Les cadeaux foireux…

Les_cadeaux_foireux_56801411Je ne vais pas vous parler des cadeaux foireux que l’on reçoit à la fin de l’année (oh un 30ème tire bouchon, merci Oncle Joé !).

Non je parle des cadeaux faits à nos enfants, que nous allons nous farcir avec horreur ou des boules quiès…

Dom et Manou m’ont un peu coupé l’herbe sous le pied, comme quoi c’est universel. Encore qu’une housse de couette et les taies d’oreillers qui vont avec me semblent tout à fait anodines (d’ailleurs c’est moi qui les leur achetait, les barbies, les poney, les bambis, les princesses Sarah, etc… avec une joie sans mélange). Je parle des jeux bruyants particulièrement, parfois choisis par un inconscient sans enfant, ou bien par une personne pourvue d’un bambin particulièrement fort sur le décibel et se demandant pourquoi ce n’est pas pareil chez les autres… Ou bien du cadeau dont l’utilisation nécessite la présence d’au moins 3 adultes en pleine possession de leurs moyens (si ça existe…)

  • Une guitare électrique (en fait à piles qui se sont usées rapidement) pour le noël des 3 ans de Pulchérie, par mon horrible belle soeur dont le fils qui avait le même âge (à un mois près) que sa cousine, faisait un raffût d’enfer avec ou sans guitare… Du coup :

  • L’année d’après, pour le chiard bruyant : un tambour et une trompette. J’ai senti la haine mais comme elle était déjà là avant les cadeaux, j’ai ignoré (et en plus pour le tambour et la trompette, point besoin de piles, gniarf gniarf)

  • La même année, toujours pour le chiard bruyant, de la part du parrain et de la marraine (sans enfant) : un pistolet (à piles hélas) qui tirait aussi vrai que vrai qu’une mitrailleuse lourde. Ils nous ont quittés 3 heures plus tôt que prévu au son de « pourrons-nous nous passer du doux bruit du pistolet ? » (bonne question)

  • L’année d’après, de la part du furoncle ravi : deux double 33 tours de Chantal Goya. Le soulier qui vole et la forêt magique, ou maléfique, je ne sais plus. Non seulement il me fallait mettre le disque, mais le retourner et passer à l’épisode deux (en retournant le deuxième 33 tour), au son de :

  • Delphine munie d’un écouteur de cassettes faisant micro et qui hurlait dans le micro « Bonsieur le chêne ! Bonsieur le chêne, Bonsieur le chêne ». Elle ne parlait pas encore correctement pour ses 2 ans, contrairement à sa soeur, mais maîtrisait parfaitement le « Monsieur le chêne », et Pulchérie expliquait à son père et à moi, que non l’appareil n’était pas mort, qu’il fallait juste changer les piles… Ce jouet était admirable : Delphine mettait la cassette de son choix et pouvait chanter en même temps avec le bouton « son » sur « max ». Même enfermée dans sa chambre, elle nous vrillait les tympans. Bon elle chantait juste mais ça ne comptait pas vraiment…

  • On saute à l’épisode suivant. Je pense que c’est ma soeur qui a offert à Pulchérie la petite chimie amusante de Gaston Lagaffe. Toujours ravis les parents de lire sur la notice « à n’utiliser qu’en présence d’un adulte ». Pulchérie déjà charmante, voulait fabriquer de la nitro-glycérine dont la recette manquait cruellement. Il me fallut aller acheter une betterave pour faire de la décoloration de légume, et du sucre, en maudissant ma soeur. A moi de surveiller le tube à essai et la lampe à alcool, un extincteur à portée de main pour éviter que Pulchérie ne fasse exploser la cuisine. Une certaine décoction d’oignons laissa dans la famille des souvenirs impérissables, Pulchérie ayant ré-inventé le gaz lacrymogène mais écologique. Ceci en plein hiver, c’est mieux quand on ouvre les fenêtres…

  • Pendant ce temps là, Delphine décorait toute seule comme une grande, le linge qui lui tombait sous la main (et un service de table ruiné, un !), avec de la peinture à tissu offerte par le furoncle. Le top du top c’était la gouache à étaler bien épaisse pour la faire gonfler au fer à repasser afin de donner « l’illusion de la broderie d’antan »…

  • Je ne sais plus qui leur avait offert un nécessaire à faire de zolies bouzies. Charmant. Là : la présence d’un adulte est requise. Mais on est grandes, on se passe de l’adulte (avec l’autorisation de Mrs Bibelot toujours distraite). Quand la stéarine ou autre prend feu dans la casserole on s’affole et on jette un verre d’eau pour éteindre. Ca donne quoi ? Du machin brulant qui brûle toujours mais s’est bien éparpillée sur les murs de la cuisine grâce à la flotte (testez, vous verrez…). Là on appelle Jean Poirotte et maman au secours et pour une fois c’est Mrs Bibelot qui se fait enguirlander pour avoir dit « oui », là où l’on avait dit « non ». Exit les bouzies ssharmantes.

  • La recharge (amusante) du parfait petit chimiste est arrivée alors que les filles étaient chez leur père. Sadique, je l’ai refourguée au voisin pour acheter autre chose…

Alors les housses de couettes dans le genre traumatisme, vous repasserez (le linge)…

Bon anniversaire Pulchérie !

Elodie_6297261Bon, je vous le dis comme ça en passant, mais c’est la quatrième fois que je rédige ce très important post, Canablog ayant décidé de me faire dans la série « the page was not founded », ou un truc dans ce genre, inutile de me préciser que l’anglais et moi ça fait 3 : je sais.

Donc ma chérie, je t’avais déjà souhaité ton anniversaire sur mon blog l’an passé (ici) sans me douter une seule seconde que mon blog serait encore de ce monde un an après…

A l’heure où paraîtra ce post (je n’aurai pas la sotte idée d’attendre les 17 H05 précises, heure à laquelle tu as pointé ton nez d’un air étonné et curieux), il y a 26 ans, j’étais cramponnée aux barreaux d’un lit de clinique en faisant « l’exorcisme » avec ton père à mes côtés s’apprêtant à manger des trippes pour son déjeuner au bout de mon lit (c’était divin) (pas de péridurale à l’époque pour ceux qui atterrissent)…

Le coup du temps qui passe trop vite et du « carpe diem », c’était pour ta soeur. Toi tu m’a fait un sale coup cette année, sans le savoir et sans le vouloir.

Déjà que l’année dernière tu m’avais fait le coup de « je passe le quart de siècle »… Bon j’ai pardonné avec abnégation. Mais là cette année j’ai eu « la totale » (je mets «  » parce qu’il y a pire tout de même).

Je parle d’un(e) interview (désolée je ne sais jamais si c’est masculin ou féminin et là internet me gave…) passé(e) dans le « fig-mag ». Où j’ai lu avec stupéfaction « cette jeune femme »… C’est de ma fille que l’on cause ? La jeune femme c’est moi et la chipie dont il est question je lui talque toujours les fesses. Elle braille de 20 H à 8 H du mat, s’apprête à grimper dans les plantes vertes en buvant du produit pour lave vaisselle, avant de faire des cascades en Crète… (et j’en passe). Bon d’accord, elle tient un blog à succès et sponsorise le mien, mais c’est un à côté…

Donc je précise : la jeune femme c’est moi, car non je ne suis pas une mémée en train de faire une capture écran sauvage de l’inverview pour en gaver mon blog…

Deuxième interview sur un blog : me revoici me prenant le « cette jeune femme » en pleine tronche. Le coup de vieux c’est comme cela que ça vient… Et en plus on ne s’y attend pas du tout, c’est traître !

Ma fille est une jeune fille pure et chaste, innocente, un peu turbulente, mais pas « une jeune femme ». Préciser au prochain interview « ma mère est très susceptible, merci de préciser « la gamine ».

Bon Delphine va se demander pourquoi elle se prend le « carpe diem » et « vive le temps qui passe » et pas toi, mais bon, le jour où l’on me parlera d’elle en précisant « cette jeune femme », j’irai me coucher avec une bouillotte sur la tête.

Parce que moi j’attends du coup le « la vieille » qui va me faire un immense plaisir… D’ailleurs c’est en route.

Bon ma petite jeune femme (tu noteras le « petite » qui minimise les choses), ma petite chérie, je te souhaite un très très joyeux anniversaire, et tout ce que tu souhaites pour l’année à venir ! Moins un voeu pour qu’il t’en reste pour l’année d’après !

A déguster à partir de 17 H 05… C’était un vendredi, il neigeait et n’oublie pas : Carpe Diem !

L'heure est venue de passer aux aveux…

dodieclownutVous les connaissiez déjà : de gauche à droite, Pulchérie et Delphine, ces enfants innocentes…

Pour qui l’heure est venue de passer aux aveux, ici même, ou bien par téléphone si la honte est trop grande, bien entendu… Ou par mail, s’il y a terreur d’entendre ma réaction en direct.

Parce que voyez-vous Mrs Morgan est partie après 10 ans à ne plus se souvenir de sa vie, me prenant pour sa mère, me suppliant « maman ne me laisse pas là ! »,  puis refusant de reconnaître Mrs Bibelot comme sa fille (« ma fille est une petite fille, vous n’êtes pas ma fille ! ») (donc elle ne me reconnaissait, moi, plus du tout) pour finir par ne plus rien dire du tout et juste accepter qu’on la câline. Alzhaïmer… Une horreur. On ne plaisante donc pas avec ça avec maman. Tatie chérie déteste aussi que l’on mette en doute ses souvenirs, Mrs Tricot ayant également perdu la tête sur la fin, mais pas de la même maladie ni de la même manière.

Alors je dois dire que je redoute comme la peste (quoique la peste surtout pulmonaire, soit radicale généralement, donc on ne souffre que peu  longtemps) la mort de mes souvenirs et que chaque épisode remettant en cause ma mémoire m’est pénible, cause de doutes, de questions…

Je vous ai parlé dernièrement de « où diable l’ai-je rangé » (ici). Pulchérie a lu le post et s’est figée (et s’est bien gardée de faire un commentaire, quelle lâcheté de sa part !). En fait je m’étais persuadée les avoir laissés chez Mrs Bibelot qui range tout n’importe comment, qui s’était persuadée elle, qu’elle avait rangé mes moules à Muffin mais elle ne savait plus où, et pour cause : car Pulchérie me l’a avoué dans un salon de thé très chic de Paris « c’est moi pour tes moules, mais je ne sais pas ce que j’en ai fait ».

Sauf que moi j’avais retourné tout l’appartement en me disant que je perdais la boule… Et que Mrs Bibelot rameutée en urgence, a fait de même chez elle en se disant la même chose, pour retrouver ces fameux moules égarés en fait par Pulchérie qui n’avait jamais précisé les avoir « empruntés » (entre une chambre de bonne et un studio, y’a de quoi égarer…).

Ce jour là, dans le même salon de thé, vu mon évocation à la précédente réunion mère/filles d’une cassette audio d’enregistrements des filles petites et que je désespérais de retrouver (qu’est-ce que j’ai pu en faire ? je perds décidément la tête !), Delphine m’a tendu timidement la dite cassette « qu’elle me rendait »… Et là j’ai piqué ma crise : les filles sont chez moi quand elles viennent, et non plus chez elles. Je demande moi à ma mère ou mon père si je peux emprunter un livre… En aucun cas je ne prendrais quoi que ce soit (sauf éventuellement le 12 pour en terminer avec la vie si cruelle (pour les ignorants c’est un fusil de chasse)) sans évoquer la chose et demander l’autorisation (et embarquer le 12 en douce est mission impossible donc…)

Alors après avoir retourné l’appartement et vidé tous les placards à de très nombreuses reprises en me croyant atteinte d’une perte de mémoire précoce, je pose les questions fatales :

  • Qui m’a chourré mes quatre dernières pinces à épiler qui épilaient vraiment ?

  • Et au passage mes pinceaux à maquillage qui coûtaient la peau d’un pied ? Achetés pour la vie ?

  • Que sont devenues mes poudres libres de chez CARON ? (des collectors en plus : ça m’avait coûté un oeil, et le poudrier en lui-même était destiné à faire boîte à bijoux) (et non, ce n’est pas Mamie qui me les a « empruntées » !) (et ça j’y tiens à mes poudres libres de chez CARON !) Avouez enfin !!! Je sais que c’est vous (les deux, laquelle des deux ?) : il ne vous reste plus qu’à CASQUER pour me les rendre ! (des collectors, vous pouvez vous mettre la rate au cours bouillon pour me les retrouver…)

  • Que sont mes tournevis devenus ? Et ma pince à douille ? Et mon ôte agrafe ?

  • Il me manque des culottes et des soutifs… Pas les plus moches d’ailleurs. Là j’ai un soupçon précis vu les gabarits différents de mes bambinettes adorables…

  • Manque-t-il des « disques » à écouter sur un « tourne disques » dans la cave ? Car un jour de broquante je vais me trouver un vieil électrophone et m’y précipiter (à la cave) pour retrouver mes vynils… Donc en manque-t-il ? Me prévenir merci, avant que je ne frôle l’apoplexie dans la cave (et peu de chance que l’on m’y retrouve tout de suite, décès prématuré, le drame complet…)

  • Qui a pris possession de mes jumelles avec lesquelles (et je les avais achetées pour), je contemplais la lune et les étoiles ? (là encore, appartement totalement passé au crible à la vision d’un oiseau inconnu de moi à espionner, car depuis pas mal de temps, les étoiles et la lune c’est vaguement masqué par les nuages…)

  • Qui m’a chourré des photos pour les scanner et me les rendre dans 15 jours il y a 2 ans (là je sais qui c’est mais c’est juste un rappel).

  • Qui m’a piqué quelque chose dont je n’ai pas encore constaté la disparition, sous le prétexte que je n’ai pas l’air de m’en servir ? J’aurais envie de m’en servir un jour fatalement, je suis comme ça… J’achète, je thésaurise et puis un beau jour…

Les filles, j’ai juste une chose à vous dire, mais je pense que vous l’avez compris dans le salon de thé : on demande à maman si l’on peut, on ne passe pas outre pour emprunter discrétos, car emprunter discrétros moi je ne le ferai pas chez vous (sauf si je reconnais LA pince à épiler, bien évidemment planquée avant mon arrivée)…  Grandir c’est aussi cela, et que maman ne se demande pas si elle doit consulter pour Alz… alors qu’une main discrète lui a simplement kidnappé quelque chose qu’elle cherchera un jour.

Bisous d’amour et sans rancune, mais la vie est assez un long calvaire comme cela… Donc passez aux aveux… A votre âge il est temps !

PS : vous avez jusqu’à lundi soir, prochain postage, après il sera trop tard pour prévenir qu’à votre prochaine venue vous serez lourdement chargées… (je visualise le sac à dos…)

Conversation téléphonique avec ma fille…

T_l_phone_avec_ma_fille_7066208_pSensation horrible de déjà vécu… (ici)

Sauf que j’appelais Delphine et non pas Pulchérie, oubliant (en vieillissant on perd le meilleur de soi-même) que Delphine gardait les chats de sa soeur pendant que son aînée allait gambader au Portugal avec le gentil… D’ailleurs je l’appelais chez Pulchérie, tout fout le camp… (dans ma mémoire)

  • « Allô ma chérie ? C’est maman »

  • « Bouge pas Mouth… » (moi ça va, je ne téléphone pas pour aller faire des cabrioles ailleurs dès que la personne a décroché…) « Sacha non ! »

  • « je suis où, quand, comment, quel jour, ai-je remonté le temps ou quoi ? » (question essentielle deux petites secondes, ou alors je rêve…)

  • « Oui ma petite mouth tu disais ? SACHA descend de ce meuble tout de suite, j’ai dit NON !!! Tu disais ? »

  • « Rien de spécial ma chérie, j’ai juste dit « allô c’est maman »

  • « Maman promet moi une chose essentielle… » (ça y’est elle va me demander de signer un papier chez le notaire pour récupérer le piano dont sa soeur ne veut pas…)

  • « Ca dépend ce que c’est ??? »

  • « La prochaine fois que Pulchérie me demande de garder ses chats il faut que je dise NON, NON et triple fois NON » (ça y’est la guerre nucléaire aura lieu, et pour rien, car elle ne dira pas NON…)

  • « Je ne serais peut-être pas là pour assister à la demande… Ils sont si infernaux que ça ? »

  • « NON ! (?)  SACHA j’ai dit NON ! Oui ma petite maman ils sont insupportables et pourtant si mignonsoh oui la petite mignonne qui veut un câlin… ronron, ronron, SACHA NON !, je suis toute à ton écoute… Ca va toi ? »

  • « Ouais le temps est moche, je sais que c’est pour tout le monde, mais moi ça fait 5 ans de suite que j’ai un temps de merde pour mes vacances alors j’aurais voulu savoir…

  • « Non mais tu arrêtes de faire chier ???? »

  • « Hein ? »

  • « Non c’est Sacha qui me boulotte les doigts de pieds… Tu trouve qu’ils ressemblent à des saucisses ? »

  • « Le chat ? » (oui au téléphone on n’entend pas les pluriels)

  • « Non mes doigts de pieds, suis un peu, tu te disperse…. Tu disais quoi ? Pas important, tu pourrais venir à Paris avec mamie, je repartirai avec vous, me mettre au repos à la campagne pour une journée »…

  • « Pourquoi pas ? J’y songeais d’ailleurs et c’est pour cela que je t’appelais (je l’ai placé, youpee !). Quand ? »

  • « DEMAIN ! Sacha tu t’approche encore de mes doigts de pieds et je ne sais pas ce que je fais… Comment tu fais quand Diabolos est trop chiant ? »

  • « Diabolos n’a pas moins d’un an… » (soupir) (« en attendant, mets des chaussettes… » « Tu es folle Mouth, c’est l’été, et l’été je reste pieds nus »… et gnagnagna, je m’épargne le couplet sur les chaussettes en pleine non canicule…)

  • « Tu ne connais pas ta chance ! Sacha descend de ce rideau tout de suite immédiatement et sans délais… » « Mais comment elle fait Pulchérie pour le supporter, il est insupportable !!! »

  • « Mouth, je vais aller faire un petit tour dehors pour me calmer les nerfs, je te rappelle et on fixe le RV pour demain. Appelle mamie, c’est URGENT ! »

  • « Bisous ma chérie, j’appelle mamie tout de suite… »

  • « SAAAACHAAAA ! »

La vie n’est qu’un long calvaire… J’avais un max de trucs à dire à ma fille, mais pfuiiiit, Sacha est passé par là… (mais sinon c’est vrai qu’ils sont mignons tout plein, gouzi gouzi, arheu arheu…)

Réédition…

SourireCe sont les vacances, les lecteurs désertent un peu, et j’avais envie de remettre cette liste à jour… (qui était totalement passée inaperçue l’année dernière…)

Vous vouliez un enfant, vous l’avez, bravo. Vous allez désormais faire partie des radoteurs, car vous allez répéter un bon millier de fois les phrases qui suivent. J’ai essayé de respecter la chronologie et le temps qui passe (moi je n’ai eu que deux filles, pour les garçons cela doit être différent)

  • Un biberon à ton âge ? (5 ans, le soir)

  • Un biberon à ton âge ? (6 ans, le matin)

  • Il n’y a pas de monstre sous le lit ni dans le placard (ça peut perdurer)

  • Bon OK, je vérifie (on craque toujours)

  • Non, pas la porte ouverte avec la lumière de la salle de bain allumée (on craque toujours)

  • Qu’est-ce qu’on dit ? (merci)

  • Je n’ai pas entendu le mot magique (s’il te plaît)

  • Bisou maman…

  • Goûte et on verra si tu aime ou pas…

  • Il est l’heure d’aller se coucher

  • Il n’est pas l’heure de se lever (6 H le dimanche matin)

  • Tu as assez regardé la télévision

  • C’est mon tour de play station

  • Laisse ce téléphone tranquille, c’est maman qui répond (pour éviter le « maman est partie faire caca »)

  • Termine ton assiette

  • Une cuillerée pour papa, une cuillerée pour maman

  • Tu es trop grande pour que je te dessine un jardin dans ta purée

  • Range tes jouets dans le coffre, ou le père Fouettard va passer les prendre tous

  • Je compte jusqu’à 3…

  • Arrêtes de grignoter comme ça on dîne dans 1/2 heure

  • Tu as fait tes devoir ? Oui ? Montre un peu…

  • Tu appelle cela savoir sa récitation ?

  • Tu ne sais pas qu’une chasse d’eau ça se tire ?

  • Pourquoi ta brosse à dent est-elle archi sèche ? Montre moi tes dents ! Non mais tu me prends pour une andouille !?

  • J’en parlerai avec ton père

  • Ton père n’est pas d’accord, débrouille toi avec lui

  • Arrête de te précipiter sur le téléphone comme ça, c’est pour moi parfois…

  • Qu’as-tu fait de ma pince à épiler ? Comment ça ce n’est pas toi ? Je t’ai vue t’en servir hier soir…

  • Baisse moi cette chaîne, c’est insupportable ton Edith Piaf à fond

  • Tu ne peux pas écouter autre chose que Milooooord ?

  • C’est une position pour téléphoner ? J’ai failli te marcher dessus. D’ailleurs raccroche, ça fait deux heures que tu bloque la ligne

  • Tu raccroche j’attends un appel urgent !!!

  • La porte !!!

  • Qui n’a pas vidé le lave vaisselle et dont c’était le tour ?

  • Viens mettre la table, dernière édition après c’est la claque.

  • C’est ça, appelle « enfance et partage », tu me les passeras…

  • Il y a un panier pour le linge sale… On dirait ton père… Je ne lave que ce qu’il y a dans le panier

  • Pourquoi le panier déborde tout à coup ?

  • J’ai dit « Mac Do pas plus d’une fois par mois »

  • C’est cela, fait la gueule, tu le lasseras avant moi

  • Si tu veux maigrir, arrête de boulotter les trucs appéro

  • C’est quoi ce bulletin ?

  • Comment ça tes profs sont tous des cons ?

  • C’est qui ces mecs qui m’ont aidée à décharger les courses de la semaine ?

  • Rendez-moi mes jumelles, illico presto, m’en fous du voisin de derrière…

  • Si vous ne rangez pas votre chambre, je m’en charge et je vous préviens… Ca va chier…

  • Je t’avertis…

  • Il te faut 3 heures pour prendre une douche ? Et vider le ballon d’eau chaude ? Merci pour les autres.

  • Tu touche encore une fois à mes affaires et je t’essorille…

  • Je n’ai pas de comptes à te rendre.

  • Aller te chercher à deux heures du matin ? Tu rêves. Tu dors sur place ou tu ne sors pas, je ne suis pas un taxi

  • Tu me parle sur un autre ton ou je t’en colle une. C’est ça, appelle « enfance et partage », tu me les passeras…

  • Je racontais les mêmes bobards à mes parents, et ils ne me croyaient pas plus que je ne vous crois.

  • Arrêtez de ricaner bêtement

  • Moi aussi j’ai été jeune et con. Ca vous la coupe hein ?

  • Vos trucs je les connais, je les ai pratiqués avant vous, et avec autant de non succès…

  • ARGG, qu’est-ce que c’est que ce poster immonde ? Si il est immonde !

  • Je vous signale au passage que…

  • La maison n’est pas un hôtel. C’est comme ça et point barre. C’est ça téléphone leur et passe les moi…

  • Je ne suis pas votre bonne

  • Tu peux faire 900 mètres à pied je ne suis pas un taxi et la marche est le meilleur des sports…

  • L’argent ça se gagne… Travailler ça t’esclave un max… Tu cause mal en plus, mais tu n’aura pas un liard de plus, déjà que tu vis à crédit sur le dos de ta soeur… Ah bon, elle prend des intérêts ?

  • Non mais tu a vu le prix ?

  • C’est quoi ce pull en mohair en plein mois d’août ?

  • Couvre-toi sinon tu va encore tomber malade. on est en novembre je te signale et il fait 2° donc tu ne sors pas en chemisier transparent sans rien d’autre.

  • Comment ça tu as donné ton pull en mohair à Marine ?

  • Je vois tes profs dans 3 semaines et si cela ne va pas mieux, tu file en pension direct

  • Tu me répond encore comme cela une fois et tu file directement chez ton père

  • Où est la télécommande ?

  • Qui s’est servi de mon vernis à ongle sans revisser le couvercle ?

  • Je te signale au passage qu’en arrachant ce poster qui effectivement était immonde, tu as arraché le papier peint avec… Non, papy ne saute pas de joie à l’idée de vous refaire le papier et moi non plus d’alleurs.

  • Rendez-moi tout ce que vous m’avez piqué…

Liste non exhaustive, bien entendu j’en ai oublié. La vie n’est qu’un long calvaire.

Tempéraments différents…

Temp_raments_diff_rentsOn espère élever nos enfants avec égalité et on a tout faux… Il faut compter avec la place de l’enfant dans la famille et surtout, son tempérament profond.

Pulchérie qui pourtant ne s’est jamais laissée abattre a été la seule des deux à terminer dans un pommier à l’école maternelle (on attendait les pompiers pour la descendre, 2 mètres j’hallucine, les maîtresses n’étaient vraiment pas à la hauteur elles).Jamais Delphine ne serait grimpée dans un pommier avec son manteau neuf… (déjà, nuance…). D’ailleurs elle n’aimait pas particulièrement grimpouiller partout, elle préférait se couper les cheveux (en commençant par le dessus de la tête c’est mieux)… et ratiboiser au passage les barbies, consternée de découvrir que non hein, chez les barbies les cheveux ne repoussaient pas…

J’habillais Pulchérie pour une soirée, deux minutes après elle ne ressemblait plus à rien. Elle était décoiffée de partout, sa jupe descendait, son collant était filé, bref, c’était l’horreur (et maintenant elle fait du shopping à tout va…). Delphine dûment habillée allait, elle se poser dans un fauteuil sans même remuer un sourcil et restait présentable à la fin de la soirée (et maintenant elle fait du shopping à tout va…)

Et voici Pulchérie rentrant en larmes un beau jour de l’école. De vraies larmes, sanglots et tout et tout. Le coeur d’une mère se brise, c’est évident.

  • « Ma chérie, qu’est-ce qu’il se passe ? »

  • « Eh bien Vincent il m’a proposé 3 bonbons pour voir ma culotte« 

  • « Le salaud et alors ? »

  • « Eh bien je lui ai fait voir ma culotte, mais j’ai pas eu les bonbonnnnnns !!!!! »

  • « Ma pauvre chérie… Les hommes sont tous des rats et Albert arrête de ricaner… » (corvée de bonbons en plus et ça vous fait rire ?)

Delphine retrouvant l’école maternelle également après son opération de l’appendicite…

  • « Maman, Charles Louis m’a proposé 4 bonbons pour voir ma cicatrice, je suis super contente »

  • « Oh ma chérie, tu la lui a fait voir ? »

  • « Non j’attends qu’il me propose plus de bonbons » (à noter elle a tenu jusqu’au paquet et l’a ramené à la maison…)

Bref on se dit qu’élevés pareils, nos enfants ont tout de même des tempéraments différents. Exemple : Delphine a eu les bonbons une autre fois, et jamais montré sa culotte : ce jour là elle avait oublié de la mettre. Comment qu’ils se sont fait avoir… (mais bon elle avait à l’avance ses paquets de bonbons, elle est du genre « on paye d’avance, la maison ne fait pas crédit », Pulchérie faisant confiance pour relever le défi)

Adultes (!) laquelle est la plus débrouillarde des deux ? j’hésite… C’est quoi se debrouiller finalement ? Pulchérie gère très bien les finances et les papiers, Delphine gère autre chose mieux que sa soeur et ça s’engueule du coup à coup de « TAVEKA ! » (les soeurs qui s’aiment faut que ça s’engueule) (à cliquer absolument…).

Et moi maintenant je ricane en douce quand je les entends s’étrangler avec une écharpe… (mère indigne)

Les pompiers à la maison

Pompiers_HJ6333_001Avec les filles, ces adorables créatures divinement réussies, j’ai eu les pompiers à la maison deux fois. Une fois pour l’aînée, une fois pour la cadette.

Arrêtez de fantasmer les filles, je n’ai vu aucun beau mec débarquer, preuve sans doute que je suis maudite (car les pompiers ont une sacré réputation, ou bien je ne suis pas touchée par le syndrôme de l’uniforme) (ou alors, autre possibilité, j’étais tellement inquiète que je n’ai rien vu du tout)

N° 1 : Pulchérie. Je préparais ma soirée d’anniversaire pour le lendemain. J’étais hyper débordée comme il se doit. Nous étions vendredi et j’avais tout faux comme de coutume. Albert rigolait doucement ce rat, parce que j’ai toujours tout bon avec 3 heures d’avance.

Il avait la garde du trésor, j’avais des poubelles à sortir, et je pose un petit sac sur le piano + le carton de produit lave-vaisselle vide (non la pastille n’existait pas !). Je retourne dans la cuisine prendre le deuxième sac, ignorant qu’Albert était allé aux toilettes (un homme n’attend jamais 15 secondes pour aller pisser, c’est dingue) et là j’entends un hurlement.

Il avait fallu très exactement 8 secondes à Pulchérie pour échapper à la surveillance de son père, escalader le tabouret du piano, s’emparer du carton vide, l’ouvrir, et ingurgiter quelques grains de lessive lave vaisselle. D’où le hurlement : apparement, ça brûle.

  • Je me précipite sur le combiné et j’écoute avec impatience le répondeur me disant que l’on va donner suite à mon appel.

  • Albert se rembraguette comme il le peut car je l’incendie en écoutant le répondeur et qu’il a peur (pour sa fille, et de moi)

  • On me répond. Ne rien donner à boire au trésor, mais en attendant l’arrivée des secours qui sont en train de partir, lui nettoyer la bouche avec un gant de toilette humide (facile avec Pulchérie qui a un jour mordu le dentiste au sang)

  • Arrivée de 7 hommes en uniforme qui m’ont dégueulassé ma moquette. L’un d’eux s’est précipité sur mon trésor en sucre rose pour l’examiner (c’était le médecin)

  • Pulchérie lui a hurlé « patate !!!!! » (désolée Madame Patate, c’était son insulte de prédilection) pendant qu’il lui examinait la bouche avec une loupiotte pour repérer les dégâts. Puis il s’essuya le pouce mordu au sang après m’avoir demandé du sopalin et du désinfectant. De ce qu’il avait pu voir, elle n’avait rien et semblait en forme, mais ils allaient tout de même l’emmener à l’hôpital pour en être certains.

  • Me voici partie avec la petite, dans la voiture des pompiers. Elle pêtait la forme. Dès qu’ils ont mis la sirène en route, elle s’est mise à chanter « pompiers, pompiers », avec le ton.

  • Le médecin des urgences (l’avait qu’à mettre des gants mapppa) m’a assuré qu’elle se portait bien.

  • Elle se portait bien et n’avait avalé aucun granulé malsain de toute évidence. Je pense qu’il n’avait pas envie de pousser ses explorations trop loin.

  • Contrôle le lendemain (le jour de la fête), avec le pédiatre des urgences à 16 H 15 (super quand on attend tout le monde à 19 H) Elle l’a traité aussi de patate et a manqué lui crever un oeil en jouant avec le stéthoscope qu’il lui avait inconsciemment confié pour l’occuper… Puis elle s’est mise à hurler parce qu’elle voulait garder l’engin pour palper ses poupées…

Delphine maintenant. J’étais en train de détartrer le fer à repasser. Les enfants sont d’une rapidité dialolique, j’étais au courant pourtant. Elle arrive en disant « a foif maman », s’empare du truc machin fait exprès dans lequel j’avais dilué le détartrant, et à peine le temps de me coucher sur la planche à repasser en me ruinant une vertèbre pour l’empêcher de s’en emparer, elle avale ça cul sec.

  • J’appelle les pompiers

  • J’interpelle les voisins à qui je vais refourguer Pulchérie qui pour une fois se tenais tranquille.

  • J’enfile des chaussures sur mon jogging (oui c’était un mercredi matin, tôt : 10 H)

  • Les pompiers arrivent à 9. Le médecin me demande quel produit ma fille a ingurgité, je lui tends la bouteille en pleurant

  • Tout est écrit en allemand sur le flacon rescapé de la poubelle. On part (moi avec) avec le mode d’emploi, le médecin en ligne avec le centre anti-poison, un autre la gardant consciente « comment tu t’appelles mon trésor » « ? », « tu te sens bien » « ? » « c’est normal qu’elle ne réponde pas madame » « oui c’est normal elle est timide ».

  • Réponse du centre anti poison au moment où nous arrivons aux urgences de l’hôpital de Versailles « ce produit est absolument inoffensif ». Les 9 pompiers me lourdent aux urgences avec ma gamine qui a « faim maman », en jogging, sans sac à main, et une vague paire de chaussures dépareillées. Et quand je dis « ils me lourdent », c’est très réel, tout juste s’ils ne se sont pas servi d’un siège éjectable.

  • Obligée d’appeler Mrs Bibelot pour qu’elle vienne me récupérer (3/4 d’heure) et me ramener à la maison. Ceci parce que la secrétaire des urgences était vraiment gentille et m’avait autorisé à utiliser son téléphone, sinon, basta je faisais la route du retour à pied…

  • On récupère Pulchérie qui s’est gavée de beignets en attendant le décès de sa soeur en pleurant

  • Merde, j’avais oublié de débrancher le fer…

  • Merde, Pulchérie ne digère toujours pas les beignets…

La vie n’est qu’un long calvaire et avoir des enfants un choix absolu…

La surprise… (suite et fin)

Surprise_3_55949044Donc le lundi 7 mai, me voici débarquant à Paris.

Voyage en train bien passé, j’étais sereine. J’allais l’avoir ma surprise, j’était totalement décontractée… (si, vraiment)

Delphine est venue me récupérer Place des Vosges dès qu’elle a pu, et rendez-vous avec Pulchérie vers Beaubourg (mon dieu que ce centre est moche, je ne le dirai jamais assez !). Elles m’ont fait traîner un peu, le rendez-vous (mais lequel ???) étant pris pour 20 H 15. J’aurais pu prendre le train d’après, mais bon, pas grave… J’étais avec mes amours, mes petits bébés, même si Pulchérie précise toujours qu’elle n’est pas mon bébé (désolée, mentalement je lui talque toujours les petites fesses…)

J’y avais fugitivement pensé (croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer), sans m’y attarder trop, car Pulchérie m’avait parlé « du noir » en m’indiquant qu’elle « m’égarait », et j’ai bel et bien débarqué dans ce restaurant de Paris où l’on mange dans le noir… J’en avais entendu parler et j’avais trouvé le concept original. Sauf que là j’étais en plein dans le concept, et qu’en attendant de pénétrer dans la salle après avoir reçu les instructions de rigueur, je me suis mise à carrément flipper même si cela restait original. Original je veux bien, mais pas pour moi

  • Donc on se débarrasse de tout ce qui est source lumineuse. Lâchement j’avais gardé mes clopes comme si j’allais pouvoir sortir un petit coup (pour ne jamais re-rentrer, inutile d’espérer)… Et puis j’avais mon briquet. On range tout dans un casier fermant à clefs et on attend de passer sa commande. Je flippe à mort.

  • Celui qui prend la commande conseille le menu surprise : dans le noir, il est très difficile de savoir finalement ce que l’on mange, et de reconnaître tous les goûts (sauf ceux que l’on déteste vraiment, donc Pulchérie supporte les asperges, et moi résolument pas le melon…). Il explique le concept du « dans le noir ». On sait tous ce qu’est le noir et j’avais dit que je n’en avais pas peur (sauf que le total je n’avais jamais vécu et que j’ai commencé à flipper quand il à expliqué ce que c’était vraiment). Il nous demande nos allergies éventuelles et ce que nous ne mangerons jamais pour cause de conviction ou autre… Je flippe tellement que je ne pense à rien de particulier… comme si j’aimais tout. Pulchérie prend le menu surprise, Delphine se déballonne pour prendre quelque chose qu’elle connaît, je suis Pulchérie dans cette aventure.

  • Quand vient notre tour, notre guide aveugle (je déteste l’expression : « non voyant », je trouve cela hypocrite) appelle deux tables : celle de Vladimir et de Pulchérie. Le premier de la file met ses mains sur les épaules de la guide, et ainsi de suite. J’ai Delphine juste derrière moi et une fois passé deux rideaux, c’est le noir total le noir absolu… On ne voit absolument rien, rien du tout !.

  • Je ne flippe plus, j’ai vraiment peur. Une peur panique que la guide entend très bien quand je la chuchotte à Delphine… On ne distingue absolument rien, et vainement on écarquille les yeux. On analysera la panique après, mais pour l’instant je veux sortir, et je ne peux pas, car je ne sais même pas où est la sortie, ni d’où je viens. Je vais mourir là, j’ai peur, je tremble. Dephine me rassure, la guide me prend par la main, sent que je tremble et m’installe à une table en m’assurant que tout va bien se passer, Delphine en face de moi (de ce que j’entends et sens quand elle cherche ma main et me parle doucement pour me rassurer) sent également que je tremble… Ca doit faire drôle une maman qui tremble, mais je ne peux pas juguler mon angoisse et j’écarquille les yeux au maximum… Pourquoi je ne distingue rien ?

  • Arrive Pulchérie apparement, elle, décontractée, que la guide a laissé attendre 2 ou 3 minutes seule. Elle a très bien senti ceux qui flippaient ou pas. Qu’avait-elle à nous dire qu’elle n’a pas dit ? Je sens que Pulchérie flippe : pour moi. Pourvu que cette surprise ne tourne pas mal. Moi, j’ai du mal à parler, j’ai la gorge coincée, j’essaye vainement de voir quelque chose, je suis incapable de parlotter (vous sentez le malaise vrai…) Les filles me demandent de dire quelque chose « maman, parle nous ! », mais tout se coince dans ma gorge, j’ai mal, je souffre, je me sens oppressée, je veux m’en aller d’ici, tout de suite, immédiatement. Je suis incapable de dire ce que je ressens réellement, ce que je pense vraiment. Mon voisin de droite m’adresse gentiment la parole : il est content d’avoir du monde à côté de lui, celui de gauche aussi. Delphine ne me lâche pas la main. Elle m’avouera après qu’elle flippait également mais s’est donnée comme priorité de me rassurer.

  • La peur me lâche un peu quand Pulchérie nous affirme que cette salle peut s’allumer en un clin d’oeil en cas de pépin, dans la mesure où elle n’est pas toujours « noire ». Elle nous rappelle que nous sommes filmés infra rouges et qu’en cas de problème (une crise de n’importe quoi), les pompiers n’interviendront pas dans le noir. Notre guide vient me rassurer à 2 reprises, elle est adorable et affectueuse,  et m’apporte mon verre de vin pris avec l’entrée (j’ai choisi l’option : un verre par plat = 3). Je tiens mon verre comme une désespérée. Les filles veulent y goûter : elles vont tout me renverser. Non ça se passe bien, mais ce noir absolu, l’absence de tout repère visuel m’est insupportable… Il y en a qui vivent cela tous les jours. Comme tous les serveurs dans ce restaurant… J’ai beau adorer la musique je persiste et signe : je préfère devenir sourde.

  • Impossible de se rendre compte, même au brouhaha, de la taille de la salle. J’ai du mal à visualiser Pulchérie, il y a comme un angle dans les tables que je tâte. Au fur et à mesure que la soirée passera j’aurais sans cesse l’impression qu’elle se déplace vers sa soeur, plus en face de moi qu’à gauche…

  • L’entrée arrive, je planque mon verre. On fait comment avec les couverts ? On se sert un peu de ses doigts pour « voir » ce qu’il y a dans l’assiette. Je mets le doigt dans de la sauce évidemment. Je m’essuie discrètement, ce qui est totalement inutile car personne ne peut me voir… Pulchérie annonce haut et clair, qu’elle se met sa serviette autour du cou, on trouve l’iidée bonne. De nous avoir donné de grandes serviettes également, car apparement un peu partout on mange beaucoup avec les doigts, difficile de se servir de couverts d’emblée…  Dans le centre de l’assiette, nous sommes prévenus, un petit verre. Je goûte : c’est du nectar de melon, je suis formelle. Je le refile à Delphine qui attend son plat (elle n’a pas pris d’entrée) en tâtonnant. Nous essayons tous d’identifier ce que nous mangeons, au nez, au goût… Le goût fait défaut, on s’en apercevra à la sortie. Moi j’ai plutôt un bon nez pour une fumeuse, mais je panique encore trop pour lui faire confiance…

  • J’identifie une ou deux asperges, de la crevette en beignet, du je ne sais quoi, bon mais je ne mets pas le nom dessus. Tout est délicieux, mais si cela se trouve je suis en train de manger de la cervelle même si l’on m’a dit « pas d’abats ». J’essaye de me servir un verre d’eau en suivant le conseil donné « mettre un doigt dans le verre pour mesurer le niveau ». Difficile, j’en ai plein les pieds et peu dans mon verre.

  • Je ne sais pas si Delphine a réussi à se servir en eau, mais elle repose mal la carafe, pête le petit verre de nectar de melon qu’elle ne m’a pas rendu malgré la consigne de le remettre dans l’assiette au centre. La carafe s’écroule et j’en ai plein les jambes cette fois-ci. Mon assiette (vide, j’espère) est pleine de flotte et déborde. La serveuse est catastrophée, en 5 minutes c’est le 3ème bris de verre brisé dans son secteur. J’ai mal pour elle qui ne peut pas allumer la lumière pour résoudre le problème…

  • La peur s’estompe petit à petit. Je me résigne à n’y rien voir. La discussion se fait avec les filles et nous rigolons bien (comme à l’ordinaire : 3 gamines dont moi). Finalement le petit coup de rouge sur le plat de résistance qui a un peu tardé à venir, finit de me détendre… Telle une de mes lointaines ancêtres, je renonce à couper la viande et je mange l’agneau à la main (j’ai eu une serviette propre, la première étant inondée). Tout le monde en fait autant. Pour la purée et les légumes c’est plus difficile. Pulchérie et moi avons demandé « sans légume vert », donc j’ignore si finalement je les aurais mangés avec délectation. J’annonce de la purée de carottes avec peut-être un peu de potimaron ou autre, du coup Pulchérie n’aime pas parce qu’elle déteste la purée de carottes et les marrons encore plus. Là aussi, tout faux (c’était de la purée d’olive verte). Je vérifie que je n’ai plus rien dans mon assiette avec la main. Tout le monde slurpe ses doigts avant de s’essuyer sur la serviette. Delphine goûte dans l’assiette de sa soeur, regrette d’avoir choisit son plat qu’elle ne reconnaît pas finalement. elle aurait dû faire comme nous : prendre le menu dégustation.

  • Pulchérie fait goûter à sa soeur la purée. Delphine aura tout faux également. Elles trouvent un os. Dangereux quand on n’y voit rien. En fait Pulchérie éclate de rire tout à coup « j’ai une pince à linge dans mon assiette ! » (dont elle est persuadée qu’elle était verte, la pince). Notre « guide » et serveuse est mortifiée : cette pince était un point de repère pour elle pour l’assiette sans légume vert, et elle est tombée dans l’assiette. On la fusille quand la malheureuse ?

  • Vient le dessert. Exquis, mais là encore on cherche. C’est fait exprès en plus, les arômes sont subtilement mélangés… Seul le chocolat est reconnu par tous à l’unanimité… J’écarquille toujours les yeux, mais je suis détendue et j’ai bien identifié le 3ème verre du dessert : du Chardonnay, exquis.

  • Delphine demande à la guide si nous pouvons sortir. Elle nous demande si tout c’est bien passé… Oui finalement tout s’est bien passé, on ne lui en veut pas de la pince à linge et c’était un amour, courageux en plus… Mais je pose avec bonheur mes mains sur ses épaules pour revenir petit à petit vers la lumière (c’est graduel). Je pense à elle qui ne la voit pas… J’admire son courage que je n’aurais jamais : le deuxième service l’attend…

  • C’est bon je retrouve petit à petit la vue (ça reste flou quelques minutes)… La peur s’oublie, s’analyse. Souvenir des crises de somnambulisme d’enfant quand je me croyais à un endroit et était à un autre, complètement perdue. Peur de tous de perdre un jour la vue que j’ai tâtée vraiment un jour où j’ai perdu pendant une heure la vision de l’oeil gauche. Sauf que ce n’était pas noir. C’était neutre, dans les beiges, plutôt clair et très gênant quand je fermais l’oeil pour retrouver l’obscurité…

  • Analyse de cette obscurité qui nous agresse alors que nous n’avons aucun repère… Je regarde se déplacer pendant que les filles attendent pour payer, les serveurs… Leurs repères ils les ont et aucune hésitation… Ils nous ont demandé à tous en début de repas, de ne pas parler trop fort. Instinctivement, on hausse le ton quand on ne voit rien, mais eux, cela les perturbe.

  • 2 rats partent sans payer parce que le caissier est débordé. Pulchérie est outrée… Je n’en reviens pas non plus. Ils ont mangé excellement bien (car c’est très bon, je confirme), mais ne supportent pas d’attendre. Pensent-ils à ceux qui les ont servis, qui malgré leur handicap que l’on comprend soudain, travaillent ? Ils se prennent pour qui ? En attendant la note nous constatons avec surprise ce que nous avons mangé…

  • La purée de carotte était une purée d’olive verte. Le truc que personne ne reconnaissait était de l’avocat, etc… Tout le monde sourit, en clignant un peu les yeux.

  • Dehors : les cadeaux pour maman. Elles voulaient me les donner dans la salle, mais ce n’était pas possible : je les aurais reconnus à la main, c’est certain, mais aucun sac, aucun vêtement ne doit gêner les serveurs…

Me voici donc avec un joli chemisier blanc, des sels de bain, et un téléphone portable qui fait que je n’entamerais pas ma 50ème année à 17 H 55, comme une mémée.

Merci mes amours. Hier soir je me disais que je recommencerais pas cette expérience, et finalement je me dis : pourquoi pas ????

Jean Poirotte à qui Pulchérie avait dévoilé la chose, a tout de même été surpris… Pour lui « dans le noir », c’est le noir que nous connaissons tous, dans lequel on voit tout de même vaguement quelque chose. Très important à savoir : il y a toujours une brève lueur à un moment ou à un autre, ou nous savons où nous sommes et comment allumer. Là, on ne peut pas. Comme certains ne peuvent pas faire la lumière et la vision sur leur vie…

Et c’était une super soirée, (ce que je ne pensais pas en tout début de repas) et qu’offrir de plus beau à sa maman que l’on aime, que de la fraternité avec ceux qui souffrent en silence d’un handicap que l’on ne peut comprendre que dans ce lieu finalement magique ? Car c’est aussi de l’amour.

Pour ceux que cela intéresse : http://www.danslenoir.com/

Encore merci mes amours… Et désolée pour ma panique du début, que j’ai réussi tout de même à surmonter. La panique est une chose très particulière et il y a quelques temps, avec Truchon dans la tête, j’aurais demandé à aller manger finalement dans la salle où l’on voit clair ou allumé mon briquet de trouille…

Et j’ajoute : cela restera finalement magique. C’est une soirée odeurs, goût, toucher… Sans rien de visuel. Comme un rêve finalement… C’est le noir absolu, les voix de mes filles, nos rires finalement qui reviennent toujours… quelque chose de jamais vécu… Ou de déjà vécu… Nos rires ? toujours !!!!