Le sapin 2012…

Sapin de NoëlIl y a plusieurs années que je ne remonte plus le sapin de ma cave, et que je ne fais plus de décorations chez moi (l’illustration vous donnera une petite idée de ce que j’aime…)

L’année dernière, nous savions avec maman que papa sortirait de sa maison de convalescence le 23 décembre, et il nous fallait nous occuper des décorations de la grande maison seules (lui il aime bien s’en occuper).

Les filles devant passer Noël avec nous, j’avais suggéré d’apporter mes décorations personnelles, pour qu’elles retrouvent la magie de leur adolescence, et maman avait accepté avec joie.

Elle avait acheté le sapin, et m’avait laissée me démerder avec les guirlandes électriques (emmêlées comme d’habitude), et le reste, en faisant ses sudokus et mots fléchés du jour.

J’étais contente de moi, et assez nostalgique en regardant le zoli sapin. Delphine qui savait que j’avais ressorti mes décorations, avait juste dit « oh c’est super !!! » et les deux soeurs en arrivant le 24, avaient un peu ondulé de la toiture en regardant mes vieilles décorations qui leur rappelaient tellement de souvenirs…

Comme j’avais tout fait à l’aller, j’ai tout défait au retour en ramenant mes décorations chez moi (avec un stage dans la voiture, mais la manière dont je traite ce que je mets dans ma voiture mérite un post exclusif, rappelez moi de le faire).

Cette année, j’ai été mobilisée pour aller acheter le foie gras avec maman, et le sapin.

  • « Tu nous aideras à le faire ce sapin », m’a-t-elle dit dans la voiture au retour, « pour moi maintenant c’est une vraie corvée » (mon « si c’est une corvée, pourquoi acheter un sapin » venant bien évidemment trop tard).
  • J’ai compris pourquoi « la corvée » le lendemain, en montant chercher avec elle les décorations rangées dans le grenier, dans environ 15 petits cartons + des boîtes en plastique pour les guirlandes électriques bien évidemment emmêlées alors qu’elles avaient été bien rangées deux ans plus tôt.
  • Rien que de descendre l’ensemble des décorations est LA corvée du jour.
  • Certaines décorations ont 50 ans. Elle ne peut se résoudre à les jeter quand elles sont vraiment devenues bien moches, mais ne veut pas les accrocher non plus. Donc il faut trier.
  • Trier en gros, ne pas croire qu’elle mettra dans une boîte les décorations à ne surtout pas utiliser (donc descendre du grenier). Elles seront remises en vrac avec le reste… après…
  • Papa étant là, il s’en mêle.
  • Son sens de la décoration n’étant pas exactement celui de Mrs Bibelot, ils se boutiquent 10 minutes dans la cuisine, avant que papa ne se mette à réparer les éventuelles guirlandes en panne (prévoyante, maman il y a 10 ans, à dû acheter environ une centaine d’ampoules de rechange, mais il faut les retrouver, ne croyez pas qu’elle les rangerait avec les guirlandes, ce serait trop simple).
  • Là, connaissant le processus pour l’avoir vécu avec mes filles, je ne touche plus à rien, je n’accroche rien, je me contente de dire de temps à autres, mais je le fais exprès « moi à ta place… »
  • Je récolte donc de l’un ou l’autre un regard noir.
  • On me demande tout de même de m’occuper de tel truc, un peu trop en hauteur, mais c’est vraiment pour me faire plaisir
  • Je rentre donc chez moi après avoir accroché 3 boules et l’étoile en haut du sapin.

Le lendemain quand j’arrive, on allume le sapin :

  • Il est beau hein notre sapin ? Et tu as vu nos guirlandes ?

Tout est farpait, conforme aux années précédentes, car petites disputes ou pas, ils finissent toujours par reprendre l’idée de départ d’il y a 11 ans, quand ils ont changé de maison.

Concernant les décorations extérieures, on se demande comment le tamaris peut survivre à tous ces faux cadeaux, et les fenêtres à toutes ces boules et guirlandes qui sont vraiment festives.

Ils adorent leur maison, mais la précédente était vraiment idéale pour avoir le premier prix des décorations, premier prix qu’ils avaient toujours. Je n’ai hélas pas de photos, mais cette maison était idéale pour les fleurs l’été, et la décoration de Noël…

Là ils sont dans le fond d’une petite ruelle et personne ne peut voir leurs efforts.

C’est immuable, comme le foie gras qui est toujours moins bon que celui de l’année précédente…

Car la vie n’est qu’un long calvaire.

Je poste juste avant la fin du monde, on n’est jamais trop prudent 🙂

Le mail que je regrette de ne pas avoir envoyé…

Voyage PulchérieQuand j’entends les conseils dont ma mère m’abreuve régulièrement (style, « les oeufs coque c’est 3 minutes »…), et particulièrement quand je suis avec elle à plein temps à la Grande Motte (papa n’étant pas exempt de conseils également, mais d’un autre genre « ne fais pas trainer le fauteuil tu vas rayer le parquet », ou « n’oublies pas de passer le balai dans tous les coins… »), je regrette de m’être retenue d’envoyer à Pulchérie quelques petits conseils avant son départ en vacances aux USA le 29 octobre dernier.

En plus elle partait en même temps qu’un cyclone arrivait sur la côte est, ce qui m’a rendue encore plus joyeuse (je hais quand mes filles voyagent) car rien ne me disait que le cyclone n’allait pas changer de direction… J’ai donc le mail suivant sur le coeur…

« Ma chérie,

Je suis vraiment contente que tu te sois enfin et au dernier moment décidée à m’envoyer un mail me rappelant tes dates de départs, d’arrivées, et les détails du voyage que tu te fais une joie de faire, avec décollages et atterrissages multiples, ce qui fait que je vais me faire du mauvais sang.

J’espère que tu es bien consciente que la côte ouest des USA présente certains quelques défauts, et est particulièrement un lieu à haut risque de tremblements de terre.

J’espère que tu as donc bien lu quelque part les plus élémentaires précautions à prendre au cas où tu sentirais la terre trembler, et que tu n’as pas oublié de t’acheter un casque ! Evite de sortir sans une petite mallette de survie, contenant tout particulièrement de l’eau, les gens coincés sous les décombres souffrant généralement de la soif. Une lampe de poche me semble adaptée également, pour ne pas paniquer dans le noir.

De même, à chaque fois que tu prendras l’avion, même si tu en as l’habitude, suis bien religieusement les consignes de sécurité, on ne sait jamais, un jour il y aura peut-être un parachute sous ton siège et tu ne le sauras même pas puisque tu t’endors sitôt installée dans l’avion.

J’ai vu que tu devais aller à Las Vegas, il faut éviter d’aller dans un casino, l’addiction au jeu étant bien réelle. Je te suggère éventuellement d’y aller (si tu y tiens vraiment), avec juste 10 dollars sur toi, pour éviter toute tentation. Si tu as gagné beaucoup d’argent, il vaut mieux louer un garde du corps pour retourner à ton hôtel si tu n’es pas armée.

Tu as prévu du « road trip », ce seul mot me glaçant d’horreur. J’espère que tu feras très attention aux bandes de motards qui violent et assassinent les malheureuses jeunes femmes innocentes et sans défense, et qu’au cazoù, tu te seras munie d’une ceinture de chasteté et d’un gilet pare balle (c’est toujours ça de pris).

Pour Tokyo, j’espère que tu es bien munie d’une combinaison de sécurité totale, parce que si l’on ne parle plus du drame de Fukushima, il y a encore des radiations qui traînent un peu partout. Naturellement tu n’as pas pris de compteur Geiger, vous les jeunes êtes totalement inconscients.

Evidemment cette combinaison de sécurité devra être équipée de flotteurs et de repérage GPS, parce que les tsunamis, là-bas, cela existe (fort hélas, c’est un peu à cause de cela que ton séjour au Japon me consternavre grave contrarie légèrement).

Fais attention aux poissons crus, surtout à celui qui peut tuer, au saké chaud, et si tu croises un membre des Yakuzas fais comme si tu ne l’avais pas vu.

Inutile de te rappeler de n’accepter de colis de personne à mettre dans ta valise, de vérifier celle-ci 3 fois avant de la fermer, et de signaler à toute autorité compétente un colis suspect ou un bagage abandonné.

Aux USA comme au Japon, n’accepte de bonbon ou de chewing-gum de personne, ni d’ailleurs rien qui se mange sans avoir dûment vérifié que personne n’a pu en trafiquer le contenu.

Je suis sinon bien contente pour toi qui aime tant les voyages, mais étant un peu nerveuse ces temps-ci, je te remercie de m’envoyer au moins un mail par jour pour me rassurer sur ta bonne santé et tout ce que tu as fait de beau dans la journée.

Et ne pas essayer de me faire croire qu’il n’y a pas internet aux USA et au Japon, ça ne prendra pas.

Ne pas oublier, dès que tu seras sortie de l’avion, en France, de m’envoyer illico un texto me précisant que tu es bien arrivée.

Et de retour en France, fais attention en traversant ! Les français conduisent comme des cinglés !

Ta maman qui t’aime*. »

La vie n’est qu’un long calvaire.

Je ne suis pas superstitieuse, ça porte malheur, mais j’ai tout de même attendu de savoir qu’elle était bien rentrée en bonne santé, pour éditer ce post… En plus elle m’avait annoncé son retour pour le 25 et non pas le 26, ce qui fait que je me suis fais du mouron quand même…

PS : *en signature « la folle dingo » serait plus réaliste, mais on a sa fierté…

Illustration envoyée par Emilie de Singapour, que mon article a fait craquer…

La Grande Motte 2012 (5) LE DIPLOMATE…

scene-de-menage1

Stupidement j’avais donc suggéré pour le prochain dîner en vue (un ami d’il y a très très longtemps devant venir avec sa femme) de m’occuper moi-même du dessert…

Tout avait commencé avec le pain sec qui s’accumulait. Pourtant on ne pouvait pas dire que nous abusions du pain, puisque une baguette par jour à 3 personne laissait tout de même du reste.

Maman, rangeait scrupuleusement le pain dur dans un sac, comme chez elle, car une fois par semaine, elle s’arrête en revenant de courses pour le donner à deux petits ânes dans un champ (ces mignonnes petites bêtes…)

J’avais donc au bout de 8 jours, dit « vaguement » à Mrs Bibelot, qu’il serait peut-être bien de faire un petit pudding, avant d’aller nourrir quelques chevaux d’une vague promenade à cheval située à la sortie de la Grande Motte.

Qui dit « pudding » dans la famille, évoque immédiatement ma grand-mère paternelle Mrs Tricot, qui régulièrement venait passer le WE et apportait ce qu’elle appelait un « gâteau de pain ».

Délicieux, et dont elle a emporté la recette dans sa tombe, on ne peut compter sur personne.

Et puis, je me suis souvenu que la recette était dans une tombe loin de la Grande Motte, et j’ai décidé d’utiliser le pain (enfin une partie du pain), pour faire un diplomate. Recette que je connais par coeur, et que je maîtrise ultra bien. (Je n’ai pas l’air comme cela avec mon appartement en ruines, surtout la cuisine et la salle de bain, mais normalement je suis une très fine cuisinière).

Mon premier diplomate (un franc succès, régulièrement demandé par mes invités) était aux fruits confits. Pour les fêtes je le fais au chocolat et marrons, enfin bref, je maîtrise.

Sauf que ma mère était partie sur « un gâteau de pain » ou « pudding » (pour abréger mes souffrances quand j’écris, merci…).

La veille du jour J, je n’avais trouvé qu’un moule mou à cake, et j’étais un peu ennuyée, parce que les miens (de moules mous) ne supporteraient pas que l’on y fasse couler du caramel brûlant.

Qu’importe, j’avais trouvé l’astuce : j’allais faire un caramel au beurre salé, donc le laisser refroidir, et faire mon diplomate en toute tranquillité.

Mrs Bibelot a donc acheté du beurre demi-sel en me précisant que ma grand-mère n’en utilisait pas pour faire son pudding

J’ai répondu que j’allais faire un diplomate et non pas un pudding, et qu’il me fallait donc :

  • Des fruits confettis (Delphine quand elle était petite)
  • 6 oeufs
  • 1 litre de lait
  • 180 grammes de sucre
  • De l’arôme vanille
  • + le pain que je jaugerais moi-même, n’est-ce pas, bien sûr, ce qui l’a rendue soupçonneuse. Car d’ailleurs ma grand-mère ne mettait pas de fruits confettis dans son pudding… mais des raisins secs… (que je suis allée remettre à leur place dans le magasin)

Puis dans un placard j’ai trouvé, victoire, un moule à brioche en pyrex idéal pour mon projet (exit le caramel au beurre salé, le beurre salé a servi à autre chose), même si je préfère faire mon diplomate dans un moule à cake (en pyrex).

J’étais fin prête.

Et mes parents très inquiets.

  • J’ai commencé en effet à couper le pain dur en petits cubes, sous le regard désapprobateur de papa, à qui le découpage revient normalement de plein droit.
  • Maman me précisant que Mrs Tricot ne découpait pas son pain aussi finement pour son « pudding« .
  • J’ai répondu 3 fois que je faisais un diplomate et la quatrième fois « foutez-moi la paix ». Puis j’ai mis le pain dur dans un saladier dans lequel il devait attendre la suite de la préparation.
  • Pendant le repas du midi, maman m’a précisé en regardant mon saladier, que je n’avais pas assez imbibé mon pain de lait pour faire mon pudding
  • Je lui ai répondu que pour un diplomate on n’imbibe pas le pain de lait et que si l’on me foutait la paix définitivement concernant le dessert, j’éviterais de me mêler de la recette spéciale de papa « lapin à ma façon », qu’il devait débuter à 15 heures.
  • Donc je devais faire mon diplomate avant cette heure fatale. Pour pouvoir m’éjecter de la cuisine avant que mes géniteurs ne commencent à se boutiquer sur le pourquoi du comment du lapin qui risque de se barrer en courant (pauvre bête).
  • Tu mets trop de champignons (ma mère a je ne sais quoi contre les champignons de paris frais, mais refuse en ce moment d’aller aux cèpes)
  • Donnes moi donc d’autres olives (mon père)
  • Il te faut encore un peu de vin blanc (ma mère), ta sauce va être trop claire
  • ET J’AURAIS DU ECOUTER MA MERE IL Y A 55 ANS DU COUP JE NE ME FERAIS PAS CHIER EN CUISINE AVEC UN EMMERDEUR/UNE EMMERDEUSE PAREIL/LE Tu en as un caractère, tu pourrais me parler gentiment !
  • Bisous bisous (quand je vous le dis qu’il faut fuir…)
  • Etc…

Jamais je n’avais fait aussi vite, mais je vous l’ai dit plus haut, je maîtrise super bien. Papa faisait sa sieste et je savais que mes bruits allaient le déranger, mais je n’avais pas trop le choix.

Je n’osais pas imaginer le carnage si nous nous étions retrouvés à trois dans la cuisine pour la préparation conjointe du plat de résistance et du dessert…

  • Caramel se faisant pendant que je préparais « l’appareil » à diplomate.
  • Caramel coulé dans le moule.
  • Mise en place des morceaux de pain en tassant bien, et en alternant avec des couches de fruits confettis
  • Versage lent de « l’appareil » sur la préparation, en mettant le surplus qui me reste toujours dans 3 petits ramequins.
  • Mise au four du moule avec sa préparation.

Là, je ne pouvais vraiment pas me louper et je me suis carrément installée sur la glacière pour surveiller ce qu’il se passait dans le four, et ajuster le thermostat régulièrement.

Quand le caramel remonte partout à la surface en faisant des bulles, il est temps de baisser, de surveiller, car ce n’est pas forcément cuit, et de ne pas faire comme papa : éteindre le four en pensant que c’est terminé, OUF !

Maman se levant de sa sieste pour le thé, m’a trouvée sur la glacière en train de terminer mon polar sanglant italien, et a jeté un oeil pour me dire que cela avait l’air sympa, mais n’avait rien à voir avec un pudding

Quand mon père s’est levé, il a trouvé ma mère assommée avec la theière et étouffée par deux sachets de Lipton jaune coincés dans son arrière gorge le gâteau sur la table, en train de refroidir, et a déclaré :

  • Tu en fais du bruit pour faire un PUDDING
  • Tu n’arriveras jamais à démouler ça correctement
  • D’après ta mère, tu devrais servir cela avec une crème anglaise, car sinon, le PUDDING c’est étouffe chrétien.

Je rassure tout le monde :

  • Le diplomate s’est parfaitement démoulé en gardant sa forme et sans s’effondrer : c’était parfait.
  • Le lapin était délicieux…
  • Le diplomate AUSSI, d’ailleurs maman qui espérait nous faire vivre dessus pendant au moins la journée du lendemain en a été pour ses frais : les invités ont tout torché. Et sans crème anglaise, inutile, car un diplomate bien fait, c’est léger et aérien…

Sauf que :

  • Mon diplomate pour mes parents, est passé quasi inaperçu, on n’a pas idée non plus de partir avec une enfant de 54 ans en vacances, et qu’elle se mêle de cuisine…

La vie n’est qu’un long calvaire.

PS : je précise qu’ils en ont tout de même pris une petite part au départ (on n’est jamais trop prudent), pour se resservir largement une fois la peur de l’empoisonnement passée…

La Grande Motte 2012 (4)

scene-de-menage1Le livre de cuisine bien en main, Jean-Poirotte décida (mais un peu tard) qu’une recette cela peut s’adapter.

Faire précuire par exemple les aubergines découpées en minces lamelles, toujours au four, eh bien non, il allait faire  ça à la poêle.

Les oignons seraient rissolés légèrement également.

Ainsi que les tranches de lard.

Pendant que maman s’activait à faire une mousse au chocolat, arriva l’instant crucial où il fallu disposer les ingrédients dans le plat.

  • « Comme sur la photo » précisa le maître cuisinier
  • Sauf que sur la photo c’était dans un plat rectangulaire et qu’il avait choisi un plat ovale.
  • Et qu’au fur et à mesure qu’il disposait les ingrédient, tout s’écroulait.
  • Parce qu’en effet il fallait que cela soit droit mais pas trop.
  • Pour que le lard finisse par rôtir agréablement, mais pas les tomates largement assez cuites.
  • Etc… etc…
  • Un oeil sur la photo, un oeil sur son plat, et un oeil sur ma mère qui ne se dépêchait pas de terminer sa mousse, Jean-Poirotte se résigna à m’appeler.
  • Venir dans la cuisine quand ils y sont tous les deux, c’est toujours risqué, mais bon, je suis arrivée quand même (n’ayant aucune excuse, la table étant déjà mise).
  • Papa disposait les ingrédients, je maintenais ce qui avait été fait. (et bien entendu je maintenais mal…)
  • Puis j’en ai eu marre de le voir lorgner son livre que j’ai subtilisé.
  • Du coup nous avons fait joli à notre manière, restait à faire cuire encore une heure (et à réchauffer avant de servir)
  • Mrs Bibelot qui avait terminé ses mousses, remarqua que ce n’était pas comme dans le bouquin
  • J’ai regretté de ne pas avoir : un appareil numérique pour immortaliser le chef d’oeuvre et un enregistreur pour immortaliser la conversation qui a suivi la remarque de ma mère…
  • Je les ai laissés se dépatouiller avec les aromates parce qu’en discuter avec eux, c’est vivre dangereusement. Si quelqu’un se mêle de ce genre de discussion, cela disperse leurs puissances de tirs respectives et la cible unique finit par être vous.

Bref, c’était délicieux. Mais Jean-Poirotte n’était pas satisfait (comme toujours) même s’il envisageait de refaire de ce plat, mais en s’y prenant autrement (comme toujours).

Stupidement j’ai suggéré quelques jours après, pour le prochain dîner en vue (un ami d’il y a très très longtemps devant venir avec sa femme) de m’occuper moi-même du dessert…

Il y a des moments comme ça, on ne sait pas pourquoi, où l’on souffre brutalement d’une chute de fonctionnement des neurones.

Car la vie n’est qu’un long calvaire.

La Grande Motte 2012 (3)

scene-de-menage1Le livre de cuisine bien en main, Jean-Poirotte s’attaqua aux tomates (pas les bonnes, mais bon, il s’était résigné).

Emincer, épépiner, peler, etc, il fait ça très bien, d’ailleurs maman ne le fait plus jamais (par contre c’est elle qui fait sauter les gambas, ils ont chacun leurs trucs).

Tout se déroulait dans un silence absolu en début d’après midi pendant que Mrs Bibelot faisait sa sieste et que je me débattais avec la « police fédérale italienne » (je dois toujours vérifier d’ailleurs si c’est une erreur de traduction et laquelle…).

Puis, il y a eu le bruit du four qui s’ouvre, du plat que l’on pose dans le four, et puis :

  • Un bip !
  • Coraline tu peux venir voir ? Je ne comprends pas pourquoi le four bippe
  • Je me lève. Normal, le four indique qu’il est désormais à la bonne température.
  • Sauf que Jean-Poirotte pour le dessèchement long et à surveiller, à réglé le four sur 100°
  • Re-bip
  • Coraline tu peux venir voir ? Je ne comprends pas pourquoi la température du four grimpe alors que je n’ai rien demandé de spécial.
  • Je me lève. Je pense (n’ayant pas le mode d’emploi sous les yeux) que comme il a choisi l’option « gratins », le four de lui-même rectifie la température. Je choisis l’option la plus basse (maintien au chaud)
  • Re bip
  • Coraline tu peux venir voir ? Je ne comprends pas pourquoi il bippe encore.
  • Parce que la température est enfin bonne.
  • Ah non, c’est trop fort pour « maintien au chaud » suis-je obligée de constater car le four bippe frénétiquement !
  • Après une demi-heure de tâtonnements, la température est enfin bonne et stable…

Deux heures se passent. Papa s’est carrément assis sur la glacière pour surveiller ses tomates. Mon polar est de plus en plus sanglant (ce sera pour la rubrique « lectures de vacances »)

Au bout de deux heures, je suis priée de prendre le relais, parce qu’il a mal au dos. Les tomates vont bien, le meurtrier est de plus en plus abominable, en deux heures il a eu le temps de continuer à sévir.

Sauf que le meurtrier n’est pas le seul à sévir, parce que papa n’arrête pas de venir ouvrir la porte du four pour vérifier l’état de ses tomates (moi je n’en suis pas capable, bien sûr), donc la température redescend, pour remonter, et des bips intempestifs perturbent les parents et ma lecture.

Papa vient prendre ma relève (4 heures de surveillance en tout) et revient tout à coup dans le salon : c’est bon, le four est coupé, les tomates sont à point…

  • Une odeur de caramélisé m’arrive soudain aux narines
  • « Tu te fais des idées » me dit mon père, « j’ai coupé le four ».
  • Je me précipite pour constater que les tomates sont plus que caramélisées, ça brûle sur les bords…
  • Jean-Poirotte passe aux aveux pendant que je me brûle à mon tour pour sortir le plat du four : il a haussé la température pour les 10 dernières minutes avant de tout couper.
  • Moralité il nous faudra, à trois, une heure pour éliminer le cramé.

Et maman a rayé d’un stylo rageur le mot « tomates » écrit par son époux (depuis bientôt 55 ans), sur la liste de courses du lendemain.

Parce qu’une nouvelle séance de séchage de tomates, c’était niet.

Le lendemain, jour de la réception et de la finalisation du plat, nous avons pu constater avec quelques aigreurs, que de la tomate séchée, dans de l’huile ou pas, et bien on en trouvait des bocaux pleins chez super U.

Qu’importe, Jean-Poirotte a été formel :

  • La prochaine fois, il fera sécher les tomates pendant 2 jours au moins, avec son four, à sa température, et donc il faudra 3 jours pour faire la recette.
  • D’ailleurs, des tomates séchées, en bocaux, avec huile de préférence, il va s’en occuper lui-même dès 2013 !
  • Comme cela il pourra faire autant de recettes avec tomates séchées qu’il le veut d’abord !

Je m’en fous, quand il est chez lui il fait ce qu’il veut, mais je me suis esbignée sans piper mot, quand Mrs Bibelot s’est exclamée « des tomates séchées maisons, et pourquoi pas encore de la confiture de coings ? »  (sanglant épisode de cuisine de 2009) et que j’ai senti qu’il allait répondre…

La vie n’est qu’un long calvaire…

PS : oui il a répondu et le débat du « à faire maison ou pas » s’est prolongé le temps que le criminel ne passe pas aux aveux (là je parle de mon bouquin)…

La Grande Motte 2012 (2)

scene-de-menage1Le livre de cuisine bien en main, Jean-Poirotte trouvait toutes les recettes tentantes…

Y compris les plus compliquées…

Je ne m’imaginais pas une seule minute qu’il puisse choisir une recette s’apparentant de près ou de loin à une recette qu’il maîtrise parfaitement.

Non. Il voulait innover. Comme mes filles débutant en cuisine à douze ans, et s’attaquant direct à un dessert demandant quatre heures de préparation et l’utilisation de l’intégralité de la batterie de cuisine.

Son choix s’est arrêté sur un gratin d’aubergines au lard et autres, dont l’intitulé débutait bien évidemment par les ingrédients.

  • Il ne fallait pas des aubergines normales mais tigrées.
  • Il ne fallait des tomates tout venant, mais d’autres.
  • Il ne fallait pas du lard ordinaire mais en tranches fines
  • Une épice, je ne sais plus laquelle, qu’on ne trouve pas partout
  • En bref il ne fallait pas de ce que l’on trouve où nous allons faire nos courses tous les jours (avec ma mère c’est tout les jours).
  • Nous devions donc aller en centre ville où aller à deux est obligatoire : pour se garer en double file vu qu’il n’y a jamais de place…

Maman adorant faire les courses, c’est moi qui me colle en double file. De toutes manières, depuis l’année dernière, elle avait pris le pli de me laisser conduire.

J’ai vécu une heure extraordinaire, garée en double file donc, dans le centre de la Grande Motte, à voir :

  • Ma mère entrer chez le marchand de légumes,
  • Ma mère sortir de chez le marchand de légume,
  • Ma mère traversant sous mes yeux pour aller je ne svaais où,
  • Ma mère retraversant derrière la voiture (mais je l’ai repérée grâce au rétroviseur) pour se rendre je ne savais où,
  • Ma mère traversant à nouveau pour se rendre au Crédit Vinicole
  • Ma mère retraversant puis partant d’un pas martial vers je ne sais quel magasin.

J’ai envisagé sereinement à un moment donné qu’elle puisse avoir un sosie, puis je me suis dis que ce sosie était vraiment une copie conforme et qu’il fallait que je le choppe pour mettre les deux femmes face à face…

Au bout d’une heure, elle est revenue enfin à la voiture (et une heure c’est long quand on guette plus ou moins les flics), pour me faire le bilan des courses.

  • Personne n’avait d’aubergines tigrées : les gens ne les achètent pas. Elle s’était donc résignée à acheter des aubergines normales
  • Personne n’avait les tomates truc machin, elle en avait donc pris d’autres, qui sont délicieuses mais coutent la peau des fesses. Maintenant si vous voulez manger de vraies tomates, poussant dans de la vraie terre, il faudrait presque vendre un rein.
  • Elle avait eu du mal à trouver du bacon « à l’anglaise », jusqu’au 3ème boucher qui avait compris qu’en fait elle voulait du lard en tranche.
  • Je ne sais plus quelle épice l’avait obligée à faire deux supérette, d’où ses passages successifs devant et derrière la voiture (toujours garée en double file).

Nous sommes rentrées contrites, avec tout ce qu’il ne fallait pas prendre, mais mon père philosophe s’est dit qu’il ferait avec.

Nous recevions le vendredi soir et fort heureusement, il s’y est mis le jeudi après midi parce que le premier pas hilarant de la recette était :

  • Découpez les tomates en lanières fines
  • Epongez les lanières
  • FAITES SECHER LES TOMATES AU FOUR pendant 4 à 5 heures à 120° maximum en SURVEILLANT.

Alors que mon père ne maîtrisait à ce moment là, pas du tout le fonctionnement du four…

Je me suis donc installée à proximité de la cuisine (de toutes manières il faisait un vent froid à décorner les cocus, donc terrasse interdite), à lire un polar merdique (c’était mieux qu’il le soit, cela me dérangerait moins de me déranger), prête à le seconder.

Ce qui n’a pas loupé car la vie n’est qu’un long calvaire…

La Grande Motte 2012 (1)

voiture-21Irions-nous ou pas ? C’était la question en suspens depuis le mois de mai, papa gardant un très mauvais souvenir de son séjour de l’année dernière qui s’était passé quasi totalement à l’hôpital.

Mais maman avait envie de partir et a su le convaincre, donc à l’aube (8 H) le 25 août dernier, nous sommes partis tous les trois, gaiement.

Je passe les crises habituelles de ma mère quand son mari conduit, et qu’elle se cramponne comme une malade à tout ce qu’elle peut, comme si mon père se prenait pour un pilote de course.

Là, il m’a laissé un peu plus le volant que les autres années, maman prenant ma place à l’arrière où elle a moins peur (mais peur tout de même, c’est une adversaire farouche du 130 sur l’autoroute).

Il s’arrange généralement pour me laisser la dernière partie du trajet comprenant  le pas de l’Escalette (descente pendant laquelle maman ferme les yeux), au son, dès que l’on arrive en ville de : « c’étAIT à gauche » suivi de « ah c’est malin, maintenant on va perdre une plombe » (dans Montpellier).

Tous les ans nous loupons le bon embranchement car il faut suivre la direction « aéroport » (un jour on s’y retrouvera pour tout de bon, c’est à craindre).

Grosse chaleur à l’arrivée, mer annoncée bonne part l’homme de l’art qui comme de coutume nous a aidé à vider la voiture. Pour la première fois, le siège arrière n’était encombré que de la glacière, nous sommes en progrès*.

Bref, une fois installés nous nous sommes bien détendus et avons commencé à faire quelques projets.

Maman et moi c’était baignade pour le lendemain si possible, et papa ne comptant pas vraiment se promener, des petites excursions à planifier en fonction du temps.

Le dimanche, nous sommes donc parties pour la plage. C’est baignade et retour au bercail, car ni elle ni moi n’aimons lézarder au soleil. L’eau était véritablement très bonne, et nous avons donc laissé l’homme seul pendant au moins 1 H 30 (la plage est à 4 minutes en marchant lentement).

Horreur et consternation au retour, car tout à coup lui aussi avait des projets :

  • Jean-Poirotte avait mis la main sur un livre de cuisine qui n’était pas là les années précédentes, et avait commencé à noter les recettes qu’il comptait bien faire.
  • Horreur parce que généralement nous sommes mises à contribution pour certaines basses besognes (dont la vaisselle qui ne peut pas aller dans le lave vaisselle)
  • Consternation parce que généralement aussi, quand il veut c’est comme quand il ne veut pas et que nous allions forcément avoir droit aux recettes choisies, et surtout à leurs préparations (après nous être cogné les courses, munies de précieuses instructions sur les ingrédients à ne surtout pas prendre)…

Mon père cuisine très bien, mais un plat nouveau, c’est toujours un long calvaire…

Pour lui (il est toujours déçu du résultat avant de se décider à s’y remettre) et aussi pour ses proches…

* L’histoire des bagages, ce sera un autre post…

J’ai déjà dû vous le dire mais la vie n’est qu’un long calvaire de toutes manières…

Scène de ménage : la confiture d'abricot 2012 (2)

scene-de-menage1Le mercredi, je suis arrivée, résignée, pour trouver le chaudron avec les abricots ayant bien détrempé dans le sucre.

J’avais échappé, sans le savoir, au pétage des noyaux pour récupération des amandes et traitement des dernières pour en retirer la peau…

24 H c’est 24 H, et à 15 H pétantes, le chaudron a été mis sur le feu..

Mon père
Ma mère
Moi (je, d’abord)

  • Tu mets le feu trop fort, il y a écrit « à feu doux »
  • Ce n’est pas important, regarde donc la recette pour le temps de cuisson il faut mettre le minuteur en route.
  • Ce n’est pas à la minute près !
  • L’homme se dérange jusqu’à la table, chausse ses lunettes et règle le minuteur sur 20 minutes.
  • Tu es têtu ! Il faut mettre le minuteur en route quand ça bout !
  • Ben ça bout regarde ! D’ailleurs il faut déjà écumer !
  • Mais non cela ne bout pas réellement, il faut attendre au moins 20 minutes (coupage du minuteur)
  • J’ai l’impression que je vais tout écumer et qu’il ne va rester que des morceaux !
  • Bien fait pour toi, tu as commencé à écumer trop tôt.
  • L’homme reverse le résultat de l’écumage dans le chaudron. Non sans soupirs…
  • Ce coup ci, ça bout :
  • Quand je te le disais qu’il fallait 20 minutes. Coraline tu crois que nous aurons assez de pots ?
  • Je ne veux surtout pas le savoir Aucune idée maman, on verra bien !
  • Va voir dans l’arrière cuisine et ramène d’autres pots, ils sont en haut du placard.
  • Je vais dans l’arrière cuisine, je reviens, je vais chercher l’escabeau et je retourne pour  regarder : il n’y a plus de pots dans le placard de l’arrière cuisine
  • Tu as mal regardé
  • Il va dans l’arrière cuisine, constate que j’ai rangé l’escabeau, me demande d’aller le rechercher, monte dessus et l’admet, il n’y a plus de pots dans le placard de l’arrière cuisine.
  • Reste à aller chercher ceux qui sont dans l’atelier, parce que ce n’est pas le tout mais le minuteur a sonné !
  • Pour la mise en pot, je te laisse 5 minutes, c’est le judo aux JO ! (mon père, ex judoka sait vraiment ce qu’est un timing, ils doivent apprendre cela AUSSI…)
  • Mrs Bibelot coince à mort dans un pot, l’entonnoir spécial versage de confitures dans des pots, dans un pot justement (comme c’est étrange…)
  • Je m’ébouillante pour essayer de le dégager, on sera deux.
  • Impossible, il va falloir transvaser la confiture d’un pot dans un autre, pour récupérer l’entonnoir et s’en servir avec prudence
  • Vous n’y connaissez rien, laissez-moi faire !
  • Coraline tu avais raison, il faut transvaser dans un autre pot pour récupérer ce putain d’entonnoir.
  • 3 brûlés légers, 3…
  • Bibelot, tu ne mets pas assez de confiture dans les pots, Coraline passe moi une petite louche, je vais compléter.
  • Finalement on aura assez de pots, tu peux aller ranger les autres Coraline.
  • Non pas dans l’arrière cuisine, il faut les remettre dans l’atelier.

Non, je les ai remis dans l’arrière cuisine. Avec la fin du monde pour le 21 décembre 2012, il est certain que l’ON va refaire des confitures.

Je suis partie au moment où ils débattaient des prochaines à faire d’ailleurs (pêche ou prune ?), si un commerçant ferait un prix ou non,  et où ils décidaient de transformer l’ancienne confiture* de coing en pâtes de coing.

Courage, fuyons.

*Dans la famille on ne fait pas de gelée de coings, la confiture c’est bien meilleur, mais il y en avait de trop…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Scène de ménage : la confiture d'abricot 2012 (1)

scene-de-menage1Un vendeur diabolique a proposé à maman, au marché du mardi 31 juillet, 5 kg d’abricots pour un prix défiant toute concurrence.

« Pas de problèmes » s’est dit Mrs Bibelot, « nous allons faire des confitures ».

J’aurais dû me méfier (une fois de plus) en voyant la bassine à confitures de mon arrière grand-mère sortie la semaine précédente pour être dûment nettoyée.

Il faut dire que cette année, le prunier n’a pas donné ce qu’il fallait, vu qu’il agonise, et que le pêcher n’a donné que 3 fruits (contre 1 l’an passé, et 20 pots de confitures il y a 2 ans…)

D’où frustration, et la mise en tête d’utiliser les pots vides qu’avaient mes parents.

Après inspection des Reine Claude qui ne seront pas assez nombreuses, et des mirabelles que « ah non, on les mange comme ça ! »

Cela leur manquait de se boutiquer pour faire quelque chose qui sort un peu de l’ordinaire (on ne fait pas des confitures tous les jours non plus).

J’ai été forcément mise en cause, quand ce même mardi, ma mère m’a appelée mine de rien pour me demander si par hasard je n’allais pas faire des courses.

Si, et ce n’était pas « par hasard », mon frigo faisant la gueule. Donc si je pouvais lui prendre 3 kg de sucre cristallisé je serais bien mignonne, parce qu’elle avait 2 kg en réserve et que 3 kg c’était suffisant.

J’ai échappé au nettoyage et coupage des abricots, mais quand je suis arrivée le mardi, Jean-Poirotte m’attendait attendait de pied ferme ses kg de sucre, qu’il a versé immédiatement dans la bassine où les abricots agonisaient attendaient.

Restait à savoir combien il manquait de sucre et donc :

  • Mon père a cherché partout les calculs de ma mère (tarage de la balance avec la cuvette destinée aux fruits) et ne les a pas trouvés.
  • Manque de bol ce jour là, elle a émergé de sa sieste avec 1/2 H de retard.
  • Pour retrouver ses calculs avant de boire son thé, son mari piétinant sur place (il y a des moments où ses genoux vont nettement mieux)
  • Ah bah non, c’était ceux des prunes d’il y a deux ans, parce qu’il n’y avait de toute évidence pas 10 kg de fruits.
  • Et que les bons calculs étaient illisibles dans une poubelle de récupération, détrempés par le jus de je ne sais quoi…
  • Et gnagnagna (ma mère note tout un tas de trucs sur ses notes de courses, et les égare systématiquement…)

J’ai pu fuir au moment où ils débattaient de la recette.

  • Mrs Bibelot aime à suivre les recettes à la lettre
  • Jean-Poirotte voudrait que cela soit terminé avant d’être commencé, et améliorer éventuellement les choses,  argumentant donc toujours.

Là, il s’agissait de savoir si laisser les abricots mariner dans le sucre pendant 24 heures, c’était bien nécessaire. Ma mère prétendant que oui, et lui non.

Jusqu’à présent j’étais restée neutre, mais cela ne pouvait pas durer vous l’imaginez bien. Parce que 24 H c’est 24 H et que forcément pour la suite, je serais présente…

La vie n’est qu’un long calvaire…

La dent de Mrs Bibelot…

Mal aux dents

Pendant l’hospitalisation de papa à Montpellier, un beau matin pendant notre séjour, je me suis levée pour trouver Mrs Bibelot se tenant la joue et n’ayant pas dormi, parce qu’elle avait souffert d’une dent toute la nuit.

Elle avait une magnifique boufigue qui ne devait rien à un fameux sorbet aux fruits rouges* et j’ai pris immédiatement l’annuaire de la Grande Motte pour lui prendre un RV en urgence chez un dentiste.

Malgré ses protestations…

  • Mais quand est-ce que je vais trouver le temps d’aller chez le dentiste ? (je découvrais soudain et je n’avais pas fini de le constater, mais ma mère n’a jamais le temps…)
  • Je prends RV pour dans une heure…
  • Ah mais non, ça va passer tout seul, et puis dans cette avenue il est très difficile de se garer.
  • Qu’est-ce que ça peut faire puisque je t’emmène ? Je tournerais éventuellement, en t’attendant.

Elle avait un abcès balèze et bien évidemment, la dentiste n’a touché à rien, lui a prescrit des antibio + une radio panoramique, car Mrs Bibelot avait souffert d’une autre dent 3 mois plus tôt.

Là, maman m’a fait la totale.

  • Prendre RV pour une radio : « pas le temps avec tout ce que j’ai à faire« , le « tout » restant parfois nébuleux pour moi
  • Le 3ème jour, elle m’annonce d’un ton victorieux qu’elle en a terminé avec ses antibios.
  • Je contrôle l’ordonnance car il me semblait que le traitement durait 6 jours : elle a pris double dose.
  • J’appelle la dentiste car maman n’a pas le temps.
  • Cette dernière s’alarme pour l’estomac de maman, insiste bien pour que le traitement dure 6 jours comme prescrit, et faxe une nouvelle ordonnance au pharmacien.
  • Comme maman n’a pas le temps, je vais prendre livraison des antibios.

Le temps passe, la radio n’est toujours pas faite car maman n’a pas le temps, et juste avant Noël, je la trouve un beau matin, se tenant la joue, en me précisant qu’elle n’a pas dormi de la nuit, parce qu’elle a souffert de sa dent d’une manière abominable.

Là encore, elle a une boufigue magnifique, qui n’est toujours pas due à l’absorption d’un fameux sorbet aux fruits rouges*.

Comme elle n’a pas le temps de passer plusieurs appels, je m’en charge et lui décroche un RV pour 11 H 45. C’est malin, on ne pourra pas manger à midi pétant.

Mais bon, elle y va, et prend scrupuleusement ses antibiotiques, dont l’un lui donne des nausées et des aigreurs d’estomac qui la rendent assez insupportable. D’un autre côté je la comprends, mais elle refuse de prendre ce qu’il faut pour se soulager, parce qu’elle n’a pas le temps de chercher le fameux sorbet aux fruits rouges médoc qui théoriquement est donné maintenant avec d’autres, pour justement mettre l’estomac à l’abri, et dont elle sait en avoir une boîte.

Nous sommes tous soulagés quand elle termine son traitement, car la voir mourante à longueur de journée, avec tout ce qu’elle a à faire, est assez insupportable.

Sauf que…

Ben la dent étant foutue, il faut l’arracher lui a dit le dentiste, comme celui de la Grande Motte d’ailleurs… Donc elle devait prendre RV le plus rapidement possible après les fêtes (et la fin du traitement), pour faire arracher cette molaire du fond, et résoudre le problème.

Mercredi 4 janvier, le dentiste téléphone.

  • Ah bah non, je ne peux pas en ce moment, mon mari est rentré à la maison après une longue hospitalisation, et je ne peux absolument pas le laisser tout seul.

Regard de papa…

  • Ma chérie tu n’es pas raisonnable, je ne vois pas pourquoi tu n’as pas pris RV, je peux très bien rester tout seul comme ce matin quand tu es allée en courses, et en cas de besoin, Coraline est là (comme Grouprama).
  • Ah mais cela ne va pas non ! Avec tout ce que j’ai à faire !
  • Quoi ?
  • M’occuper de ma voiture (en fait elle attend que je m’en charge) et puis patati et puis patata, et ci, et ça…

Quand je suis partie, le plus rapidement possible, ils étaient en train de débattre de l’emploi du temps de maman, de ce que peut bien être ci et ça, et de son sempiternel « je n’ai pas le temps ».

Moralité, un beau jour, elle va manger un sorbet aux fruits rouges* et là, je crains le pire…

La vie n’est qu’un long calvaire.

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