Un exemple de P.A.C : l’album de BB…

Album BBD’après l’homme de l’art qui ne manque jamais de poésie, le PAC est un piège à con.

C’est valable d’ailleurs pour le piège à conne, car on voit rarement un père s’emparer du fameux « ALBUM DE BB » (dont vous avez compris finement qu’il va être question) pour le remplir. Il faut aimer M6 et ses scènes de ménages pour voir un père  plus maternel que la mère…

C’est la mère qui s’y colle,  à l’album pour BB, qu’elle a acheté elle-même avec masochisme, ou qu’on lui offre avec sadisme quand on s’est déjà reproduit… Je viens de relire celui de Pulchérie et les scans que j’avais fait de celui de mon père débutant en 1938 et j’étais morte de rire (sauf que papa faisait 7 livres 300 et 55 cm, et que je comprends du coup pourquoi ma grand-mère gardait un souvenir ému du moment où elle avait chié sa pastèque).

  • Au départ on sent la bonne volonté : les préparatifs. Là on s’y tient. A la limite on note le nombre de coups de pieds ressentis, et les heures où l’enfant lui, se repose.
    Il y a ça et ça pour le BB. On l’attend de pied ferme et la garde robe se monte. Celle du 1er âge tenait dans une immense valise pour l’aînée et m’a valu à mon arrivée à la maternité un « ce sont des triplés ? » qui a bien fait ricaner Albert qui lui trainait un vanity et un gros sac (pour moi). Ce qui ne m’a pas empêché de faire la même chose pour Delphine, en pire, car j’avais tout de même racheté du neuf… (comptez un sac de plus).
  • Curieusement, alors que je savais que j’attendais une fille, ayant un doute sur le diagnostic de l’échographie, j’ai noté que si Pulchérie avait été un garçon elle se serait appelée Sylvain (précision oubliée depuis…). Ma grand-mère n’a pas parlé des prénoms. Le prisonnier devait se débattre encore avec un problème existentiel : respecterait-il ou non la tradition qui faisait que depuis le 1er Vendémiaire de l’an 2 de la première république (la VRAIE première donc), l’ainé s’appelait toujours François(e) ? (la réponse est non, il a rompu avec la tradition, mais peut-être que cette question de prénoms a été la cause de disputes sanglantes comme pour moi et Albert…).
  • Toujours dans le cadre de « j’attends BB de pied ferme », rien n’est épargné de l’état de la future chambre du trésor adoré et l’avancement des travaux, des disputes sur le choix du papier peint (dont je regrette 31 ans après de ne pas avoir gardé un échantillon, car il était vraiment adorable ce qui nous avait mis d’accord lors de notre visite à la troisième boutique de papiers/peintures) et l’achat de l’utile et de l’inutile qui va empêcher Albert de changer encore une fois les enjoliveurs de la voiture. On peut pousser le vice jusqu’à compter également les nausées quotidiennes quand on a eu la bonne idée d’acheter l’album indispensable dès que le test à viré à la bonne couleur (jadis à 3 semaines de retard)
  • A mon époque (ça sent régulièrement son coup de vieux), on restait à la maternité 10 jours. Pulchérie étant née le 18 décembre j’ai fait des pieds et des mains pour sortir le 24, pour Delphine j’avais argumenté que je préférais sortir le vendredi plutôt que le lundi qui suivait, vu que j’aurais de l’aide et de la compagnie pour le WE. Mais pour les deux, j’ai donc passé respectivement 7 et 8 jours quasiment au lit, en marchant tout de même au minimum pour éviter la phlébite.
  • Pour l’aînée, j’ai noté scrupuleusement toutes les visites et les cadeaux reçus. C’est tout juste si je ne gribouillais pas en présence de mes visiteurs et j’avais pris des cartouches d’encre de rechange… Avec aujourd’hui des blancs dans ma mémoire : qui était cette madame Henri m’ayant offert une robe rose (la 7ème) et étant venue le 21 décembre ? Même mes parents ne se souviennent pas. Le mystère restera désormais entier…
  • J’ai noté scrupuleusement également, l’emploi du temps à la maternité ou la phrase sacrée est : « il faut bien vous reposer« . C’est la phrase fétiche dans tous les hôpitaux également, et papa qui y a fait plus d’un séjour pouvait vous assurer que s’il y a une chose qu’on ne peut pas y faire c’est bien se reposer, même après un double pontage.
    6 H irruption dans la chambre de l’infirmière avec le thermomètre
    6 H 30 deuxième intrusion de l’infirmière qui reprend le thermomètre
    7 H petit déjeuner
    7 H 30 on vient reprendre le plateau du petit déjeuner
    8 H on vient me kidnapper ma fille pour la toilette
    9 H on me la ramène, je vérifie : c’est bien elle, la fossette au menton est toujours là et elle pionce. Elle est la seule, partout dans la maternité cela braille
    9 H 30 la sage femme vient m’examiner
    10 H voila la femme de ménage
    10 H 30 c’est l’accoucheur qui fait sa tournée
    11 H voici le kiné pour les pieds de la petite (qui rentraient légèrement)
    12 H il faut manger
    12 H 30 on vient reprendre le plateau du déjeuner.
    13 H : arrivée du père pour la visite quotidienne. Visite qui sera suivie de beaucoup d’autres.
    Le tout avec une gamine braillant de 20 H à 8 H du matin pour dormir les 12 heures suivantes et une mère donc, totalement épuisée, qui est réveillée en sursaut dès qu’elle s’assoupit.
    Le 4ème jour j’ai piqué une crise en demandant au médecin QUAND j’étais sensée me reposer, mais cela n’a pas semblé l’émouvoir, l’idée d’une arrivée massive et groupée dans la chambre à 9 H n’ayant jamais effleuré personne…
  • Retour à la maison. Exit la courbe de taille et de poids à remplir scrupuleusement : le carnet de santé est fait pour cela. Avec perfidie on oublie de préciser que la baignoire pour BB est en fait une cuvette géante achetée en promotion à Carrouf…
  • J’ai bien scotché le petit bracelet, et pris l’empreinte de la petite main de l’héritière, mais à l’heure où j’ai pu enfin lui couper une mèche de cheveux (à 12 mois), elle a terminé dans la poubelle, la mère (moi) ayant totalement oublié l’existence du livre de BB parce qu’elle avait autre chose à faire.

Inutile de vous dire (mais je vous le dis quand même) que vous chercherez vainement le premier ticket de la première entrée dans un parc ou musée quelconque, la date du premier tour de manège, les autres empreintes de pied ou main, la date exacte de l’entrée à la maternelle,  la diversification du régime (là encore, le carnet de santé est fait pour cela), l’égrenage fatal des rhyno, otites et maladies infantiles se succédant, et j’en passe (pourtant l’éditeur a tout bien prévu).

Idem pour les photos : il n’y en a pas une seule : les album photos sont faits pour…

Vers les 18 mois de Pulchérie j’ai eu un sursaut de bon courage pour noter son vocabulaire, et après le livre pour BB a été ressorti pour Delphine afin d’y noter également son vocabulaire et point barre (pas pu coller le bracelet de Delphine, scrupuleusement gardé par la maternité avec le dossier comme preuve qu’il ne pouvait pas y avoir eu d’échange d’enfant) (aucun risque, elle ne m’a jamais quittée)…

Il faut dire que pour Delphine, je n’avais pas retrouvé le livre de BB (rangé avec des albums photos, mais nous avions déménagé et pas vidé tous les cartons) et que je savais d’expérience que je me souviendrais de tout. En plus à l’autre maternité j’ai été nettement plus au calme, avec effectivement des visites groupées, et un BB ayant décidé de faire ses nuits le plus tôt possible et de s’alimenter correctement, donc j’avais le temps de remplir l’album du trésor adoré lire des polars sanglants…

J’ai imité ainsi, sans le savoir à l’époque, ma grand-mère paternelle qui avait laissé tomber l’album de mon père assez très très rapidement, sur les pages duquel se mélangent allègrement son régime alimentaire et celui de ses soeurs, ses maladies infantiles et les leurs, le clou de l’album du fils aîné étant les dates des premières règles des jumelles !

En plus elle a tout rempli n’importe comment pour ses filles, allant jusqu’à écrire en travers des pages et mettre des * partout, c’est honteux !

Je n’ai personnellement JAMAIS vu un album pour BB correctement et totalement rempli ! C’est le genre de truc que l’on garde à l’abri des regards étrangers, et pour cause…

Si vous en avez vu passer un vraiment complet, il faut me l’écrire, car cela mérite d’être signalé quelque part…

La vie n’est qu’un long calvaire, et, futures mamans méfiez-vous : l’album de BB est un PAC et vous aurez autre chose à faire que de décrire sur des pages que vous allez rapidement abandonner, un ou des évènements que l’on n’oublie jamais…

Ou alors faites-le pour la postérité, donc BIEN !

Ou alors je suis une mère indigne…

(En illustration la couverture de celui de mon père, éditions « lait Nestlé 1937″…)

0 réponse sur “Un exemple de P.A.C : l’album de BB…”

  1. Bon allez j’avoue: ( y a prescription) l’album pour BB qu’on m’a offert en début de grossesse de ma 1ère fille est passé direct à la poubelle car oui: je suis une mère indigne qui refuse de se prendre la tête avec des trucs jugés « gnan gnan »
    Le pire a évidemment été lorsque la personne qui m’avait offert l’objet m’a demandé de lui montrer ce que j’avais noté dans l’album: arrgh.
    J’ai donc aggravé mon cas en prétendant qu’il était chez mes parents….

    1. J’avais acheté le mien toute seule, hésitant avec un plus gros qui a longtemps été en vente (mais trop cher, heureusement !)
      J’étais persuadée le remplir scrupuleusement mais pfuiittt.
      Heureusement, contrairement à toi 🙂 personne ne risquait de me le demander….

  2. Je ne connaissais même pas l’existence de ce genre de truc… pourtant il me semble bien avoir enfanté il y a qqs années.

    1. Avec une petite recherche internet tu verras que c’est toujours très vendu, très gnangnan, et présenté sous de multiples formes.
      Il y a même la boîte de BB. On y met quoi ? La première couche ? La première lingette ?
      Je m’interroge 🙂

  3. @ Calpurnia….Quand je dis que je trouve ça « gnangnan », c’est pas un jugement sur les personnes qui en achètent , hein ! C’est juste une bonne excuse de feignasse ^^
    Un jour j’ai même dû en offrir un, demandé en cadeau par une amie, un énorme truc que j’en avais mal à la tête à l’avance pour elle 🙂 Je n’ai jamais eu l’idée de l’interroger sur ce qu’elle y avait noté (honte à moi) d’un autre côté, et tu m’y fais penser: elle n’a jamais eu non plus le réflexe de me le montrer……
    Ah ah 😉

  4. J’en ai déjà vu dans des librairies mais n’ai jamais été tentée d’en offrir. Trop compliqué, avec toujours des couleurs pastels et des dessins fleurant bon les années 1800… Dans la famille se sont les légendes sous les photos
    recueillies avec soin par les aïeules ( ma grand-mère et maintenant ma mère ) qui permettent de se rappeler des grands événements sensés être illustrés par l’image ( pas toujours assez bien cadrée pour être dénuée d’ambiguité 😉 )

    1. Les légendes sous les photos c’est important. En triant les miennes je me suis rendue compte que certaines dates m’échappaient quelque peu…
      Mais le but du P.A.C c’est de tout garder, y compris le premier ticket de train par exemple…
      Réjouissant…

  5. Dans mon cas, l’album-bébé de fille n° 1 est presque complet, celui de fille n° 2 est rempli à moitié, et celui de la troisième … mieux vaut ne pas s’apesantir.
    D’où des crises de jalousie pas possibles des 2 plus jeunes lorsqu’elles avaient 10 ou 12 ans : et pourquoi nous y a rien ?

    Heureusement, elles ont vieilli, et reporté leur rivalité sur des sujets plus appropriés, comme « pourquoi tu as prévenu X en premier ? », « je sais bien que tu préfères le copain de Y au mien », et autres joyeusetés …

    1. C’est exactement ce que je voulais souligner : pour le premier on vise toujours le premier prix, pour le deuxième on sait que c’est perdu d’avance (le premier prix), on n’a plus les mêmes priorités, et cela peut créer de la jalousie…
      Comme un père que j’ai connu, se précipitant à la mairie une heure après la naissance de l’ainé, et manquant pour les deux suivants de dépasser les trois jours légaux pour la déclaration… D’où crise, à la lecture du livret de famille, des deux autres fils…

  6. Mon beau-père a été déclaré 10 jours après sa naissance, mais c’était à Budapest, en 1915, ils étaient peut être plus coulant que chez nous.

    Nous n’avons jamais eu ce genre d’album, déjà que les (rares) photos familiales ne sont pas classées autrement que dans des grandes enveloppes…

  7. J’ai effectivement été assez assidue pour compléter celui de mon fils…
    Quant à celui de ma fille, j’avais beaucoup trop de travail avec mes deux enfants en bas-âge pour remplir plus que quelques pages… ce qui ne lui a pas plu du tout (et ne lui plait toujours pas… mais je demanderai un jour à voir comment elle a complété celui de ma petite-fille… mdr).
    Je les avais reçus en cadeaux (empoisonnés) de naissance de la même personne qui, heureusement, les avait choisis pas trop détaillés (j’en ai vu des abominables !), mais le fait qu’elle m’ait offert les mêmes rend la différence de remplissage encore plus évidente…

    1. Au moins je n’ai pas deux albums, mais un seul, et heureusement que je n’ai pas craqué pour le plus gros (dans les 300 pages) qui était si tentant, parce que je serais vraiment une mère indigne !!!

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