Le retour de Maritza : l'arrivée…

EndoraMrs Bibelot m’avait sadiquement bombardée « réceptionniste en chef de Maritza ».

Il faut dire qu’elle débarquait à la gare de ma bourgade, pendant l’heure de la sieste (de mes parents, moi je ne sieste jamais, cela ne me réussit pas) et que comme je vais prendre le thé avec ma mère tous les après midi, j’étais la personne idéale pour aller faire le pied de grue à la gare.

Connaissant le phénomène (le terme est faible), on pouvait tout imaginer avec peu de chances de se tromper.

  • Elle a loupé son train
  • Elle s’est trompée de train
  • Elle s’est trompée de jour
  • Elle va se tromper de jour et de train

Tout faux, je l’ai vue descendre du bon train qui n’avait, avec les grèves du jour que 5 minutes de retard.

J’ai eu de la chance d’ailleurs, car elle m’a avoué qu’elle avait failli louper effectivement son train, s’étant arrêtée gare Montparnasse pour regarder une petite foule chanter « l’internationale ». A ma question, elle m’a répondu que ce ne pouvait pas être des manifestants, car il n’y a plus de pavés dans les rues de Paris.

J’avais enfin l’explication de la macadamisation à donf de nos routes et rues : le désir caché de tout gouvernement d’empêcher qui que ce soit de manifester…

Elle était toute contente de me voir (et moi aussi finalement, parce qu’elle est très gentille) mais sur le quai de la gare, le flot de questions a commencé :

  • Tu es venue me chercher en voiture ? (ben non, je t’escorte à pied pour 3 km)
  • Ah c’est celle là ?
  • Toujours grise donc…
  • Elle a toujours des angles morts ? (damned, j’avais oublié que l’an passé j’avais eu le malheur d’évoquer ces foutus angles morts en discutant avec mon père devant elle, et que tous les jours elle m’interrogeait à leur sujet…)
  • C’est tout de même une grande voiture
  • Ca doit coûter des prix fous à entretenir
  • Non tu es sûre ? (c’est bien elle)
  • Ah je peux mettre mon sac dans le coffre
  • Ah oui je peux monter à l’avant, mais à droite non ? Ah si bien sûr…
  • Cela fait du bien de se retrouver ici (comme je la comprends, moi en Cournouailles, territoire hostile dès qu’elle évoque la mentalité et les conditions de vie, je me serais déjà pendue, elle a du courage de s’y maintenir pour encore maintenant très peu de temps…)

Je roule doucement « en ville », quand tout à coup elle pousse un hurlement horrible qui me glace le sang et m’attrape le bras droit sur lequel elle tire :

  • Attention !!!! cette voiture recule !!!

J’avais vu, et je suis furax. Elle m’a fait peur donc j’ai freiné machinalement très brutalement (et inutilement), déclenchant la sécurité freinage, et en plus elle m’a fait un mal atroce, car j’ai l’épaule droite en Louis XV depuis 2 semaines.

  • Maritza, ne fais plus jamais cela quand je te conduis ! Je vois clair, et m’attraper le bras est totalement inutile, et également de crier ! En plus c’est très dangereux !

Cela ne la perturbe pas plus, elle admire la campagne et m’énumère les nombreux avantages (pour elle) qu’il y a dans le village de mes parents. Cela se résume à une boulangerie, un café tabac qu’elle trouve moche, une pharmacie, un salon de coiffure et une supérette nouvelle. Pour elle qui habite loin de tout dans un genre de HLM c’est le grand luxe mais on peut lui pardonner et se dire que souvent, nous ne sommes jamais contents pour pas grand chose… Pendant ce temps là, je souffre en silence, au propre et au figuré.

Mrs Bibelot nous attend pour faire chauffer l’eau du thé, et commencent les nombreuses péripéties de la vie de Maritza. Le pire est que nous savons qu’elle n’exagère pas, et comme elle n’est pas dénuée d’humour du tout, elle arrive à faire de ses tribulations en Chine un récit très amusant, mais au cours duquel on s’égare facilement, comme elle quand elle a loupé la correspondance Genève/Londres.

Nous apprenons donc que :

  • Trevor est toujours en vie. C’est un rat, son rêve à elle est d’être veuve (certains ont des ambitions très particulières). Nous lui rappelons qu’ils sont divorcés et que pour le veuvage c’est loupé, mais apprenons qu’en fait elle n’avait pas renoncé à se remarier avec lui pour la troisième fois.
  • Sauf que comme c’est un rat, il a refusé tout net et lui a même interdit de venir le voir dans son « nursing home », où des infirmiers vigilants l’empêchent désormais de rentrer. Du coup elle a vendu sa voiture.
  • Que son deuxième mari lui, est mort, mais comme ils étaient divorcés aussi (forcément), elle ne peut pas être veuve de ce côté là, si ce n’est en pensées.
  • Qu’elle a enfin trouvé un appartement deux pièces dans un genre de maison de retraite, à Genève, où elle va retourner, n’ayant jamais renoncé à sa nationalité Suisse. Les changements de nationalité de Maritza, nous avons renoncé à tout y comprendre. Nous savons simplement qu’elle a un jour déchiré son passeport anglais sous les yeux d’un fonctionnaire britannique médusé, et qu’elle est persuadée que depuis, elle est fichée à Interpol (une fois de plus) et Scotland Yard (+ les services secrets et les gardiens des joyaux de la couronne).
  • Et que d’ailleurs, voici les pérégrinations ayant finalement abouties à l’attribution de cet appartement, en 5 épisodes + le comment elle va déménager en feuilleton à suivre, parce qu’il lui reste 34 cartons à trier depuis son dernier déménagement (dont un contient les cendres de sa belle mère qu’elle détestait, conservées dans un carton rose hideux !).
  • Papa, bien obligé de quitter le salon où il terminait sa sieste, pour aller faire un petit pipi et saluer l’arrivante décide à ce moment là d’entamer une grille de mots croisés de la mort qui tue et moi de rentrer à la maison.

Pas de soucis : demain, j’aurai tous les détails de ces pérégrinations. Je m’en délecte à l’avance, mais pour la journée, j’avais mon compte (et l’épaule encore plus en Louis XV qu’à mon départ)…

La vie n’est qu’un long calvaire et le médecin sera content de me recevoir samedi…

0 réponse sur “Le retour de Maritza : l'arrivée…”

  1. Nous attendons la suite des aventures de Maritza avec impatience tout en te souhaitant une remise en forme la plus rapide possible;. Amicalement.

  2. ahahaha,je le savais que ca promettait bien tout cela….;)))
    bon rétablissement la sorcière!
    La prochaine fois,met son sac a coté de toi et elle….dans le coffre!!!! ahahaha

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