Le ravage du « j’entasse » : suite… (je ne numérote plus…)

fouillis-copierLe travail qui se voit le moins dans un déménagement, c’est le tri préliminaire. Dès que la promesse de vente avait été signée (9 juillet), j’avais commencé à secouer un peu maman : « il faudrait commencer à trier ».

« Oh me répondait-elle du ton de la personne prise par erreur dans une rafle, qui a tous ses bons papiers et ne se sent donc pas concernée, NOUS AVONS BIEN LE TEMPS ».

Et c’est donc là que j’ai commencé à me boutiquer avec ma mère, quasiment tous les jours, en dehors de tout le monde.

(Tout un monde qui s’imagine d’ailleurs qu’entre elle et moi c’est forcément idyllique… Que je sois claire : j’adore ma mère, mais pas plus que je n’adorais mon père)

Parce que pour me foutre en rogne, elle n’avait qu’à me dire « nous avons bien le temps ». Car quand elle me demande un service, une aide ou quoi que ce soit, cela doit être fait dans la minute qui suit, sinon elle se lève en soupirant « bon ben je vais le faire moi-même »… C’est ainsi que je me coltine tous les papiers depuis la mort de papa, car elle laisse tout en plan.

DONC j’ai pris un beau jour la décision de commencer le tri, en dehors des livres, sujet sur lequel nous étions OK après un mois de palabres…

J’ai commencé le travail le pire, celui qui ne se voit pas…

Nous avons de l’aide bien sûr, l’arlésienne dès qu’elle le peut, une amie à elle, tatie chérie (nous ne sommes que des femmes), les WE étant devenus particulièrement chargés depuis 4 semaines.

Sauf que j’ai l’impression qu’il ne vient à l’idée de personne que quand on ouvre LE SECRETAIRE de maman, il est tout à fait anormal qu’il y ait 3 tiroirs VIDES. Qu’une armoire ne contenant que deux châles est une aberration pour qui la connait, etc… Le travail que j’ai effectué en amont ne se voit pas. Pas plus qu’on ne voit la différence entre une assiette propre et une assiette que l’on vient de laver.

Le tri ne s’est pas passé sans crépage de chignon (contrairement à ce que l’on pense de notre idyllique relation), et maman a tenté de me remettre dans le droit chemin.

Exemple : un acte notarié se garde à vie, ainsi que les fiches de paye.

Je suis au courant, mais pour moi, cela concerne MA vie, pas celle de mon arrière arrière grand-père.

  • C’est ainsi qu’à la mention « acte notarié » (daté de 1856 par exemple, et concernant une personne dont elle ne savait même plus qui c’était), elle m’a sauvagement arraché le document des mains car j’allais le détruire, en me faisant la morale : cela se garde à vie.
  • Idem pour l’achat de la maison vendue désormais, fait par mon arrière arrière grand-père. Lors de la succession, j’avais accompagné maman chez le notaire, et je lui avais demandé quoi faire des documents anciens. « Vous pouvez les jeter madame, toute l’histoire de cette maison est inscrite dans ce que je viens de remettre à votre maman, ainsi que l’historique des héritages successifs ». Mais bon, ce charmant notaire que maman adore tout comme moi, sur ce coup là, avait certainement tort !
  • Les fiches de paye de mon grand-père : qu’elle en garde une, en souvenir, je veux bien. Encore que visiblement elle n’avait pas depuis 13 ans (mes parents ont emménagés dans cette maison restaurée par eux en 2003), mais pas celles de toute sa carrière, sa retraite ayant été perçue, liquidée à son décès… mais les feuilles de paye cela se garde à vie (avis aux descendants)
  • ET COMME mon grand-père maternel gardait TOUT, les chiens ne faisant pas des chats, maman avait en sa possession un paquet d’actes notariés…
  • Que j’ai discrètement détruits pendant qu’elle faisait sa petite sieste d’après déjeuner. Elle ne verra jamais ce qui a disparu,..

Quand je me suis attaquée au secrétaire, pendant qu’elle dormait encore, j’ai trouvé un tiroir entier de cartes de voeux vierges avec leurs enveloppes.

Quand elle s’est levée, j’étais en train de détruire (prise sur le fait la Coraline…).

  • Mais enfin ma chérie tu es complètement folle, je m’en sers (il s’agissait de cartes reçues tous les ans par divers organismes)
  • Ah bon ? Alors pourquoi en as-tu tout un tiroir ?
  • Je reçois cela tous les ans, j’en envoies, une à machin, une à truc, une à chose (elle cherche, parce qu’en plus, elle s’empêtre dans ses incohérences)
  • Donc tu reçois tous les ans, 48 cartes, et tu en envoies 4 ?
  • Oui.
  • Donc je te garde ce qu’il te faut jusqu’à tes 100 ans (et un tiroir de vide, un…)
  • Pour le reste du secrétaire, il y avait 100 crayons de couleur inutilisables, des feutres secs, 3 ramettes de papier, 5 blocs de papier à lettre et  des tonnes d’enveloppes. J’ai tout regroupé sur l’étagère du haut, sous l’oeil consterné de maman « mais pourquoi ai-je acheté tous ces trucs que j’avais déjà ? » Bonne question, je ne répond pas.

Le cauchemar groupé, c’était le courrier et les photos. Il y en avait dans toutes les pièces. Des cartes de voeux avec la mention « répondu », datant de 20 ans, dans un meuble n’importe où. Quand je croyait en avoir terminé, j’en retrouvais dans une chambre ou une autre, dans un autre meuble, derrière les 33 tours (!).

Là elle a commencé à maugréer, contre elle, et j’ai entendu 10 fois par jour « mais pourquoi est-ce que j’ai gardé cette carte de je ne sais plus qui dont je n’ai rien à foutre ? ».

Bonne question encore, ma non réponse étant vexante pour elle. Trier, c’est aussi prendre la peine de lire. C’est ainsi que j’ai fais 3 boîtes de courriers famille qui valaient la peine d’être gardés, et 3 boîtes, parce que quand je pensais en avoir terminé, j’en retrouvais ailleurs… Idem pour les photos : il y en avait dans tous les coins. Ainsi que les faire-parts. Qu’elle les garde je veux bien, mais pas 10 exemplaire du décès du cousin Mac, le premier mort de 1914 qu’elle n’a jamais connu, et dont le père était allé chercher le corps en carriole. Qu’on en garde un, c’était bien suffisant et « tu seras gentille ma chérie, toi qui t’occupe de la généalogie de la famille, de mettre au crayon qui c’était » (et « ma chérie » s’exécute).

Maintenant nous sommes vraiment dans la dernière ligne droite, puisque le déménagement dans une location de transit (hélas trop grande pour que maman accepte de trop sacrifier) aura lieu le 5. Et l’Arlésienne a découvert à son tour, vraiment (parce que sinon elle était au courant et soupirait depuis un moment), l’horreur dans l’arrière cuisine.

Après cette location de transit, maman sera au mieux, et nous l’espérons, dans un appartement 4 pièces, à moins d’un miracle (une petite maison 4 pièces). Mais elle veut garder tout de même, en se séparant paradoxalement, de choses auxquelles nous pensions qu’elle tenait (en fait pas tant que cela).

Dans la maison actuelle, tous les rebords de fenêtres étaient profonds. Papa connaissant sa femme, avait envisagé de faire poser des fenêtres fixes, certain qu’il l’était que les rebords seraient intégralement encombrés. Elle avait refusé, sous prétexte qu’il fallait bien laver les vitres. Du rez de chaussée cela ne posait pas de problème, mais papa avait cédé.

Et elle garde donc, de quoi garnir de futurs rebords de fenêtres. Mon appartement lui irait très bien, ce serait l’idéal pour elle (en gros  l’idéal serait que je clamse à la vue d’une ènième boîte ce cartes postales  et que les filles lui fassent un vil prix de mon appart, à charge pour elle de faire le tri que j’ai arrêté de faire pour faire le sien), mais il n’y a pas de quoi mettre tout ce qu’elle garde sur des rebords de fenêtres inexistants au cazou je gagnerais au loto vu qu’elle elle ne joue pas.

Donc dans l’arrière cuisine, l’arlésienne a trouvé au moins 10 terrines à pâtés. Elle ne se souvenait plus qu’elle en avait déjà mis en cartons, trouvées dans le buffet de la salle à manger Henri II dont un antiquaire va fort heureusement nous débarrasser… Elle demandait donc son avis à maman, qui bien sûr veut en garder un max, vu qu’elle aura peut-être un jour envie de refaire des pâtés alors que c’était la spécialité de papa. Même elle, elle n’y croit pas…

Et puis il y a un moment où je suis allée faire un signe à ma soeur : quand c’est couvert de poussière, que visiblement cela n’a pas servi depuis une éternité, tu vas benner dans un carton déterminé, et j’emmènerai à la déchetterie mardi (et puis jeudi, vendredi, samedi).

OK m’a-t-elle fait…

Vous nous trouvez cruelles ?

Maman ne se souvient même plus qu’elle avait encore des tas de trucs dont elle ne se servait pas. Cela ne lui manquera pas. A nous cela fait peine de trop jeter, et à la déchèterie j’ai un petit « chéri », (hélas marié), qui récupère ce qu’il faut quand il a gros coeur de me voir arriver avec le break plein, et qui met de côté ce qui est à garder (3 services à fondue, n’est-ce pas 2 de trop ?)

Maman m’a dit vendredi de la semaine dernière, que laisser cette maison de famille ne lui faisait RIEN (et mon cul c’est du poulet ?). Mais le médecin m’a rassurée : ce qu’elle gardait, par flemme de trier, d’y fourrer son nez, ce n’est pas un crime de le jeter dans son dos. La laisser dans son déni total (je ne suis pas veuve etc…) est une autre histoire. On ne la règlera pas, elle est comme cela.

Ce à quoi nous ne touchons pas, ce sont les courriers de ses parents, des trucs que finalement, elle n’a relu « ma pauvre chérie, je n’ai pas arrêté pendant ces 3 jours, j’ai relu tous les vieux courriers » que parce qu’elle doit déménager. Sinon, elle n’y fourrait jamais son nez (vu la poussière et les traces de souris, malgré la présence d’un chat dans la maison, ce qui est contraire aux principes établis qui veules qu’un chat dans la maison chasse les souris rien qu’à son odeur).

Parce que là, nous sommes égoïstes, et avons le droit de l’être. Il n’est pas question de recommencer à trier quand elle quittera sa maison de transit. Parce que le principal c’est nous qui le faisons. Elle a 79 ans et cela ne va pas aller en s’arrangeant, donc nous non plus… Une fois cela va (et encore), deux fois cela passera, mais s’il y a encore une solution intermédiaire :  bonjour les dégâts.

Il va y en avoir de la casse pendant le déménagement… De vieux tableaux moches crevés déjà de partout  qui font disparaître, etc…

La vie n’est qu’un long calvaire, parsemée, ça et là, mais rarement, de moments douillets de bonheurs vrais…

 

 

2 réponses sur “Le ravage du « j’entasse » : suite… (je ne numérote plus…)”

  1. Finalement j’ai eu de la chance… ma mère ne gardait pas à ce point (et le fait que mes parents aient divorcé et qu’elle soit partie sans rien emporter a dû y faire car ça faisait 17 ans de fouillis en moins…).
    Quant à moi, j’ai déjà éliminé plus de la moitié de mes (et leurs…) affaires (quasiment les mêmes sources que pour les livres) au décès de mon mari. On vivait dans 140 m² et je devais rendre l’appart pour aller dans 50 m², je n’ai pas eu le choix.
    Il m’a fallu tous les week-ends pendant 5 mois pour arriver au bout : dans les deux plus grandes pièces à l’opposé de l’appart j’avais empilé d’un côté ce que je gardais et de l’autre ce que je jetais/donnais… chaque fois qu’il venait mon fils emportait au garde-meubles ce que je lui préparais dans l’entrée, et de mon côté j’en emportais aussi chez ma mère où j’avais installé mon bureau à cette époque. Heureusement j’ai trouvé très vite l’appart de 50 m² qu’il me fallait pour tout y rapatrier… avant de refaire un deuxième tri deux ans plus tard pour tout envoyer à nouveau au garde-meubles quand j’ai quitté Marseille après le décès de ma mère. Mais malgré deux tris… et même si j’ai liquidé le plus gros, il me reste encore du tri et du rangement à faire (des vieux papiers, oui, oui, j’en garde… des tonnes de photos récupérées chez l’une ou l’autre des personnes déjà citées -je dois avoir certaines en triple ou même quadruple…, des collections de cartes, de timbres… aïe aïe une plaie d’être collectionneuse…).
    Par contre j’ai eu le malheur de faire confiance à Emmaüs qui devaient venir dans les 140 m² récupérer tout ce qui était en bon état et pouvait resservir… ils sont venus à deux dont un malingre et l’autre retraité, ont vu… et se sont échappés en me disant qu’ils allaient garer le camion… Je ne les ai plus revus ! 30 mn après leur bureau m’a appelé pour me dire qu’ils avaient renoncé car il y avait trop de choses… s’ils me l’avaient dit en face je leur aurait dit de prendre uniquement ce qui les intéressait mais là c’était trop tard… et dans l’urgence j’ai dû faire appel à un brocanteur/antiquaire/débarras de cave qui m’a coûté un bras et qui a jeté tout ce qui ne l’intéressait pas et qui aurait pourtant bien rendu service à d’autres (la presque totalité en fait puisque j’avais fait un tri drastique et gardé tout ce qui pouvait avoir la moindre valeur…).
    Ce sera ça de moins à trier pour mes enfants… j’essaie de ne garder que ce qui a un minimum de valeur marchande en dehors de ce qui a une valeur sentimentale. Inshaa Allah ! j’ai encore quelques années pour terminer de mettre de l’ordre… elles ne seront pas de trop !
    En attendant tu dois être encore en plein dedans, bon courage…

  2. J’ai lu sur divers blogs de minimalisme/rangement/etc qu’il existe la méthode des cartons : on empacte tout-tout, absolument toutes nos affaires, on sorte les affaires des meubles, on couvre les meuble de draps. On essaie d’effectuer cette tâche en un jour.
    Puis on ne sort des cartons/enlève les draps des meubles que ce dont on a besoin pour notre vie quotidienne.

    On fonctionne comme ceci durant un mois.

    Et puis tous les cartons qui n’ont pas été ouverts/meubles non utilisés pendant ce mois nous sont en fait inutiles ! Souvent on ne se souvient même pas de ce qu’il y a dedans !
    On a juste à amener les cartons à la benne/donner à Emmaüs.

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