Naissance en boulet de canon (part 2)

nouveau-ne3Suite à mes mésaventures de sage femme improvisée et complètement traumatisée (maintenant la famille m’appelle « la sage femme sans culotte »), j’ai contacté Marie Laure pour qu’elle me rappelle sa mésaventure à elle, remontant à 20 ans.

A l’époque j’avais hurlé de rire, elle pas… Mais vous pourrez le constater, elle a fait beaucoup mieux que moi, même en portant une culotte qui ne lui a été d’aucun secours…

Elle m’a donc gentiment fait un mail en me re-racontant son aventure, et en me précisant qu’elle me faisait confiance pour l’humour car elle, elle ne sait pas faire (cette aventure l’a totalement traumatisée !).

Je l’ai donc appelée et nous en avons discuté entre choses et autres (3 heures), et curieusement, en en parlant, elle a pu se souvenir des détails qui l’avaient le plus frappée finalement… Je précise qu’elle est mère de 4 enfants dont des triplés… Et qu’elle m’autorise à raconter après, son accouchement des triplés qui lui a laissé LUI un bon souvenir… D’où les 3 heures tout de même, soyons honnêtes, plutôt 4, les forfaits illimités c’est le pied, ce sont les batteries du téléphone qui craquent les premières…. Oui parce que finalement nous avons papoté pendant 5 heures…

Mois d’août, la France est déserte, Marie Laure jardine, elle adore, son jardin est immense (et terrifiant pour une personne comme moi).

Arrive sa voisine, en cloque jusqu’à l’occiput, qui marche les jambes écartées.

  • « Marie Laure, clinique, contractions, sensations curieuses, au secours, j’ai perdu les eaux, voiture en panne »

Marie Laure a chié sa première pastèque en 72 H (comme moi avec Pulchérie), ses triplés en 12 H, elle se sent ZEN. Bon il est vrai qu’on nous dit de partir à la maternité dès la perte des eaux (enfin à notre époque c’était une consigne absolue), mais pour elle, il n’y a pas d’urgence. Comme moi dans aucun cas elle n’a perdu les eaux, cela lui semble curieux comme concept (moi pour les deux filles on m’a percé la poche quasi au dernier moment, pour elle avec les triplés, c’est vachement plus rigolo, donc, vous repasserez…)

Elle range sa binette, sans imaginer à quoi ressemblera la sienne dans 32 minutes très exactement. Fort heureusement, elle aurait pu se suicider avec (la binette).

La voisine (primipare) assise sur la margelle du puits, fait la respiration du petit chien, et Marie Laure lui précise que c’est du pipeau en allant chercher son sac à main et ses clefs de voiture (à l’époque le portable n’existait même pas).

Inconsciente légèrement, elle fait monter la voisine à coté d’elle, au lieu de la lourder à l’arrière ou dans le coffre. La voisine pose ses pieds sur le tableau de bord, les pattes écartées et continue à souffler.

Et voici Marie Laure en route vers la clinique.

Manque de bol, personne n’y a pensé, c’est jour de marché, encombrements maximum malgré le mois d’août.

Tout à coup, la voisine, pousse un hurlement à faire fuir Dracula : « Il se passe quelque chose, je ne peux pas rester assise comme ça, arrête toi ! la tête est en train de sortir »

En plein milieu de la place du marché où tout le monde tourne en cherchant en vain, une place. La clinique est à 250 mètres à vol d’oiseau, mais Marie Laure n’a qu’une voiture.

Un peu inquiète tout de même, elle pile en mettant en route les warnings…

Elle recule le siège passager au maximum et elle, risque un doigt en s’excusant un peu, car elle est mal placée pour jeter un regard… Merde, elle sent confusément quelque chose. Elle risque 3 doigts : pas de doute, la tête commence à sortir.

Et la voisine qui invoque la vierge Marie ! quand on accouche il y a peut-être une sainte plus efficace ? (la signaler à l’audience, merci !)

Vl’a deux motards qui viennent voir ce qu’elle fout en plein milieu de la place du marché à bloquer la circulation. Elle se sent rassurée, elle a tort.

Car si le premier voit tout de suite où est le problème, le second en comprenant, lui dégueule son petit déjeuner copieux, sur ses pompes neuves Minelli qu’elle a payé la peau des fesses en vendant ses haricots à des prix prohibitifs à ses voisins.

Le premier l’aide à mettre la mère en position (le kiki vers la sortie de la voiture) et lui assure qu’il sait faire. Enfin qu’il a apprit à faire, enfin qu’il espère se souvenir. Marie Laure se sent soudain très seule, quand sous ses yeux héberlurés, la tête du bébé sort complètement : la mère prévoyante, n’avait pas mis de culotte…

En discutant de la chose nous avons réalisé que nous avions eu de la chance : et si cela avait été un siège, on aurait fait comment en voyant un cul se pointer au milieu du kiki ?

Elle, sait qu’on tire dessus (la tête)  pour accélérer le processus. Elle se lance avec inconscience. Elle attrape la tête, tire dessus, avec l’impression qu’elle va se retrouver avec la tête dans les mains, le reste restant coincé. Et puis tout à coup le motard intervient :

  • « Faites pivoter la tête, le môme est coincé » (mais il n’intervient aucunement).

Marie Laure tente de faire pivoter la tête, en tirant pour rien, paniquée totalement, pendant que celui qui a dégueulé écarte les curieux. Circulez, y’a rien à voir. Ben si.. Et tout à coup, l’enfant vient. Trop rapidement. En fait il n’était pas coincé il attendait la prochaine contraction. Elle le tient du coup par le cou, et ne sait pas quoi en faire…

C’est le motard  qui n’a dégueulé sur personne qui interviendra enfin pour poser le bébé sur la maman qui remercie la vierge Marie, en se posant  THE QUESTION : »on le couvre avec quoi, avant d’aller à la clinique ? ».

Rien pour couper le cordon, l’enfant semble prendre sa respiration naturellement, et Marie Laure n’a qu’une solution : retirer son Tshirt devant toute la place du marché, pour couvrir l’enfant, et reprendre le volant, en soutien gorge, escortée par l’équivalent de la garde républicaine qui lui ouvre la voie, tout de même.

Malgré les félicitations du jury (les urgences), elle ne s’en est jamais remise…

De quoi ?

  • Une paire de chaussures neuves et de prix : flinguée
  • Un Tshirt de marque : idem
  • Avoir montré quelques petits bourrelets cachés par le Tshirt, en le retirant, à toute la place du marché, dont madame Irma sa voisine si cancanière…
  • Avoir déambulé dans une clinique en soutif, avant qu’une infirmière ne lui propose une blouse bleue en faux tissu.
  • Avoir roulé avec l’immonde blouse bleue pour rentrer chez elle.

Pour le reste finalement elle se souvient juste du « le môme et coincé » mais qu’elle a réussi à le décoincer. Du coup elle s’est demandée si elle n’allait pas faire serrurier…

Dès le début de la vie, c’est un long calvaire…

21 réponses sur “Naissance en boulet de canon (part 2)”

  1. mdr j’espère que ça m’arrivera JAMAIS ! et euh.. qu’est ce Marianne foutait à Biner avec un T shirt et des pompes de marque et de prix ? mdr (oui ma question est d’une haute importance non mais …)

  2. Quelle histoire ! J’étais scotchée à mon écran !
    Sur la place publique un comble !
    En tout cas elle a eu de la chance que l’un des deux motards soit compétent !
    Et l’autre très doué pour vomir… euh écarter les curieux !
    Mais perso je crois que je m’en contrefoutrai (je sais c’est pas français) du tee shirt, du soutif, des pompes ! À la guerre comme à la guerre, il y a des cas de force majeure ! Quand à la voisine cancanière, je serai allée lui faire sa fête en personne !

    1. Comme tu le dis : à la guerre comme à la guerre ! Mais je suis bien placée pour savoir que nos réactions « après », sont parfois totalement hors de propos !

  3. C’est malin, j’ai pouffé devant mon écran! Heureusement que ma boss n’était pas là (oui, je sais c’est pas bien, mais tant pis!)…
    Bon sans blague, je comprends que ton amie soit traumatisée, mais quand on lit, c’est à mourir de rire!

    1. Oui, en fait c’est à mourir de rire, puisque tout s’est bien terminé…
      Maintenant que je commence à rire de ma mésaventure, j’ai du mal à comprendre pourquoi Marianne n’a pas fait une croix dessus.

  4. J’étais en apnée à partir de « Dracula ». Il y en qui en ont de la chance pour leur accouchement quand même. On remercie ces anges qu’on interpelle à la va-vite et qui sacrifient leur amour propre à ces arrivées inattendues.
    🙂

  5. Eh ben
    Entre un accouchement le kiki a l’air devant tout le monde au marché en 15mn
    OU BIEN
    un accouchement en 72h dans la quiétude intime de l’hôpital,

    Hum, j’hésite.

  6. Ca me fait penser que j’ai failli naître dans la voiture…
    Mais celle de mes parents, cette fois, avec mon père au volant qui a grillé tous les feux rouges de la ville (heureusement qu’il était 6h du matin)… Dans l’ascenseur de la mater, mon père et ma soeur mettaient leurs mains en coupe au cas où je sortirais! Mais finalement j’ai suffisament attendu pour naître dans une salle de travail… au bout de 5 minutes à peine… C’est bien finalement, les bains chauds, ça accélère légèrement (sic) le travail!

    1. Jamais de la vie !
      Faut une formation longue, le temps que je sois au point, je serai à la retraite (désolée du retard, mais personne ne peut imaginer ce que donne mon écran…)

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