Halloween 2013… (ben vi, y’en a un par an, je crois…)

Halloween_droit_devant_57210813Quand que j’étais petite, on ne parlait jamais d’Halloween, fête américaine soi-disant par excellence,  qui nous est en fait revenue (je dis bien revenue car c’est une fête celte à l’origine, que les irlandais nombreux ont exportée là-bas).

Truc à fric ! N’importe quoi ! Ras le bol des USA ! voila ce que l’on entend…

Ce soir il y aura-t-il des enfants dans les rues ? Il paraît que l’an passé, ils demandaient du fric à défaut de bonbons,  et que c’était donc, vraiment du commercial à tout crin. « Des bonbons ou je te jette un sort » c’était périmé…

Halloween, ce n’était pas le nom que lui donnait les anciens, les miens, les vôtres, les nôtres, en, cette veille de la Toussaint, que beaucoup confondent avec la fête des morts qui a lieu le 2 novembre. La Toussaint, c’est la fête de tous les saints, de tout le monde. Et c’était une vraie fête.

Il aura fallu un 11 novembre et des millions de morts, pour faire du 1er novembre une fête triste… Et du chrysanthème, en Europe, la fleur de la mort.

J’ai connu assez de grands parents et d’arrières grands parents. Bien avant qu’Halloween ne débarque chez nous, ils en parlaient de cette fête du 31 octobre au soir.

  • Pour éviter la venue des esprits on allumait une bougie qui ne devait pas s’éteindre d’un coup de vent, ce qui aurait porté malheur, à poser sur la parfois unique fenêtre donnant sur la rue.
  • Alors pour ne pas qu’elle s’éteigne, on la mettait dans un légume ou un fruit découpé : rave, betterave, potiron, grosse pomme, qu’importe. Le légume ou fruit était creusé soigneusement, et laissait apparaître deux yeux et un sourire. Les esprits sont tristes, ils n’aiment pas qu’on leur rappelle l’origine de leur chagrin, il faut leur sourire. Ou bien, ce sourire était destiné à faire fuir les esprits chagrins : aucun de mes ancêtres ne se souvenait du vrai du vrai du légume découpé avec un sourire…
  • La maîtresse de maison mettait dans une assiette à la disposition des esprits, quelques gâteaux au miel, quelques caramels maison, des douceurs sortant de l’ordinaire. Chez les plus pauvres, on sacrifiait des châtaignes grillées.
  • Et les enfants se déguisaient en esprits ou fantômes pour aller tout manger. Et les parents faisaient semblant de ne pas savoir que les enfants avaient quitté la maison en douce, pour rentrer à minuit, heure où les vrais esprits risquaient vraiment de se manifester.

Ils portaient des galoches, des sabots, rarement des chaussures de cuir. Ils portaient leur blouse de tous les jours, leur tablier, et un mauvais manteau. Et pour faire l’esprit, rien ne valait le vieux drap refilé par l’aïeule s’amusant à l’avance, et dans lequel on avait découpé de quoi voir clair… Que de fantômes alentours… Que de vieux draps sacrifiés !!!

Ils étaient du siècle d’avant le mien, ou bien nés pendant la grande guerre ou juste après, ils étaient d’un autre millénaire (comme moi, si j’y songe…). De cette tradition, ils parlaient tous avec nostalgie, parce que tout se perdait pour eux, quand j’étais petite… Et qu’ils trouvaient dommage que leurs arrières petits enfants ou petits enfants, ne se déguisent pas en fantôme pour aller prendre des friandises partout, en faisant faussement peur à la maîtresse de maison…

Maintenant on se dit que cela vient d’ailleurs, et on refuse, alors qu’en fait, cela ne s’est pas totalement perdu…

J’ai eu des témoignages du Béri, de Bretagne, d’Alsace, du Vaucluse, de Savoie, d’un peu partout sauf du nord, parce que je n’ai pas d’ancêtres du nord.

Alors c’est un peu en pensant à eux que j’allumerai avec Mrs Bibelot, une bougie sur une fenêtre ce soir… Dans un faux potiron (vous avez déjà essayé de creuser un vrai potiron ???)

Même si les gosses ne passeront pas, parce que la maison de mes parents est au fond d’une ruelle… Et que moi, je suis en immeuble…

Ce que je trouve dommage c’est la tradition qui s’est perdue, qui est revenue via une poussée « consommation » et finit donc par être méprisée en ayant perdu son sens profond que la majorité a oublié.

C’était la tradition d’une vraie/fausse crainte des esprits, une complicité parents/enfants ignorée par les enfants, un lien qui durait depuis longtemps, venu des Celtes. C’était une tradition qui avait défié le christianisme et dieu sait qu’il était risqué de défier l’église à certaines époques. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la Toussaint a été instaurée le 1er novembre, pour faire oublier la fête des esprits.

Dommage simplement que nous ne puissions pas fêter les esprits la nuit où l’on change d’heure.

Quel meilleur moment pour eux que de sortir à la 25ème heure ?

Cette heure de plus… Cette heure faite pour eux… Nous l’avons eue le WE dernier.

Et eux, nos ancêtres qui peut-être souhaitent faire un petit tour sur terre ce soir, que leur a-t-on laissé ?

Des slogans.

La vie n’est qu’un long calvaire…

12 réponses sur “Halloween 2013… (ben vi, y’en a un par an, je crois…)”

  1. Je suis comme toi, je trouve désolant que les traditions se perdent, c’est un peu l’âme d’un pays, d’une région qui part avec…. Tout est transformé soit au nom de ste consommation, soit à celui de ste uniformisation. C’est bien de rappeler les origines et d’en redonner la mémoire.

  2. Comme Louisiane je me souvenais de cette publication. Mon grand-père creusait lui aussi des légumes en Bretagne, cette année nous avons donc fait comme lui : nous avons égayé de grosses betteraves et pommes de terre et j’en ai profité pour parler de lui à mon fils aîné. Un joli moment.

  3. Tilia : tu vois j’ignorais le nom d’origine. Tout ce que je savais c’était par mes grand-parents, particulièrement ceux de la campagne, parce qu’en ville, cela ne se fêtait pas semble-t-il !

  4. vivi : non seulement les traditions se perdent, mais quand elles réapparaissent on en fait n’importe quoi. Halloween est peut-être un nom américain, mais en aucun cas ils n’ont inventé cette fête !!!

  5. Meg : et bien c’est tant mieux ! Ce sont des moments privilégiés au cours desquels on peut évoquer nos chers disparus. Je suis très accro au devoir de mémoire 🙂

  6. Le bon Saint Eloi, après la mort de Dagobert, devint évêque de Noyon. Il convertit un géant qui désolait une région près de la mer, ce géant se maria avec une fille du lieu et fonda Dunkerque. Il s’appelait Allowyn.

    Curieux, non ?

  7. Merci de l’info, je savais simplement que c’était à l’origine une fête celte mais je ne savais pas qu’elle se fêtait encore au début du siècle dernier… et que les USA n’ont fait que nous renvoyer ce qu’on leur avait apporté…
    ça m’intéresse d’autant plus que je suis née le 31 octobre et que mon fils ne se souvient de mon anniversaire que depuis Halloween ! mdr

Répondre à Calpurnia Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *