Demain…

Image (2)Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je ne partirai pas. Vois-tu, je sais que tu ne m’attends plus.
Je n’irai pas dans la forêt où ton souvenir reste.
Ni dans la campagne où tes ânes chéris resteront sans ton pain,
Je n’en ai pas pour eux, pour cette période sans fin,
Où tu seras absente pour toujours de ma vie.

Je pleurerai, mes yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir alentours, sans entendre aucun bruit,
Seule, inconnue, ayant peur du dehors, qui pour moi tout à coup est un endroit maudit,
Que je peine à traverser pour simplement : la vie.
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe et qui me rappelle la nuit dont tu avais soudain si peur,
Ni ceux qui sont heureux, en oubliant le pire,
Et quand j’arriverai enfin, devant la dalle sous laquelle tu repose, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Et puis je penserai que tu ne seras jamais plus seule,
Que mon père et toi, vous êtes  retrouvés.
Que dans l’éternité qui vous attend vous êtes toujours ensemble.
Que tu n’as donc plus peur.

Je présente toutes mes excuses à Victor Hugo dont je viens de massacrer le poème, et aux puristes qui sont tombés dans les pommes…

Mais la vie n’est qu’un long calvaire…

Le deuil est une chose amère…

9 réponses sur “Demain…”

  1. Chère gentille sorcière, comme je trouve beau et émouvant ce que vous avez écrit en vous inspirant de Victor Hugo . Je partage vos émotions , votre tristesse ayant vécu en 2001 cette épreuve de voir tomber le dernier rempart, de se retrouver en  » première ligne  » et devoir accepter l’absence bien définitive. J’ai repris certains rituels de ma mère, nourrir les oiseaux en hiver, lire les livres dont elle me parlait et qu’elle aimait, écoutant à l’époque d’une oreille distraite ses commentaires ,faire ses recettes de cuisine … je trouve du réconfort ainsi , ayant l’impression de continuer à vivre un peu à ses côtés sans la voir mais la sentir pas trop loin ! Cela m’aide encore à continuer ma route sans elle . Je vous comprends et pense à vous avec émotion.

  2. Gentille Sorcière, je voulais juste vous laisser ce message car je suis une lectrice de ce blog depuis de nombreuses années maintenant. et je me suis attachée à cette famille qui n’est pas la mienne mais la votre (mais qui ressemble tellement à la mienne, avec son histoire et ses gentils mais tristes fantômes…). et quand j’ai lu la maladie de votre mère, j’ai eu une réaction très violente à une peine qui n’était pas à moi. Je ne suis revenue sur ce blog qu’aujourd’hui.
    je ne sais pas trop quoi dire, la solidarité par internet est si dérisoire et pourtant… j’admire le fait que vous trouviez toujours les mots justes, quelques soient les émotions.
    merci donc d’être vous, d’être là, et de le partager avec nous.

  3. Fanchon : mon plagiat était horrible ! Mais c’est le poème qui m’était venu à l’esprit. Sûr et certain que pour pas mal de choses, je reprendrais les rituels de maman. Ce n’est pas que j’aime vivre dans le passé comme le pensent certains, c’est que je pense que ceux qui sont partis méritent d’exister au travers de gestes simple : comme nourrir les oiseaux par exemple…

  4. Marie : je suis très touchée, vraiment que tu ais pu prendre à coeur à ce point NOTRE histoire.
    TU me donne un espoir : c’est peut-être cela l’écrivain que j’ai toujours rêvé d’être.
    MERCI

  5. Louisianne : oui bien sûr pour une suite, mais il faut dire que depuis le 1er décembre dernier, et avant, la préparation du déménagement de maman, je n’ai VRAIMENT pas été dispo…
    Bisous

  6. Ah gentille sorcière, si je pouvais seulement t’aider à porter un peu de ce fardeau que tu poétises si bien (Je suis sûre que ce brave Victor aurait adoré l’hommage).

    Coïncidence étrange, ce poème fait partie des rares que je suis encore capable de réciter par coeur, il m’a toujours émue, mais ta version est encore plus poignante parce que toi je te connais (entre guillemets hein, m’enfin depuis le temps…).

    Bref.
    Si seulement je pouvais.
    Malheureusement il n’y a que le temps qui puisse y faire quelque chose, et le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants comme ceux des parents. Donc finalement…

    (Ouais pardon, comme remonte-moral on a vu mieux)
    (Des bisous)

  7. Ma patate : tu aurais pu ajouter que le temps est le fossoyeur de la jeunesse, je ne t’en aurais pas voulu 🙂
    Curieusement moi aussi c’est ce poème pourtant appris en primaire, qui m’est venu à l’esprit.
    Sinon j’ai tout oublié ou quasi, à part les 4 premiers vers de 2 tirades du « Cid ».
    Perso je ne suis pas très poésie et je n’ai donc pas gardé juste pour le sentiment, le livre de mes parents sur le plus beau de la poésie française…

  8. <3
    Ô rage, ô désespoir… je me souviens des quelques vers qui suivent (je suis prête à parier que c'est les mêmes dont tu te souviens ?) ainsi que d'un extrait de l'Aiglon que nous avions appris au lycée.
    Et, miracle car ma mémoire a toujours eu des ratés, d'une poésie apprise en primaire (probablement car elle me faisait pleurer) :
    "La biche brame au clair de lune,
    et pleure à se fondre les yeux.
    Son petit faon délicieux
    a disparu dans la nuit brune.
    Pour raconter son infortune
    à la forêt de ses aïeux,
    la biche brame au clair de lune,
    et pleure à se fondre les yeux."
    Nostalgie, quand tu nous tiens…

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