L’évolution des méthodes éducatives et de l’élevage du chiard ! (part 1)

56800768Halte là qui vive ! loin de moi l’idée de dire « qu’avant c’était mieux » (ça me gonfle toujours, pourquoi qu’on n’en serait pas encore au sesterce et à la voie romaine en parlant latin le gallo-romain ? ).

Je souhaite simplement parler de « mode ». Ce n’est pas mon genre ici, donc vous ne saurez pas si je préfère la chaussette parfumée au reblochon ou au munster.

Pour l’éducation, la prise en charge de notre premier né (et des autres), il y a des modes, comme pour le reste.

Quand mes grands mères accouchaient, on ne se posait pas la question : on mettait le chiard au sein. Tout le monde le faisait, c’était réputé pour retarder une prochaine conception (ça marche ou pas…), pour être économique et sain.

De même les enfants étaient propres très très tôt. N’existaient pas les changes miracles que « même mouillés ils sont secs », et quand on se coltine à la lessiveuse 6 x 7 x 2 couches en tissu à laver, cela motive pour que l’enfant soit propre le plus tôt possible.

On pesait le gamin avant et après la tétée pour savoir s’il avait bien mangé son compte, et s’il pleurait encore la nuit passé 3 mois, le médecin de famille se penchait sur le problème.

Quand je suis née, on décourageait les mères à allaiter. Un biberon c’était tout simple, inutile de peser avant et après, on savait qu’il fallait que le gosse termine son bib. Ma mère s’est faite mal voir parce qu’elle voulait allaiter cette emmerdeuse, et qu’il fallait donc me peser avant et après…

Celle qui n’est toujours pas comme les autres, a débuté une anorexie du nourrisson relativement tôt. Et tout le monde de dire à maman que son lait était « mauvais », car c’était encore la grande mode du biberon, que c’était de « sa faute » si son enfant n’en voulait pas. Il fallut un pédiatre intelligent pour lui dire que le plus mauvais lait de la plus mauvaise mère, serait toujours meilleur qu’un lait de vache (le lait maternisé, c’est du lait de vache). Par contre pour ma soeur, par d’horaires stricts, c’était à la demande…

Puis vinrent les autres, pour lesquels maman s’accrocha à l’allaitement, sans se laisser poursuivre par le diktat du biberon tellement pratique pour le personnel de la maternité qui gardait mère et enfant 10 jours…

Quand j’ai accouché de Pulchérie, les avis étaient partagés : pour ou contre l’allaitement. J’étais pour. Là par contre, la loi avait changé, c’était « à la demande », on ne pesait plus avant et après, personne ne s’emmerdait, sauf la mère.

Car Pulchérie a eu une caractéristique assez rare pour un nourrisson. Elle dormait 12 H d’affilée par jour. Sauf que c’était le jour. Elle s’endormait à 8 H du matin pour se réveiller à 20 H, les poumons toujours en bon état, et l’estomac vide (évidemment), alors que mes seins étaient au bord de l’explosion.

Rentrée à la maison j’étais livide de fatigue et maman m’apporta, contre l’avis de la faculté, la balance qui lui avait servi 4 fois. J’ai pu constater que l’héritière à poumons, s’endormait d’un air repus, après n’avoir ingurgité que 20 grammes : la moitié du repas requis. D’où son réveil 1 H 30 après, en hurlant qu’elle mourait de faim. Et cela durait jusqu’à 8 H du matin.

Avec Albert nous avons donc fait subir à cette petite, les pires sévices pour qu’elle se réveille au plus tard 10 minutes après avoir pris seulement 20 grammes.

  • Bisous bisous ma chérie
  • Petite caresse sur la joue
  • Les petits pieds sont chatouilleux.

Car elle avait aussi une autre caractéristique assez rare : elle était in-ré-veillable ! Elle pouvait passer sa visite chez le pédiatre sans ouvrir un oeil… Au bout d’un moment, elle décida de prendre ses 40 grammes pour qu’on lui fiche la paix. Le rototo était conséquent, mais nous étions prêts à tout, même à faire insonoriser l’appartement pour épargner les voisins.

Sauf qu’elle mangeait toujours la nuit (6 fois) pour dormir 12 H le jour.

Problème à régler : Jour/Nuit.

Avec Delphine je n’ai pas eu de problème, elle a compris tout de suite qu’il fallait becqueter tout ce qui lui tombait dans la bouche tout de suite et sans attendre une heure prochaine, a fait sa première nuit à 12 jours, et à 3 semaines a décidé de se passer toute seule à 5 tétées par jour (non sans inquiétude de ma part, parce que malgré le « à la demande », on parlait de 6 tétées minimum), on ne sait jamais, dès fois qu’aux 6 obligatoires elle ne vienne à manquer…

J’ai pu constater avec la fille de ma soeur que personne ne s’emmerdait plus pour rien : tétée toujours à la demande, et en cas de déficience de la mère que là, on culpabilisait, on ne faisait plus chauffer le biberon, il fallait le donner à température ambiante. Chacun sait que le sein donne du lait à température ambiante. J’étais médusée, une fois de plus, fort heureusement, ma soeur (quelle chieuse !) exigeait tout de même que l’on chauffe le biberon de sa fille !

Pour le passage Jour/nuit (enfin Nuit/jour) de Pulchérie, je vous expliquerai comment que seul le knout permet de résoudre le problème…

La vie n’étant qu’un long calvaire…

1970… le mois de Juillet de l’ennui… (1)

Frédérique 1970

Cette année là (là là), mes parents et mes grands-parents paternels s’y étaient pris trop tard pour notre location à Lancieux (Côtes du Nord à l’époque) où nous avons passé tous nos mois de juillet de 1968 (mois de juillet mémorable, puisque l’arlésienne est née le 14 avril 1969, et que nous avons retrouvé une carte postale il y a quelques années, envoyée par maman à son père : « le 14 juillet s’est bien passé, retraite aux flambeaux, feu d’artifice, ETC… ») jusqu’en 1975 où nous avons opté pour très longtemps pour les Saintes Maries de la mer…

(Pour la carte postale, inutile de vous dire qu’après un gros tri il y a quelques mois, elle est dans la boîte qui va bien, à savoir celle dans laquelle il y a les cartes qui comptent, et non pas « bons baisers » d’on ne sait pas qui)…

Où partir en juillet ? Je vas vous le dire : dans le haut du Cotentin, aux Gougins St Marcouf, à l’époque bled paumé, et je n’irai pas faire un tour pour voir si cela a changé… Cet endroit là méritait plutôt de s’appeler « le bout du monde », ou « le trou du cul du bout du monde ». Une ex voisine de mes grands-parents y habitait désormais, et était ravie de nous trouver une maison à louer (on peut la comprendre, cela lui ferait de la distraction pendant au moins un mois), ce qui  n’était pas difficile, vu que les rares propriétaires d’une maison de famille allaient forcément  passer leurs vacances ailleurs, à l’époque. En fait c’était la deuxième fois que nous nous rendions là-bas, et toujours pour la même raison : impossible de trouver ailleurs (c’est dire…). La deuxième maison fut largement plus grande et confortable que la première, c’était une exigence de mon grand-père.

J’avais pour instruction de Mrs Morgan de lui écrire au moins deux fois par semaine pendant les vacances qu’elle ne passait pas avec nous (elle vint avec son mari 3 ou 4 années de suite à Lancieux, dans une autre location que la nôtre. J’aimais déjà bien écrire, et en plus, dans la réponse, il y avait toujours un billet à dépenser).

Je viens de retrouver dans les courriers que nous trions toujours vu que mes parents ont tous ceux de Mrs Morgan et certains adressés à Mrs Tricot et son mari, une lettre que Mrs Morgan avait annotée « à garder soigneusement », envoyée par moi, et dont je respecte le contenu et l’orthographe…

« Ma chère marraine (elle l’était en plus d’être ma grand-mère)
« Je te remercies beaucoup pour le billet de 10 F, S et N aussi (mon frère et ma soeur, 10 F c’était beaucoup…) (nous avons tout dépensé en tubes de lait Nestlé, c’était notre période, et puis il n’y avait pas de boutique où acheter quoi que ce soit d’autre que de la bouffe…)
« Je suis contente que tu ailles bien et que vous aillez beaux temp. J’espaire que tu va continuer à te baigner tous les jour. Moi je me baigne tous les jour mais hier et aujourd’hui, je n’ai pas pu a cause du temp : il y a beaucoup de vent. (Tous les jours ce n’était pas tous les jours, et vous allez le comprendre rapidement : c’était venteux comme endroit).
« Cette après midi nous allons en escurssion et j’aime pas ça tu le sait (Mrs Bibelot avait l’horrible habitude de nous emmener visiter des vieilles pierres, et à l’époque je détestais les vieilles pierres et c’était un après midi de plage de gâché). Mais comme nous allons allez assez loin, j’espère que nous allons nous baigner s’il y a moins de vent. (Espoir sans doute vain).
« J’ais été malade, heureusement rien de grave, seulement une petite angine de 4 jours environ (mais sinon je me baignais tous les jours…). Maintenant je suis tout à fais rétablie.
« N… sais nager, enfin elle flotte et fait au moins 20 brasses avant de couler, elle est très fière… (sous entendu : pas de quoi vu qu’elle coule… (il est à noter que c’est là quelques années plus tôt que j’avais fait moi-même mes premières brasses avant de couler à pic également, il faut absolument que je retrouve la date fatidique du moment où j’ai su nager (en plein vent) …)
« L’arlésienne sur la plage est à mourir de rire (c’est elle en photo, et il devait y avoir du VENT !). Elle est souvent (5 jours dans le mois en gros) toute nue avec un petit chapeau sur la tête. Quand on lui dit « vient faire plouf plouf dans l’eau, elle accourrre (avec trois r) en riant ou se sauve d’un air coquin. La plage est mieux que ce que l’on pouvait penser, mais voici ce que cela donne (suit un schéma très précis) :
« Digue
« Sable
« Varech
« Sable
« Galets
« Mer.
« On va sur la droite et là il n’y a presque pas de varech (il est à  noter que ce varech nous pourrissait la vie) mais toujours du vent, et la petiote peut aller où elle veut, son grand plaisir c’est de démolir les pattés que mamie fait, elle s’amuse bien… (qui n’a jamais eu d’enfant ne peut savoir que l’on fait des pâtés, que le gosse les écrase, et qu’on se lasse avant lui…)
« Il n’y a aucun risque à ce que maman se lance à la traversée de la Manche, elle trouve (souligné) l’eau trop froide, trouve car nous les enfant on la trouve bonne (je précise que c’était l’époque où à 12°j’essayais d’attirer ma mère, et mon frère et ma soeur également, en prétendant que l’eau était « bouillante »).
« Au gougins aussi le temps est très instable, aujourd’hui il fait beau, alors qu’hier… (il devait y avoir trop de vent…)
« Il y a encore tout de même beaucoup de vent.
« Francine une amie à mamie nous a acheté de la pâte à ballons, alors mamie nous en a acheté car on avait tout usé… (nous étions très occupés, d’ailleurs nous avions des avions à faire voler DANS LE VENT, c’était SUPER ! )
« Les gougins je trouve cela triste, il n’y a même pas une librairie (en souligné, pour moi c’était l’horreur !), heureusement il y a une bibliothèque et Francine me prête tout ce que je veux… (c’est ce mois là que j’ai lu une bonne partie des signes de piste, mais sinon, la mer était bonne)
« Le coq du clocher tourne et vire toutes les 5 minutes, on dirais une vrai girouette (il aurait fallu me préciser que c’en était une vraie, car vu LE VENT, pas étonnant que le coq tourne et vire !)
« L’amie à mamie m’a apprise à jouer à la crapette (jeu de cartes). J’ai appris à papa et papa a appris à maman, on y jouent tous, on ne manque pas de distraction… (une personne bien intentionnée devait surveiller mes parents, car il n’y a pas eu de bébé avril 1971, et qu’est-ce qu’ils devaient se marrer, à jouer à la crapette l’après midi, le soir étant OUF ! consacré à la lecture, car tout le monde passait son temps à la bibliothèque tenue par Francine).
« Maman va comme moi à la bibliothèque de Francine tous les jours, elle ne lit, elle, que des tagada Christine.
« Je t’embrasse très fort, je te souhaite beau temps et moins de vent que nous, bonne santé.
« Coraline »

La vie n’est qu’un long calvaire.

Photo : l’Arlésienne prise par votre gentille sorcière avec son premier appareil, offert pour sa communion, que Jean-Poirotte faisait la gueule à l’idée d’avoir à payer des développements débiles, mais, miracle, avec cet appareil, je n’ai fait que des photos magnifiques ! (enfin je trouve que celle-ci n’est pas mal, d’instinct j’évitais de centrer le personnage et il paraît que c’est mieux).

NB : on verra que le vent était une de mes préoccupations principales (interdiction de se baigner dans beaucoup de cas) et que je n’évoque que très peu, ou pas du tout, la pluie qui n’avait pas le temps de s’attarder. Il faut dire que nous nous étions fait des copains, et que les jours de pluie, nous avions de formidables occupations…

A suivre… Même si après 1970 nous avons évité soigneusement le Cotentin…

C’est l’histoire d’un blog… (sur le pont de l’Alma…) (part 2) ET VOUS D’OU VENEZ-VOUS ?

ecrivain-2-copierMa fille a un blog…

Ignorante que je le suis, je pense que la presse ne nous dit que la vérité, rien que la vérité et qu’elle le jure (la presse).

Depuis j’ai changé d’avis pour de multiples raisons (en particulier lire mon histoire de « braquage » totalement fausse dans « le Parisien »….)

Ma fille a donc UN JOURNAL INTIME sur internet. A l’époque c’est ainsi généralement que l’on parle des blogs, maintenant on évoque les blogs culinaires, ou déco… Mais pas en 2006…

Avec l’impression de violer un peu son intimité, je vais jeter un oeil en me promettant de refermer la page si elle parle vraiment trop intime. Cela parle cinéma, design, etc, rien d’intime du tout…

Je le fais rarement, mais là, je cogite à 100 à l’heure. Si un blog n’est pas forcément un journal intime, je pourrais en tenir un !!!!

J’ai des tas d’écrits sur Mr Mac Intosh, des conneries, du drôle, des articles, des histoires, mon dictionnaire d’une civilisation tordue !

Elle édite sur canalblog. Je vais jeter un oeil. C’est enfantin, à ma portée, ne me reste qu’à récupérer mes écrits sur mon Mac…

Ca c’est le plus coton de l’histoire, devant brancher l’antique engin pour RECOPIER ce que j’ai écrit, en me coinçant les cervicales côté gauche et en m’énervant sur la lenteur de l’engin…

Je contacte Pulchérie par mail (on n’est jamais trop prudente) pour lui signaler que j’ai trouvé son blog…

  • « Heu, maman, tu comprends, je préfère que tu n’y aille pas, c’est mon truc privé à moi toute seule, promets moi de ne plus y aller, s’il te plaît, c’est vraiment privé »
  • « Si tu veux ma chérie, mais du coup de voir que ce n’est pas uniquement un journal intime, j’en ai ouvert un, je compte diffuser les articles que tu aimais bien, quand tu me lisais sur Mr Mac… »
  • « Tu comprends ma chérie, j’ai enfin l’occasion d’éditer ce que j’ai écrit… »
  • Silence radio à part une réponse brève « pas tes romans maman, il faut les garder pour toi…« .
  • 3 jours après, mail de Pulchérie « ça va la sorcière ? »
  • « Comment tu m’as trouvée ? »
  • « J’ai tapé « filles » et quelques mots clefs, et je suis tombée sur toi finalement ». « Je connais ta plume, cela ne pouvait être que toi… » 🙂
  • « Tu sais maman, je peux te mettre ta page en forme, te faire de la pub chez moi. Ce que tu as publié c’est déjà très bien, tu peux continuer sans problèmes ».
  • « Mamannnnnn, donne moi tes mots de passe que je fasse ta mise en page ! »
  • « Eventuellement j’irais lire tes articles, et je te dirais ce qu’il ne faut pas faire. Par exemple il faut mettre des photos, je te montre »…

J’ai cédé. Deux jours après ma mise en page était faite, j’avais un mail long de 100 mètres m’expliquant ce qu’il fallait faire ou pas.

Le blog de la gentille sorcière était né.

Oh j’ai fait des gaffes et des erreurs :

  • Je postais deux fois par jour, y compris pendant les jours fériés et les ponts. Comme j’avais débuté en juin 2006, je me suis torché les grandes vacances avec leur absence de commentaires… Je désespérais…
  • J’ai fait une gaffe énorme chez Deedee (Pulchérie me conseillait les blogs à lire et à commenter…). Heureusement, cette dernière ne m’en a jamais tenu rigueur après coup, bien au contraire.
  • Gaffe énorme faite parce qu’une autre blogueuse arrivée chez moi « par hasard », avait pompé des textes à moi pour les éditer en son nom (je l’ai encore toujours en travers, j’avais été contactée par l’éditeur, j’avais refusé, et on a pompé tout de même)
  • J’avais surtout des lecteurs arrivés chez moi, via quelques conseils de Pulchérie qui commençait à devenir « influente », et j’ai longtemps pensé que mes nouveaux commentateurs venaient forcément de chez elle…
  • Et puis c’est devenu faux, mais je ne le savais pas…

En 2008, Pulchérie m’a acheté mon nom de domaine, s’est occupée de tout rapatrier, pour mes 50 ans. MON site, c’est son cadeau d’anniversaire de chaque année…

Certains des premiers commentateurs et amis de la première heure, sont toujours là, mais rares (les ménagères en particulier, et Marcus qui hélas a décidé de se retirer de la blogosphère). Sont venus les autres fidèles, un an après (Louisiane entre autres…) et jour après jour… Avec parfois des lecteurs de l’ombre, qui ne commentent jamais…

Je ne sais pas ce que sont devenus les autres, les premiers. Les blogs disparaissent parfois, sans que l’annonce du tombé du rideau soit faite par leurs auteurs… Et certains commentateurs sans blogs disparaissent également…

Et vous ? D’où venez-vous ????  Si je ne m’en souviens pas, il ne faut pas m’en vouloir… (j’ai déjà posé cette question une fois !)

L’eau a coulé sous les ponts. Je n’ai pas la mémoire infaillible, et maintenant, beaucoup de mes lecteurs ne viennent pas de chez Pulchérie, comme au départ…

C’est pourquoi  je vous ai posé une question dans mon titre.

Je relève les copies lundi…

Merci de me répondre, car la vie n’est pas toujours UN LONG CALVAIRE.

Je sais que vous venez du Québec, de la France, de la Belgique, de la Suisse, de tout ce qui es francophone, mais : JE VEUX SAVOIR QUI VOUS ETES ET COMMENT VOUS ETES ARRIVES ICI.

MERCI !

C’est l’histoire d’un blog… (sur le pont de l’Alma…) (part 1)

ecrivain-2-copierPour moi, l’histoire de mon blog est tellement évidente, que j’en oublie parfois que certains de mes lecteurs m’ont trouvée tardivement, et pas forcément par le biais de fille aînée…

J’ai réalisé qu’il était temps de remettre les pendules à l’heure, pour les retardataires, enfin les nouveaux venus.

Après recherches, je me suis rendue compte qu’en grande majorité, les lecteurs et commentateurs de la première heure s’étaient fait plus que rares, et que j’avais de moins en moins l’avis « je suis arrivée ici via le blog de ta fille » (que personne ne se vexe, j’ai dit « de moins en moins » et pas « plus jamais »).

Juin 2006 : je travaille toujours chez Truchon, l’ambiance est encore très très bonne, tout va bien. Sauf que ce jour là, je me ronge les coudes en attendant le coup de téléphone de Pulchérie. C’est le jour où elle doit savoir si elle a ou non son DSAA (Diplôme Supérieur des Arts Appliqués) pour sa sortie de l’école Boule.

Je me ronge d’ailleurs tellement les coudes, qu’à partir de 16 H,  dame Vénézia qui connaît par coeur les numéros de portables de mes filles, prend le téléphone à ma place et que personne n’ose venir prendre de mes nouvelles. Quant à celui qui souffre de n’importe quoi, il peut crever, et il LE SAIT !!!

Tout à coup, s’affiche le n° fatal* :

  • 06
  • Mai 68
  • L’année de naissance de ma soeur moins 7
  • 5 ans avant mon bac
  • 3 ans après l’armistice de 1945…
  • (Ceci pour ceux qui ne connaissent pas mes moyens mnémotechniques…)

Je me précipite sur le combiné comme la vérole sur le bas clergé breton (à qui vous pensez que j’en veux personnellement, mais c’est juste une expression familiale)… et je manque m’assommer avec le combiné qui échappe à mes mains moites…

  • Alors ma chérie ?????
  • Silence de mort sur le plateau où je travaille. Truchon qui descend les escaliers s’immobilise et me regarde gentiment attendant la bonne nouvelle
  • JE SUIS RECUE MAMAN ! J’SUIS DESIGNER (et architecte d’intérieur, etc….)
  • Je te laisse ma petite maman. J’appelle Delphine, papa, Vincent, François, Paul et les autres…

Il faut dire que cette malheureuse enfant avait été prévenue : si elle ne m’appelait pas immédiatement, tout de suite et sans délais, je lui envoyais la brigade légère, la charge des éléphants, et le débarquements pour qu’elle comprenne bien…

Je suis folle de joie. Truchon me précise qu’il avait prévu du champagne, ne doutant pas de la bonne nouvelle « telle que vous êtes, bon sang ne saurait mentir » (j’ai oublié de la lui replacer celle là, quand il m’a signifié mon congé). Tout le monde vient me féliciter, et Frère Fabrice l’éternel distrait me demande ce qu’il se passe et si par hasard je n’ai pas d’aspirine…

D’autres vont chercher LEUR champagne. C’est la fête à l’ingenierie, et Truchon me demande à voir une oeuvre de ma fille.

CAR, et c’est là que tout va se jouer et comme le hasard fait bien les choses, Pulchérie a eu besoin, devant une panne d’imprimante couleur à l’école Boule, de me faire imprimer « quelques documents » pour soutenir son diplôme final.

Comme je suis maîtresse de l’imprimante couleur, j’ai dit oui, mais les quelques documents sont en fait 260 en format A3.

Et je ne peux pas, mon honnêteté me l’interdit, abuser de l’imprimante couleur comme cela. En douce c’est toujours possible, mais se faire prendre aussi, et puis non, je ne peux pas…

J’en parle donc à Truchon avant la soutenance du diplôme. Je précise que je dédommagerai la société, mais il me rétorque « non, inutile, beaucoup abusent de cette imprimante, vous avez l’honnêteté de m’en parler, alors faites ce que vous voulez ».

J’ai même de sa part, l’autorisation d’envoyer aux frais de Truchon & Co, les documents à Pulchérie, en gros format, bien cher. Elle n’a plus eu qu’à les découper et les assembler.

Là, il me manque les documents les plus importants.

  • « Je ne les ai plus, mais je vais lui demander de me les renvoyer demain, et vous verrez tout ».
  • En fait, tout le monde verra « le cadeau d’amour »

Pensant récupérer quelques documents avant de faire chier ma fille qui fait la fête, je tape son nom sur Gogole et je tombe sur elle, à plusieurs reprises.

Le premier clic est le bon : c’est bien ma fille, qui poste sous le nom de « la méchante », un commentaire hyper désagréable chez je ne sais plus qui…

Avec une adresse de blog.

Ma fille a un blog ?

Retournement d’opinion… (4)

Elodie 1ère année maternelleAlbert continuait à jouer à la guerre avec sa fille, pendant que Delphine tétait avec application. Mais Albert en avait marre de la guerre, et Pulchérie se retrouva bientôt seule à la maison pour faire « PAN ! PAN ! » avec son index et son majeur.

Elle décida donc de fabriquer des raquettes collantes. L’appartement s’y prêtait, et l’ameublement aussi.

La distraction légendaire de son père ne pouvait que la servir, je n’étais en tant que mère, qu’une fouteuse de merde dans ses plans bien agencés.

J’en avais un peu marre de la guerre aussi, et d’avoir emmené un beau jour pour l’école une enfant paraît-il normale, pour revenir le midi même avec une terroriste en puissance, une djihadiste en herbe (encore qu’à l’époque on parlait moins de « guerre sainte »). Ce serait aujourd’hui, je rayerais le mot « Syrie » d’un Atlas et je ne commenterais pas les infos avec elle à proximité…Pulchérie poursuivait sa recherche de la raquette collante idéale.

  • Zut alors, le chiffon sur lequel je n’avais pas dérapé n’avait pas marché…
  • Zut alors, les chaussures de papa dans le milieu du couloir n’avaient pas marché (elle avait de la suite dans les idées).
  • Zut alors.

Un soir où Delphine était dans les bras de son père, en train d’attendre son dîner (l’un ou l’autre, vous avez le choix) j’entendis distinctement de la cuisine Pulchérie déclarer « ça y’est, je l’ai posée ma raquette collante ». Chose étrange elle partit vers sa chambre, ce qui était rare, car elle détestait toujours être seule.

Inquiète, j’avertis Albert :

  • Tu poses Delphine dans son transat, j’arrive pour la tétée !
  • Vas donc voir ce qu’a fait TA fille aînée, car :
  • Je l’ai entendue parler de raquette collante…
  • Pire, elle est partie TOUTE SEULE dans sa chambre.

Albert avait bien entendu posé Delphine dans son transat, mais avait dû hausser les épaules. Depuis qu’il entendait parler de « raquettes collantes », il me demandait régulièrement « qu’est-ce qu’elle a imaginé ENCORE ? ». Sans s’inquiéter plus que ça… On reconnait bien là l’homme qui lui, a de vrais soucis et une vie qui n’est pas facile, alors que sa femme elle…

J’imagine le cheminement de ses pensées dans les circonvolutions du cerveau d’Albert, après mon avertissement…

  • Raquette collante…
  • N’importe quoi…
  • J’ai posé du papier peint avant-hier…
  • Papier peint = colle
  • TOUTE SEULE dans sa chambre…
  • Raquette + colle à papier…
  • NOM DE DIEU : MA RAQUETTE !

Albert avait une raquette de tennis à laquelle il tenait beaucoup. C’était l’époque des raquettes en bois et boyaux, avec un truc pour les empêcher de se tordre, c’était la préhistoire. Il venait justement de la faire retendre et entretenir, cela lui avait coûté au moins un rein. La raquette était rangée dans notre chambre, sous le lit, chambre dans laquelle Pulchérie avait formellement interdiction de rentrer, mais comme « causes toujours » était toujours et pour des années encore, d’actualité, il voyait déjà sa raquette couverte de colle à papier (dont il avait laissé traîner un pot que j’avais rangé hors de portée de la petite, mais cela il l’ignorait).

(En effet la petite avait donc une imagination débordante, et s’inquiétait fort de voir sa soeur quasi chauve. Un pot de colle à papier, une chute de moquette, et elle était capable de donner enfin une chevelure à sa soeur (2 mois) !  )

Il est à noter que Delphine resta chauve comme une genou jusqu’à environ 9 mois, mais que depuis, tout s’est bien arrangé (si l’on fait fi des couleurs violines, rouges, noires, etc… qui furent les siennes à une certaine époque, mais c’est une autre histoire…)

  • Albert avait fait la relation « colle à papier » et « raquette » = raquette collante.
  • Il se leva du canapé d’un bond
  • Se précipita vers notre chambre alors que je venais de mettre Delphine au sein.
  • Et là j’entendis un bruit horrible, suivi de jurons abominables car :

Albert venait de se prendre les pieds dans une ficelle tendue entre le bidet de la salle de bain, et un montant du placard qui faisait face à la dite salle.

Pour l’anecdote : les appartements 4 ou 5 pièces étaient dotés d’une salle de bain, et juste en face, d’un renfoncement avec un lavabo. TOUS les locataires retiraient le lavabo, mettaient en place un placard, puis en repartant, démontaient le placard pour remettre le lavabo en place.

Nous avions donc retiré le lavabo fraichement remis, et papa s’était fait une joie de nous monter deux ou trois beaux placards (il est menuisier de métier) là où il y avait des renfoncements inutiles (mais qu’il fallait rendre en renfoncements inutiles).

Pulchérie avait vicieusement noué une ficelle à un montant du placard, presque réussi à refermer la porte, et avait noué le reste, bien tendu, au bidet que nous avions fait installer (qu’il fallait retirer en partant, blablabla…).

La chute d’Albert ne fut pas trop grave, vu qu’il fit un dérapage totalement incontrôlé sur le carrelage certes, mais que la porte de la chambre de Delphine était ouverte, ce qui lui épargna de se cogner la tête dedans. Il termina sa course devant la table à langer…

La bordée d’injures fut aussi terrible que lors de la chute de Gargomel. Et Pulchérie arrivant sur ces entrefaites, ravie de voir que sa raquette collante avait super bien marché n’arrangea pas les choses concernant l’humeur de son géniteur.

  • C’était de ma faute, j’étais trop laxiste !
  • On n’a pas idée de laisser une gamine de cet âge jouer à la guerre et poser des mines à longueur de temps !
  • On voyait bien que j’avais trois arrières grands pères qui avaient fait les tranchées, l’hérédité de SES filles en était certainement plombée jusqu’à la 13ème génération ! (et les siens d’arrières grands pères, ils étaient planqués où ?)
  • Et qui lui a appris à faire des noeuds hein ?
  • Elle a appris à l’école ?
  • Encore un coup de l’éducation nationale ça (tous des cons), rien d’autre à foutre en maternelle que d’apprendre aux enfants à faire leurs noeuds de chaussures tous seuls ? Les parents (la mère) peuvent bien les faire, les noeuds de chaussures, jusqu’à leur majorité !
  • La majorité des enfants, tu m’écoutes ou quoi ?
  • Je t’écoute mon trésor : je t’ai dis il y a deux semaines que Pulchérie savait faire les noeuds toute seule, et tu ne l’as même pas complimentée…
  • Ce n’est pas maintenant que je vais le faire. ET c’est la maîtresse qui lui a appris à faire des demies clefs ?

….Non ça c’était mon père. Qui avait encore du temps devant lui pour regretter certaines leçons données à ses petits enfants, y compris celle au cours de laquelle il avait appris à Pulchérie à dessiner des escargots…

  • Je t’avais demandé d’aller voir ce qu’avait fait Pulchérie, tu n’avais qu’à regarder où tu mettais les pieds…
  • « J’ai faim papa » : Pulchérie noyant le poisson, car elle  n’avait jamais faim et savait donc que l’on allait sauter sur l’occasion.

Albert se fit donc une joie de la faire dîner en lui faisant la morale :

  • La guerre à la maison, c’est terminé. Tu m’entends ?
  • VI causes toujours
  • Et si c’était maman qui était tombée avec la petite soeur tu te rends compte ?
  • VI NON
  • Et la guerre à l’école c’est terminé aussi tu m’entends ?
  • VI… (je t’entends, mais je ferai ce que je veux d’abord…)

Albert cessa dès ce soir là, de considérer le fait que sa fille soit une amazone pure souche et pur sang, capable de s’imposer aux mâles de son école, comme un fait à relater à tout le monde. Une femme soumise devenait soudain son rêve et sa fille aînée ne le serait jamais…

Mais une fois Pulchérie couchée, lors de la dernière tétée de Delphine, celle de 23 H, alors qu’il contemplait sa deuxième née, il eut cette remarque surprenante de naïveté :

  • « Bon, la deuxième mange avec appétit ELLE. Espérons qu’elle n’aura pas la même imagination débridée que celle de sa soeur »…

Causes toujours : l’homme ne vit que de ses rêves…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Sa toute dernière raquette collante ôta à Pulchérie toute envie d’en refaire jamais une. Albert avait en effet sa fille à l’oeil, (et le mien ?), mais elle avait réussi à répandre de la super glu sur un des fauteuils en simili cuir de la salle à manger, sur lequel Albert s’affala avec grâce après avoir fini de réparer une étagère du buffet.

Quand il se releva, son jean neuf était foutu, le dessus du fauteuil aussi, et là, il sû se montrer persuasif… pendant plusieurs jours… le temps en fait que le morceau de jean + simili cuir qui s’était collé à sa peau se décolle de lui même après beaucoup de bains très chauds…

La guerre devant fatalement se terminer, Pulchérie attaqua les décorations, murales de préférence…

Mais je vous l’ai déjà raconté…

Retournement d’opinion… (3)

Elodie 1ère année maternellePulchérie continuait à faire partie de la bande à Zoël, et pour plus de commodités morale pour les mâles, elle était même devenue son amoureuse. La femme du chef : ça se respecte, leur moral l’exigeait…

Pendant ce temps là, son cousin faisait partie d’une seconde bande à Baader (qui faisait tristement parler d’elle à l’époque, enfin, la vraie), dans son école. Lui, il fabriquait des bombes sa bande et lui méprisant la guerre. Après la naissance de Delphine et une visite chez mes beaux-parents, le cousin, expliqua à Pulchérie qu’il n’y a pas que les tireurs, il y a aussi les poseurs ou lanceurs de bombes, les terroristes, ou bien des poseurs de mines, entre les tranchées, à la rigueur, si elle y tenait…

Ma fille manquait cruellement d’instruction concernant l’art de la guerre : son cousin (Nanaud) lui donna les informations manquantes. Y compris comment faire exploser une bombe en gonflant un sac en papier et en le faisant péter en tapant fort dessus. Le père du cousin était en admiration devant son fils, et rigolait bien quand Pulchérie et lui parlaient de bombes. Tous les soirs, il savait que son fils allait arriver derrière lui pour faire exploser sa bombe, et faisait semblant de mourir. Sauf qu’un beau jour : encore un retournement d’opinion…

Le terroriste en herbe, pour qui l’on laissait trainer innocemment des sacs en papier, eut l’idée un beau soir de mettre un peu beaucoup de farine dans sa bombe, car il avait un vrai gros sac en papier énorme. Le père se retrouva non pas mort, mais entièrement enfariné (ce qui lui allait parfaitement, hé hé…) ainsi que le canapé et le tapis persan en soie véritable.

Nanaud eut donc l’interdiction formelle de faire partie d’un groupe de terroristes, mais reçu l’ordre de monter plutôt une association humanitaire. Cet ordre ne fut suivi d’aucun effet, mais Nanaud monta sa bande et sa propre tranchée… Chez lui on lui supprima les sacs en papier… (et après les psy cherchent vainement un trauma existentiel…)

Pendant ce temps là, Pulchérie avait donné des cours à Zoël et le reste de sa bande. Les sacs en papiers étaient rares à l’école, mais il fallait mettre des mines entre le bac à sable n°1 et le bac à sable n° 2.

Ils eurent tous des idées géniales, mais là, les institutrices intervinrent : pas de pièges faits avec des pierres (et pourquoi y a-t-il de grosses pierres dans une cour de récréation ? je vous le demande), ni de branches coupées dans le petit jardin arrière où l’on emmenait les trésors une fois par semaine s’il faisait beau, pour faire trébucher un combattant.

ZUT ALORS !

Pour une raison que nous ignorerons toujours, Pulchérie avait surnommé les pièges, mines et autres joyeusetés, des « raquettes collantes ».

A la maison elle s’exerçait à poser des pièges.

Me promenant beaucoup avec Delphine dans les bras, je regardais où je mettais les pieds, et je tenais ma fille aînée à l’oeil, mine de rien.

Mais pas Albert…

La vie n’est qu’un long calvaire (d’autant que vu mes tags, je vais bientôt voir débarquer l’anti terrorisme sur mon ordinateur…)

Mon « D Day »…

banniereCertains l’auront noté : je n’ai pas commémoré le débarquement. D’autres que moi s’en chargent et le font très bien…

Par contre il m’est revenu tout à l’heure, que le 6  juin 2006, j’éditais mon premier article sur un blog tout neuf, dont je vous raconterai l’histoire, si vous désirez la connaître…

Mon blog a eu 8 ans aujourd’hui… Je vais donc entamer ma neuvième année…

Je me sens un peu vieille tout à coup…

Mais je vous remercie ici, tous, d’être fidèles, de me lire régulièrement, de commenter régulièrement, enfin bref, de me donner l’envie jour après jour, de continuer.

DES BISES !!!

Retournement d’opinion… (2)

Elodie 1ère année maternellePulchérie devait entrer à la maternelle en septembre 1984 (pile poil AVANT la naissance de la petite soeur prévue pour octobre, ce qui est mieux concernant l’histoire de la jalousie de l’aîné) et attendait ce moment avec impatience, s’ennuyant seule à la maison, même si elle pouvait me brosser les cheveux et faire du tricycle dans le nouvel appartement dont le couloir formait un U.

Le jour J, c’est une enfant enthousiaste que j’ai conduite à l’école, et je suis revenue le midi avec une gamine hurlant qu’elle voulait rester à l’école, ce qui fait toujours plaisir, et en tout cas faisait l’envie des mères dont les gosses hurlaient, eux, qu’ils ne voulaient pas y retourner.

Après avoir mal mangé comme de coutume, elle commença à déambuler dans l’appartement, en hurlant « pan ! pan ! » et en pointant l’index et le majeur, les autres doigts bien repliés, d’une manière très caractéristique. A son père arrivé pour bien manger lui, elle tira dessus : « pan papa, tu es mort ! ».

  • « Eh bien me fit Albert philosophe, s’ils commencent à jouer à se tirer dessus dès 3 ans, l’humanité n’est pas sortie de l’auberge… »

Lui non plus  ne l’était pas, mais il l’ignorait encore.

J’appris petit à petit, en discutant avec l’institutrice, une routarde à qui on ne la faisait pas, et à sa collègue non plus (deux classes : petits/moyens, et moyens/grands), que Pulchérie s’adaptait trèèèèèèès bien à l’école et que je n’avais pas à me faire de soucis pour elle.

Les choses se passaient toujours de la même manière, c’était hallucinant d’ailleurs, depuis 25 ans qu’elle exerçait cela n’avait pas changé.

  • Le premier jour, les garçons se tiraient dessus, les filles faisaient de même,stimulées par leurs petits camarades.
  • Le deuxième jour, les garçons se divisaient en deux clans : les méchants, et les gentils.
  • Les gentils avaient la tranchée n° 1 (bac à sable n° 2, le plus loin possible de l’oeil exercé des maîtresses, qu’ils croyaient)
  • Les méchants ‘les boches » (eh oui, il y a 30 ans, les enfants avaient entendu parler des « boches », Pulchérie avait d’ailleurs des arrières grands mères et une arrière arrière grand tante qui avaient « fait » 14/18), avaient la tranchée n° 2 (bac à sable n°1)
  • Restait aux filles, les cantinières par tradition, le bac à sable n° 3 dans lesquelles elles faisaient du sable fin pour nourrir les gentils (je faisais la même chose…).
  • Pour éviter les disputes et crêpages de chignon, les gentils et les méchants changeaient une semaine sur deux de bac à sable, pour changer de statut.

Pulchérie décréta le 3ème jour que faire du sable fin (cantinière ou « la cantine » comme elle me le racontait) n’était pas pour elle, et décida d’aller jouer dans la tranchée n° 2 (bac à sable n° 1) dans laquelle elle débarqua son arme fin prête (la main correctement disposée) pour s’entendre dire que les filles, ça ne fait pas la guerre.

Le chef de la bande qui ne savait pas que Pulchérie était Pulchérie, et qu’elle avait l’habitude de jouer avec son cousin qui n’avait qu’un mois de plus qu’elle, se prit une bonne claque pour lui apprendre si les filles ça ne faisait pas la guerre Puis une deuxième parce qu’il avait eu l’audace de dire « même pas mal ». Après conciliabules avec le reste de la bande, il fut convenu que Pulchérie ferait partie des combattants.

« C’est un cas de figure qu’on ne voit pas tous les ans, les filles vraies combattantes sont extrêmement rares »  nous raconta la maîtresse, alors qu’Albert était venu avec moi la récupérer un samedi midi. Il en éclatait presque de fierté !

Mais mon trésor en sucre rose réalisa le jour même de sa prise de position qu’elle faisait partie des méssants, et décida de passer à l’ennemi et d’investir le bac à sable n°2, donc la tranchée n° 1.

Où un dénommé Zoël, qui commandait les  zentils, l’avait priée de déguerpir, car il ne voulait pas de fille chez lui.

Zoël se prit donc un bourre pif magistral, et déclara en revenant de l’infirmerie avec du coton dans les narines, que Pulchérie était acceptée dans la bande.

Acceptant d’être une méssante une semaine sur deux, Pulchérie continuait à s’entrainer à la maison, ce qui amusait beaucoup son père, qui se mit à jouer avec elle en tirant également avec son index. Pour parachever le chef d’oeuvre, il lui apprit l’art de l’embuscade, et nous passions notre temps à la chercher partout.

SA fille avait su s’imposer, ne se laissait pas marcher sur les pieds, nous n’avions pas à nous faire de soucis pour elle, effectivement. La maîtresse était une sainte femme très psychologue. « Hein ma chérie ? ».

« Ma chérie » commençait à compter les contractions, tout en ne trouvant pas très bien de laisser les enfants s’entretuer comme cela, mais bon, l’ouverture de la chasse avait eu lieu, des fusils, Pulchérie savait ce que c’était, que l’on n’y touche JAMAIS, et que cela tuait des lapins, des faisans, était-il utile de lui faire déjà un discours sur les horreurs de la guerre et ce qu’est réellement la mort ?

Et aurez-vous le courage de lire les autres épisodes, bien évidemment sanglants ?

La vie n’est qu’un long calvaire…

Retournement d’opinion… (1)

Filles_chahutantJe n’ai jamais connu une personne capable de changer aussi  radicalement d’opinion qu’Albert qui pour moi a la palme.

Au hasard : les filles, les miennes, les nôtres, les siennes.

Au départ, après la naissance de Pulchérie, il était en admiration devant sa progéniture « les petites mains, les petits pieds, et gnagnagna » (heureusement que le nouveau né ne chausse pas d’emblée du 38…), puis il le fut par son « charabia développé », et un beau jour devant son imagination débordante.

Je travaillais à mi-temps le matin, et c’est maman en particulier qui s’occupait du trésor adoré pendant que je bossais. Albert travaillant avec Jean-Poirotte avait donc l’occasion de voir souvent sa fille dans la matinée, puis la retrouvait le soir au domicile conjugal.

Pulchérie s’était prise d’affection pour les « FOUMFES »  en regardant la télévision aux heures autorisées, et détestait « GARGOMEL » le méchant. Elle avait une particularité : elle détestait être seule, cela a duré un bout de temps, et il lui a fallu atteindre un âge appréciable avant d’être capable d’aller aux WC toute seule…

L’appartement que nous occupions quand elle est née, et où sa soeur et elle ont été conçues, était très bien agencé. Pulchérie s’installait donc pour jouer dans l’entrée, ce qui lui permettait de ne pas nous perdre de vue quand nous étions à deux dans le salon, ou moi seule dans la cuisine, son père faisant ses mots fléchés du soir, en regardant d’un oeil vague la télévision (tous des cons).

Elle jouait donc aux « FOUMFES » dans l’entrée, au son  de « petits FOUMFES attention, fuyez votre maison… » pendant qu’Albert sensé la surveiller pendant que je préparais le dîner ne prêtait qu’une oreille fort distraite à ce que racontait et fourbansait sa fille, qui, cachée sous le bureau, préparait des pièges pour Gargomel, elle l’a assez dit et répété…

Parfois, il venait me retrouver dans la cuisine histoire de voir quand ce serait prêt et pour me pincer les fesses au passage, et d’un air extatique me disait « elle en a une imagination ».

Lui, était bien loin des Schtroumpfs… Il ne voyait que l’intelligence certainement hors norme de sa fille (cela venait de son côté) et admirait son langage châtié et bien avancé pour son âge, même si elle zozottait un peu.

Le premier retournement d’opinion fut le passage de :

  • Quelle imagination elle a (ton admiratif)
  • PDBDM quelle imagination elle a TA fille (ton désapprobateur, la génétique de Pulchérie devenant soudain la mienne seule)

Albert n’avait pas entendu LUI, alors que j’étais dans la cuisine, que Pulchérie pour se protéger de Gargomel, avait mis POUR DE BON  un piège dans le couloir (qui lui apparaissait comme une longue bande sombre et menaçante). Il cherchait « petit félin en 4 lettres » et avait eu jusqu’à l’inconscience de me demander si j’avais une idée (en mots fléchés je suis nulle), avant de filer direct aux toilettes, car quand un homme a envie de pisser, cela ne peut jamais attendre 5 secondes.

N’imaginez pas qu’il allait allumer la lumière du couloir et regarder où il mettait les pieds. Les toilettes étaient droit devant quand on passait la porte du couloir, sa fille sous le bureau, et pour une fois muette, lui semblait toujours vivante (il avait vérifié au passage), donc il avait foncé comme un malade.

De la cuisine j’entendis un bruit affreux, de porte de placard qui s’ouvre et se referme avec violence, d’une chute horrible avec tête dans la porte des toilettes, et une bordée d’injures comme Albert s’était promis de ne jamais la prononcer depuis que sa fille savait parler et répétait tout…

Et également une petite voix futée venant de dessous le bureau situé dans l’entrée « Gargomel il est tombé ! ».

Le piège c’était toutes les chaussures d’Albert que sa fille avait silencieusement sorties du placard pendant que son père la surveillait, et disposées dans le couloir. Albert s’était bien évidemment pris les pieds dedans, avait essayé de se rattraper à la poignée d’un placard du couloir qui en comptait cinq, et avait fini par se rétamer par terre, en se cognant la tête dans la porte des toilettes alors que la porte du placard se refermait avec un synchronisme parfait (portes en accordéon, très pratiques).

  • Putain De Bordel De Merde, c’est quoi ce piège à la con !
  • Ah elle en a de l’imagination TA FILLE, je me demande de qui elle tient, moi j’étais sage comme une image (sa grand-mère ricana à l’énoncée de cette vérité qu’elle réfutait avec force)
  • La vérité c’est que cette enfant est bien trop en avance pour son âge : pourquoi on la laisse regarder cette putain de télévision ! Dans deux ans, elle nous fera chier avec des discours appris par coeur en regardant l’assemblée nationale l’après midi !
  • Tes parents sont trop laxistes avec elle, et toi aussi d’ailleurs…
  • Je vais reprendre cela en main IMMEDIATEMENT !
  • Pulchérie je t’ordonne d’arrêter de faire ta cabane sous le bureau et plus de piège pour Gargomel compris ?
  •  VI ! Cause toujours.

Albert pu aller pisser tranquille pendant que Pulchérie sous ma houlette, rangeait le piège à la bonne place. Le dîner fut sombre, malgré la fricassée de poule, et Albert eut un bleu magnifique pendant 3 semaines sur sa hanche gauche qu’il montrait à tout le monde, en s’abstenant désormais de faire de la publicité sur sa fille si magnifiquement intelligente et imaginative…

Mais l’homme a la mémoire courte. Sinon, après la première bataille du monde, il n’en aurait pas refait d’autres…

La vie n’est qu’un long calvaire…