Le dernier jour du séjour (2) (le retour de Maritza)

EndoraBien obligée de raconter un peu sa vie depuis octobre dernier à tatie chérie et ma soeur, Maritza non sans humour (le sien est merveilleux) nous apprend donc que, après 12 mois à ne plus vouloir la voir (l’année dernière à la même époque, elle en était à 8 mois), 2 ans après leur deuxième divorce, Trevor a consenti finalement à nouveau à ses visites.

Elle s’est rendue pendant 12 mois,  clandestinement au nurse home en espérant franchir les barrages infirmiers grâce à des déguisements de choc (mais en vain), pour un beau jour tomber sur Trevor descendu fumer dans la salle ad hoc à l’entrée.

Cette constance à se faire du mal m’exaspère prodigieusement, car pour moi « quand c’est fini c’est fini », mais bon, pour Maritza, rien n’est jamais fini… Maman ne comprend pas non plus, à bientôt 53 ans de mariage avec papa, bref nous ne comprenons pas, même si je suis plus ouverte à ce genre de truc que maman…

Un Trevor pris en flagrant délit de fumer, qui a accepté de guerre lasse de la recevoir et de reprendre avec elle, leurs disputes favorites.

  • Donc 2 fois par mois depuis cette date, ils s’engueulaient copieusement dans la chambre du « nursing home » de Trevor, elle, voulant qu’il reconnaisse qu’il s’était conduit comme un salaud, lui, refusant de le reconnaître. Lui voulant qu’elle reconnaisse qu’elle est invivable, et elle, refusant de le reconnaitre.
  • En plus devant les jambes de Trevor « moches, rouges et gonflées »  (et ça c’est sûr !) Maritza prônait l’amputation pure et simple, mais Trevor n’était pas d’accord. Ses jambes étaient peut-être rouges, gonflées et moches, mais il y tenait tout de même. Et de cela il était sûr également…
  • Maritza pense qu’il s’agit de gangrène, mais que les médecins cachent la vérité au malade. Nous lui avons précisé qu’une gangrène galopante, depuis 3 ans, était certainement une mauvaise option…
  • Moralité : un jour où il refusait l’amputation une fois de plus,  elle l’a quitté en voulant marquer le coup à sa manière, à savoir en claquant violemment la porte, ce qui n’est pas « so british » alors que Trevor est vraiment « so british »
  • C’était une porte de sécurité qui lui est revenue dans la tronche à cause d’un ressort, d’où un nez ruiné, un homme impassible lui précisant sobrement « c’est raté » (« you’re wrong » en gros, excusez du très peu de mon british quand j’essaye de reproduire ce qu’elle prononce avec naturel…)
  • Du coup nous a-t-elle dit, elle est allée claquer la porte de la salle de bain mais « cela ne faisait pas le même effet, surtout que je me tenais le nez » (qui pissait le sang).

Elle m’avait raconté l’histoire la veille et j’avais été morte de rire, tout en lui précisant que moi je ne claquais jamais les portes :

  • Ah bon ? tu fais quoi alors ? Pour montrer ta légère désapprobation ?
  • Je prends le rouleau à pâtisserie en précisant « tu as 2 heures pour vider les lieux » (authentique) laisse la porte ouverte en partant. Si je l’ai trouvée fermée en arrivant c’est encore plus méprisant.
  • L’idée n’est pas mauvaise… (et oh combien plus silencieuse !)

J’en connais qui vont me bénir (ses enfants), quand ils se pèleront le jonc (comme le bailli du Limousin) parce qu’elle aura quitté leur appartement en colère en laissant la porte grande ouverte.

Mais le dimanche n’était pas terminé…

11 réponses sur “Le dernier jour du séjour (2) (le retour de Maritza)”

    1. Justement c’est la grande question…
      Elle reste sans réponse pour l’instant. Maritza s’est gâché la vie à cause de Trevor, et ce serait ça l’amour…
      Voir l’intéressant commentaire de Princesse Strudel sur mon post précédent, qui m’a interpellée…

  1. Le duo Maritza-Trevor ne manque pas de piquant… A quand les tribulations trevordiennes dans un billet, Calpurnia? Le connais-tu, ce gentleman, toi? As-tu eu l’occasion de le rencontrer? (Si ma question semble bizarre, c’est juste qu’il y a dans ma famille quantité de gens que je n’ai jamais rencontrés de ma vie).

    Pour faire bref et en résumé: moi aussi quand c’est fini, c’est fini. Je garde certes de bonnes relations avec deux-trois de mes anciens petits amis, ceux qui ont vraiment vraiment compté et sont restés longtemps dans ma vie, mais sans ambiguïté, et après une période de deuil (silence radio) assez conséquente.

    Et puis vint le Commandeur.

    Belle dispute à notre deuxième rencontre (aucun baiser ou autre, nous étions de simples connaissances, de rage j’ai effacé sous ses yeux son numéro de mon portable, en lui signifiant que je préfèrerais ne plus aller au bal de ma vie que de supporter une fois encore son attitude.

    Il était le partenaire de danse de ma copine Julie, et pendant les répétitions (pour une cérémonie d’ouverture de bal) il était donc à deux pas de moi, et certaines figures nous réunissaient. Il dansait si mal que je dirigeais à peu près tous ses pas. Mon côté tyrannique.

    Bref, je le trouvais proprement arrogant, imbuvable, méprisant, insupportable…

    Et on se croisait, se recroisait, puisque nous fréquentions peu ou prou le même cercle social.

    Un soir, il a surgi dans un bar en smoking, cape de soirée au vent, avec panache, et zou… Moi Scarlett, toi Rhett, je te veux. Il m’invite à l’accompagner au bal, je refuse car je suis avec ma copine et que nous avons des projets pour la soirée. Il insiste, je refuse. Il m’appelle au milieu de la nuit pour me raconter le bal, moi je viens de rentrer de soirée. Cela sera le début de longs appels nocturnes, de murmures échangés au cœur de la nuit.

    Pour faire bref: un accident de la vie, il disparaît de la surface de la Terre, je lui témoigne discrètement ma sympathie. Six mois plus tard, il resurgit, avec une invitation à dîner.

    De silences en soirées chics, d’appels nocturnes en textos énigmatiques, je me retrouve ferrée plus sûrement qu’un mérou dans un livre d’Hemingway (un de ceux où il parle de pêche au gros, bien sûr).

    Je le pense amoureux mais timide. Ou prudent. Je me dis qu’il me fait la cour, de façon peut-être maladroite. Parce qu’un homme qui vous invite dans des restaurants hors de prix, passe des nuits entières à discuter avec vous, ne peut pas le faire s’il n’est pas amoureux, n’est-ce pas?

    Si, s’il s’ennuie tellement que vous représentez une distraction appréciable, vous qui n’êtes pas du sérail.

    Bref (bis).

    Vous rêvez d’être celle qui le comprendra, lui permettra de s’ouvrir enfin, de retrouver la confiance en quelqu’un.

    Un jour, vous en avez un peu assez d’attendre, vous quittez le pays et rentrez chez vous (où il se trouve de toute façon régulièrement, donc s’il veut vous voir, cela ne sera pas difficile).

    Il vous recontacte, vous vous revoyez, vous lui tombez dans les bras. Trois heures de joie suprême, et puis il vous fait une scène homérique. Vous vous pensez coupable, bien sûr.

    Voilà comment on s’accroche. On pense que c’est « fini de chez fini », on pleure toutes les larmes de son corps, et puis il vous fait signe. Il se rapproche, vous convie de nouveau à des soirées merveilleuses. A nouveau, vous y croyez. Et à nouveau, vlan.

    Le souci c’est que c’est comme au tango: un pas en avant, deux en arrière, mais chaque pas en avant vous conduit plus loin. Alors, vous commencez à vous dire que si après chaque progrès, il fuit, il faut le laisser fuir, et qu’un jour il reviendra définitivement (le principe de l’élastique cher à John Gray poussé à l’extrême…). Ca va loin, jusqu’à une demande en mariage. Que vous avez acceptée.

    Donc, voilà comment on peut pourrir sa vie à attendre quelqu’un avec qui on se déchire, on se dispute, mais qu’on pense continuer à aimer. Il y a un mélange de fascination, de mystère, de passion, de narcissisme, de manque de confiance en soir aussi, et surtout, d’espoir. L’espoir qu’un jour « ça changera ». L’espoir aussi que ces moments de rêve, absolument magiques et hors du commun, seront votre pain quotidien.

    Etc, etc, etc.

    1. Hola, j’ai vécu un truc un peu similaire, qui a duré 3 ans tout de même.
      J’ai regretté au bout de 3 ans, quand je me suis décidée à couper définitivement les ponts (une lettre bien sentie reste forcément), de ne pas l’avoir fait plus tôt.
      Les « et si ? » nous pourrissent la vie, il n’y a qu’une chose à faire : fuir, à défaut de frapper…
      Car l’espoir ne fait pas toujours vivre, surtout dans le domaine sentimental.
      Courage !

      1. Amen, Dame Sorcière. Les « et si », « si seulement », « sois patiente », la compréhension et l’empathie (« il n’est pas prêt; laisse-lui le temps… ») ne sont que de foutus freins. Il ne veut pas, Tant pis, le prochain voudra, lui.

  2. Les relations amour/haine ne s’explique pas je crois…

    J’en ai vécu 2, dont une vraiment plus intense que l’autre: on s’est quitté et repris, puis finalement été amant, vue de moins en moins et puis plus rien…

    Je crois que c’est plus que la peur d’être seul, mais un besoin viscéral d’être avec l’autre je ne sais trop pour quelle raison chimique de notre corps…

    1. Après tant de tourments vrais, cela reste incompréhensible.
      Mais jamais elle n’admettrait qu’elle est restée en Angleterre le plus possible pour lui…

    2. Tu as raison, Vladyk, ça va au-delà de la peur d’être seul(e), puisqu’à deux reprises j’ai tenté de reconstruire quelque chose et j’ai rompu avec mon partenaire à cause de ce fichu bonhomme. Je n’étais donc pas seule, mais en couple, et je me suis malgré tout accrochée à ce type impossible.

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