Miss vésicule (part 2)

femme-a-lhopital-copier-2Prenant des nouvelles de ma soeur deux fois par jour (au péril de mon forfait portable), j’ai senti son moral flancher le jeudi, quand elle a fait une crise terrible après son repas normal du midi. De toute évidence un calcul s’était encore déplacé et ce n’était pas fait pour lui donner (ou à moi) la bosse des maths. Le calcul nous avons toujours détesté cela, alors plusieurs, vous imaginez…

Enlèvement de la vésicule programmé pour le lendemain, elle n’était vraiment pas en forme et m’a annoncé que sa jaunisse était de plus en plus carabinée.

Autant en finir tout de suite. Personne ne l’imaginait rentrant chez elle, avec l’angoisse d’une crise éventuelle (et donc à ne rien manger), et l’attente d’une opération. Elle a bien voulu en convenir : l’opération passée, cela ne pourrait qu’aller mieux…

L’opération s’est bien passée (mais pas selon le mode opératoire annoncé), mais ses résultats d’analyse restaient mauvais, le pancréas devait être mis au repos et donc on l’a fait jeuner totalement pendant 3 jours (l’avait bien besoin de ça). Tout ceci sans véritables explications une fois de plus, c’est tout juste si on lui parlait de ses résultats d’analyses.

Mes parents et moi cogitions chacun dans notre coin : et si on remontait ? Elle a beau dire que cela ne changera rien…

Puis le 12ème jour elle a reçu l’autorisation de rentrer chez elle, avec un drain à porter pendant un mois et un arrêt de travail de 2 semaines… Et aucune explication, là encore, pas de régime particulier, elle sait ce qu’elle dira à Acromion en ce qui concerne sa pensée profonde dédiée à son chirurgien…

La voici donc rentrée chez elle le vendredi, contente, pour retrouver Diabolos qui en son absence, et malgré deux visites par jour, avait pris ses aises et fichu le souk partout. Fort heureusement pour lui, une nuit où elle avait décidé de dormir sur son canapé pour ne pas monter son étage, il lui a tué une grosse araignée (le genre mygale qui rentre dans les maisons à la campagne) et a eu droit donc, à une petite indulgence du jury.

Car sinon, après quasi 12 jours tout seul, à se demander ce qu’il pouvait bien se passer, il a profité du retour de tatie vésicule pour faire tout ce qui lui est interdit chez moi lui :

  • Grimper sur l’évier en déambulant bien sur le plan de travail pour laisser des empreintes patales
  • Essayer d’ouvrir tous les placards pour aller s’y coucher
  • Mettre du poil sur les lits interdits de séjour, mais il sait ouvrir certaines portes
  • Répondre en miaulant désagréablement suite à des observations genre « Diabolos NON ! »
  • Faire des cabrioles la nuit avec le bruit qui va avec
  • Griffer un peu ou mordiller quand une caresse le dérangeait.

Tout cela nous passait un peu au dessus. Nous étions enfin rassurés de la savoir rentrée chez elle, et allions pouvoir profiter au maximum des 8 jours qu’il nous restait.

C’est là que le Mistral s’est levé…

1er jour : lundi 31 aout…

femme-au-telephonePour le premier jour, maman vient vérifier qu’à 9 H je suis bien réveillée. Elle tombe bien, cela fait des mois que je suis complètement décalée et me lève quand elle se couche pour sa sieste aux alentours de 13 H 30.

Mais bon, pour le jour de l’exode mes parents ont très bien sû me tirer du lit (pantelante et hagarde), à 6 H 30, donc le dimanche soir à 22 H, je me suis endormie sur un livre passionnant sur lequel je ne reviendrai pas parce qu’il était somnifère…

Donc à 9 H j’ai fais celle qui était en pleine forme sauf qu’il ne faut pas me parler avant mon thé au lait et la clope qui va avec, et la douche qui suit. Bref, je suis associale pendant 3/4 d’heure. Sauf que d’ordinaire je gère cela toute seule.

Maman est ravie de ma présence. Papa qui a mal au dos, la faute à qui n’a pas laissé assez le volant à sa fille ? me délègue (oh joie !) le plaisir d’aller faire les courses avec Mrs Bibelot.

Qui m’en parle comme d’une partie de franche rigolade. Ma mère adore faire les courses, je ne tiens pas du tout d’elle.

Et la voici qui m’emmène dans UNE GRAND SURFACE ! Je le comprends au moment où elle gare la voiture : le super U n’a rien à voir avec Rampion, et je suis prise au piège. Je pourrais me débattre : rien à faire ! Je n’y couperai pas !

En plus c’est le premier jour, la liste est longue comme ça, et elle me donne la marche à suivre. Qui connait ma haine des grandes surfaces comprendra que pour moi l’horreur était complète.

Je poirotte en fin de compte, à la caisse (3 d’ouvertes sur 12 on se fout de notre gueule), ma mère venant en rajouter dans le caddy sous des murmures indignés que mon oeil noir fait taire d’un coup. La caissière prend notre caddy en compte alors que je suis au bord de la crise de nerf, et nous voici dehors.

Maman a mal au dos aussi.  Je vide le tout dans le coffre de la voiture, je ramène le caddy « sans oublier de reprendre le jeton ma chérie », et je prends le volant car Mrs Bibelot a vraiment mal au dos. Ce n’est pas une femme à se plaindre pour rien, et elle est tout à coup ma petite maman…

Déjeuner, sieste des parents, nous partons à la plage.

Enchantement du premier bain, moi qui aime tant me baigner ! L’eau est bonne, délicieuse. Mrs Bibelot se baigne avec moi, nage. Je revois ma maman d’antan qui plongeait et faisait le phoque en nous encourageant à faire de même. Je revois papa également qui aimait tellement l’eau aussi et qui reste à la maison parce qu’il est complexé et n’osera plus jamais se baigner, alors que j’en suis certaine, cela lui ferait du bien.

Séchage dos au soleil, rentrage à l’appartement où papa prépare soigneusement le repas du soir (explications à venir), qui me signale que mon portable a sonné mais qu’il n’a pas osé répondre (l’appel venait forcément d’un cadavre dans un placard).

Je regarde qui m’a appelée. Ma soeur à qui j’ai confié Diabolos. Que je rappelle immédiatement en pensant que mon chat est tombé 10 mètres plus bas dans la cour de la ferme où elle a son appartement…

Non ce n’est pas cela. Je n’ose dire « hélas » car j’aime mon chat mais sur le coup j’aurais préféré.

Elle n’était pas bien depuis un petit moment ma petite soeur. Elle était malade dès qu’elle mangeait, elle vomissait tout le temps, elle vivait des spasmes à n’en plus finir après  chaque repas. Acromion bénissant la famille désormais quasi au grand complet dans son répertoire, avait pensé à sa vésicule et lui avait prescrit des examens à faire si « après ce traitement cela n’allait pas mieux ».

Quand je lui avais déposé le chat, je lui avais trouvé trop bonne mine (je ne me pardonnerais jamais de ne pas avoir percuté qu’en fait elle jaunissait), l’avais trouvé bien maigre (mais comme dans la famille on lutte contre le surpoids cela ne m’avait pas alertée), mais elle, était contente que le traitement prescrit soit efficace.

Sauf que le lundi, malade à mourir, elle s’était tout de même décidée à aller passer une échographie et à se faire faire une prise de sang. Des calculs dans la vésicule étaient la cause de ses malaises, et aux résultats de la prise de sang Acromion l’avait appelée en lui intimant l’ordre d’aller se faire hospitaliser pour être mise sous antibiotique en perfusion… Elle faisait une infection grave du secteur vésiculaire, pancréas compris.

J’ai dis à ma soeur « je remonte demain ».

Elle m’a répondu « pas question, je te tiens au courant, Diabolos a de quoi boire et manger pour 3 jours, le temps que je revienne ».

Mon bain de mer avait désormais un gout amer. Ce moment où j’étais si heureuse, ma soeur essayait de me joindre pour une véritable urgence, j’ai raccroché l’angoisse au ventre.

J’étais déja malade. Pour ma soeur, et pour mon chat…

Et je n’avais pas le droit d’inquiéter mes parents qui ont déjà assez donné… Portant les paquets, soulageant les corvées, me restait le pire à faire :

Prendre des nouvelles de la malade sans alerter inutilement ceux qui l’avaient mise au monde.

Ca commence bien…