Les filles sont malades : Delphine (réédition du 1/09/2006)

Enfant_malade_2_53272231Delphine a attendu presque un an avant de tomber malade pour la première fois (spécialité des deux soeurs BB : l’otite, Pulchérie ayant préféré pour la suite l’angine bien marquée ressemblant à la variole ou la mononucléose super infectieuse).

Delphine était malade gentiment. Juste un peu de fièvre, les symptômes qu’il fallait, c’était l’enfant parfaite en apparence. Tout ce qu’elle a fait était rigoureusement décrit dans le premier dictionnaire médical venu.

Sauf que Delphine n’a jamais pu faire de la fièvre avec le sourire comme sa soeur. Non, passé 38° c’était délire et cauchemars. Elle se relevait à 7 ans avec la grippe (sa spécialité 4 ans de suite) pour mettre en l’air la crèche de noël sous le prétexte que les rois mages allaient détruire le royaume, ou me réveillait à 2 heures du matin en me suppliant de lui retirer 76 des 78 récitations qu’elle avait à apprendre pour le lendemain…

A 15 ans encore, elle m’appelait au boulot, paniquée, ne sachant même plus qui elle était. Le temps que j’arrive (travaillant à 2 minutes), elle avait retrouvé ses souvenirs, mais pas celui de m’avoir appelée en catastrophe.

De plus, elle n’a jamais rien pu avaler de mauvais. Déjà pour la feinter avec le fluor et la vitamine D il fallait ruser diaboliquement quand elle était bébé (moralité j’ai des dents en parfait état, puisque je prenais triple dose pour qu’elle ait la sienne dans le lait maternel).

Elle recrachait avec le sourire l’intégralité de la cuillère d’antibiotique sur otite purulente et tympan éclaté. La pédiatre me prescrivait triple dose (pincer le nez, refermer la bouche, je préfère encore faire prendre un cachet au chat…). Le pshiit dans le nez était suivi d’un éternuement, bref, elle était impossible à soigner. Elle préférait piqûre ou suppositoire, mais aucun médecin n’avait le coeur de lui prescrire la piqûre que Mrs Bibelot fait parfaitement (on ne sent rien). Son meilleur souvenir de maladie est son opération de l’appendicite où elle avait une perf dans laquelle on lui mettait tout, en lui fichant la paix.

Elle nous a fait naturellement la rougeole à 6 ans en quittant le CP, que le médecin a eu du mal à diagnostiquer car c’est une maladie quasi éradiquée en France. Sauf que Delphine n’avait pas pu être vaccinée, étant en otite perpétuelle. Sur un 41° il fallut lui faire prendre de l’aspirine en urgence car elle n’était vraiment pas bien (un dimanche bien sûr sinon ce n’est pas drôle) et ce fut épique. En plus nous allions déjeuner chez ma tante, mais comme il faisait chaud, elle pouvait sortir (ma fille).

Réunion de la famille au grand complet pour la prise du médicament parfumé à l’orange et indispensable, dixit SOS médecin (qui avait diagnostiqué la rougeole et non pas une bête scarlatine comme le pensait le médecin de famille parti se promener, le rat, mais bon les débuts de la rougeole ressemblent à la scarlatine : seul problème : les antibiotiques n’agissent pas contre la rougeole).

  • Delphine renifle le médicament (ne jamais boire n’importe quoi, on pourrait l’empoisonner, telle son père qui prenait son aspirine par quart de comprimé)

  • Delphine décrète que cela sent la lessive (elle a dû y goûter un jour)

  • Devant nos instances « c’est important, si la fièvre monte encore, tu pourrais mourir » (oui je sais… Mais bon on fait ce qu’on peut)

  • Déclare qu’elle va réfléchir. Sa soeur reste à lui tenir la main et un discours important et pédagogique sur les dangers de la fièvre (elle avait déjà 9 ans et était très inquiète. Il me faut vous préciser que Delphine ressemblait à une aubergine pustulée avec sa rougeole)

  • A la visite suivante, déclare à tout le monde « je préfère mourir ». Direction la pharmacie de garde pour découvrir que l’aspirine n’existe pas en suppositoires : c’est quoi ce travail et que fait le gouvernement ?

Lui faire avaler une gélule relevait de l’impossible, un cachet également mon dieu quelle horreur ! Aujourd’hui elle a 24 ans et le cérémonial est toujours le même :

  • Contrainte et forcée elle se dilue un sachet dans un verre d’eau (ou prépare sa gélule ou son cachet, « je suis adulte maman (ou n’importe qui d’autre) »), se prépare un verre de jus d’orange

  • Elle contemple la boite de médicament + l’ordonnance pendant une petite heure, puis le verre, la gélule ou le cachet pendant environ 1/2 heure en se préparant psychologiquement et en zieutant la TV comme elle peut, vu qu’elle délire à moitié vu son 38°.

  • Si c’est une gélule ou un cachet, elle l’avale avec le verre d’eau, avale le jus d’orange, fait d’horribles grimaces pour conclure « je ne l’ai pas avalé ». Lui apporter en urgence un litre de n’importe quoi (sauf du lait) pour faire passer le médoc. Tout le monde a son litron en main pour pallier le problème.

  • Si c’est du dilué, elle attrape le verre, grimace, recrache, avale le jus d’orange et prend l’air victorieux de celle qui a réussit… Oui elle a réussit à ne pas le prendre. Et vu son âge les médecins ne prescrivent plus triple dose…

Fort heureusement elle est rarement malade. Sa soeur également, je pense qu’elles sont bien immunisées. Sinon quand Delphine succombait à une époque à un rare virus, sa soeur à Paris comme elle et donc proche géographiquement parlant, allait lui tenir la main et lui faire avaler ses médocs avec un entonnoir et un pilon, un fusil braqué sur sa tempe, le beau frère lui tenant un couteau sous la gorge… En cas de grippe se déclarant, j’étais  priée de la prendre à la maison et de la sauver de la mort en perdant 4 RTT.

Maintenant c’est gendre n° 2 qui se débrouille avec Delphine : je ne sais pas ce que ce charmant garçon a fait dans une vie antérieure pour mériter cela.

Il faut ce qu’il faut et la vie n’est qu’un long calvaire, surtout pour les proches de Delphine quand elle est malade car elle est prête à mourir plutôt que d’avaler un sachet de n’importe quoi même miracle. Pour le cachet ou la gélule elle est en progrès, je pense que pour ses 70 ans, elle sera au point.

10 réponses sur “Les filles sont malades : Delphine (réédition du 1/09/2006)”

  1. J’ai jamais compris les gens qui ne veulent pas prendre de médicaments et préfèrent souffrir plutôt que de se soigner… Je hais tellement souffrir que tu peux être certaine que moi je n’hésite pas un instant !

    1. Je suis comme toi, je préfère me soigner ! Pour certains un médicament c’est le maaaal !
      Pour Delphine il lui est très difficile depuis toujours d’avaler quelque chose de mauvais…
      Et certains ont vraiment du mal à avaler des cachets (il faut dire que pour certains, les labos ne regardent pas trop la taille…)

  2. Mince alors, je me reconnais chez ta fille ! Surtout avec le jus d’orange à côté, et tout et tout ! Oui, je sais, on fait vraiment peur, dans notre genre (et on gonfle bien notre monde, aussi !:D)

    1. Hi hi !
      Bon ce n’est pas que vous faites peur, c’est que c’est un peu pénible…
      Et surtout difficile à vivre avec un enfant qui n’accepte aucun raisonnement et n’arrive pas à prendre sur lui !

  3. Ahhh je suis un peu comme elle maintenant… Gosse j’étais assez docile, même que j’avalais (avec d’affreuses grimaces) sans broncher cette horreur de « solution imbuvable », mais maintenant, je reste des heures à me taper la tête contre les murs plutôt que prendre un nur*fène ou me passer un peu de menthe poivrée sur le crâne… alors que ça marche super bien chez moi en plus… Ca va pas la tête…

    1. Ah, je crois que le seul médoc que Delphine avale immédiatement et sans broncher, est celui contre la migraine vraie…
      Sinon, nous espérons tous à un moment ou à un autre que « ça passera ».
      Hors de nos jours, nous n’avons pas le droit de prendre le temps d’attendre que « ça passe »…

  4. Ouais mais aussi, les gellules ou comprimes de 4 metres par 3 merki hein.

    Moua j’ai beau y mettre de la bonne volonte et boire un litre de jus, normalement ca ne passe pas, se degrade lentement dans ma bouche et devient si amer que je vomis tout.

    PENSEZ aux mini-gosiers les labos hein

    1. Moi j’avale facilement les médocs, mais je dois reconnaître que pour certains, il faudrait revoir la taille, quitte à en prendre 2 au lieu d’1, à la suite…
      Car si moi j’ai un haut le coeur, Delphine n’avalera jamais…

      1. Ca c’est vrai que les labos c’est des sadiques. Vous avez déjà lu les dosages? C’est exprimé en microgrammes! On n’arrivera pas à me faire croire qu’il y a besoin de faire le comprimé aussi gros pour que tout rentre!
        D’un autre côté j’ai un traitement que je dois prendre pas demi-comprimé… les comprimés sont minuscules, alors coupés en 2… j’en perds souvent qui tombent par terre, résultat je suis terrifiée à l’idée que mon chat l’avale… (quand au Préviscan par quart de comprimé, laissez-moi rire!)
        Il y peut-être un juste milieu, non?

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