Vive la confiture de prunes ! (ou comment ne pas commettre un parenticide).

scene-de-menage1 Je retrouve cela dans mes brouillons..

C’était la fatale époque des prunes, mais également  celle où papa était encore là, alors je laisse le post tel que je l’ai écrit, même si j’ai pleuré un petit coup en me relisant.

Finalement j’ai fait quelques modifications qui seront en italique…

Oui, mes parents ont un prunier qui donne des tonnes de prunes (des quetsches). Pour moi c’est toujours chez mes parents, rien à faire…C’est bien beau les clafoutis et de se bouffer des prunes matin, midi et soir en en refilant à tout le monde, mais il a donc fallu se résoudre à faire des confitures. Papa faisait la grimace car les précédentes confitures de prunes avaient mis 3 ans à s’écouler (c’est le principe pourtant, c’est fait pour durer), et que comme maman lui a fait remarquer « on pourrait penser que tu n’as pas connu la guerre et ses privations » il a finalement renoncé à  faire obstruction, d’autant plus qu’il suivait le tour de France. Pas question de jeter les fruits ou de les laisser pourrir.

Il y a suffisamment d’enfants et de petits enfants pour piller les confitures, et personnellement je ne sucre mon fromage blanc qu’avec ça. J’achète rarement des confitures dans le commerce, et du sucre en poudre environ une fois par an. Donc comme j’avais du temps (choeur des vierges ON LE SAURA !), je leur ai donné un coup de main pour les confitures. Mais vous avez déjà eu un petit aperçu… Un jour…

Parce que ce n’est pas le tout, faut ramasser ou cueillir les prunes (moi), en s’en prenant fatalement une vraiment bien mure qui s’écrase sur le crâne (quand c’est moi), les dénoyauter, les peser, trouver la bonne recette.

Comme dirait ma copine Louisianne c’est là que les ennuis commencent.

Papa suit toujours scrupuleusement les recettes à la minute de cuisson près et au gramme de sucre idem. Maman comme moi, suit les grandes lignes, et adapte après la première réussite ou non… Comme c’était le tour de France, il nous a tout de même vaguement fichu la paix pour la première fournée, sauf pour me signaler que je ne remplissais pas assez les pots (je précise que les étapes du tour de France sont programmées n’importe comment !)

La première confiture peut durer 10 ans, je vous le garantis. Elle est trop sucrée (quoique bonne) donc va bien se conserver. Pour la deuxième fournée, nous avons donc réduit le poids de sucre et augmenté un peu le temps de cuisson, dans le vieux chaudron en cuivre de mon arrière grand-mère. Celle-là était parfaite, malgré les interrogations de Jean-Poirotte « est-il utile d’augmenter le temps de  cuisson ? » (c’était les pubs, pendant l’étape…).

Sauf que là, les choses se sont gâtées à nouveau : nous souffrions d’un manque de pots… Incroyable que dans une maison de la taille de celle de mes parents, ils n’aient jamais trouvé un endroit pour stocker des pots vides, alors que l’on pourrait dissimuler en toute tranquillité les cadavres des 7 femmes de Barbe Bleue… J’ai d’ailleurs toujours une appréhension en ouvrant une vieille remise…

Nous voilou en train de chercher des pots partout, racolant le moindre pot de mayonnaise presque terminé chez tout le monde. A rauchan nous sommes arrivés trop tard : ils avaient commencé la rentrée et l’étalage des après skis… Chez les petits commerçants introuvables également les pots : c’était une année à fruits, ils avaient mal calculé leur coup. Le père de Vianney nous a gentiment dépanné de quelques pots de compote (oui, ça remonte à un peu loin…)

Donc voici en route le dernier chaudron de confitures de prunes, pour 4 kg de fruits. Le chaudron est sur la cuisinière, je m’en occupe (sinon papa veut toujours écumer un coup (inutile), goûter en se brûlant, se demander s’il y a assez de sucre, etc…). Curieusement j’ai fait plus de confitures que lui, donc je l’envoie paitre gentiment.

Sauf que maman avait fait décrocher ses rideaux par sa femme de ménage pour les laver, et que subitement elle voulait les raccrocher. Papa lui avait dit « je m’en occuperai ».

Sauf qu’il fallait fatalement raccrocher les rideaux tout de suite. Il faut le savoir (et c’est de pire en pire, ajout : avec maman cela ne peut jamais attendre même 5 minutes). A juste 20 cm du chaudron de potion magique en train de bouillonner. Je précise qu’il faut monter sur un escabeau, se pencher dangereusement en équilibre au dessus de l’évier pour raccrocher les rideaux (les murs font 50 cm d’épaisseur et les appuis de fenêtres sont donc très larges, sans compter l’évier placé devant), avec un risque majeur : se tôler. Et là, fatalement, dans le chaudron, ou à tout le moins en le renversant en s’en foutant partout (brûlures graves).

J’ai toujours eu une vision très précise de l’accident domestique possible depuis que Pulchérie a su se déplacer à quatre pattes,  qu’on dirait que je suis pessimiste de nature, et j’ai précisé sans amabilité que le raccrochage des rideaux pouvait attendre la mise en pots (les derniers) de la confiture.

  • Jean-Poirotte m’a précisé « Coraline je suis grand, je sais ce que je fais ». Je précise que je ne me suis fritée avec mon père post adolescence qui passait quasi inaperçue que pendant mon année de fac, donc, entre 1976/1977 et sa mort, il n’y a jamais eu de disputes.
  • J’ai précisé que non, je ne me pousserais pas du chaudron pour lui laisser l’accès à la fenêtre sauf s’il me trucidait avec le couteau à viande.
  • Il m’a dit que j’étais stupide, après avoir hésité un instant, et je lui ai rétorqué que les chiens ne font pas des chats.
  • « Pourquoi je tomberais ? » m’a demandé cet innocent, comme si on faisait exprès de tomber.
  • Parce que le principe d’un accident, c’est de ne pas être voulu justement, alors limitons les risques, et non je ne me pousserai pas, je touille.
  • Inutile de rôder autour de moi, je touille toujours, et non, il n’est pas nécessaire d’écumer.
  • Je touille toujours, quelle est l’urgence du raccrochage des rideaux ?
  • Il a trouvé que le temps de cuisson était vraiment long (45 minutes, mais pourquoi le tour de France était-il enfin terminé ?)
  • Maman faisait ses mots croisés où qu’il faut mettre les cases noires soi-même, c’est une maso (mon père idem) en faisant des allusions grosses comme une carcasse de mammouth, sur les rideaux à raccrocher en urgence.

Le chaudron enfin sur la table pour la mise en pots, je me suis retrouvée un peu abandonnée, louche à la main, mes géniteurs s’engueulant à qui mieux mieux pour savoir : quelle était la meilleure méthode à adopter pour raccrocher les rideaux avec un escabeau et une dangereuse mise en équilibre sur l’évier et : qui se fendrait le col du fémur de la manière la pire possible…

Maman a réussi à monter sur l’évier, je suis allée la soutenir en abandonnant ma mise en pots, pour qu’elle en descende sans se casser la gueule, papa tenant l’escabeau en me demandant de remplir bien les pots et de m’occuper de MES affaires. Heureusement que je la soutenais : elle a dérapé, mais pas sur l’escabeau et j’ai eu droit à un silence qui en disait long…

Normalement c’est la femme de ménage qui vient le vendredi qui raccroche les dits rideaux après les avoir décrochés le vendredi précédent.

Ben non, là, ça ne pouvait pas attendre 2 jours (le pire étant que ces rideaux ne servent à rien, la fenêtre étant occultée à l’extérieur par des fleurs, et à l’intérieur par la collections de vieux pots (mais pas de confitures) de Mrs Bibelot).

Sinon, la dernière fournée de confiture est délicieuse, je vous remercie de m’avoir posé la question. En tous cas, on s’en souviendra du prunier de cette année là, dont les pots de confiture ne sont toujours pas terminés… Tout le monde prend de la pêche de l’année dernière mais c’est évidemment une autre histoire.

La vie n’est qu’un long calvaire…

6 réponses sur “Vive la confiture de prunes ! (ou comment ne pas commettre un parenticide).”

  1. J’ai ouvert un pot de confiture de mirabelles (du jardin de mes parents) cuvée 2014 hier matin.
    J’adore faire des confitures (mûres, prunes, abricots, poire-coing…), mais je suis la seule à en manger à la maison…
    Ça me rappelle mon enfance.

  2. J’adore l’idée des confitures maison – doux souvenir des confitures de la grand-mère aux abricots du jardin avec les amandes, s’il vous plaît…

    Le hic est que j’ai renoncé depuis bien longtemps aux tartines du petit-déjeuner, que je mange du pain quand il me tombe un oeil, et que j’ai abandonné les laitages pour cause d’allergie – et ne jure plus que par les yaourts au soja natures…

    Je peine donc à recycler la confiture d’orange (dans le pain d’épices) et ses consoeurs ramenées par l’Homme quand il a emménagé (lui aussi a abandonné les tartines…).

    Strudel qui a du coup passé la rhubarbe du jardin en compote (pomme-rhubarbe-vanille) et en jus courgette-rhubarbe (j’en avais ras-le-bol d’éplucher les tiges de rhubarbe…).

  3. Mona : hélas, je ne retrouve aucun souvenir d’enfance dans les confitures : seuls mes parents sont présents… Mon arrière grand-mère faisait toujours ses confitures toute seule…

  4. Princesse : la confiture pour moi remplace le sucre, et j’en utilise très peu… J’ai toujours sur le coeur cette angélique du devant de la maison, dont papa peaufinait la recette pour nous en faire notre fruit confit préféré. Il n’a pas eu le temps…

  5. Hamalaram : ma chérie : quand on les connaissait, c’est facile de les voir.
    Ton grand-père aurait pu profiter de monter sur l’évier pour que ta grand-mère arrondisse ses ourlets…

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