Progrès mon ami… (1)

Je sais qu’il est de bon ton de dire qu’avant c’était mieux. Mais j’ai souvent une pensée pour deux choses au moins, qui ont marqué ma vie et ma vision de celle-ci.

En premier lieu : la médecine.

  • On peut lui taper dessus autant que l’on voudra, mais je reste ferme depuis qu’un jour nous avons fait le compte de ceux qui seraient ou ne seraient pas là, sans la médecine moderne.
  • En fait nous comptions plutôt ceux qui ne seraient pas là.
  • Mon grand-père maternel, sauvé par les antibiotiques d’une tuberculose ravageuse en 1956.
  • Moi-même, sauvée d’extrême justesse d’une circulaire du cordon, d’un étouffement grave à la naissance, devant, de justesse, ma vie, à une intervention musclée de piqûre et tente à oxygène. Sinon : exit Pulchérie et Delphine.
  • Pour le cas où j’aurais survécu, je serais morte en mettant au monde Pulchérie (mourir en couches : quelle horreur !) : HTA grave et gravidique déclenchant les horribles éclampsies du « passé » (parce que dans d’autres pays elles existent toujours).
  • L’enfant aurait peut-être été sauvée.
  • Mais sa soeur n’aurait jamais vu le jour.
  • Si j’avais survécu à la première et eu la deuxième, les deux soeurs boiteraient bas, rapport à une double luxation de la hanche, soignable aisément en langeant en abduction, alors que pendant des siècles on a langé en adduction, le plus serré possible.
  • Ma soeur cadette, celle qui n’est pas comme tout le monde n’aurait pas survécu à une pneumonie grave.
  • Mon père, rescapé en 1983 d’un infarctus grave, tellement grave que pendant 3 semaines le cardiologue n’a voulu faire aucun diagnostic serait parti depuis longtemps.
  • Rescapé également de deux crises de TV, dont une après pontage.
  • Les enfants de mon frère n’auraient pas vu le jour : leur mère s’étant pété le coccyx  en tombant de cheval, ce qui était assez fréquent à une époque. Du coup il ne pouvait plus se relever pour l’accouchement (le coccyx) : césariennes. Après la première, peut-être sauvée d’extrême justesse après un césarienne justement, les autres ne seraient pas nés…

Au 19ème siècle, je n’aurais pas survécu, ni tout un tas de personnes. Il y en aurait d’autre peut-être, à notre place, mais comme ils n’existent pas, on ne porte pas leur deuil…

Alors on peut cracher, comme moi parfois, sur les antibio salvateurs qui niquent les reins en sauvant une jambe, les traitements trop lourds qui en fin de compte sauvent en blessant ailleurs, et tout le reste, mais le constat est là, sans appel :

  • Je suis là
  • Mes filles aussi, et qui marchent bien
  • Mes neveux et nièces également (et qui marchent bien également, n’ayant pas échappé à la malédiction héréditaire des hanches qui se doivent de faire boiter)
  • Mon père a survécu jusqu’à ses 77 ans
  • Mon grand-père maternel est allé jusqu’à 90 ans.
  • Le prisonnier a survécu à 5 ans de captivité alors qu’il était au bout du rouleau.
  • ETC…

Après la médecine que j’ai globalement résumée, il y a une suite…

Qui fait que la vie n’est pas toujours un long calvaire…

Puisque c’est comme ça je me cache…

Dans_le_placard_57519927Cette histoire est 100 % authentique d’où la série « chroniques d’une vie ordinaire »… (c’est sans commentaires sur « la vie ordinaire »)

Albert vendait des appartements en kit aux Arcs (son premier emploi)… Vous savez, ceux des bronzés qui font du ski et que si tout le monde prend 12 heures de retard et bien Juniot il skiera en juillet dans 7 ans ?… (et comment qu’il balance le scrabble par la fenêtre).

Bref ce n’est pas drôle du tout. Albert devait passer 1 semaine par mois à la montagne pour vendre ses kits, pendant 3 mois.

La première semaine, comme nous avions un appart pour nous tous seuls, nous avons invité mon frère et ma future belle soeur à nous accompagner. Elle était ravie, elle qui était skieuse hors pair, et mon frère aussi (ravi) qui ne demandait qu’à le découvrir (le ski) (pour la deuxième semaine Albert avait invité son père et sa mère, et aurais-je la force de faire un post sur cette semaine inoubliable ?)

Déjà à l’époque mon frère et sa future s’engueulaient tout le temps (ça a duré un morceau de temps), mais nous ne nous en rendions compte que le dimanche midi chez le grand père (l’apiculteur) et l’après midi du dimanche. On pouvait espérer que le dimanche n’était pas un bon jour pour eux…

Arrivée dans l’appart : déjà bouderie : un seul lit de deux personnes et des lits superposés dans l’entrée. Comme Albert et moi vivions déjà ensemble (et donc pouvions crapuler à notre aise), nous leur avons donc cédé très gentiment le lit pour deux pour nous en faire un pour nous dans l’entrée en nous débrouillant avec les lits superposés que nous avons dé-superposés…

Premier petit déjeuner : mon frère ne mange rien le matin et il a tort, parce qu’il va faire du ski et que le petit déjeuner c’est super important… Première dispute « je ne mangerai pas » (des oeufs, du fromage blanc, des toasts à la confiture, des saucisses, etc…)  « tu mangeras ! », etc… Albert déjà un peu las… qui récupère les oeufs sur le plat de mon frère sous la table pour éviter le carnage… Il me faut reconnaître ici et maintenant que j’aurais aimée avoir l’autorité de ma belle soeur (ben oui je la considérait comme cela) car moi je suis genre poire qui déteste les conflits, si que cela aurait obligé mon mari à manger des oeufs sur le plat au petit déjeuner… Moi je n’ai pu obliger aucun de mes maris à RIEN.

Je débutais le ski avec mon frère dans l’école ad hoc, pendant qu’Albert partait avec sa future belle soeur (fallait bien que l’on se marie un jour ou l’autre). Le premier jour s’est bien passé, sauf que j’ai alerté le moniteur après une chute « j’ai cassé mon ski » « non c’est la sécurité qui a sauté mademoiselle« …(ça fait rêver longtemps après). Le lendemain je débute une crise de rhumatisme articulaire aigü dans le genou gauche (exit le ski et bonjour ma carrière d’emmerdeuse moyenne qui débutait).

Je m’en foutais un peu, la montagne que je découvrais n’était pas pour moi : la neige me donne mal aux yeux (je souffre de photophobie aigüe depuis ma plus tendre enfance), impossible de trouver mon équilibre sur les skis, quand je suis en haut j’ai le vertige (et mal aux yeux) et quand je suis en bas ça m’oppresse…

Bref, munie du diagnostic, les antibiotiques à haute dose qu’il me fallait sur ce coup là, je rentre à l’appart avec 7 ou 8 livres à bouquiner pendant que les autres skieraient. Il me fallait bien cela, j’ai été toujours bouquinovore.

Je végététais dans l’appart en lisant ce qui n’est pas abominafeux pour moi… En ayant prévenu tout de même que vu l’état de mon genou il ne fallait pas compter sur moi pour faire la bonne à tout faire…  Mon frère progressait très vite. « Sans aucun style » d’après Albert qui avait, lui, commencé à 5 ans, mais « il va vite et il n’a pas peur ».

Les voici donc partis un bel après midi, skier à trois : Albert le spécialiste depuis ses 5 ans, mon frère débutant mais prêt à tout, et ma belle soeur fortiche en ski également mais moins téméraire que les garçons… (d’après Albert, moi j’étais incapable de juger)

Je lisais un truc super quand tout à coup ça sonne  : j’ouvre : la belle soeur en rage, ça se voyait tout de suite…

  • J’étais avec les garçons, je les suivais, je suis tombée, ils ne se sont même pas arrêtés pour m’aider à me relever (elle pose ses skis dans l’entrée)

  • Vraiment des rats les hommes (elle enlève sa combinaison)

  • On se fait un thé ? (oui TU fais un thé)

  • J’aurais pu me blesser grave en tombant (dit-elle en buvant le thé). Ils n’en avaient rien à foutre, ils sont repartis sans m’attendre.

  • J’aurais pu me tuer…

  • Ah les salauds, je suis morte sous un pin et ils skient avec allégresse, tu vas voir comment ils vont être  joyeux en rentrant…

Là j’ai refermé mon livre.

  • Déjà Coraline, tu ne m’as pas vue du tout. Je ne suis pas rentrée. Où sont mes skis ? Je les planque sur le balcon… Ils n’y vont jamais ces rats…

  • Ton frère va se faire un sang d’encre, il sera bien temps, j’aurais pu crever sous le pin, je suis morte sous le pin… Bien fait pour lui, j’espère qu’il va en faire un ulcère

  • Si je mets ma combinaison sur le balcon ça n’est pas l’idéal, je peux t’emprunter ta valise ? merci, t’es un chou ! Hops je lave et je range ma tasse de thé (deux ça ferait louche)

  • Quand ils vont rentrer tu ne m’as pas vue hein ?

  • Où que je vas me mettre : tiens dans le placard : regarde j’y rentre tout bien…

  • (ouverture de la porte du placard) : j’y tiens bien, mais avec un tabouret ce serait plus confortable… Merci Coraline.

Et la voilà dans le placard à 16 H. A cette époque à la montagne le retour des skieurs a lieu vers 17 heures… Donc elle a poireauté pendant 1 heure et pendant 1 heure à ne rien faire qu’attendre, on cogite, surtout, je l’imagine très bien, assise sur un tabouret dans le noir d’un placard (le salaud, je le quitte, je prends le train de minuit, je suis déjà partie)…

Ouverture de la porte à 17 H pétantes, mon frère en tête, Albert levant déjà les yeux au ciel.

  • Coraline ? tu n’as pas vu Julienne ?

  • Heu non… pourquoi ?

  • Putain, elle fait chier ! elle est tombée, on l’a attendue, elle nous est passée sous le nez en criant je ne sais quoi…

Rien à répondre heureusement. La porte du placard s’ouvre et ma belle soeur en sort comme un diable de sa boîte. Pas le temps de dire quelque chose,  mon frère la pointe du doigt.

  • Je le savais que tu étais là !

  • Tu ne savais rien du tout pauvre crétin ! Je pouvais crever sur la piste, tu n’en avais rien à foutre !

  • Tu rigoles ? on t’attendait et tu nous es passée sous le nez en disant des  choses abominafreuses ! Je le savais bien que tu n’étais pas morte !

  • Tu t’en fous que je crève !

  • Oui, enfin non, mais là maintenant, tu peux retourner dans ton placard ça nous fera des vacances !

  • Où sont passés Coraline et Albert ?

  • Je ne sais pas, ils viennent de partir en claquant la porte

  • Faut qu’on les retrouve (surtout pas, mais si, ils nous ont retrouvé à la fondue du secteur)

La vie n’est qu’un long calvaire…

Quand on racontait ça au papa de la belle soeur, il souriait en disant  » je ne le la voyais pas comme ça » (et là sa femme levait les yeux au ciel, car des scènes père/fille, elle en avait eu sa dose)

Sinon on s’est bien amusés cette semaine là (me reviennent plein de souvenirs) et il faudra que je vous raconte comment je suis restée moi, deux heures et demie derrière une armoire… Rappelez-moi de le faire (si ça vous intéresse s’entend)…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Comment se prendre le chou pour des livres… (mode d’emploi à ne pas suivre).

Mal de têteJ’ai toujours connu mes parents en train de lire (nous n’avons eu la télévision que tardivement, je devais être en 4ème) et j’ai toujours moi-même beaucoup lu. Il est vrai que vu mon grand âge, je n’avais pas d’internet, d’ordi, de smartmachin, ou autre, pour m’occuper (ni 36 chaînes TV).

Lorsque nous habitions Antony, mes parents avaient deux bibliothèques bien garnies, avec les livres les plus petits sur deux épaisseurs. Quand ils ont emménagé à Rambouillet, papa a fabriqué d’autres bibliothèques pour nos chambres. Et puis le temps a passé…

Quand il m’a fallu secouer maman qui avait vendu sa maison (signature le 7 décembre), mais ne semblait pas se préoccuper plus que cela du déménagement dans une maison de transit, je m’y suis prise comme un manche.

Far-pai-te-ment ! COMME UN MANCHE !

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J’aime bien mon médecin…

Visite_chez_le_m_decin_53272152Quand Acromion a décidé de préparer sa retraite, il a sélectionné deux de ses anciens internes pour en faire ses associés. Au départ, j’avais choisi n°1 qui rassurait tant papa, qui est parti et donc maintenant je suis avec n° 2 depuis un petit moment.

Acromion ne pouvait que choisir un médecin taillé sur le même modèle que lui, qui ne regarde jamais sa montre, prend le temps de palper les problèmes psy éventuels, etc… Il  a pris de la rallonge par rapport à sa retraite, mais on sent bien que le 2ème associé pointe bien son nez (une femme, il l’a fait exprès, côté gynéco…) Continuer la lecture de « J’aime bien mon médecin… »

Le ravage du « j’entasse » qui saute généralement une génération… (1)

fouillis-copierVous remplacez le bordel par des bouquins, et vous éviterez ainsi de venir m’agresser en me demandant comment il se fait que les livres de ma mère ne sont toujours pas triés (Pulchérie avait un jour mis en illustration une photo de 2 bibliothèques de mes parents, mais je ne l’ai pas retrouvée…)

Et évitez-vous de sauter une page, ce serait dommage…

Si je dis que le « j’entasse » saute généralement une génération, ce n’est pas pour rien.

En effet, j’ai pu constater que la grand-mère maternelle d’Albert jetait un peu tout et n’importe quoi. En réaction sa fille gardait tout, et en réaction ses filles jetaient un peu tout et n’importe quoi et Albert idem.

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Tu vas-tu monter dans ta charrette ou j’te cogne ? (oui, le post annoncé précédemment attendra un peu…)

scene-de-menageCe jour, à U, où je n’avais pas mis un pied depuis le 29 octobre (je vous raconterai mes galères… un jour…), alors que je suis la caisse avec mes déboires habituels (il suffit que je choisisse une caisse et la caissière a un truc à faire ou son rouleau à changer), je sursaute en entendant dans le hall, la phrase titre, criée bien fort.

Je viens de relire avec plaisir « sous les vents de Neptune » de Fred Vargas, polar dont une bonne partie se déroule au Québec, et les dialogues font toujours ma joie. Je veux savoir parler comme ceux du Québec un jour ! (d’ailleurs limite je songe à m’y exiler, mais il n’y a pas de muguet là-bas je pense…) Continuer la lecture de « Tu vas-tu monter dans ta charrette ou j’te cogne ? (oui, le post annoncé précédemment attendra un peu…) »

Les réunions « bonne conscience »… (Pôle emploi : le retour) (2)

femme-dedaigneuseAlors que certaines pianotaient d’un air agacé sur leur bureau, en tripatouillant vaguement leurs CV ou en papotant avec les voisines, est arrivée la conseillère qui devait tenir la réunion, et un silence de mort s’est fait entendre dans la salle.

Jolie femme, bien foutue, bien habillée (les conseillères Pôle emploi le sont toujours) elle avait de quoi agacer légèrement s’il en était besoin, les 20 ménagères de plus de 50 ans avachies sur leurs chaises et dont elle allait devoir retenir l’attention pendant une matinée entière. Continuer la lecture de « Les réunions « bonne conscience »… (Pôle emploi : le retour) (2) »

Les réunions « bonne conscience »… (Pôle emploi : le retour) (1)

femme-dedaigneuseIl y a d’horribles périodes au cours desquelles mes journées sont assez mornes (exception faite de ma promenade chez les parents pour vérifier l’état de la table basse 🙂 et d’autres périodes où cela n’arrête pas.

Particulièrement le plus réjouissant qui soit : se débattre de gré ou de force (généralement de force) avec les administrations diverses. Continuer la lecture de « Les réunions « bonne conscience »… (Pôle emploi : le retour) (1) »