Calamity Coraline…

fusil-copierJe me suis installée chez mes parents pour tenir compagnie à maman pendant ces jours pas rigolos. Depuis notre retour de la Grande Motte, je ne viens donc chez moi que pour ordinateurer, et relever mon courrier généralement affligeant car il n’y a que des factures ou des mots doux de la SS (la Sécu !!!).

Maman a peur toute seule, même si elle prétend que non, alors qu’en fait si. Je suis donc chargée de la sécurité de la maison et de vérifier 3 fois le soir si les portes sont toutes bien fermées.

Au passage je m’occupe également de la chaudière, de l’eau chaude, des pannes de télécommandes, du fonctionnement du lecteur DVD (je me gausse) et de tout un tas de bricoles revenant d’ordinaire à mon père comme le rechargement du téléphone portable à tous points de vue (crédit, courant), etc…

Mes parents dorment avec un fusil de chasse dans leur chambre. C’est le 24 de mon grand-père, avec lequel papa se sent en sécurité parce que justement il y a une sécurité + une histoire de chiens à laquelle je n’ai rien compris, parce que je n’ai toujours pas pris la peine de regarder le 24 dans le blanc des yeux, de peur de me tirer dans un à moi (de yeux).

Cette histoire de chiens sécurise encore plus le 24, c’est tout ce que je sais. Maman l’a mis dans l’armoire de sa chambre et se sent rassurée. Elle est bien la seule, car, j’ai fait l’expérience, comme elle est de plus en plus sourde (et refuse de l’admettre), il faudra qu’un malfaiteur la secoue quand elle dort, pour réaliser qu’il y a peut-être comme un problème. Et l’autre ne l’écoutera pas quand elle lui dira « excusez-moi, j’ai quelque chose à prendre dans l’armoire ».

On ne plaisante pas avec cela dans la famille, depuis que tante Hortense s’est réveillée en pleine nuit, avec 3 mecs au pied de son lit, qui n’ont pas hésité à tabasser une vieille dame de 85 ans pour lui faire dire où étaient ses bijoux.

Moralité, moi qui suis à l’étage avec toute mon ouïe que maman qualifie d’anormalement aigüe, je dors armée.

Enfin, c’est façon de parler.

J’ai débuté avec une canne de mon arrière grand-père qui si on sait la manier, peut faire très mal. C’est une canne épée, mais je ne me vois pas transpercer le corps de quelqu’un avec. Tirer, cela me dérangerait moins, c’est dans la tête que cela se passe.

Un fusil me rassure.

J’aime bien les armes, je dois avoir un mauvais fond.

Elevée dans une famille de chasseurs, j’adore les fusils, regarder dans les canons, le bruit que fait le fusil que l’on referme sèchement, bref, je ne suis pas sortable.

Sauf que là, dernièrement, des individus louches ont rodé dans le secteur. Maman a vérifié auprès de la mairie qui n’avait mandaté personne pour prendre des mesures de rue, de portail, etc, alors elle a pris encore plus peur.

Nous avons donc eu des conversations à ne pas mettre entre toutes les oreilles, sous peine de passer pour une famille de tueurs à gages ou de mafioso avérés, avec papa, mon frère, et maman.

  • Maman : cela me rassurerait que tu prennes un fusil également ma chérie. Vu que tu entends le chat monter l’escalier, tu entendrais quelqu’un défoncer une porte ou une vitre… (ce n’est pas vraiment un critère, ce chat se déplace avec toute la discrétion d’un troupeau d’éléphants obèses, il n’y a que maman qui ne l’entende jamais)
  • Moi : OK. Je ne sais pas où sont les cartouches mais un bon coup sur la tête, ça ne peut pas faire de mal (façon de parler)
  • Je me voyais donc déjà, en train de terrasser un salaud, en tenant le fusil par le canon et en l’assommant avec la crosse… Encore qu’un coup de canon ne puisse pas faire de mal non plus !
  • Papa apprenant la chose : tu dors avec un fusil dans la chambre rose ? (si c’était la chambre verte, cela ne poserait sans doute aucun problème). Il n’est pas chargé j’espère (répété 1000 fois quand nous étions enfants : ne jamais avoir une arme chargée dans une maison)
  • Moi : bien sûr que non. D’ailleurs je ne sais pas où sont les cartouches
  • Lui : dans le meuble de gauche dans le fond du couloir à droite, ne prends pas les chevrotines, ça tue raide (utile précision)
  • Moi : j’ai une tête à tuer quelqu’un ?
  • Lui : … oui… enfin, tu as une tête à ne pas te laisser faire… Je sais que tu es capable de tirer quoi…
  • Mon frère : tu as pris le 16, c’est ridicule, une des détentes ne marche pas (comme si j’allais tirer, et plusieurs fois en plus), prends le 12 plutôt (ce sont aussi des fusils de chasse, la seule chose qu’il manque dans cette baraque, ce sont des mines…)
  • Lui toujours : la sécurité c’est là, et de préférence, si quelqu’un est dans la cour, tire sur les pavés, ça rebondit en faisant mal, c’est mieux que de tuer quelqu’un. Tu fais une sommation d’usage, avant ou après, c’est à toi de voir…
  • Moi : je n’ai pas l’intention de tuer quelqu’un, je veux juste pouvoir faire peur pour nous défendre !
  • Lui encore : tiens, voici des cartouches pour le 12.

Moralité : je dors avec le fusil prêt à être chargé, juste à côté de mon lit, avec deux cartouches sur ma table de nuit. Je vérifie tous les matins qu’il se referme bien (le fusil) pour le ré-ouvrir le soir…

On ne sait jamais, dès fois qu’un malotru ait dans l’idée de s’en prendre à de faibles femmes

Vu que la vie n’est qu’un long calvaire…

PS : maman a remis la canne épée dans sa voiture. Dans le coffre, c’est plus sûr… On ne sait jamais, elle pourrait se blesser…

20 réponses sur “Calamity Coraline…”

  1. Sur la table de nuit, les cartouches? Mhhh si un malfaiteur arrive jusque dans ta chambre et les saisis avant que tu te réveilles, tu ne pourrais plus te défendre!

    Sans blague, bon courage pour toi et ta famille!
    (Pas trop d’humeur à commenter ces derniers mois mais ça ne veut pas dire que je ne suis plus ce qui se passe!)

    Bises

    1. Faut déjà arriver jusqu’à la table de nuit sans que j’entende, vu :
      Le parquet qui couine
      La porte qui grince
      Un fauteuil placé de manière à ce qu’un intrus se casse la gueule…
      Bon courage à toi aussi (apparemment)

  2. et des pieges à ours tout autour de la maison (avec le plan dans le tiroir de ta table de chevet) ? à l’ancienne, hein : un grand trou, des branchages, un filet qui chope la bête et la maintient suspendue à un arbre (c’est le facteur qui va apprécier d’etre suspendu dans un filet un matin sur deux, hihi)
    (quoi, je regarde trop de films « dans la brousse » ? rhooo… mais ça semble marcher dans les films, alors, hein)

    1. Y’a le pour, y’a le contre.
      Si je suis toute nue, le mec verra d’abord le fusil, donc j’éviterai le « peut mieux faire » qui m’a suivie pendant toute ma scolarité.

  3. Fichtre, il a des conseils efficaces, ton frère!
    Tant qu’à faire, tu devrais peut-être apprendre à viser/tirer/recharger et nettoyer ta pétoire; ça peut servir!
    N’était le contexte (ce ne doit pas être une partie de plaisir!) ton épopée a des relents de Calamity Jane au FarWest très amusants!

    1. Viser, je sais faire
      Tirer je sais faire
      Recharger je sais faire.
      Nettoyer la pétoire faut voir… mais je me souviens bien du cérémonial du dimanche soir…
      Et effectivement, cela sent le western à plein nez (comme on les comprend tout à coup, d’avoir eu toujours une arme…)

    1. Moi aussi.
      Mais j’ai bon être à fond dans l’auto défense, faut pas me demander de creuser un piège (et en plus, il gèle le matin…)
      Tirer un coup, c’est plus sûr 🙂

  4. coucou, je suis d’une famille de chasseurs et par ici on aime les armes. J’ai mon plus jeune frère qui a été sélectionné pour le JO en tir dans les années 90 pour te dire comme nous avons baigné dedans depuis tout petits et on sait se servir de ces engins.. malgré tout j’ai ….. une cuillère en bois sur le table de nuit depuis la semaine dernière. C’est la seule chose qui me soit tombée sous la main (façon de parler) quand j’ai entendu un drôle de bruit l’autre nuit. De toutes façons si rôdeur y avait eu, je pense qu’il aurait été surpris plus que moi de voir une nana complétement échevelée en pyjama avec des rennes dessinés dessus et les yeux schlasses!!! mdr! Comme tu dis la vie n’est qu’un long calvaire!

  5. Bon courage avec tes parents et fais bien attention avec les armes à feu ( personnellement, ça m’a toujours rendue un peu nerveuse ).
    J’espère que ton papa va se rétablir; le plus important pour le moment c’est de faire le maximum pour garder le moral, de prendre le temps d’envisager toutes les possibilités et de tâcher de voir le ‘bon coté des choses’ ( un peu dur en ce moment, je le comprend bien ).
    Fondamentalement, c’est l’environnement hospitalier le plus déprimant. Une fois revenu à la maison, cela ira probablement beaucoup mieux .
    Bon courage
    Une fidèle lectrice

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