Entretien avec le médecin conseil… (part 3)

57520720J’ai donc mon protocole dans mon sac à main et j’hésite à le poster. J’avais raison, 8 jours après la rédaction du protocole par psy chérie, je reçois une convocation du médecin conseil de la SS (La sécu !!!) avec pour motif : avoir sodomisé un homme sandwich avec un tube de dentifrice exonération du ticket modérateur.

Je vais enfin rencontrer le concombre masqué de la SS (La sécu !!!).

Ce mec est complètement fou, malgré ce qui est précisé dans le protocole, comme « troubles graves du sommeil », il me convoque à 10 H.

Les 3/4 du temps, à 10 H le matin, je dors (mal), depuis seulement 4 H, avec des réveils toutes les heures et demi, de 6 H à 13 H. Si l’on retire les périodes de réveil, je dors à peine 6 H.

Le temps où je m’endormais comme un bébé à 22 H pour me réveiller 9 H plus tard dans la position de l’endormissement, est très loin. Ou alors il s’agissait d’une autre personne, je vis une seconde vie.

Donc à 10 H dans le cabinet du médecin conseil, je vais ressembler à une méduse échouée dans un micro ondes qui a des fuites d’ondes. Maman me suggère de venir dormir chez eux (les parents) pour :

  1. Me réveiller en temps et en heure
  2. M’emmener éventuellement sur un brancard

Je récuse cette aimable proposition, et je lui demande juste de me téléphoner à 9 H pour être certaine que je me lève. Hagarde certes, mais debout les braves !

Nuits de Chine, nuits câlines…

Je me réveille au son du téléphone après avoir fait mes cauchemars habituels et m’être réveillée toutes les heures et demies, avec la trouille en plus, de louper cet important rendez-vous.

Je suis crevée, et je ressemble à une endive. Vu la manière dont j’ai vu mon radio réveil de manière régulière, j’ai dormi 5 heures maxi. Il m’en faut 8… Sans parler de ce que je dois rattraper. A mon avis il me faudra dormir 6 mois pour remettre mon compteur à zéro, en admettant que je retrouve mon parfait sommeil d’antan (enfin d’après le somnambulisme et avant son retour…)

Arrivée dans la salle d’attente du médecin conseil, après avoir présenté mes papiers (c’est nouveau, ils exigent une pièce d’identité, mais bon, je n’ai rien à redire là dessus, il paraît que certains fraudent, je ne vois pas moi, quel intérêt j’aurais à envoyer quelqu’un à ma place…), j’ai l’impression que je vais m’endormir dans la salle d’attente.

  • D’ailleurs je m’endors.
  • Un homme à la belle voix, me secoue.
  • Evidemment il touche la mauvaise épaule, celle qui fait mal.
  • Il me suit vers son cabinet et pas l’inverse.
  • En effet je marche de travers, je veux mon lit, mon chat, mes filles revenues à la maison avec ma jeunesse enfuie, mon tank Shermann pour trimballer la troisième, et travailler à nouveau à l’abri tutélaire d’un patron sympathique dilapidant les deniers de la société en me versant un gras salaire.
  • J’ai du mal à garder les yeux ouverts. C’est normal, je rêve tout debout (voir ci-dessus…)
  • L’homme à la belle voix récapitule l’historique de mon passage à la SS (La sécu !!!)
  • Maintenant c’est informatisé, alors il recopie l’épisode hilarant de mon épaule merdique, de juillet 1996 à mars 1998
  • J’ai toujours du mal à garder les yeux ouverts
  • Il me demande de « préciser » ma dépression
  • Question à ne jamais poser à un dépressif : « que se passe-t-il ? ». Ca ouvre les vannes. On ne sait pas où elles sont placées, mais elles existent…
  • Les vannes sont ouvertes.
  • Je ne pleure pas, je fais tsunami.
  • Le médecin conseil n’a pas de kleenex sur son bureau
  • Psy chérie en a ELLE ! (5 paquets d’avance, au moins…)
  • Je le lui signale gentiment parce que là, le serial killer qui sommeille en moi, est en catalepsie avancée, façon vampire déjà mort mais toujours vivant.
  • Je cherche mes kleenex dans mon sac, éjectant au passage mon portefeuille qu’il rattrape de justesse sans se le prendre dans l’oeil (j’admire) et qu’il me redonne.
  • Maintenant je ne peux plus respirer, c’est malin !
  • Cet innocent continue et me demande si je pense à la mort (en fait il veut savoir si j’ai des idées suicidaires, mais il le précisera trop tard)
  • Je lui précise que oui, je lui décris la pierre tombale idéale, la pyramide qu’il faudra faire construire dans le petit bois de maman.
  • Le mot pyramide semble le consterner.
  • L’idée que je veuille me faire couler dans de la résine pour rester intacte aussi…
  • Ai-je songé à faire conserver mon corps autrement, vu les techniques existantes ?
  • Evidemment ! L’idée de me faire bouffer par des asticots me répugne.
  • Dois-je lui préciser ce que je pense des asticots et de la putréfaction ?
  • Non ce n’est pas la peine, il en pense la même chose que moi.
  • Je vois le mot « incinération » apparaître au dessus de sa tête.
  • Je lui précise que l’incinération, je suis contre. Il ne manquerait plus que je ne sois pas morte et qu’on me brûle vive.
  • Je ne veux pas mourir vivante.
  • Je veux être conservée.
  • Mais pas dans du formol.
  • Il semble dubitatif, je sens qu’il hésite tout à coup. Entre toutes les options son coeur balance.
  • Ce soir, il va revoir sa convention obsèques.
  • Mes filles ont-elles réellement l’intention d’aller s’installer au Texas et en Australie ?
  • Respirez madame ! Il vous reste des kleenex ?
  • Ma secrétaire en a, ne bougez pas.
  • Il insiste. Il reste médecin avant tout, je me sens émuuuuuuueeeee ! Car j’imaginais le concombre masqué comme un méchant croquemitaine… (en fait c’est l’autre qui l’est, paraît-il…)
  • Après la mort, le racontez moi ce que vos salauds de patron vous ont fait (là nous avons été d’accord : il les épinglerait bien s’il en avait le pouvoir, éventuellement je peux lui refiler leurs scalps si cela devient légal…)
  • Ai-je envisager de me suicider en me scalpant ?
  • Ca ne va pas la tête, je tiens à mes trois poils sur le crâne.
  • Ca s’appelle des cheveux, et il en voit plus de trois…
  • Racontez moi vos déambulations nocturnes etc etc…
  • Après les cotes pétées et le ventre ouvert, il m’a répondu que cela lui allait bien et qu’il n’allait SURTOUT pas me refuser une prise en charge à 100 %
  • Surtout pas !
  • Si je suis toujours en arrêt maladie dans un an, il me reverra éventuellement.
  • Parce que peut-être il faudra envisager une invalidité (évidemment ce n’est pas la même caisse).
  • Au mot « invalide », je me transforme en résidus de méduse explosée par un micro ondes à fuites.
  • Il s’en veut, je le sens bien. Mais je m’en fous. Comme je déprime, je ne vois pas pourquoi les autres n’en feraient pas autant.
  • Je ne suis paaaaas invaliiiiiiiide !
  • Non, il a dit ça comme ça, mais il ne le pensait pas !
  • En fait l’arrêt de travail peut se prolonger 3 ans
  • Après on verra
  • Oui après… Quand il aura pris sa retraite et que son remplaçant me recevra.

Il avait les yeux humides et les mains qui tremblaient en me raccompagnant vers la sortie, après avoir validé les deux protocoles (parce que dès le début je lui avais refilé celui d’Acromion, avant les questions qui fâchent) à grands coups de tampons et signatures qu’il a dû doubler pour plus de sécurité, et d’une voix changée, il a appelé le candidat suivant, qui d’ailleurs était une candidate. Avec béquilles, plâtre, et yeux rouges (le pauvre !)

Arrivée en sanglotant à ma voiture, je me suis trouvé le nez rouge et je me suis demandé ce qui avait pu me mettre dans un état pareil.

Cet homme était charmant. Et en plus, il avait une belle voix, rassurante et tout et tout…

Un peu la voix de Jean Ferrat.

Apaisante…

Et puis il était plutôt pas mal dans sa cinquantaine ayant ricané quand je lui avais précisé « pour du boulot, 52 ans c’est VIEUX ! ON nous traite comme des VIEUX ! » en me précisant pour me faire sortir de mes kleenex « merci bien, j’ai 2 ans de plus que vous ! »

Par contre pour un plan drague, c’était loupé de ma part. A mon avis s’il me croise un jour par hasard, il se glissera dans la bouche d’égout la plus proche, avec souplesse, élégance, et diabolique habileté…

J’espère qu’il aura survécu et n’aura pas mis fin à ses jours le soir même…

La vie n’est qu’un long calvaire… Hein Docteur ???

Entretien avec le médecin conseil… (part 2)

57260585Munie d’une copie du protocole rempli par psy chérie qu’elle doit poster elle-même, je prends rendez vous avec Acromion pour un contrôle de routine (tension, etc… tout étant contenu dans le ETC… !).

Dans le ETC, il y a en effet le fait qu’il doit immédiatement et sous mes yeux zéblouis, remplir SON protocole à lui, en accord avec celui de psy chérie. D’ailleurs, je suis formelle : je posterai le protocole moi-même, à l’adresse indiquée par une charmante dame de la SS (la Sécu !!!) qui m’a déclaré qu’Acromion n’a rien envoyé du tout, ou alors à la mauvaise adresse.

Quand c’est la mauvaise adresse, ça se perd. Incroyable au 21ème siècle qu’un papier puisse s’égarer entre Plaisir et Rambouillet… Mais c’est l’administration. MOI, j’ai la bonne adresse…

Acromion me laisse en pâture avec sa nouvelle interne qui passe son temps à aller vérifier sur un site médical, la différence entre le sous-épineux, le sus-épineux, les carpiens ou la prostate, ce qui ne me laisse pas une bonne impression.

Parce que lui, pendant ce temps là, il remplit la paperasse, ayant bien compris que s’il ne le fait pas, je m’étends sur son paillasson en attendant la mort entamant une grève de la faim, ce qui va faire désordre vis à vis des autres patients.

Je n’ai rien contre les internes, mais normalement Acromion assiste à la consultation et oriente. Sauf pour ses deux internes d’avant, déjà bien rodés, qui n’avaient aucune hésitation. C’est d’ailleurs l’un d’eux qui a fait hospitaliser Jean Poirotte illico presto subito en 2009, lui sauvant probablement la vie. Eux se mettaient à leur compte 6 mois plus tard, elle, ne me cache pas qu’elle en a encore pour 2 ans…

Acromion me donne le protocole bien complété, car j’ai exigé de l’envoyer moi-même, et me prend la tension vu que d’après son interne, je n’ai pas d’artère dans le bras droit…

Il est formel : j’en ai une, sinon il l’eût signalé à un journal très prisé par les médecins, et lui fait voir comment faire quand on a affaire à une emmerdeuse dont l’artère du bras droit se manifeste très discrètement

Le tout fait que rentrant chez moi, j’hésite à aller me faire scannériser l’intégralité de mon squelette pour une épaule qui merde… L’interne n’a vu que cela pour me se rassurer… Au cazou ma douleur à l’épaule droite vienne d’un déplacement de la rotule gauche (faut suivre).

M’en fous, j’ai mon protocole…

Mais la vie n’est qu’un long calvaire…

Entretien avec le médecin conseil… (part 1)

medecin-desespere-1En dépression (en décembre 2009 j’ai craqué, papa à l’hôpital ayant été la baignoire qui a fait déborder la piscine) et arrêt de travail depuis la date mentionnée sus avant, (entre parenthèses), je m’attendais à une convocation du médecin conseil de la SS (LA SECU !!!) depuis février 2010.

Que nenni, mon cas ne semblait pas l’intéresser outre mesure, les arrêts émanant d’un centre spécialisé. Avec un médecin de ville, parait-îl que le médecin conseil se manifeste plus tôt.

En plus du reste (la vie n’est qu’un long calvaiiiiiiiiire !) je souffre de troubles du sommeil de plus en plus graves, avec comme on le dit pudiquement dans le jargon médical « insomnies à répétition avec déambulations nocturnes en phase de sommeil profond, et mise en danger« .

  • Vous n’êtes pas aveugle, vous êtes non voyant
  • Vous n’êtes pas sourd, vous êtes non entendant
  • Vous n’êtes pas paralysée, vous êtes empêché moteur.
  • Vous n’êtes pas somnambule mais vous déambulez en phase de sommeil profond, en vous mettant en danger parce que vous vous pétez la gueule un peu n’importe où en croyant être ailleurs sans vous souvenir de ce qu’il s’est passé au réveil, c’est le principe du somnambulisme
  • Mise en danger il y a eu, puisque je me suis crouté le visage 3 fois, pété des côtes 3 fois (et ça fait maaaaal pendant 3 mois minimum), ouvert le ventre 1 fois, sans parler des fois où, sans me mettre en danger, j’ai flanqué mes chaussons dans le congélateur déménagé mon lit dans ma chambre, c’était devenu sans fin.

Ce retour du somnambulisme qui a rythmé mon enfance, a eu lieu la nuit même suivant mon avis de licenciement de chez Truchon (premier croutage, je m’étais carrément ruiné la partie droite du visage sur la moquette), pour s’incruster de manière grave après mon départ de chez Trucmuche.

La psy s’étant retrouvée impuissante face à cet état de fait, m’a adressée à un centre spécialisé dans les troubles du sommeil fort heureusement gratuit. Au départ on fait un bilan du sommeil au cours de votre vie (5 séances) puis, il faut passer par des examens coûteux…

  • Un scanner cérébral (à tous les coups j’ai un cancer du cerveau en phase terminale)
  • Une nuit ou deux en observation à l’hôpital (ça fait rêver, il y a des infirmières qui tuent, je l’ai lu dans un livre de Robin Cook…)
  • Une prise de sang à faire, que si vous dépliez l’ordonnance, elle arrive chez les voisins du dessous… Bien coûteuse également l’ordonnance, Acromion l’ayant estimé à 600 Euros. Judas a vendu le Christ pour moins que ça.

Si l’on ne parle pas de ma phobie récente des prises de sang car là, on va m’en pomper la moitié (au moins), ou de ma claustrophobie chronique qui va faire que je vais convulser forcément en passant mon scanner après avoir demandé si mes deux plombages n’allaient par ruiner l’appareil (vague espoir) et qu’on va me répondre que non, il y a le ticket modérateur qui reste à ma charge, car je n’ai pas de mutuelle.

Là c’est le banquier qui convulse sauf que les banquiers eux, se remettent toujours…

(Ceci pour des examens à ne pas renouveler par la suite, le traitement de base post résultats, ne risquant pas de mettre la SS (la Sécu !) sur la paille…)

Un petit changement de traitement a pour l’instant éradiqué les crises de déambulation nocturnes rigolotes au cours de la nuit, moments où je serais parait-îl capable de sortir de chez moi et conduire ma voiture !(!). Cela s’est vu. (J’imagine la tronche des flics réveillant le conducteur…)

Depuis que je sais que c’est possible, je dors correctement vêtue, on n’est jamais trop prudente…

Mais bon, il me fallait passer ces examens, rien n’étant possible sans leurs résultats.

Et donc, le temps passant, Acromion s’est décidé en juin 2010 à demander une prise en charge à 100 % pour dépression et troubles du sommeil aggravés dont je vous passe les détails complets.

Sauf que je ne sais pas ce qu’il a fait, enfin si, je sais, il a rêvé qu’il avait envoyé le protocole à la SS (la Sécu !) sans déambuler nocturnement, et que donc, forcément, la SS n’a rien reçu. Parce qu’Acromion LUI, il dort normalement la nuit… (sauf qu’il rêve de trucs qu’il n’a pas faits, mais que c’était tellement plausible, qu’il y croit dur comme fer).

Acromion avec la paperasse, c’est comme moi avec l’anglais. Ca fait 5…

L’autre médecin, non référent, s’est décidé à faire une demande de 100 %, mais qui ne pourrait être valable que 6 mois une fois acceptée, et non renouvelable.

Il revenait à Acromion de remplir le même protocole, qui là, une fois accepté, serait valable à vie.

Comme cela, quand je serai dans une maison de retraite où les filles ne viendront jamais me voir, vu qu’elles seront, une au Texas, et l’autre en Australie (une image que j’avais de ma fin de vie quand Albert m’a quittée), tout le monde saura qu’il est normal que je déambule dans les couloirs en violant des vieux messieurs au passage. Ce qui est ballot, c’est que je n’en aurai aucun souvenir, mais au moins, j’aurai le protocole accepté pour être correctement traitée…

Et c’est là que cela devient drôle…

Sauf ceux dont j’allais transformer la vie en long calvaire (y’a pas de raison !)