Le genou de Jean-Poirotte (chapitre 3)

genouLe lendemain du curry d’agneau, Jean-Poirotte ne gambadait plus spécialement, mais il a fait comme si que…

Pendant ce temps là, j’emmenais sadiquement ma mère à la plage où elle s’est même baignée, car l’eau était délicieuse.

Le vendredi matin, papa s’avachit sans grâce sur le canapé, incapable de se mouvoir, et demandant à sa femme de faire revenir le médecin dare dare et un prêtre avec pour lui administrer l’extrême onction.

Le médecin  nous appela le soir vers 20 H pour nous dire qu’il comptait mettre le prélèvement à venir en culture, et que donc il était trop tard, et qu’il viendrait le lendemain matin.

Je le sentais mal ce coup là, mais j’ai gardé mes réflexions pour moi, car généralement on me demande de le faire (les garder pour moi), avant de me dire quelques jours plus tard que j’aurais mieux fait de l’ouvrir au lieu de la fermer.

Je suis habituée à ce que mes intuitions laissent tout le monde de marbre (sauf moi et Delphine) et je me suis contentée d’assister mes parents comme je le pouvais.

Immobilisé sur son canapé, le pied par terre, le genou droit gonflé et la jambe entière avec, Jean-Poirotte n’était même plus bon à terrasser les mots croisés de la mort qui tue ou de lire, et c’était mauvais signe.

Le moindre truc anodin de la vie courante, était exclu :

  • Aller aux toilettes : impossible, pisser dans un bocal étant le seul truc possible (plus facile pour un homme que pour une femme, mais bon…).
  • Manger : ne pas y songer : pas faim, trop mal
  • Dormir : trop mal…

Le samedi dès l’aube (8 H 30) le médecin se pointa et effectua un prélèvement qui là, se révéla purulent. Pour lui, il y avait quelque chose de louche (un champignon ?) et Mrs Bibelot et moi partîmes pour le labo déposer flacon et éprouvettes pour cultures.

Devant l’affolement de maman j’avais décidé de prendre les choses en main, et au passage les clefs de la voiture, parce que quand elle est perturbée j’ai peur elle est capable de franchir le terre plein central en se demandant ce qu’il se passe, voire même d’écraser un flic sans s’en rendre compte.

Papa préférait que je conduise, et elle n’émit aucune objection.

Le dimanche, Jean-Poirotte souffrait tellement et nous nous sentions tellement impuissantes, que le médecin de garde se radina vite fait.

Devant l’état de la jambe, la souffrance de papa, et l’état également, des urgences un dimanche où il risquait de poireauter pendant des heures, il préconisa un maintien à domicile jusqu’au lendemain, avec :

  • Antalgiques à hautes doses (effectivement, mais nous le saurons un peu tard)
  • Piqûre contre une phlébite éventuelle que Mrs Bibelot maîtrise bien (le tir à l’arc en gros, on dirait même qu’elle adore, ma mère doit avoir un côté sadique)
  • Antibiotiques préventifs.

C’était donc le dimanche, et une seule pharmacie de garde était disponible : à près de 25 km de là.

Nous sommes donc parties, Mrs Bibelot tenant un plan et les ordonnances, et moi au volant, chercher ce qu’il fallait pour sauver notre mari et père de la douleur et du pire.

Je ne savais pas encore que j’allais commencer à dire que je l’aurai bien mérité ma place au Sénat.

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

PS : pour ceux qui s’indigneraient, si j’en parle aisément, c’est que la chose est en train de se résoudre, sinon je n’aurais pas le coeur…

Le genou de Jean-Poirotte (chapitre deux avec une digression)

curry-dagneauDonc le mardi, Jean-Poirotte trottait comme un lapin, ou ce que vous voulez d’ailleurs, il s’en fichait, et nous avec, pourvu que cela trotte, gambade, etc…

Le mercredi cela pouvait encore aller et le soir, l’homme de l’art et son épouse devaient venir dîner, donc, il y avait eu débat acharné concernant le menu, ce qui prouvait que mon père allait nettement mieux.

La femme de l’art trancha en préférant un curry d’agneau à des rognons sauce madère, et j’ai eu droit à l’éternelle histoire de mes parents en cuisine… (courage, fuyons…)

Tout était acheté, mais ce n’est pas le tout, vers 17 H, cela urgeait… (au cas où qu’on crève de faim, le ragout n’étant pas cuit, ce qui n’est jamais arrivé, à ma connaissance, mais on n’est jamais trop prudent…).

Dans ces cas là, je reste dans mon coin, je ne pipe mot. J’avais d’ailleurs un Fred Vargas à terminer donc, tous les alibis possibles pour échapper à la chose : la préparation du curry d’agneau. Comptez environ 5 minutes entre chaque réplique :

  • Bibelot ? Comment tu fais pour ton curry d’agneau ?
  • Laisse, je vais m’en occuper… (Mrs Bibelot plongée dans ses sudokus)
  • Pour l’agneau tu fais comment ?
  • Je le fais dorer à la cocotte mais laisse, je vais le faire…
  • Tu mets de l’oignon ou pas ?
  • Oui, mais quand la viande est quasi dorée, mais je vais le faire.
  • Et quand l’oignon et l’agneau sont grillés tu fais quoi ?
  • Je farine, mais je vais le faire…
  • Et quand c’est fariné tu fais quoi ?
  • Je rajoute du bouillon de volaille ou de boeuf, mais je vais le faire…
  • Et après ?
  • Bah, je rajoute le curry et je laisse mijoter à feu doux, mais je vais le faire…
  • Et de l’ail tu en mets ou pas ?
  • Eventuellement… Je vais le faire si tu t’occupes de l’ail…
  • Et tu laisses mijoter combien de temps ?
  • Un bon moment, mais je vais le faire je te dis !!!

Sudokus terminés. Mrs Bibelot se lève pour préparer SON ragout.

  • Ah mais tu as tout fait ? Je t’avais dit que j’allais m’en occuper !!!!
  • Oh quel caractère, tu devrais être contente !
  • Non, quand je dis que je m’en occupe, c’est que je m’en occupe.
  • Trop tard…

Alors là, rendons justice à mon père. Comme maman perd son audition de jour en jour depuis 3 ans, refuse de l’admettre et fait chier tout le monde à faire répéter tout le temps, il profite vicieusement de cette perte d’audition pour faire ce qui lui chante, vu qu’elle n’entend rien de ce qu’il fourbanse dans la cuisine.

Il aurait tort de se priver.

J’en fais autant…

(Le curry d’agneau était délicieux, mais bon, je pense que la prochaine fois, elle mettra la viande sous clefs…)

La vie n’est qu’un long calvaire…

Le genou de Jean-Poirotte (chapitre UN *)

genouAvant toutes autres choses, il me faut vous préciser quelques autres petites choses…

Jean-Poirotte s’est illustré, outre son coeur et tout et tout depuis des années, en 2011, avec ses genoux (un genou mou, des genouxes mouxes).

Pour se faire, il a choisi la période de son anniversaire, en mars. Un beau matin il ne pouvait plus mettre les deux pieds par terre tellement il souffrait des genoux. Et sans genoux, vous essayerez de marcher…

Rien de vital me direz-vous et nous sommes nous dit, mais le fait était là, il fallait bien faire quelque chose autre que de lui dire « lève toi et marche », et le SAMU nous a envoyé une ambulance restreinte (pas de réanimation en vue) pour l’envoyer à l’hôpital.

Nous avons poireauté 3 5 H aux urgences avec Mrs Bibelot, pour apprendre que la mauvaise nouvelle était qu’il était normal qu’il souffre (chondrocalcinose), mais que la bonne était que cela se soignait. Il n’empêche qu’il a passé son anniversaire à l’hôpital et que ce n’était pas la première fois. A mon avis, c’était juste la troisième fois, mais si vous interrogez la famille, tout le monde, de bonne foi, vous dira que Jean Poirotte a passé ses 15 derniers anniversaires à l’hôpital.

Bref, une culture de liquide ponctionné avait été mise en route, il fallait attendre les résultats, RAS, et papa est sorti deux jours après son anniversaire, en gambadant comme un lapin marchant à peu près normalement, et en ingurgitant des médicaments qui lui coupaient l’appétit.

Il n’empêche qu’il souffrait toujours des genoux et qu’une rhumato lui a enfilé des infiltrations d’acide hyaluronique en lui promettant qu’après ils seraient comme neufs (les genoux), et comme cela n’était pas vrai, elle lui avait recollé des infiltrations tout court en se demandant sans doute comment se débarrasser d’un patient aussi chiant…

Donc le jour du départ, papa avait tenu à conduire un bon moment, avant de me refiler le volant, Mrs Bibelot enfin réduite au silence cramponnée à la poignée à l’arrière. On s’en fout quand elle est à l’arrière, on ne la voit pas…

J’ai fait la dernière partie du chemin, la plus chiante et la plus longue. Non sans avoir demandé le volant à plusieurs reprises dès le départ, car quand je ne conduis pas, j’ai peur, je m’emmerde et je ne supporte pas de voir ma mère cramponnée à sa poignée à l’avant. Comme je l’ai en ligne de mire, c’est pénible à voir, même si j’adore ma mère.

L’arrivée fut joyeuse, l’homme de l’art et sa femme nous attendaient, et tout semblait bien parti pour de bonnes vacances.

Le dimanche papa boitait bas et me fit part de son regret de ne pas m’avoir laissée conduire pendant tout le chemin. Il fallait qu’il souffre pour me déclarer cela, lui qui cède à regret le volant de SA voiture. Il incriminait une douleur très violente dans le genou droit, au fait qu’il avait écrasé l’accélérateur avec, et prédisait déjà qu’au retour, je conduirais de A à Z.

Le lundi il n’allait guère mieux, un genre de bosse souple lui ayant poussé sur le côté du genou (un champignon ?), que l’on avait envie de crever d’un coup d’épingle, et Mrs Bibelot appela un médecin conseillé par l’homme de l’art, pour une visite à domicile, Jean-Poirotte étant dans l’incapacité totale de descendre les escaliers menant au parking pour aller visiter la Faculté tout seul comme un grand, (même si je conduisais pour après la descente, ce qui lui aurait fait une belle jambe, c’est vraiment le cas de le dire…)

Le médecin se déclara débordé et débarqua de ce fait à 21 H 30.

D’un seul regard, il diagnostiqua une chondrocalcinose. C’était de sa partie vraiment parce qu’il est avant tout médecin du sport etc… Il avait amené tout ce qu’il fallait et procéda par ordre :

  • Désinfection
  • Désinfection
  • Désinfection
  • Ponction du liquide faisant bosse : environ 1/4 de litre. Liquide clair et typique d’après lui de la pathologie,
  • Puis, injection d’une infiltration classique
  • Puis déclaration de la somme à payer avec rédaction d’une ordonnance pour une éventuelle infiltration la semaine suivante, mais que ce ne serait sans doute pas la peine de la faire.

Le lendemain, Jean-Poirotte trottait comme un poulain fringant, tout content d’avoir été bien pris en charge.

Mais la vie n’est qu’un long calvaire…

* J’arrête de mettre des « part one or two » restons français (surtout que l’anglais et moi…)

Le retour 2011…

6222-000049De passage chez moi un peu en vitesse, je vous présente toutes mes confuses pour mon retard (genre le grand écrivain qui SE DOIT à ses lecteurs :-))

Donc, je suis bien rentrée, entière, mais mes vacances ne se sont pas exactement passées comme je l’aurais souhaité et mes parents avec moi.

Vous aurez donc l’honneur et l’avantage d’ici peu, de découvrir nos pérégrinations multiples via plusieurs articles (et il en faut) ainsi que l’ouverture d’une nouvelle rubrique :

  • Ah je l’aurai méritée ma place au Sénat *

Sinon pour les épisodes, ne vous inquiétez pas, j’ai de quoi faire et grosso modo, cela devra à peu près se présenter comme ça :

  • Le genou de Jean Poirotte (épisodes illimités pour l’instant, et avec son autorisation)
  • La pharmacie de garde
  • La dent de Mrs Bibelot
  • La sciatique de Mrs Bibelot
  • La circulation dans Montpellier
  • Les avantages des assistances que l’on paye et qui ne peuvent rien faire pour vous.
  • Comment prendre un patient pour un con
  • Le RETOUR ! (au moins l’ordinateur fonctionne au quart de poil, mieux que quand il était neuf, merci à nouveau à l’homme de l’art)

Je pense que vous saisissez l’ambiance, en gros…

La vie n’est qu’un long calvaire (et je l’aurai méritée ma place au Sénat*)

* Relire « le fils d’Astérix » avec le centurion transformé en nourrice, je ne me répèterai pas…

Des bizz tout de même…