Delphine au supermarché avec maman…

Dès sa naissance, Delphine a été branchée bouffe, la survie de l’espèce passant par elle.

Il est très agréable d’avoir une enfant qui mange sans problème, est curieuse de tout « je peux goûter maman ? » « mais oui ma chérie » « oh, c’est bon le boudin », et qui vide son assiette après avoir terminé celle de sa soeur.

J’allais faire mon plein le vendredi midi à Carrouf. C’était le jour des stands de dégustation et Delphine n’était pas bien haute, vu qu’elle n’allait pas encore à l’école maternelle. Je ne l’asseyais pas dans le caddy, elle ne risquait pas de me perdre de vue, n’essayant pas de se perdre (comme sa soeur). Elle déambulait donc à son aise dans le magasin, moi à portée de vue.

Pour elle, ces stands de dégustation étaient une aubaine, et il m’a fallu du temps pour comprendre qu’en rentrant, il était inutile de la faire déjeuner : c’était fait.

Je revois mon petit bout de bonne femme, dans sa robe préférée, repérant les stands intéressants : fromage, charcuterie, terrines. Elle était trop petite pour être vue de la présentatrice qui voyait ses canapés fondre comme neige au soleil… Devant le stand, ma Delphine, sa petite main attrapant le canapé, puis un autre, puis un autre… Jusqu’au jour où elle a été prise en flagrant délit au stand « fromages ».

La dame voyait bien que ses canapés disparaissaient, mais, elle ne voyait personne. Jusqu’au moment où elle a vu une petite main attraper « hop là », un morceau de reblochon. Elle s’est penchée, a découvert ma fille en train de boulotter, avec son air grave et souriant à la fois, juste en dessous de la ligne d’horizon de la table de dégustation.

  • Ah c’est toi petite biquette ? qui pille mes fromages tous les vendredi ? » ?
  • Vi !
  • Et tu veux quoi ma poussinette ?
  • Du Babert !
  • Tiens, voilà une jolie part de camembert ma biquette… Dieu qu’elle est mignonne votre puce madame. C’était tellement adorable, cette petite main que j’ai vue tout à coup. (j’espère que vous avez les larmes aux yeux au moins…)

La même main qu’au stand charcuterie vers lequel elle se dirigeait, en habituée, elle connaissait par coeur le parcours de dégustation. N’y a jamais été prise d’ailleurs. Les rillettes, saucissons, saucisses sèches, jambons crus, y disparaissaient mystérieusement… Avec la complicité certainement avouée de la dame aux fromages juste à côté. Car on ne m’ôtera jamais de l’idée que la dame du stand charcuterie déposait le « à déguster », volontairement à portée de ma puce…

Elle extorquait un fruit un peu tapé au rayon fruits et légumes et rentrait à la maison pour aller digérer en faisant sa sieste…

Championne du monde dans le style. Manquant être battue par son cousin, 15 ans plus tard, qui savait très bien dire, quand ma soeur s’arrêtait au stand charcuterie

« moi je l’aime bien le petit sisson ».

Et il repartait avec quoi le chiard ? Avec deux tranches de saucisson, deux de mortadelle et deux d’andouille. Personne ne pouvait résister devant ses yeux innocents de celui qui aime le saucisson, et c’est les larmes aux yeux (tout de même) que les gérantes du stand charcuterie/viande fraiche, le voyaient partir, l’air innocent en boulottant son butin…

Jusqu’au jour où il a tout gerbé sur la caissière, à cause d’une peau mal venue. Delphine sort donc, tête haute, du concours…

Une journée vraiment mémorable…

Cette journée là fut donc mémorable, car tous les survivants s’en souviennent avec nostalgie (pour Albert je ne sais pas trop et pas envie de l’appeler pour lui demander s’il s’en souvient aussi avec regrets… alors que je sais que mon ex belle soeur s’en souvient elle très bien…).

Nous partîmes donc à 4 voitures pour la première étape : le pont du Gard. A l’époque le site était encore agréable. Nous connaissions ce pont par coeur, mais c’était toujours un plaisir de le revoir.

Mes deux soeurs n’avaient pas envie de monter sur le pont d’avignon y dansons… Elles voulaient se baigner dans le Gardon. Ma grand mère se proposa pour les surveiller et s’installa confortablement sur les cailloux pour faire sauveteur qui nage comme une planche à repasser… J’aurais bien fait comme mes soeurs, mais comme une cruche, j’avais oublié de prendre mon maillot de bain.

« Viens donc chérie » m’intima Albert qui n’avait jamais vu le pont du Gard ce veinard. L’année précédente, papa m’avait fait le coup de sortir de la conduite d’eau (tout en haut) au son de « tu ne risque pas de tomber, c’est large, et la vue est vraiment magnifique ». C’est large oui (2 mètres il appelle ça large ?), mais moi j’ai le vertige, je n’ai rien vu du paysage et j’ai rampé jusqu’à la prochaine trappe donnant sur la conduite pour y pénétrer la tête la première et faire le rétablissement du siècle, à la grande surprise de ceux qui, pas fous eux, restaient à l’intérieur à admirer le débit que cela devait représenter vu qu’on y circule à l’aise, debout…

Arrivée dans la conduite (ça monte et il fait chaud) avec Albert me promettant de me tenir la main à l’étage au-dessus pour que m’éviter d’être terrorisée. Je n’ai point peur, j’ai le vertige, nuance, ça ne s’explique pas, c’est comme ça, j’ai des ventouses qui me poussent au bout des pieds et tout le sang qui descend dans les ventouses. Je reste dans la conduite, tu sors si tu veux… Les romains étaient peut-être des constructeurs géniaux mais moi, j’ai dû me farcir cette fichue conduite 10 fois, ça fera 11 (mais pourquoi suis-je montée ?). Pendant ce temps là mon frère et ma future belle soeur s’engueulaient comme de coutume, et pour la même raison : il voulait qu’elle monte et elle ne voulait pas : ça raisonnait bien dans la conduite. Les hommes terminèrent le pont du Gard sur le dessus, les femmes dans la canalisation supérieure en ce demandant bien diable pourquoi elles avaient grimpé : « c’est la dernière fois que ton père m’a sur ce coup là » me déclara Mrs Bibelot qui se fit gruger encore 10 fois…

J’ai toujours adoré d’ailleurs, tout de même finir par sortir et aller au premier étage où je n’ai pas le vertige vu que si je tombe c’est dans l’eau., pour toujours y trouver un ou deux énergumènes munis d’un fil à plomb pour vérifier que l’ouvrage est bien droit… Bien sûr qu’il est droit banane, il tient depuis 2000 ans et des poussières ! Que construisons-nous qui tiendra autant de temps ? Moi perso j’aimais bien regarder les inscriptions faites par les compagnons du tour de France, et nul besoin d’un fil à plomb pour constater que l’édifice tiendra bien encore 2000 ans si un boeing ne se crashe pas dessus…

Une fois les hommes redescendus, conciliabule car la prochaine étape c’est la fontaine de Vaucluse. Un océan de verdure dans la Provence qui brasille sous l’été… On mange là-bas ou on trouve un restau sur la route (les hommes étant affamés…) ?. On décide d’aller jusque là-bas, on trouvera bien de quoi se restaurer. Les hommes boudent à l’idée d’un hamburger ou hot dog, on les fait taire, c’est rare, on en profite.

Effectivement, un restaurant magnifique, au bord de l’eau, avec une terrasse extérieure bien à l’ombre, au son de l’eau glacée qui coule un peu plus bas. Le restaurateur est ravi de nous voir tous arriver (nous sommes 9 et nous devons avoir l’air affamés). Juste une table de prise à côté, par deux anglaises d’un certain âge qui débutent au pastis et ce n’est pas du tout comme cela que je me représentais Miss Marple. Elles ont l’air d’apprécier le pastis, elles en commandent un deuxième pendant que nous nous absorbons dans la lecture du menu (dis donc, ce n’est pas cher !) tout en buvant également l’apéro (les hommes un pastis, les femmes un kir, on se demande pourquoi). Ma grand mère généreuse décida qu’elle invitait tout le monde et prit le plus cher pour ne culpabiliser personne.

Je ne sais pas si après avoir pris la commande, le restaurateur aura continué son job ou décidé d’aller cultiver du haricot rouge en Finlande pour le restant de ses jours. 9 personnes qui changent d’avis tout le temps, ça doit être usant. Son calepin était bourré de ratures, et il avait deux épis qui pointaient dans sa chevelure trop longue.

Pendant ce temps là, les anglaises avaient visiblement opté pour le menu gastronomique auquel les plus solides appétits avaient renoncé malgré les encouragements de celle qui invitait. Une bouteille de blanc descendit chez elles, arriva une de rouge. On dit que les anglais sont réservés : celles-là ne l’étaient pas du tout. Elles riaient bien fort, tout en descendant également les plats sans sauce à la menthe. Elles ont même réussi à nous faire taire à les écouter, tous les 9, ce qui était un exploit, car on cause tous beaucoup dans la famille et que toutes les femmes peuvent suivre 3 conversations à la fois. Nous étions fascinées par la descente des anglaises, qui nous faisait songer à la montée que nous allions devoir faire pour visiter le site.

Tout à coup, arrivée d’une guêpe. Ma belle soeur (allergique et ayant oublié son cachet salvateur), se lève comme une folle et agite sa serviette. La guêpe furieuse fonce droit sur les anglaises dont une se lève également et part en courant jusqu’à la rambarde à laquelle elle s’adosse comme elle peut, en faisant des moulinets avec les bras.

Que s’est-il passé ? Tout à coup l’anglaise bascule par dessus la rambarde. Angoisse et horreur brèves puis on entend un « PLOUF ! » horrible (c’était mieux qu’un splatch sur les pierres). Tout le monde se lève, Albert retire déjà ses chaussures, Jean Poirotte précise que l’eau est glacée, et mon frère va mollement regarder ce qu’il se passe : il le sait que l’eau est glacée, il y est tombée il y a 6 ans, entraînant une de mes chaussures au passage…

Tout va bien, l’anglaise est bien tombée dans l’eau, elle a pied et semble se demander ce qu’il lui arrive. Elle crie « very cold ! », ma grand mère croyante entend « miséricorde » et se signe à tout hasard. Arrive le restaurateur alerté par 10 cris simultanés au moment du passage par dessus la rambarde. Il saute sans réfléchir. Re « PLOUF » (je pense qu’il est bien en Finlande à y bien réfléchir). On regarde le sauvetage. Tout le monde a largement pied, c’est pas le tout, il faut sortir de l’eau maintenant. Ce qu’ils font péniblement chez le collègue d’à côté qui, tel un habitué, sort une échelle qu’il met dans l’eau avec une maestria pas possible.

Nous terminons le repas allègrement. L’anglaise trempée est revenue s’asseoir et termine son menu gastronomique avec entrain. Une autre bouteille de blanc : elle sèche à vue d’oeil. Nous voici bien gais (une deux bouteilles d’offertes par le fils du patron pour s’excuser de l’émotion), partis visiter le site enchanteur. Ca monte et il fait chaud.

Arrivée à la pierre fatale. C’est de celle là que mon frère voulant se tremper les pieds a atterri dans l’eau glacée en me faisant perdre une précieuse sandale (je suis rentrée ce jour là avec un pied ruiné par le macadam brûlant). Bien évidemment Albert veut tâter l’eau du pied. Il se rend sur la pierre, se déchausse. Je lui signale l’incident d’il y a 6 ans, il s’en tape. Il tâte du pied : c’est glacial, et comment l’anglaise n’est-elle pas morte ?

Arrive ma soeur qui bouscule les chaussures d’Albert. Il en rattrape UNE de justesse (comme moi il y a 6 ans…) . L’autre part dans l’eau dont le courant est trop vif pour songer à la rattraper. Il est à noter que Delphine perdra une sandale sur la même pierre 8 ans plus tard, alors qu’elle était sous la garde de son père, et ma mère une espadrille exactement dans les mêmes circonstances l’année suivante et toujours au même endroit… d’où le surnom de pierre fatale.

Albert reste sur sa pierre, contemplant l’eau tumultueuse avec rancune. Il refuse de monter voir la fin du site à cloche pied. On le récupère au passage au retour, un peu sombre. Le macadam est brûlant (je sais, mais comment qu’il radote qu’il a mal à la plante des pieds !). Il ne va pas pouvoir conduire avec un pied nu (tant mieux, je vais prendre le volant, quand il conduit j’ai peur).

On ne peut pas faire la suite prévue à l’origine avec un homme dépourvu de sa chaussure droite. On rentre donc, directement au bercail.

Ben non, la rentrée n’a pas été directe, vous le savez… Mais pour fêter cette excellente journée, le soir, Albert ayant récupéré une paire de basket entière, nous avons donc dîné au restaurant. Ma grand mère généreuse a encore invité tout le monde.

Elle riait trop après la chute de l’anglaise et le passage  en défilé dans la ferme, pour envisager seulement de faire une salade de tomates…

La vie n’est PAS TOUJOURS UN LONG CALVAIRE !

Les Noëls de mon enfance

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Souvent je songe aux Noëls de mon enfance. Où sont-ils ? Que sont-ils devenus ?

Il me manque désormais quelque chose qui ne reviendra jamais : mon enfance et mon innocence.

J’étais petite et Noël c’était toujours le même cérémonial. Mrs Morgan était remariée avec un homme boucher, et donc, le 25 décembre, ils travaillaient jusqu’à 13 heures et le 24 aussi jusque fort tard. La tradition fut prise d’aller chez les parents de Jean Poirotte qui avaient de plus un appartement assez grand pour loger tout le monde.

Maman faisait le sapin (un faux par écologie avant l’heure et surtout pour éviter les aiguilles par terre) vers le 20 décembre pour ne pas être en retard, vu que les guirlandes lumineuses éclairaient les magasins vers le 15 décembre seulement. Le soir, à partir du « soir du sapin » elle nous mettait sur le « tourne disques », des chants de noël et on se battait pour retourner le 33 tour.

Le 24 nous partions chez les parents de Jean Poirotte, frémissants d’impatience. Nous chantions des chants de noël dans la voiture, papa faisant la voix basse et maman la haute, c’était joli comme tout.

Mamie croyante (Mrs Tricot), s’arrangeait toujours pour terminer le sapin au moment de notre arrivée (le 24 décembre donc). La crèche était prête, sans le petit Jésus qui n’arriverait que dans le courant de la nuit (logique). Nous l’aidions à terminer le sapin dans lequel elle accrochait des bougies au risque de flanquer le feu à l’appartement et l’immeuble avec. Elle terminait ensuite de mettre la table pour toutes les personnes devant nous rejoindre le lendemain.

La tradition dans ma famille était le passage du père Noël pendant que les enfants dorment après s’être couchés sagement (hum), ayant déposé leurs chaussons au pied du sapin à défaut de cheminée. On entrouvrait la fenêtre du balcon pour que le père Noël puisse rentrer tout de même, cette absence de cheminée nous inquiétant, juste avant d’aller nous coucher.

On ne réveillonnait pas, le grand jour ayant lieu le lendemain. Mrs Tricot préparait un en-cas pour les affamés et allait à la messe de minuit (à minuit) en laissant les incroyants devant un ou deux bons films en noir et blanc (a l’époque il n’y avait pas encore la couleur) et une tranche de pâté et de la charcuterie diverse. Parfois elle allait à la messe plus tôt dans la soirée à contrecoeur, et les adultes allaient au cinéma, nous laissant sous la garde de l’aïeule ronchon mais si sympa, qui jouait avec nous aux petits chevaux ou nous racontait des histoire horrirrrifiante (faut suivre) avant de nous expédier au lit en nous promettant d’ouvrir la fenêtre du balcon.

Je l’accompagnais, très tôt ma grand mère, pour cette messe, lui laissant croire que j’entrerais un jour dans les ordres (sans le savoir). J’adorais en fait : me coucher tard, la crèche géante, voire même vivante avec de vraies personnes et un vrai bébé, l’ambiance de communion, l’odeur d’encens (et des crottes de vrais moutons éventuellement), et les chants de cette messe de minuit. « Minuit Chrétien » me donne toujours des frissons. Elle allait toujours dans une chapelle dans laquelle les bonnes soeurs étaient toutes espagnoles et infirmières et chantaient avec des voix impressionnantes et un accent horrrrriiiiible. Il faisait froid dans mes souvenirs. Il neigeait souvent. Je revenais avec elle, en lui tenant fort la main et elle me racontait le miracle du Christ alors que je pensais « miracle du père Noël ». Mais comme j’étais la seule qu’elle avait emmenée, je me sentais grande, et maintenant j’aimerais bien me sentir encore petite…

Je me souviens très bien de la dernière fois où j’y croyais (tard, les grands ne caftaient pas dès le CP). Je me suis couchée en me promettant de ne pas dormir pour « le surprendre ». Il y a eu des bruits un peu partout, des déplacements de meubles. L’après midi j’étais allée avec maman faire des courses et elle avait dit à une vendeuse, dans un magasin de jouets, qu’elle voulait « ceux là » en désignant deux édredons à landeaux de poupée.

Je me suis bien entendue endormie sur ma promesse de veiller toute la nuit et de le surprendre sans faire craquer le parquet. C’est fou ce que l’on se réveille tôt un 25 décembre quand le père Noël passe pendant notre sommeil. Nous arrivions mes frères et soeurs et moi, encore endormis à moitié (fait curieux, maintenant quand je dors à moitié et que je peux éviter de me lever, je ne me lève pas…).

J’ai vu ce matin là mon père terminer d’allumer les bougies, maman ayant refermé la porte du salon trop tard (bougies que Jean Poirotte surveillait avec angoisse, un extincteur à la main, et qu’il soufflait le plus tôt possible). J’ai eu un doute sur le miracle du père Noël illuminant le sapin. Fugitif, mais le doute était là.

Nous avons vérifié : le petit Jésus était bien dans la crèche et nous avions des clémentines dans nos chaussons (chose importante, une année, ma petite soeur hyper gâtée a sangloté parce qu’elle n’avait pas eu de clémentines dans ses chaussons, les halles étant en rupture de stock). Pendant ce temps là, ma grand mère qui recevait traditionnellement ses frères et soeur et leur grande marmaille ce jour là, laissait brûler, comme chaque année, les garnitures de bouchées à la reine dans le four. Mon grand père avisé, était déjà parti en acheter de rechange…. je me suis toujours demandé pourquoi il ne s’y prenait pas la veille…

Oui le père Noël était passé. Dans mon landeau de poupée, tout ce qu’il fallait (dont la poupée), et un des édredons vus la veille. Regard sur maman qui m’a supplié en réponse d’un regard, de ne rien dire. J’étais grande, j’avais le droit de savoir. Il était temps pour moi, elle l’avait décidé. Ce n’était qu’une mini trahison : sur ce coup là nous serions complices, mes frères et soeurs ne devant pas encore savoir.

J’avais compris avec une certaine déception. Le père Noël c’était eux tous. Car même les absents pour cause de vente de dindes de dernier moment, donnaient leurs cadeaux à l’avance car c’était le père Noël qu’il nous fallait remercier. J’ai compris en un éclair que les cloches c’était eux aussi (!) et que la petite souris n’était qu’une histoire sympa (vu qu’il me manquait 2 dents).

Qu’importe la déception du jour, elle fut vite oubliée lors du déjeuner traditionnel : huitres, saumon pour les enfants, foie gras que nous trouvions très bon comme pâté, bouchées à la reine succulentes, la dinde aux marrons (et certains pour s’en plaindre alors que ce n’était qu’une fois par an). Après le déjeuner, papa sortait sa guitare et toute la famille chantait. De vieilles chansons horribles (dont j’ai parlé un jour et d’autres, toutes plus belles les unes que les autres. Nous étions assez nombreux pour faire des « canons » (j’adore), et l’on chantait jusque tard le soir, quand les gourmands de nouveau affamés se proposaient pour terminer les restes dans ce que l’on pourrait appeler un bordel organisé.

Le frère de ma grand mère ému par cette journée (il avait le vin ému), partait généralement en sanglots. La vue des coquilles d’huitres dans la poubelle sortie décuplait son chagrin et nous nous rigolions bien.

La magie de la nuit de Noël fut là longtemps. C’était une nuit pas comme les autres. On y respirait un air pur, de paix, différent. On entendait des chants d’espoir. On se réunissait le 25 décembre sans penser qu’un jour les rangs se creuseraient, qu’il manquerait plein de monde, que les traditions seraient méprisées par les plus jeunes (comme chanter à Noël : les filles détestaient). On disait que les guerres s’arrêtaient et les plus anciens évoquaient leurs pires souvenirs de Noëls d’horreur mais d’espoir. Tout le monde s’aimait. C’était magique, cela ne s’expliquait pas en fait, c’était « dans l’air ».

Nous étions heureux. Tout le monde était là, la grande journée avait eu lieu, le père Noël était passé, nous avions chanté. Lorsque l’on est enfant, normalement on est heureux pour Noël. Seulement on ne sait pas à quel point.

Le 25 décembre en rentrant tard à la maison, les guirlandes lumineuses n’avaient pas le même aspect. C’était fini, la magie était terminée. Ne restait qu’à changer d’année et pour nous les enfants qui avions eu tous nos cadeaux à Noël, c’était vraiment ringard de voir ces adultes se complimenter pour un tire bouchon offert, ou une 33ème écharpe en soie un premier janvier, alors qu’il nous manquait tant de jouets…

La vie n’était déjà qu’un long calvaire…

Pourtant je vous souhaite un JOYEUX NOËL À TOUS !

Comment Charles Hubert a essayé de me tuer… part 2…

Poison_73096502Oui, cela empire… Charles Hubert reste très calme et c’est moi qui appelle mon beau frère pour aller aux urgences. Charles Hubert a perdu son permis de conduire (papier) et ne l’a jamais fait refaire et en plus il est myope comme 4 taupes. Hors de question qu’il conduise ma voiture…

Aux urgences, on me met une perf d’anti-spamodique et d’antalgique. dans une quasie indifférence générale On me fait une prise de sang, et je suis tellement mal que même pas peur d’abord, et je dois passer à la radio. Le temps coule. La douleur s’estompe et les spasmes aussi. Charles Hubert est toujours aussi calme.

La radio ne montre rien de particulier (pas d’occlusion intestinale), les analyses ne sont pas parfaites mais bon ce dont je souffre est psycho somatique paraît-il (c’est pratique, ça sert à tout)… Grave erreur de ma part, je ne regarde pas les résultats de la prise de sang. Je peux sortir avec une ordonnance. Un taxi nous récupère et nous rentrons à la maison.

Charles Hubert s’endort comme un bienheureux non sans me signaler que je ne suis qu’une emmerdeuse qui s’écoute, et moi les spasmes me reprennent. Je vomis à en mourir, je vais mourir… Je vais me coucher dans l’ex chambre des filles avec une cuvette après avoir tout nettoyé sans qu’il n’ouvre un oeil malgré mes appels au secours. J’y laisse mes tripes.

Le lendemain matin Charles Hubert de mauvaise grâce, part m’acheter les médicaments prescrits par les urgences. Il n’a pas que ça à faire. Il va à Paris s’y changer les idées, s’y ressourcer, car il est au chômage lui. Et il me laisse seule après m’avoir fait mon thé du matin… Deuxième « tilt » dans ma tête… Jamais il ne m’a fait mon thé. Il va me le faire 2 ou 3 fois avant la fin…

Je souffre le mardi, le mercredi, le jeudi, le traitement prescrit par les urgences ne fait rien. Je n’en peux plus, Mrs Bibelot qui sait que je ne m’écoute pas, et s’inquiète, me trouve un RV chez un autre médecin qui peut me prendre tout de suite. Elle m’y conduit, je suis incapable de prendre ma voiture.

Le médecin sursaute devant l’analyse faite à l’hôpital « ils vous ont laissé sortir avec ça ? ». Oui. Je jette un oeil. 35000 globules blancs, et rien qui va, les plaquettes en chute libre et je ne parle pas du reste. Il me palpe le ventre. « vous souffrez d’un empoisonnement » me dit-il. Le dernier repas que j’ai pris c’est chez Belle maman. Je l’ai intégralement vomi dans la nuit du lundi au mardi dans ma cuvette donc tardivement… Charles Hubert va bien et belle maman aussi… Il m’indique qu’il va engueuler les urgences un max (ce qu’il fit, j’ai eu une copie de sa lettre incendiaire) et me demande au passage comment je m’entends avec mon mari. Autre « tilt » dans ma tête, dont je ne tiens aucun compte, je ne vois pas le rapport… ‘le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con » dagada tsoin tsoin….

Il me fait une intra veineuse de je ne sais quoi et je ne saurais jamais quoi. Il me prescrit une ordonnance à me faire ficher à la SS (la Sécu !), et me demande de ne manger que ce que j’aurais préparé moi-même. Nouveau « tilt » dans ma tête…

Naïvement tout de même je dis à Charles Hubert que le médecin pense à un « empoisonnement alimentaire ». Il ne moufte pas, mais son regard devient flou. Encore un tilt… Combien faut-il de tilts pour comprendre ? Jusqu’à quel point est-on con ? Qu’importe, le traitement prescrit fonctionne, la piqûre également sans doute, je suis guérie, et quand on s’est senti au bord du décès, se sentir guéri, cesser de souffrir, c’est le top du top.

3 semaines après, je découvre que Charles Hubert me trompe avec une américaine rencontrée le soir où il a découché. Je pars en Egypte avec Pulchérie pour y réfléchir tranquille (et tout haut, la pauvre) ; et en rentrant d’Egypte je le flanque à la porte devant son comportement… Et manu militari, je précise, 1,84 m ou pas, il a dégagé fissa. Telle une image d’Epinal, j’avais pris à la main le rouleau à pâtisserie…

Et le temps passe. Il m’a laissé un bordel pas possible que je trie dans la mesure où je dois garder ses affaires pendant 18 mois après le prononcé du divorce.

Je trie, je mets en cartons (bonne poire, mais bon c’était pour qu’il en embarque le plus possible à chaque visite), et un beau jour dans la cave, dans un de ses sacs plastiques, un flacon curieux.

Un liquide rose. Rose comme les granulés de mort aux rats dans la cave, il y a d’ailleurs des granulés dans le sac plastique, les tilts reviennent tout à coup, le puzzle se met en place, je comprends tout, j’admets enfin ce que mon inconscient avait soupçonné. Il y a de plus, un post it avec sa glorieuse écriture : 20 gouttes par jour avant la totalité de la dilution…

Pourquoi ? Parce qu’il croyait avoir l’usufruit de l’appartement. Que je lui avais retiré depuis qu’il était odieux, sans le lui dire. Parce qu’il héritait d’un quart de mes biens et que mon appartement vaut de l’argent. Parce que c’était un fou et un assassin en puissance. Il se voyait installant son américaine chez moi pour lui faire plein d’enfants…

Et bon, j’ai eu de la chance, mon organisme a réagit violemment aux « quelques gouttes ». Quand je lui ai dit que le deuxième médecin m’avait parlé d’empoisonnement (en toute innocence), il a pris peur sans doute… Et arrêté de mettre les quelques gouttes dans mon alimentation quotidienne (mon lait en particulier dont il ne buvait pas, préférant le 1/2 écrémé lui, et dont je ne peux me passer dans du thé, thé qu’il m’a fait plusieurs fois quand mon lait venait à manquer).

Je garde le flacon… Je ne sais pas ce qu’il vaut, mais je pense qu’il vaut quelque chose. Et je revois encore le médecin me demandant comment je m’entendais avec mon mari. Il ne pensait pas à un empoisonnement alimentaire. Il avait son idée… Il aurait dû me causer un peu plus directement, j’étais finalement prête à voir tous mes « tilts » se télescoper pour faire une idée réelle même si monstrueuse. Finalement, il y a un moment où l’on sait, mais où l’on refuse d’y croire…

Je pense qu’il s’en souvient…

Quant à moi j’ai toujours rêvé de faire femme fatale mais pas celle que l’on empoisonne

La vie n’est qu’un long calvaire parsemée ça et là de mort aux rats…

SINON : Petit PS : j’ai réussi à faire analyser le produit en respectant les empreintes digitales d’Albert. Il y avait autre chose que de la mort au rat, mais le but de mon blog n’est pas de révéler les secrets de certains empoisonneurs…

Et la suite sera : comment je me suis vengée…

Comment Charles Hubert a essayé de me tuer… Part 1…

Poison_73096502Ceci est une reedition, parce qu’après je vous dirai comment je me suis vengée de ce salaud…

Je me suis remariée (quelle idée aussi que de se REmarier !) avec Charles Hubert en juin 2002.

Retour du voyage de noces au Kenya, et voiloù Charles Hubert décidé à jouer les militants syndiqués au boulot (boulot merdique, mais qu’il tenait depuis 15 ans en étant payé bien plus cher que moi, avec (mais je l’ai découvert trop tard) des chefs plus qu’indugents). Bilan, après 3 mois de luttes idiotes me plombant la santé (il était incapable de se débrouiller tout seul, même avec internenette, et je lui faisais tous ses courriers vu qu’il faisait tout pour se faire virer, donc il faisait jouer ma connaissance en droit du travail et certains employeurs écrivent vraiment n’importe quoi) : licenciement et me voici avec un époux au chômage et le vivant très mal. Il s’était vu portant le drapeau des trois glorieuses (sans les nénés de la nana qui porte le drapeau sur le tableau, et dont je pensais petite, que c’était une des trois glorieuses, je cherchais les deux autres) et n’était plus qu’à errer à la maison en ne faisant même pas le ménage (surtout pas, ça aurait pu le tuer).

Fin 2003 très gros problème familial. Priorité absolue à ce problème. Le mari et ses états d’âme je les mets de côté, mais non pas parce que je ne l’aime pas (encore que, maintenant je me pose la question de savoir si je l’aimais encore, ou pas, ou si j’aimais croire que je l’aimais (z’avez qu’à suivre d’abord…).

Parce qu’il dit être adulte alors qu’il ne peut rien faire sans moi sauf, avec un temps de retard, ses envois de mails. Car sa recherche de boulot, il la fait n’importe comment, c’est du n’importe quoi, des mails dantesques bourrés de fautes qu’il envoie n’importe où à n’importe qui, qu’il me demande de corriger. C’est le syndrôme « Cyrano ». Les employeurs convoquent celui qui a écrit qui est moi en fait…

Mes conseils pour être lui il ne veut pas les écouter. Il est au chômage et commence à crier « tu ne sais pas ce que c’est ». Si je sais, j’ai vécu. Mais j’ai écouté les conseils moi. Le bilan il me faut le faire tout à coup (enfin petit à petit) : il n’est bon à rien. Sa place qu’il tenait depuis 15 ans se résumait à ouvrir le courrier le matin et l’affranchir le soir… Il l’a perdue bêtement en se prenant pour un révolutionnaire et en plus il me pourrit la vie. Je découvre qu’il m’a mentit sur son poste réel au travers des débats prud’hommes qui se déroulent. J’assume mon boulot, la maladie de l’âme d’un proche, mon mari malade tout court.

Le temps passe. Le problème familial s’estompe. Je suis seule avec Charles Hubert qui devient de plus en plus imbuvable. C’est l’enfer. La dépression me guette depuis un petit moment. Je me soigne. Je dois continuer à bosser.  Je dois être forte. Je dois ignorer ses cris perpétuels « je suis au chômage, tu ne sais pas ce que c’est« . Il est fiché chez les voisins, on me regarde avec pitié. Je déteste. Moi du coup, on me soigne, car je suis au bout du bout du rouleau. Je suis au bord du gouffre, je n’ai plus qu’à faire un grand pas en avant…

Il veut que nous partions en voyage pendant mes congés. Je m’y oppose : nous n’avons pas l’argent. « On empruntera, je suis toujours parti en voyage ». Je ne cède pas. Et puis vient un soir de juillet, un samedi, qu’il va passer à Paris toutes les semaines. A bien y regarder il va à Paris tous les après midi. Soi-disant pour s’y distraire. J’apprendrai la vérité trop tard.

Ce dernier samedi de juillet, il ne rentre pas. 3 messages sur le répondeur. Il a rencontré des gens sympas, il rentrera plus tard (je ne suis pas rentrée de la piscine où je suis à la recherche d’une vraie détente avec meilleure amie). Il s’incruste avec les gens sympas il rentrera par le dernier train (je suis sous la douche déchlorante). Il a raté le dernier train, il rentrera par le premier (je dors).

Il rentre le dimanche matin vers 6 H 30, haineux en me voyant dans le séjour à me torturer l’esprit. Il file se coucher direct.

Si c’était à refaire, je fouillerais son porte feuille. Mais voyez-vous, votre sorcière est une sorcière stupide. Elle avait confiance tout de même… Elle n’a pas enquêté. Le dimanche en se levant il a adopté la tactique du « j’attaque avant l’autre ». Pour me hurler qu’il avait rencontré des gens BIENS, qu’il avait eu l’impression d’exister ENFIN depuis longtemps. Et il est parti faire son jogging avec son porte feuille, ce qui m’a semblé louche, me laissant donc très mal… Pas le temps de me remettre de tout pour y voir clair. Même ma psy s’est faite avoir sur ce coup là…

15 août je suis en congés. Le samedi nous allons diner chez sa mère qui sent un léger malaise mais juste léger entre son fils et moi. Le dimanche passe. Le lundi matin je suis prise soudain de spasmes atroces dans le ventre. Je vais mourir. Charles Hubert reste de marbre, alors que d’ordinaire quand j’ai un pêt de travers il est prêt à alerter le samu. Premier « tilt » dans ma tête. Il regarde les jeux olympiques pendant que je me tords de douleurs. Je cherche un médecin, le docteur Acromion étant en congés. J’en trouve un qui accepte de me prendre « entre deux ». En fait en voyant mon visage livide et couvert de sueur il me prendra tout de suite. Il me prescrit un anti spasmodique qui doit agir vite. S’il n’agit pas il m’intime l’ordre d’aller aux urgences. J’ai 3 heures devant moi. Ca ne passe pas. Ca empire….

Et Charles Hubert regarde la TV… Les jeux olympiques c’est important…

Les fifi-tesques aventures (part 4)

Je rentre du lycée un beau jour, alors que le fifi fait partie de notre vie depuis déjà plus de 2 ans et demi, pour retrouver Mrs Bibelot dans tous ses états. Le fifi a disparu.

Elle ne voit pas comment : jamais la porte fenêtre n’est ouverte sans que l’on ne s’assure qu’il(elle) est bien dans sa cage. Depuis le matin pas de fifi. Elle a fait exprès de ne pas lui mettre d’eau dans sa cage. Car le fifi a son truc à lui(elle) quand il n’a plus d’eau. Il va se poser dans l’évier en acier inox et il cogne avec son bec. Il a très bien repéré que rapidement quelqu’un vient lui donner à boire. Là rien, pas de nouvelles…

Nous bougeons les meubles et surtout le frigo sur lequel il(elle) aime bien se poser. Rien…

Le lendemain matin, toute la famille est sombre. C’est l’hiver, si le fifi a réussi à s’enfuir, quelle nuit a-t-il passé ? Maman met la cage sur le balcon. Rien. Parfois elle sent sa raison vaciller, il lui semble entendre un bruissement d’aile quelque part dans la cuisine. Combien de fois déplacera-t-on le frigo et les meubles derrière lesquels il aurait pu tomber ? 2 jours se passent encore. Le fifi ne reviendra plus, et nous ne savons pas ce qui lui est advenu…

Je rentre du lycée comme tous les jours, là mon frère ravi me demande d’aller voir dans la cuisine. Il y a une surprise : dans sa cage, dans son nid, dormant un peu, le fifi est là et bien là… pâle et amaigri et mort plus qu’à moitié… Mais c’est bien lui. Maman lui a mis à boire tout à côté de lui et il n’arrête pas d’aller s’abreuver avant de se recoucher.

Un bruit l’après midi… Maman est certaine de l’avoir entendu. Elle à dit « fifi fifi », mais le fifi a l’habitude de se tapir quand on l’appelle et dans sa situation c’était un peu couillon… Mais là elle est certaine et entêtée, elle n’est pas folle, elle a bien entendu un bruit d’ailes. Mon frère est là, il déplace à nouveau le réfrigérateur d’où le bruit semblait venir. Rien. Il tire le frigo un peu plus et là : « je la vois ! ». Coincé le fifi, entre le corps du frigo et les jolies circonvolutions qui font du chaud pour nous faire du froid.

Ils le sortent de là. Le fifi n’est pas blessé, mais d’après mon frère et ma mère, il s’évanouit dans leur main. Plus de 3 jours sans manger et surtout boire, le long d’un serpentin qui chauffe… Ma mère empoigne à nouveau son compte goutte pour hydrater l’oiseau. Ce serait tellement bête qu’il meure maintenant le fifi. Mais non, il ne va pas mourir tout de suite. Il accepte d’aller dans sa cage où il s’abreuve pendant 3 heures.

Tout le monde rentre à tour de rôle. C’est la joie (oui nous sommes très intelligents…) et du coup, nous, pendant que le fifi recommence à manger, Mrs Bibelot nous fait du riz au lait que nous adorons tous.

Le fifi n’a plus jamais remis ses pattes sur le frigo. Nous n’avons jamais sû comment il s’en était cassé une, vilainement, un an plus tard. Nous avons essayé de lui mettre une attelle, nous l’avons emmené chez le vétérinaire, mais il n’y avait rien à faire, qu’à lui épargner de perdre son sang jusqu’à la mort…

Et cette alouette qui se perchait sur les meubles, se penchait pour nous faire « cui » d’un air ironique, qui se couchait dans nos bouquets de fleurs (véridique), qui se posait sur notre épaule, qui nous picorait la joue, qui demandait à boire en tapant dans l’évier, qui décrochait les crayons, qui lançait sa trille pendant que le lave vaisselle fonctionnait, et bien…

Nous l’avons pleurée.

D’ailleurs c’est devant le chagrin qu’elle laissait derrière elle que mes parents ont pris un épagneul breton qui a vécu, vous l’imaginez, un véritable d’enfer…

Les fifi-tesques aventures (part 3)

Donc le fifi en ce mois d’août 1975, passait une partie de sa vie dans la salle de bain/WC et dans le cerisier.

Jusqu’au matin où il accueillit le premier levé (mon grand-père), par un vol curieux, avec comme un roucoulement dans le pioupioutement. Le fifi se posa sur le bord du lavabo en causant un peu et en lui faisant des avances. Idem pour tous les membres de la famille. Survol, roucoulement, avances.

Pendant une période creuse, le fifi déchiqueta un rouleau de PQ et commença à faire son nid ailleurs que dans sa cage, dans un endroit choisi par lui qui nous coupait une des entrées de la salle de bain/WC… Question existentielle : le mâle fait-il le nid comme sa femelle ? Normalement ils s’y mettent à deux. Prévoir du PQ de rab. Condamner la porte fatale pour ne pas mettre un pied sur le nid, et non nous ne sommes pas gâteux avec les animaux… L’oiseau continuait à s’activer autour de nous en roucoulant (pour une alouette c’est un comble), et avec du PQ déchiqueté plein le bec.

Et puis un autre beau matin, voici le fifi bien installé sur son nid (nous le laissions lâché la nuit car laisser son nid pour aller dans sa cage semblait le désobliger, il nous injuriait du haut du meuble de salle de bain comme pas possible quand nous voulions l’attraper).

Il finit par aller manger dans sa cage, nous révélant 2 oeufs très jolis, mais bien entendu clairs…

Le fifi était donc une fifille… Ma petite soeur demanda si nous étions certains et mon grand père peu aimable avec les adolescents lui demanda si elle avait déjà vu des coqs pondre des oeufs… N’empêche que cela restait le fifi.

Au bout d’une dizaine de jours à couver, le fifi sentit que quelque chose n’allait pas. Il écoutait les oeufs d’un air pensif parfois, se remettait dessus d’un air absorbé, puis laissa tomber pour retourner dans sa cage ou voler un peu partout, comme il le pouvait…

Nous avons gardé les oeufs et le petit nid longtemps… C’était trop mignon à voir.

Les fifi-tesques aventures (part 2)

Nous avions recueilli le fifi en août. En juillet suivant, il partit avec nous pour les Sables d’Olonne où nous devions passer le mois de juillet. Il pioupiouta dans la voiture que cela faisait bien longtemps qu’il était enfermé et bouda en arrivant, quand nous l’avons installé dans la cuisine en ouvrant la porte de sa cage. « Non je ne sortirai pas puisque c’est comme ça », semblait-il dire, tout en mettant un bec à la porte pour inspecter les alentours.

C’était un stress constant qu’il ne s’échappe pas. Pendant longtemps, tout le monde a eu le réflexe de fermer la porte de la cuisine. Mais c’était un oiseau réellement apprivoisé, qui venait se percher sur notre épaule, venait dans la main, et nous picorait affectueusement la joue (en cherchant des insectes, allez savoir…)

Mrs tricot avait installé un carnet et un crayon pour les listes de courses, accrochés à un clou planté dans un meuble. Plusieurs fois par jour, elle retrouvait le crayon sur la cage du fifi, sans comprendre : elle l’avait tout de même bien accroché avec sa ficelle. Nous pouvions tous en attester : la maison était hantée…

Le hanteur fut trouvé tout à fait par hasard, alors que Mrs Bibelot faisait les poussières du passe plat. Le fifi ne la voyait pas. Elle le vit parfaitement bien. Et je m’envole sur le meuble de cuisine de droite. Et je me pose. Et je penche la tête. Et je regarde à droite et à gauche, et hop, j’attrape la ficelle du crayon et je le regarde tomber sur ma cage. Ca fait du bruit, c’est rigolo. Et c’est rigolo aussi la personne qui s’exclame que le crayon est encore tombé et le raccroche. Petite tête penchée pour tout bien regarder…

Nous avons passé un mois à raccrocher le crayon et à l’espionner par le passe-plat (sommes nous intelligents tout de même…). Il s’amusait tellement (et nous donc !)

Mois suivant chez mon grand père. Remettre le fifi qui a un an en liberté ou non ? Tentative. On accroche la cage dans le cerisier en ouvrant la porte. Le fifi sort et s’envole. Tout le monde pleure, mais c’est mieux pour lui non ? Il va pouvoir voler le plus haut possible, faire ce qu’il veut, vivre sa vie d’alouette sans être brimé par une cage.

Râté. A 17 H, après 3 heures d’absence, le fifi est de retour dans sa cage et nous regarde d’un air de dire qu’on ne l’y reprendra pas…

Pour avoir la paix et sans se traumatiser, car il était en liberté dans la salle de bain/WC forcément fréquentée, l’idéal était de le mettre dans le cerisier et d’ouvrir la porte de la cage. Là, il se couchait dans son nid (ben oui, il avait un nid douillet) en nous avertissant tous qu’il ne sortirait pas…

Sacré fifi qui nous en réservait une belle…

Les fifi-tesques aventures (part 1)

Honte à nous, nous oublions, nous oublions…

Jean-Poirotte et Mrs Bibelot avaient fait mettre sur DVD la quasi intégralité des films super 8 de Jean-Poirotte, en essayant autant que faire se peut, de s’épargner, et à nous d’ailleurs, les envols d’oiseaux, le trop de paysages, pour garder surtout les personnages, ce qui compte 20, 30 ou 49 ans après.

Je ne l’avais pas vraiment oubliée, mais je n’y pensais jamais. L’autre soir, j’ai regardé les DVD « souvenirs », trop heureuse de retrouver mes pitchounettes bébés, petites, nos chers disparus, et une toute bête alouette.

Tout a commencé un beau dimanche où nous roulions vers la maison de campagne de Mrs Morgan et de son mari. Tout à coup, en plein champ, mon père pile. Il a vu un piaf passer sous la voiture. Réflexe de chasseur ayant un peu de conscience : vérifier qu’on ne laisse pas un animal blessé souffrir jusqu’à la mort n’importe où. Non le piaf n’est pas mort. C’est un bébé alouette qu’il nous ramène un peu embarrassé (car il nous a dit et répété de ne jamais toucher un petit qui n’est pas abandonné par ses parents) : il a regardé un peu partout et n’a vu aucun parent potentiel. Il confie l’animal à Mrs Bibelot qui le met dans sa jupe bien au chaud.

Nous voici donc avec une alouette à peine en plumes, ne sachant pas voler, et donc dépendante. Avec une imagination débordante, nous l’avons prénommée « fifi ». Je sais c’est d’un commun…

Récupération d’une cage chez Mrs Morgan, d’une pipette pour l’abreuver et de nourriture pour les perruches pour l’alimenter.

C’est super simple de s’occuper d’un oiseau : ça bouffe tout le temps, ça boit tout le temps, ça chie tout le temps.

Nous nous sommes relayés donc, toute la petite famille, pour nous occuper du fifi. Le soir nous couvrions la cage, parce que ça dort tout de même. Sinon, c’était la pâté donnée avec un bâtonnet de buis à la petite bête qui piaille tout le temps, l’eau avec la pipette.

Le fifi n’était pas destiné à rester en cage toute sa vie. Nous comptions bien le relâcher un jour, le laisser libre plusieurs heures dans la journée, car rien n’est plus triste qu’un oiseau en cage.

Jean-poirotte et son père l’amoureux des oiseaux, munis de livres et tout et tout, décidèrent un jour que le fifi était en âge d’apprendre à voler. A nous de nous y coller… Nous étions devenus ses parents et son éducation nous revenait.

Attraper la bestiole : à savoir mettre la main dans la cage, elle venait s’y loger direct. Sortir la bestiole de la cage, lever le bras et le laisser retomber. Réflexe de l’ex-oisillon : faire fonctionner ses ailes. Après plusieurs atterrissages dans une botte, une chaussure, une assiette de fruits d’été, le fifi savait voler.

C’était farpait. Nous laissions le fifi en liberté qui volait dans la cuisine en plafonnant comme il le pouvait en lançant la célèbre trille de l’alouette pendant que le lave vaisselle fonctionnait (et jamais autrement, le lave vaisselle l’inspirait).

Et puis un jour le fifi arriva dans le salon en sautillant tic tic tic. Et se prit une griffe dans la moquette bouclée, sans mal, fort heureusement, car il eut le réflexe de s’arrêter net et d’attendre que l’on vienne à son secours.

Il fut donc cantonné à la cuisine. En liberté un peu limitée. Car quand nous devions ouvrir la porte fenêtre pour aller sur le balcon, il fallait le faire rentrer dans sa cage. Là le réflexe conditionné fut béni de tous. Il suffisait d’agiter la boîte de nourriture du fifi pour que direct, il file dans sa cage même s’il venait de se goinfrer 2 minutes avant. Mais en règle générale, il était en liberté dans la cuisine, pour nous faire plein de conneries…

J’étais au mauvais stop, le mauvais jour, au mauvais moment…

GendarmeJ’ai été élevée dans une famille qui m’a inculqué le respect des forces de l’ordre (et le fait que le droit de vote était aussi un devoir :-))

Petite, je savais qu’en cas de « vilain monsieur » me faisant peur, il me fallait aller voir la personne en uniforme (une fois : le facteur, mais il a fait son boulot), et que je ne devais avoir peur en aucun cas de gendarme ou policier. Petite je ne savais pas faire la différence entre les deux et maintenant qu’ils ont changé de couvre chef, je regarde leur voiture pour me faire une idée.

Bref, en plus, j’ai toujours été une conductrice méritante, respectueuse des stops, des feux rouges et des limitations de vitesse. M’en suis-je pris des coups de klaxon de gens exaspéré par ma « lenteur » ou mon arrêt mal venu… N’empêche que j’ai tous mes points sur mon permis, 50 % de bonus, et que tout le monde ne peut pas en dire autant… Continuer la lecture de « J’étais au mauvais stop, le mauvais jour, au mauvais moment… »