L'homme est malade, épisode 3 (réédition)

L_homme_malade__pisode_3_53272230Charles Albert :

Celui là est un cas à part. Il ne nie pas l’existence des maladies ou l’hypothèse qu’il puisse en être atteint. Simplement il les sélectionne.

Celui d’avant était certain que les microbes ne le choisiraient pas, là, c’est le contraire.

Il a été marqué par un décès quelconque et en a déduit qu’on ne pouvait mourir que d’un truc particulier : du coeur, du foie, de l’intestin, des poumons, mais pas d’autres chose et c’est comme ça !

Monsieur toujours en retard était comme ça. Le genre qui se préoccupe uniquement de son coeur, en oubliant qu’une toux persistante peut dissimuler quelque chose de grave : dans sa famille on ne meurt que de crises cardiaques variées certes, mais uniquement d’un coeur défaillant.

Par contre si son oncle Albert est décédé d’une septicémie il aura peur des microbes et boira les antibiotiques à la bouteille en réclamant du surplus, mais ne pensera ni à son coeur ni à ses tripes. Il sera donc accro aux antibiotiques ravageurs d’infections, mais niera que se cyanoser après l’effort est anormal et n’ira jamais voir un cardiologue (sauf si les présentations ont lieu alors qu’il est sur un brancard).

L’obsédé de l’insuffisance rénale contemple plusieurs fois par jour ses urines (il ne pisse que dans un verre), à la lumière, à la grande surprise de ses collègues de bureau, mais ne s’occupera jamais du reste…

C’est donc l’homme qui trie les maladies : celles qu’il a peur d’avoir et contre  lesquelles il tente de lutter, et celles qu’il n’aura jamais, parce que. De toutes manières il n’en a jamais entendu parler (des autres maladies) et ne sait toujours pas à près de 50 ans, qu’il y a mille et une façon de mourir.

J’ai une amie qui a ainsi perdu son petit ami qui faisait du cardio training et autre, parce que son père était mort d’un infarctus grave à 45 ans et qu’à-lui-ça-n’arriverait-pas, il soignait son coeur. Et lui est mort tout bêtement d’une pneumonie aggravée qu’il voulait ignorer, parce que la seule chose qui pouvait clocher chez lui, c’était le coeur. Mais quand il est arrivé à l’hôpital c’était trop tard (lui aussi cultivait un streptochose, rapport à son mépris des microbes, et qui a résisté à tout).

Lui acheter l’encyclopédie médicale en 15 volumes ne sert à rien qu’à nous flanquer de l’urticaire parce qu’on a tout (nous). Il n’a pas de rate, pas de foie, pas de… C’est U-SANT, surtout quand il boit ses antibiotiques à la bouteilles pour un vague rhume. Il change de médecin tout le temps, car celui qui ne lui soigne pas ce qu’il veut n’est qu’un âne. Le top du top de l’âne étant le médecin qui s’inquiète d’un drôle de bruit niveau coeur, alors que justement il s’abrite de l’accident cardiaque depuis ses 20 ans. Alors là c’est la désertion immédiate, et la reprise du cardio training sans contrôle…

Faire comme si de rien n’était (pas le choix, 8 médecins s’y sont usés)… Mais lui faire faire un testament vite fait, on n’est jamais trop prudente…

Réédition du 2 octobre 2006

2 réponses sur “L'homme est malade, épisode 3 (réédition)”

  1. Mon Pépé était comme ça! Il était convaincu qu’il avait le coeur fragile et qu’il allait mourir de ça (son cardiologue lui disait qu’il avait un coeur en parfait état pour son âge, il s’est fait traiter de con. Farpaitement). Bon, dans son cas, ça avait au moins un avantage: comme il avait peur de prendre du poids (mauvais pour le coeur, l’obésité) même s’il était taillé dans une allumette, il était imbattable pour tout ce qui est diététique et équilibre alimentaire.

    1. Dans certains cas, cela peut être un avantage. Mais les rares exemples que j’ai connu, qui se concentraient uniquement sur UN problème potentiel (et même généralement totalement imaginaire) étaient plus que gonflants !

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