Changement… (réédition d'un post du 11 décembre 2006, ben VI ce sont les ouacances !) (Et en plus cela tombe pile poil avec les changements de ma méchante !)

Changement_de_disposition_10153858Cette femme déballe avec amour de la vaisselle après un déménagement. Un déménagement vaut 1 incendie parait-il sur l’échelle du stress. J’en suis à 13, cela explique mon état et le fait que je sois irrécupérable.

Nonobstant cette introduction, il ne sera pas question de déménagement. C’est comme ça, je suis chez moi, je fais ce que je veux et je raconte n’importe quoi si l’envie m’en prend en me répétant en plus car qui dit vacances dit rééditions…

En fait je voudrais parler de cette tendance qu’ont certaines personnes à changer régulièrement la disposition de leur appartement ou maison. Mes parents étaient atteints tous les deux de ce syndrôme et j’ai passé mon enfance et ma folle jeunesse à voir le salon filer dans l’ancien coin salle à manger et vice versa (ils avaient ce que l’on appelle « séjour double »). A chaque changement c’était « mieux comme ça », même si le comme ça avait eu cours l’année précédente…

Maintenant ils sont coincés. Dans leur première maison et l’actuelle, cheminée trône. Qui dit cheminée dit salon forcément, donc ils ne déménagent plus les meubles tous les quatre matins en ayant l’impression d’avoir changé de domicile. Cela ne semble pas leur manquer, preuve qu’ils ont ce qu’ils voulaient…

J’ai bien sûr hérité de ce double gène, et j’aime bien changer la disposition de mon appartement de temps à autre, quand je ne suis pas atteinte de flemingite aigue… 

Les changements de disposition sont une tare familiale dont l’oncle Jules fit les frais avec la tante Alphonsine que vous découvrez, c’est comme ça, j’ai une grande famille, chacun vient à son tour. Là c’est côté Mrs Bibelot, famille légèrement plus originale que celle de Jean Poirotte (oh combien !). C’est plutôt marrant d’avoir des ancêtres originaux, et ça permet d’avoir des excuses…  Là c’est l’oncle Jules le héros, et je pense que de l’au-delà, il en sera ravi.

La tante Alphonsine rêvait de voyager, mais avant la grande guerre on restait chez soi, à moins d’être dépensier, héritier d’une fortune familiale, ou Hercule Poirot en partance pour le Nil. Elle se contentait donc de changer régulièrement la disposition de sa demeure, sans en avertir l’oncle Jules partit travailler dès l’aurore. Ce dernier ayant lui des goûts casaniers, supportait bon gré mal gré les changements réguliers que lui infligeait son épouse. Il savait que s’il manifestait un quelconque désaccord, il lui faudrait voyager pour de bon et cette simple idée le faisait frissoner d’horreur (je crois que sa pire expédition a été le Touquet en 1955). Il n’empêche que…

A l’issue d’un congrès syndical qui s’était tenu dans la région de Sauternes, l’oncle Jules rentra chez lui assez tard dans la nuit, l’esprit tout embrumé de sauternes des graves préoccupations de la journée. Il retrouva la maison avec difficultés tellement il était soucieux. De plus Alphonsine et lui n’habitaient cette nouvelle maison que depuis environ 6 semaines, et il lui arrivait encore de se rendre à son ancien domicile, 3 rues plus loin, par automatisme. Ce soir là il savait qui il était et il était les réunions syndicales le sauterne, lui ayant laissé toute sa tête, ou presque.

Il finit par trouver la porte, et au bout d’un certain temps, la serrure. Tâtonnant le long du couloir, il avança vers l’endroit où normalement sa bicyclette devait reposer le long du mur. C’était un cycliste chevronné et le vélo se devait de reposer dans la maison et non pas dans le garage inexistant d’ailleurs, à l’époque. S’il trouvait la bicyclette il était sauvé : la porte de la cuisine s’ouvrait juste en face. Son idée était d’aller prendre un verre d’eau pour se purifier l’âme. Ayant compté ses pas, il lança la main en avant, pour toucher le guidon du vélo. Un miaulement furieux lui répondit et plusieurs centaines d’aiguilles lui labourèrent les mains. « CHAT ! » se dit aussitôt l’oncle Jules non sans justesse. Normalement, le panier du chat était au fond du couloir dans un recoin à côté de l’escalier de la cave. Il avait trop avancé et dévié d’un quart de tour vers l’est c’était évident.

Il pivota sur ses talons et toucha de sa joue droite un objet cylindrique, lisse et froid. Toujours lucide, il palpa l’objet. Cela ressemblait à un tuyau de poêle. Or le seul poêle de la maison du style qu’il reconnaissait était celui de la chambre d’amis, à l’étage… Il n’avait monté aucun escalier, il en était incapable…

L’oncle Jules sentit sa raison vaciller. Aucun bruit : le chat avait dû se rendormir. Epuisé, l’esprit contrarié, il s’appuya au mur et une porte céda sous son poids. Au grincement diabolique, il reconnu la porte de son bureau. Dans son bureau il trouverait aisément le bouton électrique salvateur + ses cigarettes. Une petite clope ne pouvait pas lui faire de mal. Il avança dans le noir. Rien d’hostile ne lui barra la route. Son bras toucha doucement le coin de la cheminée et il se sentit sauvé. Prenant appui sur la cheminée il plongea la main à l’endroit exact où il savait trouver son paquet de cigarettes.

Enveloppée soudain d’un fluide glacial, sa main venait de saisir une sorte de monstre gluant et froid qui se débattait avec d’électriques soubresauts. Terrorisé, l’oncle Jules fit un bond en arrière et passant au travers murs et cloisons (dans ses souvenirs embrumés par la réunion syndicale), alla s’affaler dans la rue devant le pas de la porte.

Bien évidemment le pauvre homme ignorait totalement que la tante Alphonsine avait acheté le jour même un bocal de poissons rouges pour décorer la cheminée de son bureau, qu’elle avait déménagé le poste de radio dans la bibliothèque, entreposé son vélo dans une chambre, déménagé le panier du chat, et que ses cigarettes reposaient au fond d’un tiroir du secrétaire, lui-même déménagé dans la chambre d’amis qu’elle avait inversée avec la leur.

Ne s’en tenant pas à cela, elle avait donc également déménagé leur chambre dans l’autre un peu plus grande, en récupérant l’armoire du salon au passage pour ranger ses culottes, avec l’aide d’une voisine avisée. Elle avait inversé le salon et récupéré une vieille commode du grenier pour faire joli dans le nouveau salon.

L’oncle Jules, persuadé malgré le sauternes congrès qu’il était bien à la bonne adresse, rentra à nouveau chez lui pour se prendre un coup de poêle à frire sur la tête. La tante Alphonsine avait très nettement entendu un cambrioleur se glisser chez eux et l’attendait avec son arme favorite.

Le seul avantage du coup de parapluie poêle, fut que l’oncle Jules était excusé par avance d’avoir mal à la tête le lendemain matin.

Quand je vous le dis que la vie n’est qu’un long calvaire…

25 réponses sur “Changement… (réédition d'un post du 11 décembre 2006, ben VI ce sont les ouacances !) (Et en plus cela tombe pile poil avec les changements de ma méchante !)”

  1. « (…) C’est plutôt marrant d’avoir des ancêtres originaux, et ça permet d’avoir des excuses…  » .
    J’aime beaucoup cette phrase, et c’est tellement vrai !

    Ps; j’en suis à 8 déménagements en 4 ans… je suis à moitié plus de ce monde…

    1. Houla…
      Oui j’ai besoin d’avoir des excuses…
      8 déménagements en 4 ans, tu me bats… (et tu es mal barrée…)
      Maintenant je suis dans le même appartement depuis 1995, c’est surtout Albert qui avait la bougeotte….

  2. J’ai entendu qu’au bout de genre 5 déménagements, t’as perdu autant de trucs que si y avait eu un feu.
    Moi qui AIME jeter et me débarrasser de trucs (sauf le lendemain ou le surlendemain ou évidemment tu te dis que tu te serais bien servi du truc jeté la mètenant), mais y a tujurs quelqu’un pour m’en empêcher (oui elle a des trous au col et des taches de javel mais c’est la chemise que je portais la première fois qu’on a fait le jardin ensembles – Naaaan, il lui manque un pied et je la veux dans aucune pièce mais c’est la table de grand-papy quamême), mon rêve. Le secret du minimalisme, quoi.

    1. Ah je suis la spécialiste, quand je me décide à faire du rangement et tri, à jeter le truc dont je ne me suis pas servi depuis 3 ans et dont j’ai besoin le lendemain (mais les poubelles sont vides…)
      Sinon pour le non jetage, Mrs Bibelot bat tout le monde !

  3. Une sacrée énergie cette Alphonsine ! Tout ça en une journée !

    ps : comment ça, vacances ! Je ne vais plus à l’école depuis longtemps ! Et je ne trouve pas que l’audience baisse spécialement !

    1. Alphonsine était effectivement très énergique. Elle + une voisine énergique (à charge de revanche…) ça donne la peur de sa vie à son mari…

      Sinon, généralement les vacances scolaires voient une baisse de trafic, comme je ne vérifie plus le mien (j’ai perdu les coordonnées), je prends les devants…

  4. @ Calpurnia: Tu decris l’horreur ultime pour le sedentaire, revenir chez soi pour decouvrir qu’il n’est plus chez lui. Des changements pareils sont un coup en traitre! :p

    1. Une vengeance, peut-être, mais toujours déguisée, c’était son style 🙂
      D’un autre côté elle aimait à changer la disposition des meubles et pièces…

  5. Mouahaha! Etant trèèèèèèèèèèèèèèèès bordélique et ayant déménagé 14 fois en 22 ans, je ne chamboule pas la disposition des meubles (pour cela, il faudrait ranger, vous comprenez…), alors je me rabats sur la déco murale (locataire, je me contente de posters divers et variés tirés de ces grands calendriers qui ont une belle photo par mois… j’en ai des dizaines [j’en achète en général 3 ou 4 par an], donc j’ai une infinité de possibilités pour redécorer)!
    Mais en tout cas, trop forte, Alphonsine! Et quelle subtilité dans la vengeance! Celle qui fait bien mal sans possibilité de riposter… C’est la réincarnation de Machiavel!

  6. @ Galstar : je comprends mieux pourquoi tu commentes chez moi avec le pseudo « premier de la classe », cela dit Calpurnia a raison, y a plus de coms chez moi !

    @ Calpurnia : vu la baisse de com, c’est toi qui a raison, on doit avoir une audience d’élèves !

  7. Dites… les “faibles femmes” de l’époque, elles ne pratiquaient pas ce qu’on appelle aujourd’hui du harcèlement moral? J’en viens à me dire qu’en fait quand une femme fait quelque chose c’est TOUJOURS méticuleusement pensé, AUCUNE place au hasard. Non… je ne dois pas… sinon je vais finir parano… :p

    1. Je crois que leur harcèlement moral était le pendant de l’attitude gamine de leurs maris…
      Et non, ce n’est pas toujours méticuleusement pensé, mais plus souvent très instinctif…

  8. @ Louisianne:
    Bouhouhouhou! Le coup du « premier de la classe » je l’ai fait une seule et unique fois il y a plusieurs semaines! Je ne sais pas d’où ce pseudo a pu ressortir car j’avais saisi mon pseudo habituelle à la mimine et j’avais purgé plusieurs fois les fichiers de mon cache.
    QUE JE SUIS TRISTE!!! 🙁

  9. bonjour ! juste pour dire perso je suis LOIN d’etre encore à l’école mais je peux moins suivre mes blogs préférés : les enfants sont là donc rien en journée et le soir je suis trop fatigué pour reter sur le net …. d’ou corrélation fréquentation vacance scolaire !!

    par contre perso j’ai déménagé 19 fois (j’ai du recompter pour etre sure ) et je vais bientot re déménager ! je suis très très inquiète …..

    1. Je comprends très bien pour les vacances ! Simplement c’est un peu frustrant d’écrire souvent dans le vide (le top étant les vacances d’été…)
      Je pense que pour les déménagements, passé un certain nombre on est à l’abri de tout 🙂

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