Albert ET sa voiture

Petite_voitureAlbert, mon premier mari, aimait bien les voitures.

Cela n’a rien d’extraordinaire en soi me direz-vous, les hommes aiment généralement les voitures, surtout les bien belles, les bien chères, qui peuvent montrer à quel point ils sont des mecs bien.

Certaines femmes aiment aussi les voitures. Ce n’est pas mon cas, pour moi une viture n’est qu’un tas de ferraille dans lequel on risque sa vie, et qui me permet d’aller d’un point « A » à un point « B » (sans forcément passer par la ligne droite).

Albert donc adorait les voitures. Il avait une curieuse marotte d’ailleurs, les concernant (et dieu sait qu’il y en a eu, car à une certaine époque il avait les moyens).

Il voulait absolument savoir combien exactement le réservoir d’essence contenait, ceci au litre près. Il étudiait donc la notice allant avec la voiture, notait scrupuleusement dans sa mémoire le contenu annoncé du réservoir, et s’empressait d’aller vérifier. Je suppose qu’en cas d’erreur de notice il rentrait dans ses intentions d’alerter une union de consommateurs. Ch’j’sais pô.

Pour se faire, les garagistes ces crétins, la lui donnant (les derniers temps, vu le prix) avec un plein, il nous fallait rouler jusqu’à ce que la réserve soit bien entamée. Là je descendais de la voiture avec Pulchérie et Delphine, et lui signifiait qu’il continuerait tout seul, car j’avais déjà vécu le cérémonial diabolique (je ferai un post sur le cérémonial diabolique en règle générale).

Albert avec la jauge à zéro et le rouge allumé allait donc tourner autour d’une station service à la sortie de Rambouillet. C’est le pompiste qui devait être surpris de voir une mercédes (ou autres) lui rôder autour pendant un bout de temps (la réserve sur les mercédès s’allume quand on a encore de la marge). Et hop un petit coup de rond-point à proximité du garage, et hop un tour de station service… Il lui fallait en effet tomber en panne sèche (d’où la proximité immédiate de la station service, car, comme je l’abandonnais lâchement, il devait pousser sa voiture tout seul).

Enfin un hoquet signifiait que la voiture avait tout digéré. Curieusement elle choisissait toujours d’éructer en plein milieu du rond-point, au moment d’une arrivée massive de véhicules.

Albert poussait donc la voiture, avec un pauvre malheureux ignorant qu’Albert l’avait fait exprès, et là allait pouvoir faire son plein, et savoir enfin combien contenait le réservoir (sinon il n’aurait pas pu dormir, l’idée le taraudant depuis la réception du véhicule).

Le pompiste après s’être assuré je suppose, qu’il était correctement armé contre les fous, servait Albert qui précisait « ras bord s’il vous plaît ». Donc le pompiste finissait toujours, devant les instances pressantes d’Albert, par en rajouter, en rajouter, de trop. Cela giclait toujours sur les pompes d’Albert qui se demandait à combien de centilitres il devait évaluer la ruine de ses godasses neuves.

Et il rentrait à la maison tout content : le réservoir faisait 5 litres de plus que promis sur la notice. Je souriais bêtement. Que voulez vous, il faut bien les laisser faire joujou de temps à autres….

Réédition du 21 juillet 2006

24 réponses sur “Albert ET sa voiture”

  1. Entièrement d’accord pour ta définition de la voiture, c’est ce que je dis chaque fois que je mets les fesses dedans : un tas de ferraille tout juste bon à m’amener où j’ai besoin d’aller… :-))

  2. J’avoue qu’Albert me laisse un peu pantoise sur ce coup là… Mais il ne le faisait qu’une seule fois, il ne vérifiait pas à chaque plein quand même?

  3. Vi, bien d’accord sur la définition de la voiture, que je partage également ! Ceci dit, si le tas de ferraille peut être un poil confortable pour aller du point A au point B, ça m’arrange quand même…

    J’ai un peu le même point de vue sur les téléphones portables : un truc qui permet essentiellement de téléphoner et de recevoir des appels, point. J’ai fini par opter pour un modèle qui fait plein de trucs en plus, vu que ça devient difficile d’avoir un téléphone vraiment basique, mais c’est du gâchis vu que je ne me sers que de la fonction téléphone et envoi de SMS, le reste je m’en fous… Je me rappellerais toujours la tête du vendeur de téléphones qui me faisait l’article pour un truc hyper sophistiqué, quand ça a commencé à être la mode : rapidement exaspérée par cette liste à la Prévert de toutes les fonctions « trop géniales-indispensables-vous me remercierez » du bidule cellulaire, j’avais fini par lui demander avec beaucoup de sérieux si le bidule en question faisait aussi tourniquette à double-hélice télescopique bio-ionique ou pas, parce que sinon, franchement je n’étais pas intéressée. Il m’a fixé quelques instants de son oeil vitreux (le vendeur de mobiles est quand même un cran en dessous le vendeur de bagnoles dans l’échelle de l’évolution, je trouve…) et face à son expression déroutée et vaguement soupçonneuse (« elle se paierait pas un peu ma poire la tite dame, là ? » Si mon brave, elle se la paye, effectivement…), j’ai fini par lui glisser en souriant que je voulais : « un téléphone qui téléphone, et c’est marre ». Très vexé, il m’a tendu sèchement la boîte du modèle sur lequel j’avais arrêté mon choix depuis belle lurette et toute son attitude hurlait de mépris silencieux, mais difficilement contenu, devant tant de dédain pour la belle technologie multi-fonctions qu’il m’offrait (à prix d’or, cela va de soi) avec toute sa belle énergie de nouveau converti… Mouarf…

    1. Pour le téléphone je suis pareille : il faut que je puisse :
      Appeler
      Recevoir des appels
      Eventuellement des textos
      Et puis basta !
      Bientôt il faudra qu’ils fassent cafetière et aspirateur…

  4. D’accord avec toi un tas de ferraille qui ne sert qu’à aller du point A au B, rien de plus ! Après tant qu’il ne le fessait qu’une fois, que cela lui faisait plaisir et que c’était pas plus dérangeant que cela, pas de problème, même si c’est assez spécial il faut l’avouer ! ^^

    1. Cela lui faisait plaisir, mais c’était usant à l’époque où il changeait tout le temps de voiture !
      Et ce genre d’obsessions, c’est vraiment révélateur d’un curieux caractère !

  5. D’accord avec le tas de ferraille, mais si le dit tas de ferraille a les essuie-glaces, les phares et le chauffage qui fonctionne, je peux te dire qu’en plein hiver dans une tempête de neige, ce n’est pas du luxe ! Et j’ai la chance d’avoir un mari qui se f… d’avoir une voiture qui ait de la g…, et ça depuis toujours.

    1. Tas de ferraille, tout de même…
      Utile certes, mais bon, pas de quoi en faire tout un poême (pour moi…)
      Qu’il fonctionne correctement est la moindre des choses…

  6. C’est « amusant » finalement les hommes, décidément ils ne fonctionnent pas comme nous…………….constat désabusé
    Tout à fait d’accord avec toi :
    Voiture = danger (expérience de choc frontal avec voiture conduite par…… un homme qui envoyait des sms) et effectivement se déplacer du point A vers le point B dans les meilleures conditions possible.

    1. J’ai eu une copine totalement obsédée par sa voiture.
      Moralité : son mari et ses deux enfants roulaient dans une véritable poubelle, chacun se foutant bien pas mal d’avoir une voiture dégueu, ayant assez récuré celle de la maniaque !

  7. Ah que je rigole un peu….
    J’ai un mari qui cultive la panne sèche, sur toutes les voitures qui lui passent entre les mains….
    Sa gloire est de tomber en panne devant la maison « yes j’ai réussi à ramener la voiture! » (et comment fait-on pour aller chercher de l’essence, hein hein?) mais jamais il ne s’est soucié de la proximité d’une station essence, pfff!

    1. Albert et ses pannes d’essence…
      Jamais compris la fierté qu’il éprouvait lui aussi à tomber en panne juste devant la maison…
      Et de partir avec son bidon chercher de quoi finalement être obligé d’aller faire le plein !!!

  8. Moi je voudraisj sute savoir combien de km je peux faire une fois que ma voiture m’indique qu’elle passe en réseve (donc, que l’aiguille est à la limite du rouge).

    Parce que j’ai un tout petit réservoir, et que, l’essence étant moins chère au Luxembourg, je m’efforce de ne pas faire de plein en France ou en Belgique. Alors il m’arrive de frôler la panne… Mais à combien de cheveux?

    Sinon, j’avoue que quand mes parents m’ont proposé de prendre la voiture A (de ma soeur) ou la B (de mon beau-père), j’ai réagi en vraie fifille (ou en homme, selon le point de vue): « Je veux celle-là, elle est trop trop jolie. »
    Tant pis si elle consomme plus… Le coeur a ses raisons, et cette petite voiture-là, j’avais eu le coup de foudre pour elle au premier regard.

  9. PTDR… Je vois le mari de ma cousine. A chaque fois qu’on le voit il faut qu’il nous parle de la consommation de sa voiture, ensuite il nous demande « et la tienne elle fait combien au cent? » Mais nous on n’en sait rien, on s’en moque, on est comme toi, on veut juste que la voiture nous amène de chez nous à chez lui et puis c’est tout.

    En plus notre cher M… pousse le vice à vérifier combien il consomme à telle vitesse ou en montée de côte ou en descente de côte. Ma cousine devait noter des trucs dans un carnet à chaque fois qu’elle prenait la voiture. Je n’ai pas compris comment il faisait ses calculs.

    Il fait ça aussi avec sa moto, et sa tronçonneuse (pas en côte hihihi), j’allais oublier sa tondeuse à gazon… un malade je vous dis.

  10. J’avais oublié de dire que je suis comme Muriel, je veux un téléphone qui téléphone tout simplement et surtout qui ait des touches de taille correcte que je puisse utiliser mes doigts que je ne risque pas de perdre en route (mon mari doit utiliser un trucmuche pour ne pas toucher la touche à côté LOL et l’a déjà perdu dans le train en faisant je ne sais pas quoi, j’aurais voulu le voir à 4 pattes bousculant tout le monde – à Paris à 18 00 il y en a du monde dans le train – essayant vainement de retrouver son stick ou quoi que ça s’appelle). Je me fais traiter d’arriérée, comme quoi il faut vivre avec son temps??? tant pis.

    Résistance

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