Eric, ses méfaits, un petit bonus avant le dernier opus

Ange blondEric repartit donc avec ses parents qui n’auraient que la garde d’un petit ange pour tout boucler avant de partir pour 5 ans en Australie.

Son dernier petit déjeuner chez les Voisineck s’était mal passé : il avait tout flanqué par terre en hurlant et sa mère lui avait donné son chocolat à la becquée, ce qui laissait mal augurer de l’avenir…

Curieusement, il laissa un grand vide. Nous chantions avec Marc et Dany les comptines suédoises en étant certains que nous allions les oublier, et que nous n’en saurions jamais les paroles exactes et les traductions.

Mrs Voisineck devait se désintoxiquer du tilleul, et son mari contemplait ses rosiers avec désespoir en espérant que l’hiver ne serait pas trop rigoureux.

Et puis arriva la rentrée qui avait lieu à l’époque vers le 15 septembre, sauf que nous n’avions que quelques jours pour la Toussaint, deux semaines à Noël, une semaine en février, et deux pour Pâques (que l’on ne vienne pas me parler des rythmes scolaires, nous avions même classe le samedi toute la journée)…

Pas de bol pour moi, pour cette année scolaire, avec une maîtresse d’école qui me détestait parce que j’étais régulièrement première devant les deux filles de deux de ses collègues, il nous fut demandé de faire une rédaction sur les grands conquérants.

Alors que mes copines de classe s’étaient ruées sur Alexandre le Grand ou Attila (nous n’avions pas encore fait Napoléon) (maintenant aucun môme ne sait qui ils étaient), je me fis une joie de faire une rédaction sur les vikings. D’autant que je venais de lire « Astérix et les normands », qui ignorent la peur. L’image du môme qui ne veut pas manger sa soupe à la crème en disant « par Thor, cela me fait bien rigoler » m’avait bien fait penser à Eric.

« Ces fiers guerriers qui n’étaient pas si fiers que cela, vu qu’ils embarquaient leurs mômes sur leurs drakkars pour les lâcher sur les plages de lieux leur semblant hospitaliers. Quand les habitant terrifiés avaient fuit, les vikings n’avaient plus qu’à investir les lieux ».

Ma rédaction se solda par un 5/10 avec la mention « enfant trop imaginative, à surveiller ». Les parents signèrent en me faisant remarquer que 5/10 c’était la honte, mais sans lire ma prose… Et comme je ne me roulais pas par terre en hurlant cela fut oublié.

Jusqu’au collège où je soutint mordicus au prof d’histoire que les vikings « n’étaient pas si fiers que cela, vu qu’ils embarquaient leurs mômes sur leurs drakkars pour les lâcher sur les plages de lieux leur semblant hospitaliers. Quand les habitant terrifiés avaient fuit, les vikings n’avaient plus qu’à investir les lieux »

Ceci alors que j’avais un an d’avance et m’étais retrouvée plombée dans une classe où les 3/4 des élèves étaient redoublants d’où ma phobie dès la sixième pour le collège vu que moi, j’avais deux voire trois ans de retard par rapport aux autres sur le plan de la maturité…

J’ai affronté des rires et des moqueries, mais, persuadée que Mr Voisineck avait dit vrai, j’ai persisté et signé dans l’interrogation écrite qui se solda par une mauvaise note. Fort heureusement, peu après, avait lieu la réunion parents/professeurs. Le prof  d’histoire qui m’avait vue ne pas vouloir démordre de mon histoire, en parla à mes parents qui eurent une illumination !

  • ERIC, et les commentaires du voisin ! Commentaires que j’avais pris pour argent comptant…

Mes parents expliquèrent tout, et le prof indulgent transforma mon 5/20 en 15, et papa m’expliqua ce qu’était l’humour. Je n’avais pas encore atteint l’âge bête : je pourrais me rattraper plus tard…

L’épouse du descendant de fiers vikings, avait en Australie le mal du pays. Elle écrivait donc beaucoup à ses deux soeurs, et Madame Voisineck me donnait régulièrement des nouvelles d’Eric. J’avais gardé mes bonnes habitudes d’être tout le temps fourrée chez les voisins les WE et vacances scolaires.

La soeur qui avait mal vécu son expatriation en Suède suite à son mariage, vivait très mal sa nouvelle vie en Australie.  Elle écrivait donc beaucoup. D’ailleurs, nous écrivions tous beaucoup.

Eric s’adaptait mal, aucune école n’était faite pour lui, force avait été de lui trouver un précepteur qui changeait curieusement tout le temps. Avec sa capacité d’adaptation d’enfant, il parlait couramment l’anglais au bout de 6 mois, et sa mère était dépassée, ne trouvant plus comme base de dialogue avec son fils que le suédois via les comptines (dont nous avions désormais tous oublié  les paroles) et le français qu’il émaillait toujours de « putain de bordel de merde ». Il n’avait pas de petits camarades, les australiens étant curieusement contre le fait que leurs enfants frayent avec des étrangers…

Monsieur Voisineck ricanait régulièrement devant la prose de sa belle-soeur, quand cette dernière m’était directement lue en sa présence.

  • « Aucune d’école n’est effectivement faite pour lui, je l’ai dit : la place de cet enfant, c’est dans un zoo…
  • « Pas fou les australiens, ils ont dû dire à ta soeur que son môme était à reprendre en main vite fait, et elle ne l’accepte pas, mais cela elle ne te le dira jamais… Tu n’as qu’à voir le dernier petit déjeuner : tout était reparti comme en 14
  • D’ailleurs si en 14 on avait eu Eric puissance 10 000…
  • « Pauvre précepteur : pas étonnant qu’il change tout le temps avec un monstre pareil »…
  • ETC…

Il nous semblait que dans le fond du jardin, naviguait tout à coup un drakkar fantôme menaçant les plus beaux rosiers d’Europe… Dans le même temps, le spectre de la justice, une balance à la main, faisait songer tout à coup au divorce qui avait menacé en août 1966.

Car Madame Voisineck croyait dur comme fer à ce que lui écrivait sa soeur, malgré sa malheureuse expérience avec Eric. Pour elle l’Australie c’était un bonhomme avec un béret sur la tête et une baguette de pain sous le bras élevant des moutons, un fusil sous le bras pour tuer des lapins, et arpentant ses terres, une horde de kangourous sautillant stupidement autour de lui : pas étonnant que l’on ne trouve pas d’école convenable sur ce territoire…

  • « Tu déraisonne ma pauvre (voila la justice), l’Australie est un pays civilisé, et même les aborigènes ne sauraient pas quoi en faire du monstre viking (et voici le drakkar fantôme).
    Il est à noter que pour l’époque, Mr Voisineck était très en avance, défendant systématiquement toute peuplade cataloguée comme « primitive ». Sa phrase favorite était « oui nous nous sommes civilisés, il n’y a qu’à penser à notre sainte inquisition… ».
  • « J’ai horreur que tu puisse dire autant de mal d’Eric rétorquait sa femme qui avait la mémoire courte (et surtout la nostalgie de sa soeur qu’elle sentait trop loin, mais Mr Voisineck manquait de psychologie…), ce petit bonhomme perdu dans ce grand pays…
  • « OUIIIIIII bien sûr, il est question de le lui faire traverser à pied, mais il ne s’y perdra pas : les dingos n’auront même pas le courage de le bouffer, ils le ramèneront directement en territoire civilisé. Ton grand pays c’est un continent, ce gamin n’est perdu que dans une chose : la connerie de ses parents.
  • « Je t’interdis de parler de ma soeur comme cela (la justice)
  • « Oui parfaitement, la connerie de ta soeur AUSSI. A mon avis ce monstre a été tout simplement refusé à l’école vu son comportement (le drakkar fantôme), ta soeur et TON beau-frère n’en démordent pas, et Eric fait tout ce qu’il veut. D’où les précepteurs multiples…
  • « Ils doivent être nuls, c’est tout (trouvés planqués dans un troupeau de moutons en train de jouer à « je te tiens, tu me tiens par la barbichette » avec des kangourous).

J’étais fascinée par le destin d’Eric, et surtout par les engueulades qu’il pouvait générer, 1 an, 2 ans, 3 ans, après son séjour :

  • Des pucerons sur les rosiers : la faute d’Eric
  • Des bourgeons de roses pâlichons : ENCORE ERIC !
  • De la pelouse repoussant mal : Eric
  • Les relations internationales qui se dégradent : on a envoyé Eric au bal de l’ambassadeur
  • « TES SOEURS ! TU SAIS CE QU’ELLES TE DISENT MES SOEURS ? : ne cherchez pas : c’est ERIC !
  • ETC…

Pauvre petit bonhomme, perdu dans la vie et surtout en Australie, où les kangourous ne causent même pas le suédois….

La vie n’est qu’un long calvaire…

3 réponses sur “Eric, ses méfaits, un petit bonus avant le dernier opus”

  1. Marcus : c’est une provocation de ta part à laquelle je ne répondrai que demain !
    De toutes manières depuis le temps que nous nous connaissons, tu sais bien ce que j’en pense de ce changement d’heure du printemps…

  2. Finalement qu’est-ce qu’il est devenu ce pauvre Eric à l’âge adulte ? J’espère que son histoire ne va pas s’arrêter là…
    Quant au changement d’heure, il ne faut pas parler de choses qui fâchent… je n’ai jamais pu m’y faire, mon corps le rejette depuis toujours !

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