Avoir annoncé sa guérison à une patiente, dans cette spécialité là, et la voir mourir bêtement 10 minutes après dans un accident de la route, c’est à se pendre…

Quand j’ai reçu le mail en rentrant d’une bonne soirée passée avec Louisianne, j’ai été pétrifiée. La joie et le bonheur sont autant assassins que le malheur. Jacqueline, tu avais prévu les amies à prévenir avec une liste mail, mais pas pour cette nouvelle là…

Prenez donc garde à vous. Sur un coup de joie, n’oubliez pas de regarder en traversant, de conduire normalement, que la vie ne vous est pas assurée à jamais même si fatalement elle se terminera un jour.

Adieu mon amie. Nous sommes 10 ce soir, pour qui tes enfants ont pris la peine de donner de mauvaises nouvelles, mais nous savons que cela leur a fait quelque part un peu de bien…. Nous découvrons en même temps que ton départ à quel point nous comptions pour toi. Et demain ils en auront l’assurance et le réconfort.

Décidément c’est la période où je vous régale vraiment de posts les plus gais possibles…

Les parents chiants…

Etre assistante maternelle n’est pas forcément une sinécure. Sauf que comme elle est « chez elle », beaucoup n’imaginent pas que c’est un travail à plein temps. Parfois plus d’ailleurs, parce qu’il faut avoir de bons nerfs pour supporter certains parents.

Il y a celui sur lequel on ne s’étend pas : qui dépose son enfant à l’heure le matin, en donnant juste un ou deux renseignements pouvant être intéressants, le récupère le soir, toujours à l’heure, en 4 minutes, vient le récupérer s’il tombe malade, et n’est pas trop intransigeant sur les méthodes éducatives de la « tatie » qui ne supporte pas d’être mordue. Quand il y a un RTT de pris par le père ou la mère, ils sont trop contents de s’occuper eux-mêmes de leur enfant, et préviennent à l’avance. Ca c’est l’idéal absolu dans un monde non idéal.

Mais ça se gâte souvent :

  • Il y a le mari qui trompe sa femme et qui dépose donc l’enfant avec 1 H 1/2 d’avance, sans prévenir. Quand l’horaire prévu est 10 H – 19 H et que l’on a prévu de commencer sa matinée tranquillement en allant faire ses courses, il est toujours sympa de le voir arriver si tôt.
  • Il y a le mari qui trompe sa femme et qui récupère donc l’enfant avec 1 H 1/2 de retard, sans prévenir. Injoignable sur son portable évidemment, et c’est le jour où la « tatie » a RV chez le médecin pour les rappels de vaccin de ses enfants à elle.
  • Il y a le père qui vient récupérer son môme, s’avachit dans le canapé, très décontracté, en donnant plus que nettement l’impression qu’il n’attend qu’une chose : qu’on lui propose un apéritif.
  • Il y a la mère qui doit travailler toute seule dans un bureau sans voir personne de la journée, et qui n’a qu’une envie : tailler une bavette avec « tatie », quand elle vient récupérer sa fille. Moralité elle s’incruste pendant 1/2 H sans s’imaginer que « tatie » a une deuxième journée après le départ des enfants qu’elle garde.
  • Il y a la mère qui en 3 ans de temps, ne manquera jamais 1 H de boulot. Quant le gosse est malade, qu’on l’avertit qu’il a 39, elle ne viendra pas plus tôt et le déposera le lendemain matin avec l’ordonnance et les médocs. A la nounou de jongler pour aller chercher ses enfants à l’école, avec un « petit » 40° pendant 3 jours. Le jour où cette mère met son gamin à l’école, elle est scandalisée d’être appelée pour venir chercher son gosse malade, tout de suite, immédiatement, sans délai, car l’école n’est pas une infirmerie (chez la nounou non plus)
  • Il y a ceux qui, quoique prenant un RTT de temps à autre, laisseront tout de même l’enfant à l’ass-mat, même s’ils n’ont qu’à se faire bronzer dans le jardin et pas l’excuse d’avoir la cuisine à repeindre. Ce sont généralement les mêmes qui fourguent leur môme aux grands parents quand ils partent en vacances, on se demande pourquoi ils ont fait des gosses (ou un, après on espère qu’ils s’arrêteront là).
  • Il y a l’angoissée végétarienne qui espère et le répète matin et soir, chaque jour que dieu fait, que la nourrice forcément indigne à un moment ou à un autre, ne lui a pas refilé un peu de jambon.
  • Il y a les adeptes de l’éducation très permissive. On ne doit dire « non » à leur gosse sous aucun prétexte et le laisser s’épanouir en pourrissant la vie des autres. C’est facile à éduquer ça (et on craque toujours).
  • Il y a ceux qui pour avoir la paix plus tôt le soir, demandent à la nourrice de zapper au maximum la sieste du chiard. 1) c’est le moment où elle peut souffler un peu, 2) les enfants ont besoin de sieste, 3) quand on essaye de zapper la sieste on se trimballe un môme infernal tout l’après midi.
  • Il y a ceux qui vous déposent un enfant avec une gastro très contagieuse, sans prévenir, et surtout sans linge de rechange.
  • Il y a le père qui en déposant l’enfant le matin, laisse entendre à la nourrice qu’elle peut le recoucher tout de suite, parce que n’est-ce pas, bien sûr…
  • Il y a le et la maniaque qui en première demande exigent que « tatie » porte des manches longues et pantalons pour qu’il n’y ait pas de contact peau/peau entre elle et l’enfant (authentique). Qui grimacent quand l’enfant s’est amusé un peu dans la pelouse parce qu’il y a une tache de vert sur la salopette en jean. Qui déposent un ballot de linge pour que l’enfant soit changé toutes les heures. Qui ne comprennent pas qu’un enfant ne se garde pas dans sa chaise haute pour rester aseptisé…

Après des années d’expérience, on doit voir les parents d’un autre oeil…

BON ANNIVERSAIRE DELPHINE !

Estelle_Sainte_marie
Déjà cet âge là ? Je sais que le temps est assassin, mais là, je le réalise tout simplement…
Bisous ma chérie.

Tu avais commencé ton chemin bien avant ta naissance à 1 H 35 le 12 octobre 1984, pour moi tu étais déjà quelqu’un, parce que tu existais pour moi seule, dans mon ventre. Mais là tu es un quelqu’un qui commence à me faire prendre de la bouteille… Alors que dans ma tête je suis toujours la jeune maman sur le ventre de laquelle on a posé ce bébé qui était toi… Et que j’allais tant aimer…

BIZZ ma puce et que le j’JTM ne soit jamais vain dans nos vies

11 Octobre 1984…….

Cela m’a pris le 11 octobre, au petit matin. J’émerge d’une longue hibernation et toute ma vie et mon organisation ne sont qu’un scandale immonde. Tout doit être rangé, ordonné, rangé au cordeau, et rien ne peut souffrir d’un retard forcément non excusable. Tout le monde sent que ça bout quelque part et en théorie j’ai juste le droit de légumiser sur mon canapé. Ma mère est venue faire le ménage, le repassage, sans comprendre ce qu’il m’arrivait, pendant que j’allais faire le plein à Carrouf. Et quand je dis « le plein », il s’agit du plein. Toute une famille doit pouvoir survivre avec les réserves que je fais. On peut tenir 3 mois d’hiver, bloqués par la neige ou une Xème glaciation. Mon mari, Pulchérie, Moi, et éventuellement tout le reste de la famille.

Maman repasse, elle adore (je ne comprendrai jamais). En surveillant Pulchérie qui adore grimper dans les plantes vertes. En fait elle adore faire des conneries et les grands parents trouvent cela super… Même en repassant…

Ma mère se fait toujours piéger. Je lui avais fait le coup avec Pulchérie. Mais elle n’a jamais souffert du syndrôme du nid. Elle s’avachissait dans un fauteuil en se disant que c’était pour bientôt… Moi je retrouvais toute mon énergie pour tout bien aligner. Bordélique comme je le suis, c’est le signe qu’il s’agit d’un instinct très sûr.

11 octobre 1984 : je ne suis pas réellement satisfaite de mes réserves, du repassage de ma mère, et de la tenue de Pulchérie qui doit renoncer définitivement au Ficus pour faire des « je grimpe à l’arbre ». D’ailleurs vers midi, je suis prise par les contractions et je n’ai rien d’autre à faire que de déambuler en supportant les contractions.

En fait, tout est là, je ne le sais pas, mais, je vais chier ma 2ème pastèque...

12 octobre 1984, 1 H 35 du matin…

Cela ne s’oublie pas. Si cela s’oublie, c’est que la mémoire part en vrille et que cela fait peine et qu’il ne faut pas en vouloir à maman si sa mémoire flanche…

Bon anniversaire ma Delphine !!!!

Je sais bien sûr que tu es du 12 à 1H05, mais j’avais envie de me souvenir de la veille. Tu sais bien que pour le vrai jour, je n’oublierai jamais, sauf si ON décide de me couper ce qui fonctionne dans le QG, mon cerveau quoi…

Je t’aime ma chérie, et dans ma tête, il y a toujours le bébé que l’on m’a mis dans les bras. C’était un commencement, et c’est déjà tellement loin… Le souvenir reste inoubliable, et que du bonheur, avec les petites larmes que bien sûr je verse en te dédiant ce post.

Bon anniversaire Estelle !

N’oublie pas : c’est le 12 à 1 H 35….

Heu… Toc toc toc… Le schtroumpfissime…

Là je m’adresse surtout aux filles, encore que les garçons ne soient pas exclus…

Vous connaissez l’histoire du schtroumpfissime j’espère (les filles et moi avons toujours adoré les schtroumpfs), et le fameux « moi je vote pour moi ! » (et comment que je vote pour moi…)

Et bien là, pour la deuxième fois depuis que je tiens ce blog, je m’en vais quémander quelques votes.

Je vous ai indiqué que j’écrivais pour Holala, sous la houlette de Pulchérie, rédactrice en chef de la rubrique psycho. Bien sûr, j’ai récupéré plusieurs articles de mon blog que j’ai adaptés (et il m’en reste encore à revisiter), car je n’ai pas l’étoffe de Balzac, Hugo ou Zola pour l’imagination…

Actuellement il y a un concours, et depuis samedi, je suis la première des top auteurs. Enfin ce mercredi 8 à 18 H 31, je suis toujours la première. Je n’en peux plus de contentement : moi qui aime tant écrire, je me sens enfin récompensée…

Mais angoisses bien sûr, car un coup d’état est aussi vite arrivé qu’une chute des cours de la bourse : vais-je encore trouver l’inspiration, jusqu’à la clôture des votes, le 30 novembre minuit ? Bien sûr, le concours terminé je continuerai cette rubrique avec la complicité de ma fille, mais là c’est une question de vie ou de mort.

Et donc j’ai besoin de vous. J’ai besoin de votes, de commentaires, de messages perso… Jusqu’au 30 novembre. Je ne peux pas passer ma vie à voter pour moi, d’autant que les compteurs sont remis à zéro chaque début de mois et qu’il faudra vous y recoller dès le 1er novembre (comme chez moi pour les top commentateurs, mais je n’y suis pour rien…)

Par contre, si vous acceptez de me donner un coup de main, je vous demande d’être honnêtes et de ne voter, commenter, mailer, que pour les articles qui vous plaisent vraiment, Je suis parfois dans d’autres rubriques (comme couple ou vie ordinaire, ce style), quand la top rédactrice en chef, Caro, décide que mon article psycho serait mieux ailleurs. Normalement les articles d’un même auteur sont regroupés, mais avec des limites, et il n’y a que moi dans mon espace perso pour tous les compter, et parfois je me demande comment j’ai pu autant parlotter ailleurs que sur mon blog…

Une tablette de toblerone sera autorisée pour celle ou celui qui pourra dire sans se tromper combien j’ai écrit d’articles pour Holala depuis le début. Même moi, je m’y perds… Si vous n’aimez pas le Toblerone, vous pourrez toujours vous rabattre sur ce que vous préférez, avec l’autorisation de la sorcière…

Merci d’avance pour votre soutien que j’espère ardent et massif. Vous et moi en prenons jusqu’à la fin du concours…

Quand je vous le dis que la vie n’est qu’un long calvaire… Vous voilà ici, pire que pendant une campagne présidentielle… Et j’espère que je n’aurais pas le temps de répondre à tous les commentaires. Voilà, c’est dit. J’ai presque honte…

Votre sorcière sur Holala

PS : je n’avais pas réalisé en allant vérifier que j’étais toujours première, qu’il y a ma photo…

PPS : pour voter, si vous estimez que je mérite  cinq points, il faut cliquer sur l’étoile de droite. La première fois que j’ai voté pour moi, je me suis collée un point seulement…

Merci maman !

Je n’ai pas la mémoire des chiffres. Je suis restée bloquée à l’âge de 18 ans. Je me souviens farpaitement de mon premier numéro de compte en banque qui ne m’a servi que 2 ans, alors que je n’ai toujours pas mémorisé mon numéro au crédit vinicole que je fréquente depuis 1995 (déjà !).

Pour les n° de téléphone c’est pareil. Je me souviens évidemment de celui de meilleure amie en 1974, de celui de mes parents à l’époque et après le déménagement que je vous raconterai un jour, de celui de tous mes grands parents il y a maintenant un bout de temps, mais pour le reste actuellement, comme il y a le système de mémoire sur les téléphone, on détraque forcément la nôtre. Je n’en connais que peu par coeur : celui des parents qui n’a pas bougé depuis 20 ans, les deux portables des filles, celui de ma soeur, de meilleure amie et de tatie chérie. C’est déjà pas mal, et ça me fait mal de me souvenir encore du n° de mon ancienne boîte, alors que je n’arrive pas à mémoriser celui de la nouvelle où je me sens revivre…

Donc, au départ je causais de ma mère (z’avez qu’à lire le titre d’abord).

Mrs Bibelot a un moyen mnémotechnique imparable pour se souvenir des numéros de téléphone.

J’ai toujours admiré.

Non seulement elle va se souvenir du numéro, mais en plus au passage elle vous apprend plein de dates. Car son moyen mnémotechnique passe par des dates, célèbres ou non.

  • Alors ton nouveau numéro de téléphone ma chérie (je revenais sur Rambouillet) ? Donc, c’était avant l’époque du n° à 10 chiffres. Indicatif de la ville (on va dire au hasard 34 84). Ah pour le reste c’est facile : 68 comme mai 68 et 41 comme Pearl Harbor. C’est là que j’ai mémorisé que Pearl Harbor c’était en 1941. Avant, je connaissais Pearl Harbor, mais pas la date.
  • Alors ton nouveau numéro de téléphone ma chérie (je quittais Rambouillet, toujours avant le n° à 10 chiffres) ?. Indicatif de la ville, tiens, je ne le connaissais pas celui là. Donc 34, comme dans le coin, 36 comme le front populaire, 42 comme la bataille de Stalingrad et 88 comme la date de naissance de tante Hortense (je n’ai donc pas oublié qu’elle était de 1888…). Elle aurait pu dire aussi, c’était son style : 88 comme 4 ans après la naissance de Delphine, date que je ne risque pas d’oublier, mais non, elle a préféré me rappeler l’année de naissance de tante Hortense.
  • Alors ton nouveau numéro de téléphone ma chérie (je n’arrêtais pas de déménager) ? Tiens ils ont changé l’indicatif pour Rambouillet ? C’est quoi ce 30 41? Bon alors 30 comme la chanson 1930, 41 comme Pearl Harbor, c’est vrai qu’ils doivent être saturés les france téléjtecause… 36 comme la date de mariage de mes parents (je me souviens donc que Mrs Morgan et mon grand père se sont mariés en 36) et 94 comme 1794 quand Danton a été guillotiné. Le meilleur moyen de ne pas oublier que Danton a été guillotiné en 1794 c’est ma mère qui note un numéro de téléphone…
  • 73 ce n’est pas compliqué, en 732 Charles Martel arrête les arabes à Poitier, tu retire le 2 c’est tout simple (personne n’est né, ou ne s’est marié, en l’an 1873 ou 1973? c’est ballot)
  • Le meilleur qu’elle m’ait fait c’est tout de même, au sujet de je ne sais plus quel numéro dont je n’arrivais pas à mémoriser la fin : 92-14, mais enfin Coraline ce n’est pas compliqué. 1492 c’est la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, il suffit juste d’inverser. Ce n’est pas 14-92, mais le contraire

Sinon il y a :

  • Le 24 comme la St Barthélémy, ça tu n’oublieras pas (je ne risque pas…)
  • Pour mon portable la fin c’est simple : 76 08, c’est le mois d’août de la sécheresse 1976, sauf que tu mets l’année avant le mois.
  • 21 : 21 janvier la mort de Louis XVI (je n’avais pas vraiment percuté la date, l’année m’échappe, mais le 21 janvier j’ai une petite pensée pour lui alors que je ne suis pas royaliste du tout)
  • M’enfin, le 22, c’est la date de naissance de ton père, tu te souviens ? le 22 mars ?. Elle pourrait aussi préciser : le lendemain de la mort de Louis XVI.
  • 13, comme 1913, l’année où ton arrière grand père a été grièvement blessé sur le front de (là, ça m’échappe), mais je ne peux pas oublier qu’il a été blessé grièvement en 1913.
  • 30-31 : alors là c’est aisé à se souvenir : LE 30 MAI 1431 LA MORT DE JEANNE D’ARC ! (elle pouvait faire plus simple, mais du coup, là non plus je n’oublie pas…)
  • 10-83, c’est quand ton père a eu son cactus dans le myocarde. Tu te souviens, c’était octobre 1983 ?
  • 80-00 c’est le couronnement de Charlemagne, moins 1 zéro.
  • 56, 56, je réfléchis… C’est la date de mariage de mes parents, mais 20 ans après : tu connais Alexandre Dumas, tu t’en souviendras…
  • 58-12-18, faut que je trouve un truc… Ils m’emmerdent avec leurs codes…

58 c’est mon année de naissance, Delphine est du 12 octobre, et Pulchérie du 18 décembre, soit 18/12… Mais si je lui dis cela elle va taper 58-18-12 et se fera avaler sa carte de fidélité à la parapharmacie de Rauchant.

La vie n’est qu’un long calvaire…

Compte rendu du dimanche : "les transformés"

Les_transform_sVous pouvez vous fier à la couverture : c’est un très vieux livre. Il a environ mon âge.

Mon père me l’avait donné à lire alors que j’avais environ 12 ans, en m’expliquant la base de l’histoire qu’il n’était pas certain que je puisse comprendre toute seule en lisant le livre. Il avait raison, sans le théorème de base, je n’aurais pas tout compris.

John WYNDHAM est un auteur assez connu apparemment, pour ses excellents livres d’anticipation.

Ne vous fiez pas à la couverture…

Un jour, bénédiction, Mrs Bibelot et Jean Poirotte dans un moment d’égarement, m’ont donné ce livre. C’est limite si je n’ai pas fait venir un prêtre pour le bénir (le livre). Et Charles Hubert n’a rien trouvé de mieux que de LE JETER pour faire de la place à ses livres qu’il ne lisait pas, mais qui faisaient bien dans la bibliothèque.

Ayant retourné la cave, le dessous de mon lit sous lequel il y a des livres de poche rangés dans des casiers en bois pour bouteille, mes bibliothèques où c’est parfois rangé en deux rangées, il m’a fallu me rendre à l’évidence. « Les transformés » avaient disparus.

Enfer et damnation, Charles Hubert je te maudis jusqu’à la 7ème génération de ta race.

Je me suis débattue sur Internet pour découvrir que John WYNDAM se vendait bien (il est d’ailleurs cité par Stephen King dans « coeurs perdus en Atlantide ») et j’ai récupéré « les transformés ». Livre que j’ai reçu jeudi mais que je m’étais réservée pour le vendredi soir et le samedi. L’aspirateur attendra. C’est un livre qui se lit d’une traite…

Aucune déception. Un style, une traduction parfaite, une histoire parfaite et bouleversante. Un livre qui prend dès le début et empêche même de manger…

C’est de l’anticipation, de l’époque où les éditions « fleuve noir » donnaient un peu dans tout. C’est de l’époque où la guerre nucléaire terrorisait tout le monde. C’est de juste avant ma naissance.

C’est l’histoire d’un monde après le notre. Il s’est passé quelque chose et c’est cela que Jean Poirotte m’avait expliqué : cela se passe après une guerre nucléaire, dans le monde qui a survécu. Après cette explication, je pouvais tout comprendre.

Il reste UN livre. Ce n’est pas la bible. C’est un livre écrit par un survivant de l’apocalypse, qui, devant les mutations dues aux radiations, décide de mettre en écrit, ce qu’est un homme, conçu par Dieu.

« Et chaque homme aura deux bras, et chaque bras sera terminé par une main, qui comportera 5 doigts… ». Et chaque homme aura deux jambes terminées par deux pieds dont la taille… ». Etc…

Le narrateur est le fils d’un pasteur. Chaque enfant né est soigneusement examiné et s’il ne convient pas à la définition de l’homme, il est envoyé dans les « franges » (zones encore infectées) et sa mère est punie d’avoir péché pour avoir mis au monde une déviation. Désormais elle peut être répudiée, il y a 100 ans, on l’aurait fouettée et exilée. Avant on l’aurait brûlée… Encore la femme seule coupable devant ce qu’on ne comprend pas

Lui est tout à fait normal, mais il souffre d’un problème dont il n’ose pas parler : il a le pouvoir de communiquer par la pensée avec certaines personnes.

Il en parle à un oncle très ouvert, qui s’inquiète pour lui et lui demande de se taire. Cet oncle navigateur a vu le monde, des terres qui brillent la nuit, des hommes parfaits s’ils n’étaient pas complètement noirs, des zones totalement brûlées et désertiques de manière incompréhensible. Cet oncle a entendu parler des anciens et croit en leur existence alors que tout le monde commence à douter.

Et nait sa petite soeur, Pétra, qui est dotée de ce don également, mais à puissance X 1000

Ce livre est remarquable parce que l’on a l’impression de vivre ce moyen âge d’un futur incertain. Parce que l’auteur se révolte contre la ségrégation qui sévit contre les « déviations » (le mot « mutant » n’est jamais employé !), lorsqu’il perd une amie d’enfance qui avait 6 orteils, lorsqu’il découvre qu’un homme des « franges » est le frère ainé de son père dont les jambes ont été jugées trop longues pour qu’il soit catalogué comme « homme ». La lutte contre les déviations, sévit également contre les épis de blés anormaux, tout ce qui ne correspond pas à la Bible de cette époque. Aucun animal n’est épargné : chevaux trop grands, chats énormes. On brûle encore les déviation animales et végétales, mais plus les déviations humaines… Les humains partent dans les « franges » où l’on s’occupera d’eux… On ne les tue plus. C’est déjà une époque qui progresse…

L’histoire est passionnante. Elle véhicule l’histoire des « anciens » dont on raconte qu’ils savaient converser à de très longues distances, et le narrateur pense finalement qu’il est un VRAI homme via la télépathie. Elle montre ce qu’il pourrait arriver s’il ne restait que des bribes de notre histoire.

Je sais, je suis super sympa, je vous conseille de lire un livre excellent qui se trouve maintenant uniquement via internet. Il m’en a coûté 7 Euros, ce n’est pas la mer à boire NON PLUS.

Du côté ouest je suis en train de le recopier et mon impression vous coûtera beaucoup plus cher : j’ai le portefeuille anorexique d’une post chômeuse et Picsou peut s’aligner avec moi…

Du côté est je vous le conseille vivement. Plus que vivement. Je l’ai lu à 12 ans, à 30 ans, et maintenant à 50, sans déception aucune.

D’ailleurs je préviens les filles tout de suite : je veux être enterrée avec. Je pourrais être plus chiante sur le plan de la convention obsèques. Sauf que j’ai déjà dit « sans fleurs ni couronnes, SURTOUT PAS ».

Mais là je m’égare. Et je sais que si ma soeur lit ce post elle va se pointer et me flanquer un couteau sous la gorge ! « les transformés ou la vie ».

Maman, j’ai peur…

Tout en ayant peur, je demande à la personne qui m’a emprunté « la nuit des temps » de Barjavel, de me le rendre avant hier, parce que depuis 6 mois que je le cherche, je commence à m’énerver légèrement…

Désormais, c’est clair, net et précis : je ne prête plus mes livres sans décharge signée et exclusivement à mes parents, ça limite la casse…

Et si j’en donne un (quand je vais commencer à perdre la boule) faites moi signer une décharge, c’est mieux pour vous.

Je vous rappelle que la vie n’est qu’un long calvaire….

Il m'a dit…

Je l’ai appelé parce que l’on m’avait précisé qu’il l’avait demandé. Sinon, comme nous ne nous téléphonions jamais, je n’aurais pas osé appel2r un mourant à l’hôpital, comme ça, par hasard. « Tiens, je passais par là dis-moi, et j’ai vu que tu étais à l’hosto en phase terminale, alors je t’appelle hein ? ».

N’importe quoi…

Donc on m’a dit qu’il voudrait bien que je lui téléphone. J’avais sa voix encore dans la tête. Décidément la mémoire des voix est plus forte que la mémoire des images, de l’odeur que l’on aime et qui s’oublie si vite. Son image je l’avais en tête, celle de la dernière fois où je l’avais vu. J’avais un souci avec ma chienne à faire garder et il s’était proposé : il l’adorait et réciproquement. Je suis donc allée la lui déposer et un mois plus tard la récupérer avec son léger surpoids… Ce n’est pas pour rien qu’elle l’adorait, elle n’avait que la gueule de bonne et c’est lui qui mangeait la croûte du camembert..

J’ai été obligée de calculer avant de l’appeler, à quand remontait notre dernière rencontre. Impossible de me souvenir de la date exacte. Tout ce que je sais c’est que je travaillais, que mes parents qui gardaient ma chienne qui ne supportait pas l’appartement, étaient partis en vacances, et qu’il me fallait donc la confier impérativement à quelqu’un, pour éviter qu’elle ne hurle à la mort pendant mon absence, soit toute la journée…

Bref. Cela faisait un bail de toutes manières. Et là il me fallait l’appeler. On ne refuse pas ses dernières volontés à un mourant. Je tombais un peu de l’armoire d’ailleurs. Il avait été opéré d’un crabe il y a plus de 15 ans, et déclaré définitivement guéri il y a 10 ans environ. Tous les ans il allait se faire contrôler tout de même et c’est tout juste si la SS (la SECU !) ne l’avait pas déclaré hors la loi.

S’agissait-il du même crabe qui avait laissé un bout de patte quelque part pour survivre ? Ou d’un autre ? On ne saura jamais, cela n’intéresse que les chercheurs. D’un simple cancer de la prostate « banal », il s’est retrouvé avec ablation de vessie, de testicules, d’un bout d’intestin. Déjà plus que largement suffisant pour avoir envie que cela cesse, mais en plus il y avait des métastases partout ailleurs, sauf dans le cerveau, ce qui lui laissait toute sa tête. Lui qui ne fumait pas, qui ne buvait pas, qui était diète à mort… L’envie que cela cesse, c’est que la maladie cesse, pas la vie…

  • Il m’a dit : « Je suis content d’entendre ta voix pour la dernière fois ». J’ai fait « glubs »
  • Il m’a dit : »Mes filles ne se rendent pas compte que je suis sur la fin, je ne sais pas si je pourrai les revoir une dernière fois ». Là encore, j’ai fait « glubs ». Souvent les proches se protègent en niant la gravité de la maladie du mourant qui se sent encore plus seul. Je le sais, je l’ai vécu avec mon premier grand-père dont personne n’avait voulu accepter le fait qu’il soit sur la fin. Et maintenant, il existe tout de même un congé d’accompagnement à un proche mourant.
  • Il m’a dit : ‘je veux rentrer chez moi, je ne veux pas mourir à l’hôpital ». Qui veut mourir à l’hôpital ? Il y a des structures pour cela non ? Enfin par chez moi, il y a un organisme qui s’appelle le Palium, créé par le Dr Acromion, qui permet à un malade en fin de vie, de mourir chez lui, avec tout l’accompagnement nécessaire. C’est pour cela entre autres, qu’on le bénit.
  • Il m’a dit « je vois le mur en face de moi, j’ai peur, je freine, mais rien à faire, il se rapproche ». Il a fait tilt sur mon angoisse de la mort, la mienne, celle des autres. Je n’ai pas de souvenir d’avoir vécu un jour dans mon passé, sans l’angoisse de la mort. Et quelque soit notre affection et notre envie du partage, la mort des autres nous renvoie forcément à la nôtre, car l’égoïsme est tout d’abord un instinct de survie.
  • Il m’a dit « j’ai tellement peur ! Ils ne veulent pas me donner des médicaments qui m’enlèveraient l’angoisse, parce qu’il ne faut pas que je puisse m’y habituer. Alors que j’en ai pour 3 semaines maximum ».
  • Il m’a dit « je ne souffre pas, mais même si c’est grâce à elle, je déteste la morphine ». Je le comprends. J’en ai eu après mon opération de l’épaule. Ce n’est pas un sommeil, c’est une mort. On ne souffre pas certes, mais au réveil on se demande dans quel monde on était. Ce n’est absolument pas comme un antalgique qui nous laisse conscient, ou comme un sommeil dû à un somnifère. La morphine, c’est le rien. Que ce ne soit plus la souffrance c’est une chose, que cela soit le rien total, en est une autre.
  • Il m’a dit « j’ai des remords d’avoir mis mes filles au monde ». Pas parce qu’elles ne venaient pas le voir (pas le temps), les visites qu’il avait chaque jour étant celle de la mère des filles, son EX femme.
  • Il m’a dit « je n’avais jamais pensé qu’en donnant la vie à un enfant, on le condamnait à mort quoi qu’il puisse advenir. Maintenant que je suis face au mur, j’ai peur pour elles aussi ».
  • Il m’a dit « j’ai peur » « j’ai peur » « j’ai peur ». Il a pleuré, maudit ses parents, s’est maudit lui-même de ne pas avoir donné la vie, mais la mort. J’avais mal et peur pour lui et pour moi, pour tout le monde. Ce n’était pas possible, on ne pouvait pas le laisser vivre certes sans douleurs, mais avec cette peur accrochée au ventre. Je l’imaginais sur son lit, regardant la fenêtre en voyant le mur s’approcher, avec la question essentielle : qu’est-ce que je vais vivre à ce moment là ? C’est quoi la mort ? Qu’est-ce que je vais ressentir ? Toutes ces questions que l’on peut se poser quand on n’a pas la foi qui sauve, car…
  • Il m’a dit « je regrette de ne pas avoir la foi, de ne croire en rien. Si j’y croyais je n’aurais pas aussi peur, mais je n’arrive pas à y croire et pourtant j’essaye… ». « Ceux qui croient pensent à l’après, moi je vais juste rentrer dans le mur et puis plus rien… »
  • Il m’a dit « j’ai trop aimé la vie pour accepter la mort… »

Je n’ai rien su lui dire. Petite, à 11 ans, quand je me croyais déjà grande, lors de vacances où sa femme, ses filles et lui avaient loué la maison voisine de la nôtre, en Bretagne, je lui avais confié mon angoisse de la mort et il avait voulu me rassurer. Il savait que je le comprenais et il s’en fichait d’en rajouter une couche, et bien raison, parce que quand on est devant le mur, on a tous les droits…

J’ai juste appelé le centre médico psychologique de son secteur en expliquant longuement le problème au psy qui a été mis en ligne avec moi.

Je l’ai rappelé 3 jours après. Il n’avait plus vraiment peur, juste soudain de bons souvenirs, et se sentait prêt ou à tout le moins résigné. Il n’avait pas l’air de délirer, juste normal pour un mourant qui n’a plus peur de mourir. Il m’a précisé qu’on lui avait rajouté des médicaments qui le faisaient se sentir beaucoup mieux. Et puis que, miracle, ses filles étaient à ses côtés, dormant dans l’hôtel voisin. Une gentille dame venait le voir matin et soir, avec qui il pouvait parler librement, et cela lui faisait beaucoup de bien.

Je l’ai entendu parler sans peur, sans reproche, sans angoisse, sans solitude, forcément on lui avait collé la dose d’anxyolitiques qui agissent immédiatement. Je ne suis certainement pas la seule à y être pour quelque chose. Mais vu ma Delphine et ses études, j’ai le réflexe « centre médico psychologique ». C’est bel et bien un psychiâtre qui s’est déplacé, qui a imposé un traitement au sujet duquel l’accoutumance n’était plus un problème, et qui a aidé cet homme à mourir sereinement…

C’est bien la moindre des choses que nous puissions espérer…

Saurons nous utiliser nos progrès pour faire mieux que nos ancêtres, mieux qu’à l’époque où l’on mourait chez soi, entouré, mais sans médicaments contre la souffrance ou pour garantir la sérénité ?

Je ne sais pas, je l’espère…

La mort aussi est un long calvaire. Et si l’on peut l’éviter…

Il est rentré dans le mur le 2 octobre avant l’aube. On dit qu’un mourant qui voit le soleil se lever, peut espérer une journée de plus. Il est rentré dans le mur avant.

Et j’ai regardé ce soleil toute la journée sans savoir que tout était fini pour lui. Ce soir du 2 octobre, en lui préparant cet hommage, j’ai le coeur gros…

Adieu Serge ! Tu es toujours beau dans mon coeur, dans celui de tes filles, dans le coeur de ceux qui t’aimaient.

Poussière d’étoile…. Nous le sommes tous, avec ou sans croyance…