La vie en dent de scies…

Parents 1955Si l’on savait à l’avance, nous ne pourrions pas vivre, c’est ainsi qu’il est écrit (et c’est moi qui vous dit cela ! ) : « tu ne sauras ni le jour ni l’heure ».

Heureusement !

Il n’empêche qu’il faut faire avec ce que la vie nous donne jour après jour. Un deuil, c’est toujours douloureux, perdre ses parents est peut-être normal, dans l’ordre des choses, mais n’empêche…

On peut me raconter ce que l’on veut, sur le « dans l’ordre des choses », mes parents m’ont eue alors qu’ils avaient 20 ans, je pouvais espérer les avoir un peu plus longtemps.  Maintenant le problème ne se posera plus guère avec les enfants de plus en plus tardifs. Encore heureux s’ils connaissent leurs grand-parents non égrotants, et jamais, comme moi-même, ils ne connaîtront leurs arrière-grand-parents (j’en ai connu 4 + Tante Hortense de la même génération).

Aujourd’hui cela faisait 4 semaines que je suis partie, en catastrophe, « tirée », vers le lit où maman agonisait. Et j’ai l’impression de vivre en dent de scies.

Chaque matin, en me réveillant vraiment, je me dis « maman est morte », je n’ai pas, comme pour papa, à réaliser jour après jour ce qui était advenu et que nous n’attendions pas vraiment, puisque pour papa tout a été plus rapide, parsemés d’espoirs quasi jusqu’à la fin (dégradation le samedi, mort le mardi…)

Parfois la nuit a été correcte, il m’arrive même d’avoir fait de beaux rêves, que je cherche à rattraper (vous faites cela aussi ?).

Les autres fois au contraire, la nuit a été mauvaise, semée de cauchemars sur l’agonie de maman, ou pire, de rêves de mon enfance, où je me sentais immortelle et mes parents jeunes, aussi. J’arrive à faire du morphing toute seule, le visage de maman se mélangeant avec celui de Mrs Morgan, pour se transformer en héros de « Bones » qui me réveille en sursaut, le coeur battant la chamade, en nage et en larmes depuis un petit moment car mon oreiller est trempé…

J’ai eu un peu tôt, une période d’accalmie dans le chagrin, triant mes livres, ceux de maman que je voulais récupérer, où le soir venu, je pouvais regarder mes étagères avec satisfaction, en me disant que j’avais fait du bon boulot. Cela a duré 3 jours, et PAF ! rechute ! Il paraît que cela peut durer un bout de temps. Après papa, j’avais maman à aider et avec qui parler de lui, là, je ressens des absences intolérables… Un jour gris, un  jour noir, c’est cela en ce moment.

Difficultés à sortir de chez moi, envie de rien, pas faim, bulle d’angoisse dans l’estomac, larmes aux yeux, remontée acide de la vision de maman morte, celle « avant la toilette » dominant celle « d’après la toilette », où elle était tout de même plus visible, mais si petite, si petite, sous son drap… Et puis il y a une fatigue qui tombe, qui plombe, qui n’en finit pas, comme si j’avais travaillé comme un bagnard, jusqu’au bout de mes forces, ce qui n’est pas le cas physiquement…

Et inéluctablement, je pense à l’an passé à la même époque. C’est là justement que j’avais commencé à vouloir trier ses livres avec elle… Il fallait y aller en douceur, la vente de la maison étant déjà quasi faite, mais elle, vivant comme si de rien n’était… Heureusement que nous ne savons pas… J’avais pour avenir pour elle qu’elle ne se logerait bien évidemment pas dans aussi grand, et elle avait accepté ce fait. Heureusement qu’elle ne savait pas, le jour où ses bibliothèques étaient enfin triées, qu’un an plus tard, elle serait morte et enterrée depuis 4 semaines…

Oui, heureusement que nous ne savons pas. Que les horoscopes de naissance se comprennent définitivement « après »,   que les cartes avaient bien prédit ce que nous comprenons réellement « après », que les chiffres font de même. Je fais exception d’un auteur de livres sur l’astrologie, les tarots, etc, qui avait édité sur la possible cause de mort de personnalités encore en vie. Il n’avait évoqué ni le jour ni l’heure, mais il ne s’est jamais trompé sur la cause : chapeau Monsieur !

QUESTION : quel besoin avons-nous de penser aux anniversaires, de manière systématique ? Je hais les anniversaires depuis les 85 ans de l’apiculteur qui devant son gâteau avait dit, songeur « encore 15 ans, et c’est fini ». Eh non, il ne lui restait pas 15 ans, même s’il y avait cru, juste 5 avec une dernière année horrible.

Quel besoin avons-nous de compter en semaines, mois, années, ce qui est inéluctable et ne peut se changer ? Le temps passe, ceux que nous aimons vieillissent fatalement ou restent en chemin. Même les anniversaires de mes filles m’attristent : déjà tel âge ? Je me revois, enceinte de 3 semaines, me disant que la naissance n’arriverait JAMAIS. Elles vont sur 36 et 33, et je trouve que le temps a passé vachement trop vite !

C’est la vie, qui n’est qu’un long calvaire…

Mais vous le saviez déjà !

 

7 réponses sur “La vie en dent de scies…”

  1. Oui hélas tout passe trop vite. Je suis comme toi quand je pense aux anniversaires de mes filles. En dents de scie, oui je comprends et je comprends aussi la solitude, personne avec qui en parler. Et le corps qui fatigue comme pour se mettre au diapason de l’âme. Le temps apaise la douleur il parait. Courage et pensées.

  2. C’est le jeu ma pôvre Lucette! D’accord avec toi quand il faut fêter les anniversaires de mes djeunes …ça passe trop vite ! Allez courage

  3. Louisianne : oui désormais j’ai les anniversaires en horreur, surtout depuis que j’ai dépassé les 40 ans 🙂
    Je sais que le temps apaise la douleur, mais celle de la perte de papa ne s’était pas encore estompée alors, IL VA M’EN FALLOIR !

  4. « les absences intolérables » oui, cela me parle tellement…Mes pensées t’accompagnent, le temps qui apaise la douleur est bien long à venir…..

  5. Filo : le temps passe assez vite comme cela. Pourtant, c’est ce qu’il nous faut, ce qui n’est pas évident, car le temps passant va continuer à pelleter pour une future tombe 🙁

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