En avril… (pour mars je n’ai rien)…

neige-en-avril-copierTout le monde semble indigné, voire totalement surpris par la vague de froid qui est en train de passer, et la neige qui est tombée à 3 jours du printemps. Il faut dire qu’avec les histoires de réchauffement climatiques, on devait être en droit d’attendre le moment de la canicule sans doute…

Donc, revenons à l’ancien adage « En avril, ne te découvre pas d’un fil ». Un adage dont je ne fais pas fi, réchauffement climatique ou pas, depuis qu’une certaine année  qui s’éloigne de plus en plus, il m’est arrivé une mésaventure cuisante (si l’on peut dire). Là nous sommes encore en mars…

C’était donc un mois d’avril débutant chaud, très chaud, « au delà des normes saisonnières », ensoleillé, etc… Cette année là là là donc, je fréquentais Albert effectuant son service militaire à Rambouillet qui avait déjà rencontré mon père fugitivement (heureusement) (c’est plus bas). Vers le 11 ou le 12 je ne sais plus, devant le grand beau temps et ayant trop transpiré la veille en particulier en revenant de la gare, je me suis habillée « léger ».

A savoir une jupe que j’adorais et que j’ai usée jusqu’à la trame, un chemisier, un gilet top mode ET… des sandales… Pour le gilet j’avais même hésité un peu…

Et je suis partie à la gare, guillerette et tout et tout, en faisant claquer mes talons de sandales sur le bitume.

A la gare, toutes les femmes avaient fait comme moi, et les hommes ne portaient plus de manteau, s’étant aussi habillés léger ce qui me donnait raison. Au bureau, mes collègues avaient fait comme moi toutes les cinq, c’était l’été !

Une précision utile : chez mes parents chez qui j’habitais toujours, nous ne regardions jamais la météo et les infos du soir…

Au bureau, petite agence immobilière rue Edgard Quinet, nous déjeunions sur place et sortions rarement à l’heure du déjeuner pour éviter de trop dépenser rue de Rennes, gros piège à fric déjà et toute proche. C’est vers 15 H qu’Isabelle est venue me voir, alors que j’étais absorbée par mon courrier à terminer, trop pour regarder par la fenêtre (et rêvassant un peu, il faut l’avouer, sur Albert…) :

  • « Tu as vu Coraline : il neige !« . On n’est pas dans la merde ! (elle aussi devait prendre un train de banlieue pour rentrer chez elle).

Effectivement il neigeait ! Et le pire c’est que cela semblait tenir. Dehors des égarés habillés été, se précipitaient vers la gare Montparnasse en évitant de se casser la gueule. Et effectivement je n’étais pas dans la merde, ayant un bon kilomètre à faire entre la gare et le domicile familial… après avoir fait 500 mètres pour me rendre à ma gare parisienne.

J’ai appelé Mrs Bibelot qui m’a confirmé que Rambouillet était sous les flocons également après une chute vertigineuse de la température sur le coup de 13 H, que cela tenait également, et là, j’ai immédiatement choisi de modifier mon emploi du temps…

Normalement Albert et moi nous retrouvions dans le troquet où nous nous sommes connus (ça fait bien…), avec quelques copains à lui et mon amie Catherine. Puis après 3 chocolats pour moi et 3 cafés pour les autres,  il me raccompagnait chez moi à 150 mètres de sa caserne et nous passions pas mal de temps dans le hall, le long du radiateur,  à nous raconter notre vie et à faire des projets d’avenir ensemble, en nous bécotant au passage, mais juste un petit peu (c’est d’ailleurs au cours d’une séance « bécotage » et non une séance « projets » que papa était sorti de l’ascenseur car il allait promener la chienne et avait donc découvert son futur gendre un peu embarrassé, qui lui avait présenté tous ses respects (hi hi)…)

Changement de projet donc : maman préparait un sac avec mon manteau, une paire de collants et mes bottes (l’hiver je ne portais que cela), qu’Albert allait m’apporter à la gare…

Puis j’ai appelé Albert qui m’a dit que je pouvais compter sur lui, seul truc ennuyeux : se présenter comme cela chez mes parents. Que ma mère soit prévenue ne le rassurait pas plus que cela… Il y avait le père aussi… Etrange et enviable pouvoir qu’ont les pères sur les amoureux de leurs filles… (la mère c’est plus bof je trouve).

Héroïque comme tout soldat au front trésorier payeur, il s’est présenté chez mes parents 1/4 d’heure avant l’arrivée du train, et ma mère, non sans perfidie, lui a suggéré de revenir directement avec moi sans passer par la case « troquet », pour dîner en famille et faire un peu connaissance. Albert était piégé par le sourire de ma mère : il a accepté… (je ne sais pas quelle réaction aurait été la sienne s’il ne m’avait considérée QUE comme une aventure de service militaire (suivez la piste de la fuite dans la neige)…)

Pendant tout ce temps là, j’avais franchi les 500 mètres me séparant de la gare Montparnasse, pour m’y retrouver avec les pieds tellement gelés que je ne les sentait plus (pratique pour marcher), qui avaient pris une belle couleur violette, grelottant complètement, comme toutes les personnes sur le quai. A l’arrivée (mais le train n’était pas chauffé, personne n’ayant eu la bonne idée d’y remettre le chauffage), je me sentais au bord de la congestion pulmonaire et j’ai vu Albert avec son sac, et bien couvert lui, tel le sauveur, ce qui lui donnait encore plus de valeur.

Enfilage de collants et de bottes dans les toilettes de la gare dont l’état… Non restons soft. Passage du manteau, le héros du jour, me réchauffant tout le long du chemin en me tenant virilement contre lui d’un bras ferme (et chaud) et enquêtant un peu, surtout sur papa…

Et donc, c’est ce soir là qu’il a découvert la famille, sous le regard inquisiteur et moqueur de ma petite soeur de 11 ans, l’arlésienne, la dernière, qui faisait un peu office de « poison »* dans la famille, ce qui serait confirmé quand mon frère amènerait sa futur femme deux mois plus tard…

C’est une autre histoire…

Cette année là là là, la neige a tenu 3 jours. Alors depuis, en avril, je ne me découvre pas d’un fil, je ne parlerai même pas du mois de mars…. D’autant que ce cas de figure s’est représenté plusieurs années (pas forcément de suite) et que moi moi moi, je ne me suis plus jamais laissée surprendre, même si je ne prenais plus forcément le train… Parfois il m’est arrivé d’avoir trop chaud, mais tant pis !

Pour les mauvaises surprises évitées je n’en dirais pas autant de Delphine. La dernière année où j’habitais avec les filles chez les parents, devant signer pour mon appartement 3 semaines plus tard, nous l’avons vue débouler « le jour du printemps » dans la cuisine en short, chemisier et sandales, qu’elle était allée récupérer dans le carton « affaire d’été des filles ». Il faisait gris et il tombait un grésil suspect accompagné d’un vent glacial. Et là mon deuxième trésor adoré s’est mise à hurler devant l’éclat de rire général :

– « Mais hier vous avez dit que demain ce serait le printemps et ON EST DEMAIN ».

Inutile de lui donner une leçon sur le hier, aujourd’hui ou demain (à savoir que l’on n’est jamais demain ou hier). Difficile déjà de la renvoyer s’habiller chaudement et de lui faire mettre son manteau au moment de partir à l’école… Elle regardait le calendrier d’un oeil noir, qui annonçait bien le printemps, ce salaud qui ne pointait pas son nez…

Et sinon après ma première mésaventure, j’ai toujours suivi la météo… J’aurais dû me souvenir que l’année de notre emménagement à Rambouillet, pour  l’anniversaire de l’arlésienne (le 14 avril) il était tombé 20 cm de neige et que nous avions séché lycée, collège et école pour aller en forêt avec les parents…

* Allusion à « l’esprit de famille » de Janine Boissard, et la petite dernière surnommée « la poison »…

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