Lou mistrau…

aigues-mortes-1Le mistral est un vent catabatique (des explications j’attends, et essayez de placer cela dans une conversation) de nord-ouest à nord, frais ou froid et souvent violent, qui concerne le nord du bassin de la Méditerranée occidentale. Généralement sec et accompagné d’un temps très ensoleillé, son caractère dominant lui confère un rôle important dans l’originalité du climat provençal.

Il peut souffler à plus de 100 km/h en plaine, notamment dans la basse vallée du Rhône. (source : Internet).

Sinon, en dehors de mes sources fort savantes, je connais bien le mistral pour avoir passé de nombreux mois de juillet en Camargue ainsi qu’un automne/hiver à l’époque de ma folle jeunesse où je faisais plein de conneries…

En Camargue, le mistral est infernal passé Arles où rien ne l’arrête plus jusqu’à la mer. La tradition dit qu’il souffle 3, 6 ou 9 jours, mais je n’ai jamais constaté de régularité 3/6/9 en ce qui concerne ce vent.

Le vent violent a une particularité : il énerve. Bêtes et hommes au bout d’une journée ne sont pas à prendre avec des pincettes, et je plains sincèrement ceux qui ailleurs, se coltinent des vents de sable par exemple, ou le blizzard : cela doit être à devenir fou. Rajoutez la pleine lune et il y a de quoi faire serial killer.

L’autre particularité du mistral est de refouler les nappes d’eau chaude vers le large. Après une mer à 26° quasi tout l’été, la Grande Motte nous avait accueillis avec un bon 24°. 2 jours de mistral et c’était du 18° dans lequel je n’arrive plus à m’immerger.

Bien naturellement pas de plage quand le sable balaye à 2 mètres, pas de baignade non plus, c’est dangereux car on peut très vite être emporté vers le large. Nous sommes donc restées à lire tranquillement dans le jardin Mrs Bibelot et moi, moi allant dès 16 H (heure d’ouverture) à la piscine de la résidence dont le peu de chaud n’avait pas été emporté au large, pour profiter encore et toujours de l’eau, encore de l’eau, que d’eau que d’eau…

Mais le vent avait raison de nos nerfs, à tourner les pages des livres, à faire s’envoler la moindre liste (de courses). Le deuxième jour de lou Mistrau, Mrs Bibelot et moi sommes allées à Aigues Mortes, ville que je ne louperais pour rien au monde quand je pars dans cette région là.

Hors de question de faire le tour des remparts de la ville sous peine de s’envoler, restaient les allées piétonnes, les magasins à faire, revoir l’église où Saint Louis avait reçu ses bénédictions avant de partir pour 2 croisades, et la tour de Constance.

C’est une promenade dans le passé que l’on fait malgré soi, malgré la boutique piège où l’on trouve toutes les confiseries possibles et imaginables ou celle qui vend de la fringue qui tue.

Non croyante, dans cette église je regarde les traces du temps, certains piliers n’ayant jamais été rénovés et jurant avec ceux qui devaient l’être. Je regarde ces dalles sur lesquelles tellement de personnes ont marché. Je me suis souvenue de Mrs Tricot disant avec émotion en parlant du saint « nous marchons où il a marché » et de mon grand père émettant des doutes sur la sainteté véritable du souverain. C’était hier, c’est tellement loin…

Aigues morte, j’y ai toujours 9 ans, ce sont nos premières vacances aux Saintes Maries de la mer, c’est en août exceptionnellement, c’est le raisin si bon, la barbe de faire les vieilles pierres parce qu’il y a du mistral, le ras le bol de Constance, c’est ma jeunesse, elle est là, sur les pierres usées par le temps, dans les caniveaux moyen-âgeux en plein milieu de la chaussée.

C’est la fin de mon enfance qui me remonte à la gorge et je sais depuis longtemps que c’est cette ville précisément qui m’a donné le goût du moyen âge, des croisades, des rois maudits.

Tout comme Arles la même première année, m’avait donné le goût des romains, des grecs, et de l’antiquité.

La jeune grand mère que je déplore ne pas être, a comme de coutume versé une petite larme devant l’orange pressée qu’avec maman nous prenons toujours traditionnellement au café des remparts, depuis la première fois. En cachette de ma mère bien sûr, toujours prompte à s’inquiéter des états d’âme de sa progéniture.

A Aigues Morte, on vend des calissons d’Aix, de multiples confiseries, du nougat, mais pas de madeleines…

Mes parents en direct : la voiture

voiture-21Mon père a le break, maman a une twingo.

Pour partir en vacances il faut bien le break, donc, c’est lui le chef.

A 71 ans, Jean Poirotte conduit fort bien, a toujours une excellente vision de loin, et en 51 ans n’a eu que 2 accidents dans lequel il n’avait aucune responsabilité, et pas graves en plus.

Il n’empêche que ma mère, telle Lino Ventura, a peur quand elle ne conduit pas (si vous vous souvenez du titre du film, merci de me le rappeler).

A savoir qu’assise à côté de son mari, elle se cramponne des deux côtés, en attendant le choc fatal qui l’enverra ad patres.

Quand je prends le relais, je ne sais pas si elle se cramponne de la même manière, car elle prend ma place à l’arrière à côté de la glacière, Jean poirotte ayant besoin de la place devant pour caser ses jambes (en réduisant la place de celui qui se trouve derrière lui). Sa visibilité à l’arrière est donc réduite, elle a théoriquement moins peur, d’ailleurs il lui arrive de s’endormir.

Mon père est très respectueux du code de la route et ne fait à mon sens aucune imprudence, ce qui n’empêche pas :

  • Argggg !
  • Mais enfin Bibelot, je suis à 20 au dessous de la vitesse limite ! (quand il répond à sa femme il lève systématiquement le pied)
  • J’ai peur sur cette route
  • Mais enfin, je la connais par coeur !
  • Arggg !
  • Mais arrête de te cramponner comme ça. Je t’ai déjà envoyée dans un mur ?
  • Non mais j’ai peur.
  • Ralentis !
  • Mais enfin, nous sommes sur l’autoroute !
  • Oui mais tu pourrais ralentir dans les virages
  • Ce sont des courbes !
  • Moi j’appelle ça des virages !
  • Oui mais c’est limité à 130 donc…
  • Donc, tu roule trop vite !
  • Attention, il y a un ravin sur la droite (à 300 mètres)
  • Ah mon dieu, un poids lourd, je croyais qu’ils n’avaient pas le droit de rouler le dimanche
  • Mais enfin, j’ai largement le temps de le doubler, il n’y a personne d’autre devant et personne derrière
  • Tu es sûr ?
  • Regarde dans le rétro si tu veux
  • Mais non, regarde dans ton miroir de courtoisie, ne touche pas à mon rétroviseur enfin !
  • Tu m’as dis de regarder dans le rétro
  • Pas le mien !
  • Attention : une caravane, elle pourrait se décrocher !
  • Prends le volant si tu as trop peur
  • Non, j’ai sommeil…

La vie n’est qu’un long calvaire

Miss vésicule (part 2)

femme-a-lhopital-copier-2Prenant des nouvelles de ma soeur deux fois par jour (au péril de mon forfait portable), j’ai senti son moral flancher le jeudi, quand elle a fait une crise terrible après son repas normal du midi. De toute évidence un calcul s’était encore déplacé et ce n’était pas fait pour lui donner (ou à moi) la bosse des maths. Le calcul nous avons toujours détesté cela, alors plusieurs, vous imaginez…

Enlèvement de la vésicule programmé pour le lendemain, elle n’était vraiment pas en forme et m’a annoncé que sa jaunisse était de plus en plus carabinée.

Autant en finir tout de suite. Personne ne l’imaginait rentrant chez elle, avec l’angoisse d’une crise éventuelle (et donc à ne rien manger), et l’attente d’une opération. Elle a bien voulu en convenir : l’opération passée, cela ne pourrait qu’aller mieux…

L’opération s’est bien passée (mais pas selon le mode opératoire annoncé), mais ses résultats d’analyse restaient mauvais, le pancréas devait être mis au repos et donc on l’a fait jeuner totalement pendant 3 jours (l’avait bien besoin de ça). Tout ceci sans véritables explications une fois de plus, c’est tout juste si on lui parlait de ses résultats d’analyses.

Mes parents et moi cogitions chacun dans notre coin : et si on remontait ? Elle a beau dire que cela ne changera rien…

Puis le 12ème jour elle a reçu l’autorisation de rentrer chez elle, avec un drain à porter pendant un mois et un arrêt de travail de 2 semaines… Et aucune explication, là encore, pas de régime particulier, elle sait ce qu’elle dira à Acromion en ce qui concerne sa pensée profonde dédiée à son chirurgien…

La voici donc rentrée chez elle le vendredi, contente, pour retrouver Diabolos qui en son absence, et malgré deux visites par jour, avait pris ses aises et fichu le souk partout. Fort heureusement pour lui, une nuit où elle avait décidé de dormir sur son canapé pour ne pas monter son étage, il lui a tué une grosse araignée (le genre mygale qui rentre dans les maisons à la campagne) et a eu droit donc, à une petite indulgence du jury.

Car sinon, après quasi 12 jours tout seul, à se demander ce qu’il pouvait bien se passer, il a profité du retour de tatie vésicule pour faire tout ce qui lui est interdit chez moi lui :

  • Grimper sur l’évier en déambulant bien sur le plan de travail pour laisser des empreintes patales
  • Essayer d’ouvrir tous les placards pour aller s’y coucher
  • Mettre du poil sur les lits interdits de séjour, mais il sait ouvrir certaines portes
  • Répondre en miaulant désagréablement suite à des observations genre « Diabolos NON ! »
  • Faire des cabrioles la nuit avec le bruit qui va avec
  • Griffer un peu ou mordiller quand une caresse le dérangeait.

Tout cela nous passait un peu au dessus. Nous étions enfin rassurés de la savoir rentrée chez elle, et allions pouvoir profiter au maximum des 8 jours qu’il nous restait.

C’est là que le Mistral s’est levé…

L'organisation des vacances…

planning-copierPour moi les vacances, c’est justement : aucune organisation, ce qui ne me change pas de ma vie en général, surtout quand je suis au chômage (on le saura !).

Sinon dans le boulot, je suis super organisée, ceci expliquant ma non organisation chez moi…

Je devrais partir avec ma soeur, celle gardant Diabolos (miss vésicule), qui a des vacances la même philosophie que moi. Pas de règles ni d’horaires.

Mais là, je partais avec mes parents dont la vie est réglée comme du papier à musique, et qui ont oublié les vacances d’antan, quand on mangeait à 13 H 30 après retour d’une promenade à cheval et que l’on dinait à pas d’heure…

Et les amis qui leur prêtent l’appartement tous les mois de septembre, étaient également à la Grande Motte, en travaux dans un studio qu’ils comptent louer, à charge pour mes parents d’assurer les repas du midi et du soir pour eux, leur cuisine n’étant pas faite.

Les questions existentielles principales étaient : qu’est-ce qu’on mange ce midi, qu’est-ce qu’on mange ce soir, que prévoir pour demain midi ? C’est le genre de questions que je me suis trop posée quand j’avais charge d’âmes, l’inspiration me manquait. Ce n’était pas trop grave, mes parents en avaient eux, de l’inspiration, pour des plats simples qui demandent 2 H de préparation…

Personne n’était du genre à faire comme moi : aller terminer le dernier yahourt dans le frigo en se disant qu’il serait bien temps d’aller faire le ravitaillement demain.

Fort heureusement mon père cuisine très bien, ma mère aussi, et j’étais quasi de trop dans la cuisine. A moi donc la joie de mettre la table (verres à vin + verre à eau) et de la débarrasser avec de l’aide tout de même, et à moi l’interdiction formelle de mettre quoi que ce soit dans le lave vaisselle (à 51 ans, on ne maîtrise pas du tout l’engin).

Donc c’était :

  • Courses le matin (berk), ou ménage si papa accompagnait Mrs Bibelot (encore pire, je ne fais jamais mon ménage tous les jours, et je suis une sorcière qui déteste passer le balais)
  • Pour moi, mise en place du petit salon de jardin (en tissu) et rangement du même le soir en cas de pluie la nuit
  • Repas un peu trop copieux
  • Sieste de début d’après midi pour les 4 anciens, ce qui m’a permis de lire un nombre impressionnant de livres
  • Plage quand le temps s’y prêtait (deux jours de perdus la première semaine)
  • Préparation du repas du soir
  • Eventuellement promenade le long de la plage après le dîner

D’un autre côté, j’étais totalement déconnectée de ma vie « ordinaire », et même pas que j’avais envie d’aller jeter un oeil sur internet d’un cyber café, comme quoi…

J’allais me pieuter avec un livre vers 21 H 30, que si Diabolos avait été là, il aurait appelé le SAMU.  Pour éteindre sagement vers minuit en me demandant qui pouvait bien être le tueur (dans le livre) ou si le prince charmant l’était bien (toujours dans le livre), et pour me lever entre 9 et 10 H (suivant si je devais aller en courses ou faire le ménage).

Mais bon, c’était les vacances et pour la première fois depuis des mois, la boule me coinçant le sternum avait presque totalement disparu.

Il m’en restait un petit bout tout de même, consacré à ma soeur…

Sinon, aujourd’hui j’suis à Paris, priez pour moi mes frères…

Miss Vésicule (part 1) (700ème post, je n'en reviens pas !)

femme-a-lhopital-copierMardi 1er septembre, je commence à entamer mon crédit gigantesque sur mon portable (qui s’amplifie à chaque fois que je le recharge, tous les 30 jours).

Jean Poirotte trouve stupide d’avoir accumulé en 2 ans et demi, autant de crédit (175 Euros à l’heure où j’arrive à la Grande Motte). Moi cela ne me gène pas, il suffit de peu pour que ce crédit serve et soit utile, la suite me donnera raison.

Portable autorisé dans la chambre d’hôpital, j’appelle ma soeur qui est sous perf d’antibiotiques, après une nuit passée à subir une prise de sang toutes les deux heures.  Elle a vu un médecin, ou chirurgien elle ne sait pas, la désinformation quasi totale restera la règle pendant tout son séjour à l’hôpital.

Donc elle est sous perf d’antibiotiques à haute dose, l’infection le justifiant, elle va être à la diète et nourrie également par perf (avait bien besoin de ça) et le jeudi on tentera de la faire manger « normalement » « pour voir ». Mal aimable sur le coup, elle dit au médecin que ce n’est pas lui qui subit les crises. Mais bon, il faut bien voir, en attendant, on ne procède pas à l’ablation de la vésicule « à chaud ». Si la digestion du jeudi se passe bien, elle pourra rentrer chez elle, sous traitement, et l’intervention sera programmée dans les 3 semaines.

Cela rassure mes parents. Si l’on peut programmer l’opération c’est que ce n’est pas si grave que ça. Et puis nous allons appeler matin et soir pour avoir les dernières news et nous aviserons.

Reste à régler le problème de Diabolos, et j’ai une idée (pour une fois). Les parents de gendre n° 1 habitent à 50 mètres de chez ma soeur, peut-être que quelqu’un pourrait passer le nourrir. Je laisse un message à gendre n° 1 en lui demandant simplement de me rappeler de toute urgence. J’ai besoin du numéro de téléphone de ses parents, et de savoir s’ils ne sont pas en vacances (oubliant totalement que sa mère est prof et que la rentrée, elle est déjà dedans, via la pré-rentrée qui semble enchanter les enseignants).

Gendre n° 1 ne me rappelle pas.

Notez que je déteste faire du drame, mais j’aurais pu être en train d’agoniser et souhaiter voir une dernière fois mes filles et leurs compagnons pour les bénir avant de quitter ce monde. J’aurais pu crever et eux m’inhumer sans bénédiction…

C’est juste une remarque au passage…

J’arrive à dégoter le téléphone des parents du non rappelant sa belle doche, je ne sais plus comment. Sa mère charmante est tout à fait d’accord pour aller s’occuper de mon chat deux fois par jour. Reste à mon ex beau-frère à récupérer le double des clefs de ma soeur à l’hôpital, et à les lui déposer. Cela sera fait le mercredi : Diabolos est sauvé, c’est un souci de moins.

Et moi comme je m’inquiète pour ma soeur, je suis de mauvaise humeur.

La plage est là, l’eau est bonne et j’en profite un maximum en essayant de me vider la tête, ayant dû être croisée avec un triton, Mrs Bibelot profitant de mes bains prolongés pour avancer dans ses mots croisés ou son livre.

Septembre, c’est l’époque où les lieux se vident de leurs jeunes. Restent ceux qui sont là depuis un moment, des retraités qui séjournent à la Grande Motte de mai à septembre, en grande majorité.

Comme je suis de mauvaise humeur, je critique in petto…

La dame à côté de nous sur la plage par exemple. Evidemment je suis écran totalisée à mort, ma mère aussi qui porte en plus un chapeau.

La voisine est marron foncé, craquelée de partout. Impossible de lui donner un âge au dessus de 60 ans (si elle les a). Elle se tartine toujours de graisse, et s’expose bien. A coté d’elle, maman ressemble à une jeune fille, qui est coquette et fait très attention au soleil qui lui a coûté déjà beaucoup, car dans sa jeunesse on ne se protégeait pas et personne ne parlait de mélanome.

Bon sang, c’est la quatrième dame marron foncé que je vois depuis les courses de ce matin et de la veille au matin (eh oui, les courses c’est tous les jours (soupir)). Elles se regardent dans la glace ? Elles ne voient pas que c’est moche ? laid ? hideux ? ces craquelures, cette peau saccagée ?

Comment peut-on s’enlaidir à se point pour être soi disant plus jolie ?

Chez les hommes, les dégâts sont moins évidents. Ce qui est évident par contre, c’est que le coup de se trouver un bien vieux, bien riche qui fera une encore jeune veuve héritière acceptable et bien…

Et bien en les regardant sortir de l’eau, je me dis que finalement non

Cela peut encore faire rire ma soeur, même si elle jeûne…

1er jour : lundi 31 aout…

femme-au-telephonePour le premier jour, maman vient vérifier qu’à 9 H je suis bien réveillée. Elle tombe bien, cela fait des mois que je suis complètement décalée et me lève quand elle se couche pour sa sieste aux alentours de 13 H 30.

Mais bon, pour le jour de l’exode mes parents ont très bien sû me tirer du lit (pantelante et hagarde), à 6 H 30, donc le dimanche soir à 22 H, je me suis endormie sur un livre passionnant sur lequel je ne reviendrai pas parce qu’il était somnifère…

Donc à 9 H j’ai fais celle qui était en pleine forme sauf qu’il ne faut pas me parler avant mon thé au lait et la clope qui va avec, et la douche qui suit. Bref, je suis associale pendant 3/4 d’heure. Sauf que d’ordinaire je gère cela toute seule.

Maman est ravie de ma présence. Papa qui a mal au dos, la faute à qui n’a pas laissé assez le volant à sa fille ? me délègue (oh joie !) le plaisir d’aller faire les courses avec Mrs Bibelot.

Qui m’en parle comme d’une partie de franche rigolade. Ma mère adore faire les courses, je ne tiens pas du tout d’elle.

Et la voici qui m’emmène dans UNE GRAND SURFACE ! Je le comprends au moment où elle gare la voiture : le super U n’a rien à voir avec Rampion, et je suis prise au piège. Je pourrais me débattre : rien à faire ! Je n’y couperai pas !

En plus c’est le premier jour, la liste est longue comme ça, et elle me donne la marche à suivre. Qui connait ma haine des grandes surfaces comprendra que pour moi l’horreur était complète.

Je poirotte en fin de compte, à la caisse (3 d’ouvertes sur 12 on se fout de notre gueule), ma mère venant en rajouter dans le caddy sous des murmures indignés que mon oeil noir fait taire d’un coup. La caissière prend notre caddy en compte alors que je suis au bord de la crise de nerf, et nous voici dehors.

Maman a mal au dos aussi.  Je vide le tout dans le coffre de la voiture, je ramène le caddy « sans oublier de reprendre le jeton ma chérie », et je prends le volant car Mrs Bibelot a vraiment mal au dos. Ce n’est pas une femme à se plaindre pour rien, et elle est tout à coup ma petite maman…

Déjeuner, sieste des parents, nous partons à la plage.

Enchantement du premier bain, moi qui aime tant me baigner ! L’eau est bonne, délicieuse. Mrs Bibelot se baigne avec moi, nage. Je revois ma maman d’antan qui plongeait et faisait le phoque en nous encourageant à faire de même. Je revois papa également qui aimait tellement l’eau aussi et qui reste à la maison parce qu’il est complexé et n’osera plus jamais se baigner, alors que j’en suis certaine, cela lui ferait du bien.

Séchage dos au soleil, rentrage à l’appartement où papa prépare soigneusement le repas du soir (explications à venir), qui me signale que mon portable a sonné mais qu’il n’a pas osé répondre (l’appel venait forcément d’un cadavre dans un placard).

Je regarde qui m’a appelée. Ma soeur à qui j’ai confié Diabolos. Que je rappelle immédiatement en pensant que mon chat est tombé 10 mètres plus bas dans la cour de la ferme où elle a son appartement…

Non ce n’est pas cela. Je n’ose dire « hélas » car j’aime mon chat mais sur le coup j’aurais préféré.

Elle n’était pas bien depuis un petit moment ma petite soeur. Elle était malade dès qu’elle mangeait, elle vomissait tout le temps, elle vivait des spasmes à n’en plus finir après  chaque repas. Acromion bénissant la famille désormais quasi au grand complet dans son répertoire, avait pensé à sa vésicule et lui avait prescrit des examens à faire si « après ce traitement cela n’allait pas mieux ».

Quand je lui avais déposé le chat, je lui avais trouvé trop bonne mine (je ne me pardonnerais jamais de ne pas avoir percuté qu’en fait elle jaunissait), l’avais trouvé bien maigre (mais comme dans la famille on lutte contre le surpoids cela ne m’avait pas alertée), mais elle, était contente que le traitement prescrit soit efficace.

Sauf que le lundi, malade à mourir, elle s’était tout de même décidée à aller passer une échographie et à se faire faire une prise de sang. Des calculs dans la vésicule étaient la cause de ses malaises, et aux résultats de la prise de sang Acromion l’avait appelée en lui intimant l’ordre d’aller se faire hospitaliser pour être mise sous antibiotique en perfusion… Elle faisait une infection grave du secteur vésiculaire, pancréas compris.

J’ai dis à ma soeur « je remonte demain ».

Elle m’a répondu « pas question, je te tiens au courant, Diabolos a de quoi boire et manger pour 3 jours, le temps que je revienne ».

Mon bain de mer avait désormais un gout amer. Ce moment où j’étais si heureuse, ma soeur essayait de me joindre pour une véritable urgence, j’ai raccroché l’angoisse au ventre.

J’étais déja malade. Pour ma soeur, et pour mon chat…

Et je n’avais pas le droit d’inquiéter mes parents qui ont déjà assez donné… Portant les paquets, soulageant les corvées, me restait le pire à faire :

Prendre des nouvelles de la malade sans alerter inutilement ceux qui l’avaient mise au monde.

Ca commence bien…

Le départ…

valiseRien qu’en lisant cela, vous allez comprendre que je suis revenue. C’est logique…

Départ donc, programmé pour le dimanche 30 août à 8 H du matin de chez mes parents. J’ai dis 8 H, pas 8 H 01.

ON NE SAIT JAMAIS, dès fois que j’oublie de me réveiller (pour partir en vacances pour la première fois depuis si longtemps), et dès fois qu’on me vole ma voiture sur mon parking privé résidentiel pendant mes 3 semaines d’absence, mes parents préféraient que j’aille dormir chez eux le samedi soir plutôt que de passer me prendre le dimanche matin. Comme ça, ils m’auraient sous la main…

Le samedi fut épique, entre Diabolos à aller déposer chez ma soeur avec :

  • Sa petite couverture préférée
  • Son autre petite couverture préférée
  • Son bac à litière
  • Son saladier pour boire
  • Son petit panier adoré
  • Sa brosse
  • De quoi becqueter pendant 1 mois 1/2 3 semaines

+ le temps à passer à expliquer les habitudes de monsieur et comment qu’il ne faut pas se laisser faire (cause toujours…) ET de faire ma valise. Enfin une grosse valise + 1 cabas plein de je ne sais plus quoi d’ailleurs + un vanity, tiens, j’allais l’oublier…

Quand je dis grosse valise entendez par là que j’ai été dans l’incapacité de la monter dans le coffre de ma voiture. Oui d’accord, elle a des roulettes. Ca n’arrange personne dans les escaliers ou au moment de hisser la chose dans un coffre mal foutu comme le mien, c’est comme cela qu’on se fait avoir. Dans l’ascenseur tout allait bien, mais là… Plus qu’à faire comme je le pouvais pour mettre la valise infernale sur les sièges arrières en priant sainte Rita pour ne pas me coincer une vertèbre…

Arrivée chez mes parents : Jean Poirotte attendait ma valise (il me connait), pour commencer à charger son break. A savoir donc, que le dit break s’est rempli petit à petit et que j’ai eu un vague doute le lendemain matin à 7 H 45 (ils m’avaient tirée du lit à 6 H 30 ces sadiques) sur son exact encombrement, en me retrouvant coincée à l’arrière avec une glacière et mon cabas…

Nous sommes donc partis avec 1/4 d’heure d’avance. Mrs Bibelot n’est pas assurée sur l’autoroute, papa m’a donc demandé de faire le copilote ce que j’ai accepté, car quand je ne conduis pas j’ai peur je m’emmerde. Sauf que lui aussi, et qu’il ne m’a laissé le volant que pour que je me farcisse les moments du trajet les plus chiants dont la descente de l’Espelette, maman cramponnée à l’arrière en priant elle, saint Christophe, alors qu’elle avait dit « chic, je vais faire un somme ! ».

Ceci bien évidemment avec ses conseils avisés (de papa assis à côté de moi) « c’est limité à 50 », comme si je ne savais lire ni les panneaux, ni le tableau de bord.

Mes parents ont bien changé : jadis dès le départ il fallait être arrivés. Mon père aurait été physicien, il aurait inventé la téléportation. Il était menuisier, il a perpétré la tradition de l’écharde qui fait maaaal (et du conseil avisé).

Les arrêts jadis étaient brefs et papa parlaient de ses 3 filles en nous appelant « les pisseuses ». Maintenant c’est lui qui s’arrête tous les 150 km pour une pause vidange et maman qui a rempli la glacière pour faire un vrai déjeuner. A chaque arrêt je bouillonnais. J’avais hâte d’arriver, en me disant que dans 20 ans je serais peut-être comme eux, à boulotter pendant tout un voyage en m’arrêtant tout le temps (sans me plaindre car le premier oeuf dur se passait en conduisant, et le chocolat de maman aussi).

Bref, nous voici arrivés enfin, avec pour moi une bonne heure de retard, et les amis nous prêtant l’appartement alertés pour nous ouvrir le portail de la résidence.

Déballage de l’intégralité du coffre et du siège arrière (dont moi). Je peux vous affirmer que nous avions transporté l’équivalent de ce qu’une famille avec 3 enfants se trimballait en juin 1940 au moment de l’exode (sans les matelas, Mrs Bibelot ayant hésité à embarquer ses oreillers chéris, c’est à noter tout de même, et sans me compter, soyez charitable).

Le problème c’est qu’il fallait se farcir l’ensemble sur 50 mètres, monter un escalier avec, et que si j’avais été seule, j’aurais laissé ma valise sur le parking pour la décharger en plusieurs aller et retours…

Et l’autre problème, c’est que tout le monde comptait sur moi pour les photos, mais que mon appareil antique, argentique, avec ses objectifs 35/135 et 70/300 (3 kg), qui fait de si belles photos était resté chez moi, à sa place…

La vie n’est qu’un long calvaire…