La conne malpolie…

A une époque pour cause de divorce, Albert et moi avions mis la maison commune en vente. Comme c’était moi qui l’occupais, je me suis farcie un certain nombre de visiteurs plus ou moins agréables, plus ou moins polis. Mais après tout, ce que nous voulions c’était vendre n’est-ce pas (bien sûr).

Le pompon de l’impolitesse revient tout de même à l’acheteuse que je m’en vas vous décrire brièvement, enfin comme je peux…

Je connaissais cette femme de vue. Elle garait son break sur le parking de l’école, en descendait avec un paquet de pains au chocolat ou aux raisins, et snobait toutes les mères présentes pour attendre ses 5 enfants, un petit sourire narquois et méprisant sur les lèvres.

A l’époque Rambouillet était encore ville de garnison et il y avait donc pas mal de familles d’officiers en tous genres. Cela allait du « le sabre et le goupillon par tradition », à la jeune femme décontractée qui faisait ses cartons tous les 3 ans en 2 jours pour cause de déménagement, en attendant vivement la retraite de son mari, en passant par la jeune de 24 ans en cloque du 6ème « parce que Dieu l’a voulu », et j’en passe.

Bref, j’avais mis un panneau « a vendre » peint par papa et moi, devant l’incapacité des agences immobilières à nous dégoter un acheteur. J’avais déjà émigré chez mes parents pour cause de coupure de courant et j’ai donc été contactée un beau jour par un monsieur fort sympathique au demeurant, qui me déclarait que sa femme et lui étaient fort intéressés, et pourrions nous visiter ? Mais bien sûr !

Le soir, j’arrive devant ma toujours maison, et je reconnais la connasse de la sortie de l’école, unique en son genre (les pires dans leur genre mettaient leurs enfants à l’institution Sainte Thérèse). Elle me reconnait également et pique un fard.

Monsieur et madame à triple particules Du Petit Du pont De la Granval, sont emballés par la maison. C’est à la deuxième visite que j’ai compris que quand elle disait « vous », elle ne parlait pas de son mari et des enfants, mais que le couple se vouvoyait.

« Bertrand, cette chambre serait parfaite pour votre maman ».

Ah oui, ils se vouvoient. Je me demande avec mon mauvais esprit comment cela se passe pendant une nuit de folie (Marielle, vous me faites bander !) et je me marre doucement…

L’affaire se conclue, la promesse de vente est signée, et voici madame la colonelle qui m’appelle à tout bout de champ, polie tout juste, limite hautaine, jusqu’au jour où papa la rembarre : je ne suis pas à sa disposition, il est possible que l’on se rencontre un samedi après midi pour voir tout ce qu’il y a à voir et point barre. On ne dérange pas les gens à 22 H pour savoir si les massifs au pied du cerisier sont bien des hortensias… Madame la colonelle semble outrée par le ton de croquant de papa, mais il est du genre à s’en foutre complètement… (à Versailles dans des institutions privées religieuses, il a donné…)

RV pris donc, chez Monsieur et madame Le Colonel un samedi après midi. Je suis reçue par le colonel fort charmant comme toujours, et son beau père. Il a une liste de questions à me poser, et me voici en train de répondre gentiment, quant tout à coup, de la pièce à côté vient une voix trop connue :

  • « Bertraaaaand, n’oubliez pas de demander à Madaaaaame Dabra la câpâcité du bâllon d’eau chauuude du rez de chaussééééée ».

Le colonel rougit, son beau père aussi. Cette connasse est là, dans sa cuisine, apparemment avec sa mère (il me semble en tendant l’oreille subitement, qu’il y a une conversation féminine dans la dite cuisine). Je ne suis pas assez bien pour elle, elle m’évite…

J’en rajoute une couche :

  • « Ah, Madame est donc là ? N’oubliez surtout pas de la saluer de ma part ».

Comme j’y étais allée avec Mrs Bibelot, elle n’a pas manqué de dire bien fort, alors que la porte était à peine refermée sur notre départ, et sachant donc qu’elle était entendue :

  • « Que veux-tu ma pauvre petite, il y a des personnes qui n’ont aucune éducation ».

Le plus bidonnant à été la signature définitive, où là, mon notaire, était bien obligé de tout déballer. Il reste fort courtois sur l’âge des dames et précise « madame Abraca, née Dabra, UN neuf mai ». Sans préciser l’année. Je trouve cela désuet, c’est quoi ce vieux truc de la femme qui n’avoue pas son âge ? Mais bref…

Sauf que pour madame Du Petit Du pont De la Granval, elle était bien née un 3 avril, mais sans aucune particule car juste « Dupont ». Là encore elle a piqué un fard. Elle n’avait pas dû penser que mon regard à moi serait tout à coup ironique, et le coup du regard assassin, je sais très bien faire…

Car vous imaginez bien, que pour le reste du temps qu’il me restait à fréquenter la sortie des classes, pour la première fois de ma vie je me suis montrée assez peste dans mes propos. D’ailleurs, elle a attendu ses enfants dans la voiture jusqu’aux grandes vacances, les regards ironiques ne l’épargnant malgré tout pas…

Ce qui m’a le plus choqué c’est le coup de ne pas venir saluer la personne qui vient vous voir, tout en laissant bien entendre que l’on est présent en parlant bien fort…

Et là ON vient de me refaire le même coup. J’ai de nouveaux voisins qui me font régulièrement regretter les anciens…

Rentrant un soir, je vois sur la pelouse une peluche de la petite fille si mignonne du couple, et je vais la ramasser pour aller la rendre à sa propriétaire.

Je sonne donc chez mes voisins !

  • Maman, on a frappé, tu peux aller ouvrir ?
  • La porte s’ouvre.
  • Je dis bonjour à la dame qui m’ouvre et dont je sais que c’est la mère de ma voisine.
  • Elle ne me répond pas, genre prête à dire « on a déjà donné » (alors que tout est barricadé)
  • Je tends la peluche en précisant que la petite avait dû la faire tomber du balcon
  • Ah, merci
  • C’est qui maman ?
  • Ta voisine ! qui ramène la peluche de Marion !

Rien d’autre, pas d’explication genre « désolée ma fille est malade elle ne peut pas se lever » ou autre.

  • Ah maman, tu peux demander à Madame Dabra si en cas de besoin elle pourrait venir me garder Marion 1/2 H ou 3/4 d’heure (elle est à moins de 2 mètres vu la tonalité de sa voix qui n’a rien de celle d’une agonisante).

Je n’ai pas attendu que l’on me retransmette avec grossièreté la question, j’ai dis « au revoir », et refermé la porte moi-même.

JAMAIS, moi qui répond à un représentant dans l’interphone que « maman n’est pas là », je n’aurais osé laisser mes filles discuter avec un voisin, sans une bonne excuse (maman est dans son bain, couchée, agonisante, sous la douche) pour le cas où je ne pouvais pas me déplacer pour répondre moi même.

Il y a des limites à l’impolitesse.

Z’auront qu’à confier leur môme pourtant si mignonne au vieux con d’en dessous.

Car les connes malpolies, j’ai assez donné…  Et qu’il y a des limites dont les bornes marquent la fin…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Une réponse sur “La conne malpolie…”

  1. Trop drôle, en effet j’ai grandi dans une ville de petits bourgeois et ils ne sont pas un exemple ! Nous avions des voisins une famille avec plein d’enfants très bien côté rue, mais côté cour nous les entendions s’engueuler comme des poissoniers avec force  » vous me faites chier « 

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