Bon sang ne saurait mentir…

Maman 1956« Aujourd’hui j’ai mis mon mini short parce que je sais combien ça amusait ma grand-mère de choquer les vieilles dames du village avec le sien quand elle était jeune (*).

Je me souviendrai toujours d’elle comme d’une personne étonnante et douce malgré sa voix beaucoup trop grosse pour sa petite taille.

J’adorais entendre cette voix rocailleuse à table quand elle reprenait quelqu’un qui coupais son pain sans le  bon couteau (*), ou quand elle sortait une remarque drôle et déconcertante quand on l’attendait le moins.

Elle avait beaucoup de répartie , même dans les moments difficiles, elle m’a toujours beaucoup fait rire.

J’aimais la voir concentrée sur ses mots croisés ou perchée sur sa planète (*) pendant qu’on parlait tous en même temps dans la cuisine comme si elle était dans sa bulle. Elle finissait toujours par redescendre sur terre pour nous dire un truc marrant qui n’avait rien à voir avec ce qu’on était en train de dire.

Elle faisait toujours ça sans complexe avec son petit air chic et son sourire en coin. C’était son style.

Je n’oublierait jamais sa petite silhouette en marinière (*) qui déambule entre les bacs à fleurs un chapeau sur la tête et un arrosoir à la main pour s’occuper de son jardin dont elle était si fière et qu’elle aimait tant.

Elle avait ce talent naturel pour faire pousser les choses, elle avait la patience, l’amour et la bienveillance nécessaires.

Et il en fallait pour tous ses enfants dont elle s’est occupée avec son coeur gros comme ça ! Ses 4 enfants et ses 8 petits enfants.

C’était comme une 2ème maman pour moi. Et si je ferme les yeux, je peux encore entendre sa voix rocailleuse qui me chante la chanson des petites poules pour me faire manger mon oeuf coque (*)

Ma petite mamie, tu me manqueras beaucoup. TU nous manques à tous déjà beaucoup.

Et je n’oublierai jamais cette belle personne que tu as toujours été et que tu es restée jusqu’au bout.

Je t’aime ».

Pulchérie devant le cercueil de maman, sans trop se laisser perdre dans les larmes car tout venait du coeur  et de l’histoire de famille ou de la sienne.

(*) l’arrière grand-mère de maman (celle dont j’ai pris la vie), la regardait partir avec un short qui laissait voir le bas des fesses en râlant parce qu’elle était sourde et ne s’entendait pas parler « bentôt elle nous fera voir son tchul ». Papa qui adorait maman avec ce short, évidemment, adorait relater l’histoire.
(*)  pardonnez-moi, mais maman nous a tellement fait chier avec le couteau à pain à table alors qu’à table on doit le rompre, que je crois que personne n’en voudra (du couteau).
(*) tout le monde recherche TOUTES les marinières de maman qui en a lancé la mode, mais certaines ont dû terminer en chiffon (par elle).
(*) Pour la planète, moi qui situe vaguement Pulchérie vers Pluton, les bons jours, finalement on sait que cela peut être héréditaire…
(*°) faire manger Pulchérie était un long calvaire, même pour un oeuf coque. Comme quoi les souvenirs…

Merci ma puce pour cet hommage sans trop trembler à ta « mamie ». Ce qui ne veut pas dire que les  6 autres petits enfants restés silencieux n’étaient bons  à rien. Eux ne pouvaient pas, nous  les enfants non plus.

Je suis quelqu’un de très tolérant, jusqu’à présent, et je peux aisément comprendre que nous puissions être incapable de s’exprimer sans broncher lors de l’enterrement d’un proche.

5 réponses sur “Bon sang ne saurait mentir…”

  1. Voici un joli hommage. Moi aussi j’avais une (arrière) grand-mère qui aimait bien en faire à sa tête et faire parler les commères du village, et je pense avec elle souvent.

  2. Je l’imagine tellement, ta « Méchante », dans son ptit short qui lui va si bien!!
    C’est très bel et doux hommage…
    Plein de pensées pour vous tous.

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