Les filles en visite : Delphine

Filles_en_visite

Les filles ayant quitté le domicile maternel, chacune pour une chambre de bonne à Paris, restaient désormais les visites (elles me reprochaient d’ailleurs mon manque de visites à moi, mais Paris n’est qu’une jungle, j’ai la phobie des transports en commun et j’étouffais dans une chambre de bonne : je suis une mère indigne).

Maintenant il y a belle lurette qu’elles n’ont plus de chambre de bonne…

Plusieurs types de visites étaient à décliner :

La visite programmée, j’étais dûment prévenue 8 jours à l’avance… (je cherche quand c’est arrivé… Ah oui c’était pour l’anniversaire de Delphine…). Impec, rien à redire, j’avais même fait son dîner préféré.

Delphine me téléphone au boulot le vendredi soir « je peux venir demain ? je resterai jusqu’à dimanche ». Coup de bol je n’ai rien de prévu, sinon reste à planquer l’amant sous le lit (ma mère un amant !!!!). Je dis OK. En rentrant du boulot j’achète de quoi la nourrir convenablement, prévoyant même le cas où elle ne repartirait que le lundi matin.

Le samedi quand je n’ai rien de prévu j’ai une sale tendance à zoner à mort tout en rangeant un peu, dans une tenue que je ne vous décrirai pas sous peine de vous voir quitter illico ce blog. Coup de fil à 15 heures « maman, j’arrive à la gare hyper chargée, est-ce que tu peux venir me chercher en voiture, j’arrive dans 3 minutes ? (la gare est à 5 minutes à pied). Bien obligée de dire oui. Me voilà donc enfilant un pantalon correct, un pull correct, des chaussures sans rien (c’est l’hiver) et de me précipiter à la gare avec ma vieille caisse (je persiste et je signe).

Que vois-je sortir de la gare ? Un énorme sac, monstrueux et, tenant le sac dans ses bras comme un très très très gros bébé, ma fille que je reconnais à ses chaussures et un oeil qui dépasse. Elle monte dans la voiture avec son sac : pas besoin de boucler la ceinture, elle a l’air bag.

Bisous maman, « j’ai apporté quelques lessives à faire » (utile précision). Sitôt arrivée à la maison, recherche du chat qui est toujours ravi de la voir après avoir flanqué par terre dans l’entrée : l’air bag + 3 petits sacs qu’elle portait en bandoulière. Direction la cuisine, où elle ouvre avec violence le lave linge et commence à y entasser le linge foncé. La machine se remplit doucement. Coup de téléphone, elle cherche son portable partout, parlotte avec je ne sais qui, raccroche. « Maman je peux aller voir tonton et tatie ? » (ma soeur habitait à 100 mètres, le coup de fil c’était elle).

A peine a-t-elle raccroché, qu’elle est déjà dans l’escalier. La machine à laver fait « couac » : elle l’a trop chargée et la sécurité s’est mise en route. A moi de récupérer la moitié du linge et de remettre le cycle en route. Puis le cycle achevé, je remets à laver l’autre moitié de linge en étendant la première. Vu la quantité à laver, il ne faut pas perdre de temps.

Troisième lessive à mettre en route. Les radiateurs sont déjà saturés, je cherche un deuxième tancarville pour étendre les lessives futures. Coup de fil à 19 H « dis ma metite mamaannnn, je peux rester dîner chez tonton et tatie ? » « mais oui ma chérie, amuse toi bien ».

Hop une pizza au congélateur : celle prévue pour le samedi soir. Quand je vais me coucher aux alentours de minuit, il y a du linge qui sèche partout. J’ai passé mon temps à détendre le déjà sec (chez moi l’hiver il fait chaud et les radiateurs sont bouillants) pour étendre le toujours trop mouillé, tout en remettant une lessive en route. L’ambiance est moite : on se croirait sous les tropiques.

Le dimanche je reprends le cycle des lessives infernales, je plie le linge sec, je fais un gros tas, décoratif sur ma table de salle à manger. Réveil de la petite vers 14 H 30 : elle s’est couchée à 4 heures du matin, ayant fait la folle avec ma soeur et mon beau frère. Elle s’installe dans la salle de bain, se fait couler un bain, et va se faire successivement les 35 masques que je possède, moi assise dans le couloir pour parlotter avec elle. Vers 17 heures, j’ai mal aux fesses, une créature divine (mais en caleçon) débarque dans le salon. Il y a toujours du linge partout « merci ma petite mouth ». On va pouvoir continuer à parlotter un peu. D’ailleurs finalement elle ne repart que lundi (gagné !).

Manque de bol, le dimanche soir je suis toujours hantée par l’idée de commencer ma semaine en étant crevée dès le lundi matin. Je me couche donc assez tôt avec un livre humoristique et un demi comprimé de somnifère. Il faut ce qu’il faut, pas ma faute si je n’ai plus 20 ans, et puis comme je me suis levée à midi, impossible de dormir sans un coup de pouce. Delphine squatte l’ordinateur dès que je suis partie me coucher et les cliquetis du clavier m’empêchent de me concentrer. Puis c’est son téléphone qui sonne, puis c’est la télé qu’elle allume toujours un peu fort. A minuit je me lève pour lui demander de faire moins de bruit, ceci pour le 3ème fois.

Le lendemain matin, je m’efforce de faire le moins de bruit possible, vu qu’elle s’est installée avec couette et tout le barda, dans le salon (vu les DVD répandus, elle a dû regarder la TV tard).

Le soir quand je rentre j’ai une inquiétude : Delphine a été enlevée ! Sûr et certain qu’elle n’a pu quitter l’appartement que sous la menace d’un commando terroriste. Il y en a partout (du linge qui ne devait pas être sec qu’elle reprendra la prochaine fois). La salle de bain ressemble à une piscine et tout est resté en vrac sur le canapé. Je l’appelle mais non ça va, elle est juste partie un peu vite, mais pas sous la menace, ce qui ne l’a pas empêché d’oublier un truc important genre chargeur de portable. Au passage d’ailleurs elle a échangé l’air bag pour ma petite valise noire beaucoup plus pratique et à roulettes qu’elle oubliera de me ramener 3 fois. A moi de faire l’Egypte avec l’air bag.

J’ai comme une vague idée de ce que doit être le passage d’un cyclone…

La vie n’est qu’un long calvaire…

3 réponses sur “Les filles en visite : Delphine”

  1. L’avantage d’habiter loin, c’est que je n’ai jamais débarqué pour des visites éclairs de la sorte!
    Moi c’était plus longtemps qu’il fallait me supporter! 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *