Ras le caquelon à fondue de l’adolescence… (part 2)

Ange blondJ’avais écrit le « part 1 » le jour du dernier anniversaire de papa l’an passé, et du coup, après tout ce qu’il s’est passé, j’avais oublié le « part 2)…

Bien évidemment, déjà sortis de l’adolescence, encore que l’on se sente immortel très longtemps, ou tout au moins persuadé que le temps ne passe pas vite du tout, nous savons que nous allons vieillir. Encore qu’à 18 ans cela reste une idée très vague.

Or, et c’est consternant, personne ne nous prépare à vieillir.

Ce qui est vraiment regrettable, car nous sommes en plein « papy boom », auquel aucun gouvernement n’a voulu s’attaquer (d’où les manques en médecins, spécialistes, et structures ad hoc, mais j’y reviendrai prochainement)

Vieillir, c’est comme une adolescence à rebours, qui attaque suivant notre hérédité, où ça veut, et quand ça veut.

Adolescence à rebours dont tout le monde se fout, à l’heure où l’ado, ce pauvre bouchon, s’interroge sur son avenir, et que l’on s’interroge sur les places en maison de retraite et le montant de la dite retraite. Je précise que je ne parle qu’en règle générale, pour éviter à une de mes filles de débouler en me disant « mais maman tu es jeune », après m’avoir fait le coup du « j’ai 30 ans c’est AFFREUX ! »

Parlons en de ce qui change au niveau du corps :

  • Les hormones n’attaquent plus, elles désertent, particulièrement pour les femmes. L’andropause serait une réalité tout de même moins triste que la ménopause qui guette chaque femme, à des âges divers suivant l’hérédité. On peut être ménopausée à 42 ans comme à 60. Interroger sa mère peut être d’une grande utilité, mais rien ne dit que l’on ne tiendra pas de notre grand-mère paternelle, papa nous ayant refilé son chromosome X.
  • La ménopause n’est pas uniquement l’arrêt des règles avec une période plus ou moins longue de cycles perturbés. C’est tout le corps qui s’en ressent.

L’adolescente nous fait bien ricaner face à la liste suivante, que le médecin devrait nous remettre dès nos premières règles pour que nous nous préparions psychologiquement :

  • Fonte de toutes muqueuses sensibles aux hormones. Les seins en pâtissent avant l’appareil génital qui théoriquement ne devrait plus servir, mais on n’est pas d’accord. D’accord ou pas, le vagin s’assèche (à répéter dix fois de suite sans se mélanger les pinceaux). Les seins qui tombent ce n’est pas plus glorieux que les seins qui poussent, et c’est plus traumatisant (sauf quand comme moi, on en a tellement peu, qu’il est inutile d’en parler, j’attends toujours qu’ils poussent).
  • Restent tout de même les androgènes (oui, même chez les femmes) : chute de cheveux et retour d’une acné qui ne signe pas une jeunesse éclatante (qui chez elle se soigne désormais)
  • Par contre les poils superflus prennent une vigueur nouvelle.
  • La libido peut faire grève, chez les hommes comme chez les femmes. C’est totalement l’inverse de ce qu’il s’est produit à ce qui serait le moment le plus fatidique dramatique de l’existence : l’adolescence à laquelle on retournerait bien, même si elle n’a pas laissé de souvenirs impérissables.
  • L’arrivée de la vieillesse et la vieillesse en elle-même ne laissera pas non plus de souvenirs impérissables, mais ils dureront moins longtemps…
  • La peau devient très sèche, même si on a lutté pendant 4 décennies contre une peau grasse. Ou l’inverse (assez rare, mais accompagnant une poussée d’acné qui n’est plus juvénile DU TOUT !)
  • ET J’EN PASSE !

Et il y a tout le reste du corps…

  • On oublie la croissance qui peut perturber l’ado. Calcium ou pas, on va commencer à se tasser. On peut avoir perdu 20 cm en fin de vie, voire plus.
  • Les os se fragilisent.
  • Les articulations commencent à merder. Ca coince à tous niveaux : épaule, cheville, genoux, hanche, coude, poignet. Chacun son truc et son hérédité, mais c’est une réalité.
  • Il y a une époque à laquelle certaines maladies génétiques vont attaquer enfin. Depuis notre conception, elles attendaient leur heure. Particulièrement celles qui touchent aux articulations qui, au choix, vont se voir ornées de bosses disgracieuses et douloureuses, ou ne plus fonctionner autrement qu’avec un accompagnement de douleurs insupportables.
  • Les tendons se recroquevillent d’horreur dans certaines zones. Ou bien ils se décrochent, carrément (l’épaule de préférence, avoir un bras inutilisable dans les 3/4 des cas étant le top). Ca, c’est une grève…
  • Les yeux ont commencé à nous trahir vers la quarantaine (l’époque ou la presbytie attaque est variable et également héréditaire). A ceux qui ont eu depuis leur enfance une vue de lynx, les joies des lunettes que l’on oublie pendant pas mal de temps, systématiquement. Les myopes peuvent eux, espérer enfin une amélioration de leur état, mais pas toujours.
  • Parce que la cataracte est une réalité qu’il faudra opérer un jour, pour peu qu’il y ait un ophtalmo dans le secteur…
  • Du coup, on se met à envier ceux qui ont toujours porté des lunettes parce qu’eux, cela ne les changera pas.
  • Le tube digestif craque lui aussi et le reste des organes aussi d’ailleurs. La vésicule n’en peut plus, le foie n’est plus droit, le coeur se fatigue, le pancréas se lasse, l’estomac renâcle régulièrement, les intestins… Bref. Tout à coup on ne digère plus l’ail frais, le piment, le poivre que l’on adore devient notre meilleur ennemi intime, et là encore j’en passe.
  • Les oreilles commencent à se fatiguer aussi. Au début on perd la perception des sons les plus aigus, après, advienne que pourra… L’adolescent lui, c’est son cerveau qui ne veut pas entendre (paraît-il, j’y crois à moitié, et encore). Pour l’instant je n’ai rien à redire à mes oreilles, mais Mrs Bibelot est un calvaire malgré ses appareils, pour qui discute avec elle ou allume la TV après elle : le son est à fond, et elle se plaint que les comédiens n’articulent plus correctement…
  • On perd de l’odorat. Contrairement aux malheureux ados qui gagnent sur ce terrain là pour mieux sentir les hormones propices, et les phéromones…
  • Par voie de conséquence, le goût se modifie également et nous rend de plus en plus difficiles.
  • La perte des neurones s’accélère. Si la démence sénile n’est pas une fatalité, on peut parfois la redouter.
  • Idem, la boîte à souvenir à trop s’ouvrir, nous ramène de plus en plus souvent en arrière, mais nous trompe parfois en faisant de sombres mélanges.
  • 4 jours de fièvre  à 40°nous terrassent pour 2 mois alors que jadis on se remettait en 8 jours.
  • Le système immunitaire commence à donner des signes de fatigue
  • La perception du chaud/froid se modifie, ainsi que celle de la soif, d’où des problèmes de régulation de température et de déshydratation à un âge un peu avancé.
  • C’est SANS FIN, et j’arrête là, il n’y a pas de manuel pour gérer la vraiment très vieille personne, théoriquement c’est la maison de retraite qui va s’en charger (pas toujours bien).

Bref : rien de drôle dans tout cela, même si un principe d’égalité auquel nous ne pouvons échapper, nous met tous sur le même plan.

Et si l’adolescent a des états d’âme, l’âge un peu mur n’en a pas moins, l’âge plus que mur en a beaucoup, et l’extrême vieillesse encore plus !

Papa est mort d’un tas de trucs qui se sont mal combinés, mais surtout, parce qu’il ne voulait plus, qu’il ne se sentait plus indestructible, et d’ailleurs, ne l’a jamais plus prétendu. Qui s’occupe réellement des états d’âme de celui ou celle qui redoute de voir sa vieillesse le rendre encore plus vulnérable ? QUI SOIGNE CE SYNDROME ?

Pour beaucoup de choses, la messe est dite. Il n’y aura plus d’enfants pour les femmes par exemple. Ou il est trop tard pour devenir virtuose au piano, champion en sport, etc… L’avenir se bouche doucement, et le passé prend une place importante.

La peur de l’avenir n’est pas moindre que celle des jeunes, bien au contraire, dans une société où il faut être jeune absolument, alors que l’on doit théoriquement vivre de plus en plus vieux. Car l’avenir se rétrécit à mesure que les années passent. Et à l’âge mur, le temps passe de plus en plus vite, alors qu’il n’en finissait pas de se traîner avant l’adolescence…

Se faire licencier parce que 45 ans c’est VIEUX, se faire traiter de SENIOR à partir de 50 ans (la pub convention obsèques on la reçoit dans les 8 jours suivant l’anniversaire des 40), se dire qu’on ne retrouvera pas de travail parce qu’on est VIEUX, appréhender la RETRAITE qui ne sera pas à TAUX PLEIN parce qu’on n’aura pas cotisé assez, se demander dans quelle maison de RETRAITE on atterrira et si les enfants viendront bien nous voir régulièrement, ça flingue le moral…

Alors nos ados ont leurs états d’âme. D’accord.

Sauf que je m’en tape. Ne me demandez pas quels sont les états d’âme de maman qui approche des 79 ans, sans son compagnon de toujours… Ses 20 ans et son enfance sont toujours là, mais son corps n’a pas suivi, encore qu’elle soit en forme. MAIS il faut trouver un ophtalmo (mission impossible), faire à sa place ce que ses mains ne lui permettent plus de faire tant elle en souffre.

Les ados ont toute la vie devant eux. Pas moi… encore moins les plus âgés. Mais ce sont les ados que l’on plaint… Cherchez l’erreur.

Sauf que moi si je vais lancer des pavés dans une vitrine (aux impôts, au hasard), si je choure dans un supermarché, si je crie « mort aux vaches » (ce qui montrera bien mon âge), si je fais n’importe quoi qui sorte un peu de l’ordinaire, je n’aurais plus l’excuse de n’être QU’UNE PAUVRE ADO BOULEVERSEE PAR SES HORMONES…

Je t’en foutrais moi… C’est un peu facile… C’est tellement ancré que l’on voit l’ado partout, et les parents résignés qui vont avec idem : dans les pubs, les  séries, les films. J’ai peur de l’avenir si cela continue à ce rythme : « il a tué ses parents et a été acquitté, car il était adolescent »…

Faudrait-il revenir à l’époque où il y avait des « rites » plus ou moins collectivement conscients ? Le fait qu’une désormais jeune fille rallonge ses jupes, remonte ses cheveux, qu’un jeune homme ayant du poil aux jambes ait désormais droit aux pantalons longs, cela vous semble désuet ? C’était pourtant des rites pour le passage à l’âge adulte, et tout le monde s’en portait très bien !

Mais est-ce si différent de la gamine qui se maquille dès ses 10 ans désormais, du jean uniforme qui doit tomber en montrant le caleçon, et les coiffures extravagantes qui varient d’une époque à l’autre mais l’ensemble faisant qu’allant attendre votre môme à la sortie du lycée ou du collège vous le montre en 300 exemplaires avant que ce ne soit le bon. Est-ce mieux  aujourd’hui ?

La coiffure des Beatles qui a tant choqué à l’époque, les fait bien ricaner… Nos ados… Actuellement il faut se raser en faisant des dessins dans ce qu’il reste pour les garçons. Dans 20 ans, ils reviendront au catogan…

Sauf qu’eux maintenant ils ont tous les droits… TOUTES LES ETUDES l’ont prouvé : ils sont dans un état particulier. Je vous parie tout de même qu’à la préhistoire, l’homo sapiens le savait déjà cela, sauf que les adultes ne devaient pas forcément se laisser déborder avec mauvaise conscience. Ceci a duré jusqu’à mai 68. J’attends les études sur le psychologie de la vieillesse et de ses ravages. Jamais je n’ai vu une vieille personne traités contre une dépression réelle et motivée.

Nous descendons de millénaires de traumatisés. Pas étonnant que nos ados se révoltent…

Loin de moi l’idée de dire qu’avant tout était mieux. Le progrès existe et je ne le nie pas, mais concernant l’adolescence qu’il faut obligatoirement accepter et affronter, je m’insurge !

Alors je le dis et je le répète : la vie n’est qu’un long calvaire…

Et le premier qui me dit « oh, bah c’est un ado »,  je lui pète un genou…

Parce qu’en plein papy boom, je vous le dis moi : nous allons peut-être songer à un moment ou un autre, à autre choses qu’aux pauvres malheureux qui ont toute la vie devant eux !

8 réponses sur “Ras le caquelon à fondue de l’adolescence… (part 2)”

  1. Bien d’accord hélas ! Une mère vieillissante, et moi-même plus de première jeunesse. Oui nous aussi nous avons des états d’âme, des états de santé…
    Mes ados sont de jeunes adultes, j’en suis ravie et je ne reviendrai pas en arrière !
    Du coup j’ai un peu de mal à supporter les autres ados (mes neveux et nièces) à qui il faut tout pardonner parce qu’ils sont ados !
    nb : en passant tu as oublié de préciser que c’est l’âge de l’égoïsme ! Parce que lorsque ma mère était à l’hôpital et qu’on se relayait pour aller la voir, certains ados ne savaient plus prendre le bus (mais pour aller boire un coup avec leur pote, si !)… Mais il ne fallait rien dire, n’est ce pas !

  2. La conservatrice ringarde (et assumée) que je suis ricane doucement devant le « terrible two » autant que devant « la crise d’adolescence ». Le « oh c’est normal, c’est un(e) ado » me paraît tout aussi inacceptable que « mais c’est normal qu’il ne dise pas bonjour / crie / donne des coups de pieds dans le siège / morde / etc, c’est un enfant ».

    Ceci étant, on en reparlera quand j’aurai ma progéniture, hein… Comme dit l’autre « avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants ». Je vais donc observer une réserve prudente et attendre de voir comment je gèrerai le marmot chouinard / l’ado malpoli / etc. 🙂

    Pour ce qui est de la vieillesse et de ses vulnérabilités, je passe… en bénissant la chance d’avoir (encore) des parents actifs, dynamiques, autonomes… et en me souhaitant de les garder le plus longtemps possible.

  3. Louisianne : je désespérais d’avoir des commentaires à ce sujet. En ce qui concerne l’égoïsme tu as tout à fait raison, sauf que DE MON TEMPS (oh la vieille), on se faisait remettre en place vite fait à ce sujet…
    J’ai de plus en plus de mal à supporter les ados, parfois très prolongés, et je pense qu’il y aura forcément un retour en arrière où là, on ne sera plus assez tolérant !!!!

  4. Princesse : il y a un truc simple qui est ma réalité. A une époque j’avais des principes concernant les enfants, et après j’ai eu des enfants en gardant mes principes.
    Curieusement, sur pas mal de trucs, elles me remercient (comme de ne pas avoir toléré de les voir boire autre chose que de l’eau à table, il n’y a jamais eu de sodas ou coca chez moi)…
    Quant à la vieillesse, j’en reparlerai…

  5.  » j’avais des principes concernant les enfants, et après j’ai eu des enfants en gardant mes principes. » Waouh ! J’aime ! Le genre de truc qu’on n’ose plus dire aux moins de 35 ans sous peine de passer pour une vieille ringarde qui a oublié la jeunesse de ses enfants !

    Pour la vieillesse, étant je crois un tout petit peu plus jeune que vous et à peu près en bon état général, j’avoue que j’ai ri devant la liste dressée … Pour autant je ne me réjouis pas trop vite, nul ne sait ce qui m’attend demain … 🙁

  6. CDLM : je ne parle pas de principes TRES stricts, mais il était hors de question d’avoir un gosse qui braille pour un rien, à qui l’on laisse faire tous ses caprices, qui mène la vie dure à tout le monde, se tient mal à table, etc…
    Avec Albert nous nous y sommes toujours tenus. Après il y a des bricoles pour lesquelles on peut réviser son jugement, mais ce ne sont que des bricoles.
    Cela m’a évité d’avoir la tronche de ma voisine de pallier, qui, si elle continue avec ses deux mômes, va terminer à l’hôpital psychiatrique…

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