Donc il y avait le samedi ET le dimanche.
Samedi soir : nous fêtions les 11 ans de mon neveu Tristan, et donc, elle faisait partie des personnes invitées. Ma soeur avait un peu la trouille qu’elle ne raconte n’importe quoi devant les enfants, ou ne fasse des gaffes à n’en plus finir (comme d’habitude).
Dûment chapitrée apparemment par Mrs Bibelot, Maritza n’a commis aucune gaffe. Par contre dès son arrivée, elle a mis le grappin sur le héros du jour, pour lui tailler une bavette, en émaillant comme de coutume sa conversation de mots d’anglais, l’anglais étant pour elle désormais, sa langue maternelle.
De loin, nous pouvions voir comme un carpillon tressautant dans son filet, sans savoir qu’il ne pourrait pas s’échapper comme cela. On n’échappe pas à Maritza qui a des choses à apprendre à un carpillon de 11 ans ou des choses à dire à n’importe qui. Parfois nous croisions son regard désespéré parce que c’est un enfant bien élevé qui n’est pas du genre à s’échapper mal poliment sous un prétexte fallacieux, pas même celui d’avoir envie de faire pipi. Nous lui faisions signe que c’était comme ça, que nous le comprenions parfaitement, mais que… Bah oui, il était englué dans un mauvais filet car la vie n’est qu’un long calvaire…Sa soeur a vite compris que cela pouvait retomber sur elle, et elle s’est esbignée dans sa chambre, attendant l’apéritif au cours duquel elle a siroté son coca, loin des yeux de Maritza, au cas’où. Du coup cette dernière s’est rabattue sur le carpillon qui n’osait même plus profiter de son jus d’orange.
Le dimanche midi, je suis arrivée la première chez mes parents. Comme j’ai le bip du portail automatique de mes parents, ELLE M’A VUE SURGIR TOUT A COUP DERRIERE LA PORTE VITREE ET A FROLE LA CRISE CARDIAQUE. Jean-Poirotte à son cri, s’est massé l’oreille droite…
La chienne de mes parents, vieil épagneul breton de 16 ans, se trouvait bien évidemment derrière la porte. Pour chiens et chats, rien ne vaut l’été et la porte toujours ouverte.
Bien évidemment également, PERSONNE n’ouvre la porte avec violence, car il y a forcément un animal derrière. Maritza s’est levée en hurlant !
- Ah mon dieu, tu as cogné cette pauvre bête ! Tu aurais pu faire attention tout de même ! Elle était derrière la porte, elle voulait sortir, SUR que tu l’as heurtée avec la porte !
- Maritza, oui je fais attention à la chienne, et elle ne veut pas sortir, elle veut venir me saluer (tout à fait exact, la petite mère, me tournant autour pour avoir ses caresses et son petit câlin)
- Mais je te dis qu’elle veut sortir elle était derrière la porte !
- Et bien ouvre lui…
Peine perdue, la chienne était retournée se coucher dans son panier garni de coussins.
- Tu as dû la cogner, je suis certaine qu’elle voulait sortir…
- Je ne l’ai pas cognée…
- Alors pourquoi elle s’est recouchée comme ça ?
- SOUPIR DE MON PERE : elle avait senti Coraline arriver, c’est pour cela qu’elle est allée derrière la porte
- AH BON ?
- TU CROIS ?
- TU ES SUR ?
- Moi je suis sûre qu’elle a été cognée par la porte grum flum glubs…
Je vous passe le repas.
Si si, je vous le passe… Parce qu’il y a un moment où cela finit par ne plus être drôle… De répéter qu’on est certains de ne pas se brûler, que la tache va partir, que la nappe en a vu d’autres et qu’on se sert du couteau avec la main gauche sans être gaucher et gnagnagna !
De toutes manières, nous n’avons pas à nous inquiéter, elle revient l’an prochain, fêter avec nous ses septante ans. Oui parce que quand elle retrouve son français, elle compte comme les suisses…
On sera bien contents (tout de même) de la retrouver, si on peut faire groupe face à elle… D’ailleurs, on fera groupe. Genre la famille au grand complet, + sa copine Théo qui saura bien l’occuper…