Vocation contrariée : biologiste

prix-nobel-copierAyant renoncé à devenir une artiste célèbre, j’avais été fort impressionnée, juste après la naissance de ma dernière soeur (surnommée la « suite et fin » au bout de 10 ans) par une visite organisée par le collège d’un je ne sais plus quel museum d’histoire naturelle.

J’avais été fascinée en particulier, par les animaux conservés dans des bocaux remplis de formol.

La prof de sciences nat (on les appelait comme cela, à l’époque), nous avait précisé que l’alcool conservait bien aussi, mais que pour une raison ayant trait à l’alcoolisme qui ne conserve pas le foie, on utilisait de préférence du formol.

Ce qui n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde.

Je me souviens que ma fascination la plus extraordinaire avait été la contemplation d’un bocal énorme, contenant un homard de 15 kg, et que devant la taille de la bête, je m’étais demandé comment on pouvait être assez stupide pour pêcher un truc de cette taille pour le mettre dans le formol au lieu de le bouffer, car j’aimais déjà le homard, découvert lors de nos dernières vacances en Bretagne où mes parents avaient dû renoncer à me faire prendre steak haché/frites au restaurant.

Mais qu’à cela ne tienne, ma nouvelle vocation était là. Si je ne pouvais pas devenir artiste, je serais la biologiste du siècle (toujours modeste). J’étais bien consciente qu’il fallait commencer petit pour percer un jour, et ce fut la chasse aux escargots, limaces et autres. Même un cadavre de mésange décédée de mort naturelle, faisait l’affaire.

Restait à conserver le truc. Le cadavre, la bête morte, l’avenir de ma vocation.

Le formol était introuvable dans l’armoire à pharmacie. Point de pharmacie dans le village à qui demander 10 litres de formol, car je voyais petit pour le départ, mais grand pour la suite. J’ai profité avec perfidie d’une visite au village voisin qui avait lui, une pharmacie, pour m’enquérir du prix du formol.

  • « C’est pour des engelures ? » m’a demandé le pharmacien
  • « Evidemment ! » ai-je répondu alors que Mrs Tricot m’avait demandé juste d’acheter un flacon de shampoing pendant qu’elle allait acheter des soles chez le poissonnier.

Au moins, j’avais une excuse toute trouvée pour acheter du formol par petites doses (avec la monnaie du shampoing qu’on me léguait généreusement, car là, j’avais juste l’équivalent d’un flacon d’alcool à 90°), sans imaginer que des engelures en plein mois de juin c’est suspect.

D’ailleurs je ne savais même pas ce que c’était, et j’avais noté dans mes neurones encore intacts des « anges lures », lures devant être un terme latin ou grec dont je chercherais la signification plus tard.

Le pharmacien m’eusse-t-il revue, sans doute que qu’il m’aurait-il dénoncée, mais il ne m’a point revue, car mon argent de poche était pauvre.

L’alcool conservait, ça je le savais, mais mon arrière grand mère tenait un compte très strict de son alcool à fruits, et c’était précisément le moment où elle faisait ses délicieuses cerises à l’eau de vie. Après, viendraient les prunes, les mirabelles, les confitures…

Les confitures ! Le sucre aussi, conserve. J’étais épatée par ma propre intelligence, QI 290 pour le moins, j’allais conserver mes cadavres, et même, les étiqueter…

Restait tout de même à chourer discrètement des pots de confiture vides, l’aïeule n’y verrait que du feu. C’est ce que je pensais, sans imaginer une seconde qu’une personne ayant connu les deux guerres mondiales et les privations qui allaient avec, sait toujours combien elle a de pots ou de bocaux pour faire des réserves.

J’avais décidé de conserver ma future collection de prix Nobel, dans de l’eau très largement sucrée, puisque le sucre conserve. Puis j’ai dû très rapidement renoncer au « très largement sucrée ». Mon arrière grand mère, avait en effet constaté une baisse très nette dans le sucrier et avait même demandé aux gosses, dont moi, qui qui lui piquait des morceaux de sucre. Avec les adultes elle n’avait pas osé enquêter trop avant, mais je sentais bien que sa curiosité était excitée, car une personne ayant connu les deux guerres mondiales et les privations qui allaient avec, sait toujours combien de sucre elle a d’avance !

Saleté de boches ! pensais-je, un peu désarmée…

Deux sucres par jour, cela pouvait encore aller pour ne pas se faire remarquer, sauf que pour la conservation : un animal = de l’eau + un sucre, et bien c’était insuffisant.

On pouvait savoir qu’il y avait une mésange mais uniquement en voyant les plumes. Les limaces et autres n’avaient plus figure humaine, et je n’osais pas ouvrir les pots pour jeter le tout, parce que l’odeur était franchement dérangeante.

Tellement dérangeante d’ailleurs, que malgré les couvercles des pots, c’est à l’odeur que mon grand père (encore lui), à trouvé ce qui sentait le cadavre dans la grange.

Il a été ra-vi de découvrir ma collection (seul un escargot pour qui j’avais sacrifié tout mon formol, était reconnaissable), mais surtout qu’il ne s’agisse pas d’un vrai cadavre, d’autant que le voisin avait disparu depuis 3 semaines (en fait, il était parti avec un danseur du Bolchoi, le voisin).

Sa mère a poussé des cris d’horreur en découvrant TOUS SES POTS DE CONFITURE DISPARUS, et comble de l’horreur, ON m’a fait jeter ma collection dans le fond du jardin,  avant de me demander de laver moi-même les fameux pots.

Je suis restée stoïque, au bord de l’évanouissement et de gerber tripes et boyaux, en prétendant que « ça ne sentait pas si fort que ça ».

Après j’ai reconsidéré le fait de devenir biologiste. Le coup de grâce ayant été qu’après mes explications sincères, on m’avait précisé qu’il fallait être bon en maths pour faire une carrière scientifique.

Et que moi, les maths, je les aurais bien formolisées, atomisées, pulvérisées, confiturées, pour qu’on n’en parle plus !

La vie n’est qu’un long calvaire.

Peintre, et vocation contrariée… (les artistes sont des incompris !)

chapelle-sixtine-vocationQuand que j’étais petite il y a longtemps, j’avais une âme d’artiste.

J’adorais les couleurs, ça, vous le savez déjà. (ICI) (Si cela marche…)

(A priori, cela marche, Dieu bénisse l’Amérique Sainte Pulchérie)

A l’époque (et en avant la Madeleine pour certains), la majorité des papiers peints n’avaient pas le fini vernissé qu’ils peuvent avoir maintenant, et n’étaient pas lessivables.

Lorsque nous habitions notre grand ensemble, au départ, mes parents avaient réservé la chambre donnant sur du calme « aux enfants », et avaient pris l’autre, moins calme, donnant sur la rue.

La chambre d’enfants était ornée d’un magnifique papier peint avec mes favoris de Disney sur fond bleu pâle. Quand on mouillait le papier les couleurs ressortaient beaucoup mieux, c’était plus joli.

Comme nous n’avions pas le droit d’emmener une cuvette d’eau et une éponge dans la chambre (on se demande bien pourquoi), nous faisions ce que beaucoup d’enfants ont fait pendant longtemps : nous mouillions le papier avec nos langues.

D’où sans doutes l’expression « lécher les murs »… Ca nous occupait pas mal, pendant ce temps là nous ne faisions pas d’autres conneries.

Mes parents qui avaient fait de même avant nous (ils nous l’ont avoué des années plus tard), s’opposaient malgré tout à ce que nous fassions ressortir les couleur. Nous parler d’auréoles disgracieuses qui restaient une fois le papier sec, c’était comme pisser dans un violon pour faire de la musique : totalement vain.

Le problème fut partiellement résolu avec un changement de chambres : les gosses au sommeil de plomb sur la rue, et les parents au sommeil moins de plomb, sur le calme. Les Disney et leurs auréoles furent recouverts d’un papier neutre et lessivable, alors que nous nous contentions d’un papier assez moche dans l’autre chambre. Le truc de base, livré avec l’appartement neuf…

Jaunasse avec des dessins vaguement blancs qui ne ressemblaient à rien. En léchant le jaune devenait plus vif mais c’était insuffisant.

D’où l’idée un jour de faire des dessins sur les murs. L’ampleur de la tâche proportionnelle à la taille des murs, ne nous fit pas peur, et armés de nos trois boîtes de crayons de couleur, nous avons commencé des chefs d’oeuvre, pour nous décourager rapidement.

3 maisons, 3 soleils, 3 prairies plus tard, il devint évident que nous allions manquer de temps pour orner TOUS les murs.

Ma soeur et mon frère décidèrent de gribouiller dans leur coin, et moi dans le mien, parce que j’étais l’aînée et que mes gribouillages étaient plus jolis que les leurs.

Ils se contentaient de grands coup de crayons rapides, pendant que de mon côté je faisais de magnifiques circonvolutions, cercles croisés et gribouillages réfléchis, dans lesquels apparaissaient fugitivement des animaux fantastiques dont j’avais l’idée de les colorier entièrement, après…

Après quoi, je n’en sais rien, mais après, ça c’était sûr. J’avais repéré un chat à 5 pattes, 2 dragons et trois dinosaures, et j’ai commencé à remplir le chat avec le crayon violet quand tout à coup, bruit de pas dans le couloir et la voix de maman qui nous a tétanisés (je l’entends encore)

  • Que faites vous les enfants ? je ne vous entends pas ! (bonne question, toujours aller voir quand on n’entend pas les enfants…)
  • Ouverture de la porte
  • KRIKITU : AH MON DIEU !

Confiscation des boîtes de crayons de couleur. Mercuriale et privation de dessert pour deux jours.

En rentrant le soir, papa alla contempler les dégâts en dissimulant (nous l’avons su trop tard), une véritable envie de rire. A mes propos indignés, parce qu’on éduquait tout de même les enfants à l’époque, un peu mieux qu’aujourd’hui, et que l’on essayait déjà de nous cultiver, il rétorqua que le pape n’avait pas du tout l’intention de faire repeindre à nouveau la chapelle sixtine et que ce vaste projet devait sortir de mon cerveau illico presto.

Et qu’en plus, les dragons n’existaient pas plus que les chats à cinq pattes (consternation).

Une enquête fut ouverte pour savoir qui avait eu l’idée saugrenue de me montrer les fresques de Michel Ange, en précisant qu’elles avaient bien besoin d’être restaurées (ce qui fut fait, des années après). Mon grand père paternel plaida coupable en précisant qu’il faut savoir vivre dangereusement, et qu’une vocation est une vocation.

Du coup, les boîtes de peintures furent supprimées également, nous ne pouvions plus nous en servir que dans la cuisine (lessivable), sous les yeux de maman en train de repasser.

Comme pour moi c’était la Chapelle Sixtine ou rien, j’ai renoncé à la peinture.

Et je n’ai appris que bien longtemps après, avec mes deux filles, à quel point il est parfois difficile de garder son sérieux et prendre un air sévère devant certaines conneries de gosses.

Quand nous avons déménagé longtemps après, les gribouillis étaient toujours en place, un peu pâlis par le temps…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Couleurs et vocation contrariée…

blamarauveJe n’ai pas fait énormément de bêtises petite fille, étant en comparaison largement battue, en premier lieu par ma soeur cadette et mon frère, et par la suite par mes filles (surtout l’aînée) et mes neveux et nièces (si on regroupe tous les cousins sous la houlette de Pulchérie, on atteint limite l’extase, qui reste à définir dans certains cas).

Ce qui fait que les miennes de bêtises, réellement rares, sont passées à la postérité, quasiment inaperçues.

Je n’ai donc finalement à mon actif que des vocations contrariées, dont deux, artistiques, tuées dans l’oeuf.

Ici vient la sordide histoire de la deuxième vocation contrariée, car je raconte mes malheurs dans l’ordre que je veux, d’abord.

J’ai toujours été passionnée par les couleurs. Je trouvais que l’arc en ciel était pauvre, si je le regardais par la jumelle de mon imagination débordante.  Des couleurs, il en manquait des tas !!!

Rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet, pfffft, allez tous vous faire foutre que je pensais, c’est PAUVRE.

Pour les vacances de Pâques 1969, mes parents avaient placé leurs trois ainés dans la famille, maman devant accoucher du dernier à cette période là (en fait non, la dernière a attendu notre retour pour pointer son nez). Je m’étais retrouvée donc, en séjour chez mon arrière grand mère et mon grand père, d’où j’envoyais entre autres à maman des lettres terrifiantes par leur orthographe (mais cela ne l’a pas fait accoucher plus tôt, pourtant il y avait de quoi).

J’aimais toujours imaginer des couleurs nouvelles, transcendantes, cela va sans dire. Je n’ai jamais fait dans le mesquin quand il s’agit d’art. Surtout à cette époque là…

J’adorais le bleu, le mauve, le marron de la châtaigne brillante, et je pensais que le blamarauve était une couleur qui méritait d’être connue un jour. Mon nom serait écrit en gros en haut de la tour Eiffel « l’inventrice du Blamarauve », l’espoir fait vivre, et ma naïveté était aussi impressionnante que le déficit des finances publiques…

Je la voyais bien la couleur : un mauve presque marron, luminescent, avec ça et là des teintes de bleu et d’or incandescent.

Pendant que ma mère poussait pour chier sa pastèque qui viendrait 2 semaines plus tard, j’étais donc moi, en pension chez mon grand père et mon arrière grand mère.

Mon arrière grand mère était tout, sauf une vieille dame surveillant de trop (surtout pas). Mon grand père arpentait les bois à la recherche du temps perdu de champignons, en comptabilisant le gibier pour la prochaine saison de chasse.

J’étais peinarde. A 11 ans, j’étais théoriquement à l’âge de raison (je t’en foutrais moi, de l’âge de raison, qu’à 52 ans je suis limite azimutée, même pas limite d’ailleurs)

Pour le bleu, j’avais mis la main dans l’armoire à pharmacie, sur un flacon de bleu de méthylène dont je voudrais bien savoir encore aujourd’hui, à quoi il pouvait bien servir (j’avais louché sur le mercurochrome, mais le réservait pour une autre couleur à inventer, à base de rouge, on l’aura deviné). C’était le bleu de mes rêves.

Il me fallait donc une touche de marron, mais après 2 heures  à touiller mon mélange, pendant que Grand mère Georgette était partie boire le thé avec Tante Hortense, j’avais été dans l’obligation de constater, en pleurant des larmes de sang, que le poivre moulu se diluait très mal dans le bleu de méthylène.

Si les chimistes l’ignorent, je le leur signale !!!!

De guerre lasse, j’ai versé de la teinture d’iode dans ma bouteille, c’était presque parfait. Je dis presque parce que le poivre en poudre faisait taches en suspension dans le mélange et en gâchait presque la beauté.

J’avais du bleu, du marron, ne se mélangeant pas, que même Léonard de Vinci (l’auteur de Da Vinci Code) n’aurait pas imaginé. Faut dire qu’à l’époque la chimie ce n’était pas trop ça (dans la cuisine familiale non plus, mais c’est une autre histoire)

Il me manquait quelque chose, le violet/mauve, ce n’était pas irisé, mais un flacon d’essence à briquet (violette) m’inspira soudainement et tout à coup j’ai eu une illumination.

La vierge, dans le four de la cuisinière, m’a suggéré de rajouter de l’essence à briquet dans mon mélange, et forcément, je me suis exécutée.

J’ai versé, la conscience sereine (et catholique), la moitié du flacon d’essence à briquet dans mon mélange magnifique.

Mon blamarauve, mauvasse marron bleu irisé, était là, sous mes yeux zéblouis. Mon arrière grand mère rentrait, j’ai donc vidé dans l’évier précipitamment un flacon pris au hasard, pour y verser ma préparation et la retrouver le lendemain, pour la faire miroiter en ce soleil d’avril non avare cette année là là là.

Vous zallez me dire que j’aurais dû lire l’étiquette, avant de jeter le contenu du flacon dans l’évier. Mais mon grand père, adulte responsable aurait dû renifler le contenu du flacon avant de se faire son gargarisme du soir (espoir).

Le mélange de teinture d’iode, de bleu de méthylène, n’oublions pas le poivre moulu et l’essence à briquet, l’a guéri définitivement de ses maux de gorge du soir.

Au lieu de crier au miracle et de faire breveter le mélange, il ne m’eut aucune reconnaissance alors que sans le vouloir, je l’avais sauvé d’un mal pernicieux.

Les artistes sont des incompris !!!!

L’algarade que je me suis prise, avec la baffe à me dévisser la tête qui allait avec,  pour avoir essayé de l’empoisonner (même pas), m’a guérie définitivement de l’invention des couleurs qui flashent.

J’ai renoncé, privée de tarte aux pommes pour au moins 3 jours, alors que maman n’avait toujours pas accouché, ce qui aurait pu faire diversion, à devenir une artiste inventive, célèbre, et tout le bataclan

Le mercurochrome était sauvé, le jaublarouge ne verrait jamais le jour.

Je n’ai jamais eu aucune reconnaissance envers mon grand père, pour m’avoir fait sortir manu militari, de la voie expresse de l’invention diabolique et géniale.

La vie n’est qu’un long calvaire.

11 novembre…

11_novembreCette année le 11 novembre tombe un jeudi, et permettra à beaucoup de faire le pont, sans forcément penser que ces congés ils les doivent à la fin de l’horreur absolue d’une guerre absurde.

Un jour férié c’est un jour férié, c’est sacré, on ne travaille pas et c’est vachement mieux de ne pas travailler un jour où l’on travaille d’ordinaire (enfin c’est mon point de vue). Je n’ai pas d’états d’âmes particuliers lors des jours fériés, sauf pour 2 : le 11 novembre et le 8 mai.

Parce que ces jours là, si vous restez chez vous à vous la couler douce et à faire la grasse mat
mes lecteurs adorés (et moi avec quand je bosse),
c’est
parce que des millions de gens sont morts
et que l’on a décidé de se souvenir d’eux
.

Et que j’ai donc décidé de les honorer chaque année, parce que je suis chiante…

Le 11 novembre est la date anniversaire de l’armistice de 1918 qui nous préparait la guerre mondiale qui allait suivre, comme si une ne suffisait pas (Hitler s’est assez servi de l’humiliation de l’Allemagne en 18 pour réclamer des guerriers). Vous vous en foutez, vous êtes nés après, mais n’oubliez jamais que vous vivez sur ces morts… Nous ne sommes que l’avenir de ceux qui sont morts en pensant nous le donner meilleur… (espoir insensé, vu la nature humaine)

Le 11 novembre quand que j’étais petite, j’aimais bien : il n’y avait pas école. Jusqu’à ce jour fatal où j’ai assisté à une scène que je n’oublierais JAMAIS. Après je n’ai plus jamais pu le voir uniquement comme un jour férié où l’on fait la grasse mat. Le mal, la souffrance, rôdaient…

J »avais mon arrière grand mère et sa soeur : tante Hortense (que mon arrière grand mère appelait « la gamine » d’ailleurs). Qui avaient connu en plein cette guerre. Je me disais qu’elles étaient déjà vieilles à l’époque vu qu’elles avaient déjà 28/30 ans environ lorsque cela s’était terminé… (leur vie quasiment sur la fin, 30 ans c’était vieux pour moi qui en avait 14, ça fait sourire après coup)

Ce jour là, pour un repas quasi dominical , elles avaient ressorti de vieilles photographies (oui on disait avec « graphie ») et les avaient commentées, sans que mon grand père ne moufte (pourvu qu’elles ne parlent pas du Général…). Les photos étaient celles du mariage de mon arrière grand mère, des parents de mon grand père donc… Il restait pensif et mélancolique.  Nous savions qui étaient ces jeunes gens souriant et heureux en ce jour de fête vraie. La photo avait été prise en 1910 et ils savaient s’amuser et profiter de la vie. Mon grand père regardait peu : il savait.. Il se souvenait de ce qu’avait été cette guerre pour le petit garçon qu’il était…  Je l’ai compris après.

« Tous morts » disaient-elles avec tristesse. Oui pour ces deux familles tous les hommes présents sur cette photo montrant une jeunesse heureuse et optimiste, étaient morts pendant cette guerre, sauf le marié qui avait eu la chance de revenir, gueule cassée et gazé, il en est mort (des gaz) quand les allemands ont envahi la France à la suivante. Les allemands en France il ne pouvait vraiment pas supporter, il a cessé de lutter contre ses poumons en vrac, alors qu’il s’était battu jusqu’au bout de l’horreur en disant « plus jamais » (il avait eu du bol, il avait été blessé et gazé rn 1916..). Oui cet homme que je n’ai jamais connu avait tenu le coup jusqu’au bout en se disant qu’il épargnait l’horreur aux générations futures… Ils y croyaient vraiment, tous, que c’était la der des der…

Le repas s’est achevé tout de même sur le dessert, les hommes sont partis à la chasse, maman avec mes emmerdeurs de frère et soeurs, et je suis restée seule à écrire mon journal, tâche importante lorsque l’on a 14 ans…

Et tout à coup… Elles s’étaient fait un thé, et elles se souvenaient. Tout haut, ne pensant pas que dans mon escalier (où j’adorais écrire), je pouvais les entendre et d’ailleurs je ne faisais pas plus de bruit qu’une souris (et encore).

Oui ce 11 novembre c’était « le souvenir » (et non la célébration) de la fin de cette horreur, sauf que les morts ne se relèveraient jamais même si le jeu était terminé. Tante Hortense avait perdu son fiancé (qu’elle n’a jamais remplacé), une majorité des cousins, petits cousins, amis étaient morts, certains dès le début, d’autres sur la fin (un chanceux le 11 novembre 1918 précisément 4 heures après la signature de l’armistice, un autre 2 jours après). Une grande majorité des hommes présents ce jour heureux étaient morts. Amis, cousins, ils avaient tous déserté la terre entre 14 et 18… Pour elles le 11 novembre c’était la journée où elles revivaient quatre années qui avaient plombé leurs vies.

Le marié était encore à l’hôpital le 11 novembre 1918 et ne redeviendrait jamais comme avant après tout ce qu’il avait vécu et vu ce qu’il était devenu. Pour tout le petit village où vivait mon arrière grand mère à l’époque : quasi aucun mâle à revenir à l’exception de 7 éclopés à jamais. Le 11 novembre c’était pour elles le symbole d’une guerre, des veuves, des fiancées  inconsolables et sans maris potentiels, des orphelins, un monde foudroyé, une génération fauchée.

Et elles pleuraient en se souvenant d’une femme du village (veuve, qui pensait sans doute que son mari allait revenir maintenant que c’était terminé) qui était sortie, débraillée le 12 novembre en chantant que tout était terminé et qu’elle était heureuse. « La pauvre, se rendait-elle compte ? » « ces cris de joie, comment pouvait-on être heureux ? Tu te souviens ? et ces horribles feux d’artifices avec tous ces disparus ? Tu te souviens du cousin Mac, le premier mort de la guerre pour nous ? » « et tu te souviens de la pauvre Madeleine qui s’est pendue en apprenant que Georges était mort deux jours après la fin ? » (un beau jeune homme sur la photo).

J’avais du mal à les entendre pleurer, une boule dans la gorge : elles ne représentaient plus uniquement des vieilles dames qui normalement ne pleurent pas. Je découvrais leur jeunesse, leur chagrin. Elles étaient tout à coup la sagesse et la paix de l’esprit à jamais endeuillé, et je découvrais leur souffrance et que l’âge ne protège de rien. J’imaginais tous les hommes de ma vie ayant disparu, et j’ai refermé mon journal sans faire de bruit pour écouter et m’esbigner en douce après coup. Elles ont parlé longtemps et le temps s’était suspendu, personne n’est venu troubler leurs souvenirs.

Ce jour là, le 11 novembre, nous le leur laissions chaque année, et nous l’avons fait jusqu’au bout. Tout le monde s’éclipsait quand elles parlaient « thé ». Accord tacite de leurs proches : le 11 novembre n’était pas un jour de joie et il était à elles qui avaient vu la première guerre mondiale décimer leur génération. C’était pour elles la fin d’une époque. La fin d’une horreur. La fin tout simplement. L’horreur restait à jamais présente en elles.

Pour elles rien n’était terminé que leur jeunesse à tout jamais, avec ses fêtes et tous ceux qui n’étaient désormais plus là pour se souvenir. Pour toujours il y avait l’attente, la lettre espérée datée de 15 jours avant, l’angoisse du maire arrivant avec son chapeau et ses adjoints, précédant de peu l’avis mortuaire, qui allait chez la mère alors que l’on n’était que promise ou amoureuse… Il y avait pour elles à tout jamais les larmes et les sanglots d’une femme seule désormais et se devant d’être digne malgré la mort de son mari ou de tous ses fils. Il y avait les lettres contenant toute l’horreur de la guerre que les hommes leur taisaient (le croyant)  (« je te remercie de m’envoyer une ou deux paires de chaussettes, il fait subitement un peu froid, ne t’inquiète pas pour moi, je suis à l’abri dans une tranchée ») (Je n’aime pas lire ces lettres, elles sont trop atroce quand on sait).

Mon arrière grand mère se souvenait toujours de son coeur « explosant » quand elle avait vu arriver la délégation ne lui annonçant QUE la disparition. Elle se souvenait de son soulagement quand elle avait su qu’il était vivant, des semaines après (des semaines de quoi ?, comment pouvait-elle vivre son quotidien ?). Elle se souvenait de sa souffrance et de son choc en le voyant gueule cassée opérée par des chirurgiens défiant l’impossible (et encore il avait été relativement épargné si j’en juge par ce que j’ai pu voir comme photos des opérations pratiquées sur des  hommes atrocement mutilés, leurs chirurgiens préparant sans le savoir la chirurgie esthétique de nos jours) (et Pulchérie se demande pourquoi j’ai jeté l’oeil de verre : par respect peut-être, personne n’avait le droit de le regarder en rigolant, et pourquoi ne l’a-t-on pas enterré avec ?).

Mon arrière grand mère lui a toujours tout pardonné après. Pouvait-elle faire autrement ? La guerre lui avait pris tellement d’êtres aimés, les enfants qu’elle aurait pu avoir et qui ne naîtraient jamais plus (les chocs répétés l’avaient ménopausée précocement, ça existe). Comment pouvait-elle se réjouir UN 11 NOVEMBRE ? Et encore elle n’estimait pas avoir le droit de se plaindre : son homme était revenu : en vrac mais tout de même.

Cette photo du mariage je l’ai chez moi. Je sais qui des hommes présents ce jour là ne sont jamais revenus de l’enfer. Et c’est atroce. Ils sont si nombreux, beaux et jeunes, plein d’espoir, regardant l’avenir avec défi surtout, comme tous les jeunes, et pourquoi sont-ils morts en fin de compte ? Qui se souvient de Plinistinius Gaeus mort contre les gaulois en 50 avant JC ? Pourquoi a-t-il donné sa vie en fin de compte ? (ne cherchez pas, c’est une image…)

C’était curieux pour moi de voir ces vieilles dames pleurer sur ce jour très précis qui me semblait un jour de délivrance, et cela m’a fait voir le jour férié d’une autre manière. Oui c’était une délivrance, la fin enfin, mais qui n’effacerait jamais les deuils. Le 11  novembre c’est un hommage

Quel jour sont-ils morts ? On dit « tombé au champ d’honneur« . Ca fait plus classe, mais cela veut dire la même chose… Ils sont morts tout simplement et nous on en profite… On ne travaille pas parce qu’ils ont vécu dans la boue, la faim et le froid ou une chaleur infecte, la crasse, parce qu’ils avaient peur, des poux et des morpions, la dysenterie, pensaient à leurs proches, attendaient une permission, voyaient leurs amis se faire tuer les uns après les autres, étaient aspergés de sang et d’autres choses immondes quand l’obus tombait sur le copain, parce que quelque part un obus ou un balle les attendaient… C’est ça le 11 novembre. C’est le souvenir de ces poilus qui pensaient nous donner du meilleur pour l’avenir. Je n’oublie pas les allemands au passage qui ont donné aussi… mais pour qui ce n’est pas férié (comme quoi l’homme est con…)

Depuis longtemps le 11 novembre je pense à mes deux vieilles dames qui me manquent. Aujourd’hui encore je regarderai certainement un jour gris de toutes manières, comme si une étrange destinée avait  placé cet armistice volontairement un mois gris et pluvieux. Je me dirai que je n’ai jamais attendu MON homme, mon père, mon frère, mes amis, jamais soutenu mes amies et mes soeurs, je me dirai que je n’ai pas vécu cette attente… Et je remercierai le ciel de n’avoir pas connu cette horreur.

Je rends hommage à ceux qui m’ont précédée. Je n’arrête pas de me dire que je n’aurais pas eu leur courage… C’est très bête, mais c’est comme ça (je suis très facilement terrassée par l’angoisse). J’ai vu deux vieilles dames dignes pleurant sur l’absurdité et je n’oublierais jamais. Je pense que j’aurais été paralysée, en attente de nouvelles, incapable de vivre normalement… Nous n’avons qu’une vie et ce gâchis est à gerber, comme tant d’autres.

Et je serais contente (!) si en me lisant vous leur avez consacré une petite minute (bon OK, 5…)… (Serge Dalens avait écrit « la guerre serait un jeu merveilleux si les morts se relevaient quand elle est terminée »).

Et pour ceux qui le souhaitent, hommes ou femmes, à lire : « Les semailles et les moissons » de Troyat. Pour ceux qui n’ont pas peur « a l’Ouest rien de nouveau » (Remarke, ce livre me flanque trop le bourdon pour que je recherche l’orthographe exacte, c’est la même absurdité côté allemand). Pour les films vous avez « un long dimanche de fiançailles », « les sentiers de la gloire » et tant d’autres désormais, dont les images cruellement réalistes peuvent sembler irréelles.

Et que de temps a-t-il fallu pour évoquer enfin les sacrifiés pour rien, les mutilés volontaires, les mutineries…

Parfois, la vie est vraiment un long calvaire…

Tu ne tueras point (Lady commandement ou le retour de Maritza)

EndoraCeci n’est pas un bulletin de santé officiel…

Mais bon. J’avais donc RV avec Acromion à 12 H 30, heure à laquelle il convient en général de rajouter 3/4 d’heure d’attente minimum. En fait il prend un patient toutes les 20 minutes, et vous garde le double car il est très méticuleux…

J’étais donc partie avec un polar et toute ma patience. Quelqu’un d’autre que lui se chargerait bien de la mettre à mal (ma patience)

Pour apprendre après un examen approfondi que finalement mes tendons sont toujours bien accrochés, mais que je souffre d’une déchirure musculaire, un genre de big entorse de l’épaule quoi.

Vu l’heure de ma sortie, j’ai été faire quelques courses à Champion, pour me pointer chez mes parents, en oubliant que damned, nous sommes samedi.

Damned, car en semaine, quand j’arrive là-bas, Maritza est à l’étage en train de regarder « les feux de l’amour » et que ces rats ne diffusent pas « les feux de l’amour » le WE.

On n’est pas aidés, on ne peut compter sur personne !

Donc, elle était dans la cuisine à m’attendre, j’étais coincée…

A sa décharge, Maritza a affaire avec la médecine anglaise depuis des années et des années, ce qui n’empêche pas qu’elle connait le système français, et le système suisse (qui semble assez proche). Mais tout de même, comme elle tombe toujours de l’armoire, cela rend la conversation difficile.

  • Alors ton épaule ça va ?
  • C’est une déchirure musculaire
  • Ah bon ? Tu es sûre ? Comment il sait cela ?
  • Il le sait, il m’a fait faire des tests…
  • Ah bon ? Et c’est fiable tu crois ?
  • Oui, j’en suis même absolument sûre !
  • Ah oui c’est vrai que tu as déjà eu des problèmes avec cette épaule. Quelle horreur ! (autre grand mot de Maritza…)
  • Oui j’ai déjà fait ces tests
  • Quelle horreur… Et il te fait faire de l’électricité pour réparer tout ça ? (son grand dada depuis qu’elle connait cette méthode et celle des ultrasons pour les tendinites)
  • Non, j’ai quelques jours d’anti-inflammatoires et des antalgiques
  • Quelle horreur ! Tu ne pouvais pas exiger qu’il te fasse réparer avec de l’électricité ?
  • (Chaise électrique…) Maritza, quand c’est déchiré, c’est déchiré. Nous avons de la chance déjà que notre corps puisse se réparer contrairement à une nappe, il faut de la patience.
  • Oui et puis en fait le médecin fait ce qu’il veut. S’il ne veut pas te faire réparer à l’électricité, tu ne peux pas l’obliger…
  • Une déchirure, quelle horreur ! Et tes tendons sont toujours bien accrochés donc !
  • Pour l’instant oui
  • Comment ça pour l’instant ? Tu crois que tu vas avoir des décrochages de tendons ? Et ton épaule gauche, ça peut recommencer aussi un jour ?
  • On ne peut jamais dire jamais… (d’autant que l’on n’a jamais su ce que j’avais eu à gauche…)
  • Quelle horreur !
  • Je vais aller à la pharmacie là (elle ouvre dans 5 minutes, c’est le havre vers lequel je vais me précipiter, pourvu qu’il y ait du monde avant moi !!!)
  • Tu crois qu’ici dans ce petit village il va avoir tout ce qu’il te faut ?
  • Ben oui, ce sont des traitements classiques, je ne vais pas piller un laboratoire non plus !!!
  • Tu es sûre ? Parce que c’est une pharmacie de petit village tout de même.
  • Je suis sûre (Os à écraser sur le crâne de l’autre, car je vous ai épargné les 3/4 de la conversation)
  • Tu ne veux pas que je t’accompagne ? Au cas où tu tombe, avec ton épaule déchirée que le médecin ne veut pas raccommoder à l’électricité
  • Non pitié surtout pas c’est gentil Maritza mais franchement non, cela me fera du bien de marcher un peu toute seule, cela va me changer un peu les idées des idées de meurtre.

Retour de la pharmacie. Damned, ma mère n’est pas encore levée… Quand je le dis qu’on n’est pas aidés…

  • On reprend tout depuis le début (chaise électrique)
  • Suis-je sûre ? (fusil de chasse gentiment suggéré par une lectrice)
  • Quelle horreur ! (humérus de dinosaure)
  • Il avait bien tout pour tes médicaments ?  c’est formidable (crime gore et parfait que même pas dans les séries les plus noires, ils oseraient)
  • Tu es sûre qu’il ne te manque rien ? Tu as vérifié avec l’ordonnance ?

Fort heureusement, Mrs Bibelot enfin levée (ah tout de même !) a su habilement, après m’avoir demandé les nouvelles les plus brèves possibles (elle avait croisé mon regard assassin), détourner la conversation sur l’histoire du pistolet d’ordonnance du premier mari de Maritza, ou de son père, on ne sait plus trop.

Quand je suis partie, au début du chapitre 2, 3ème sous chapitre, Jean Poirotte prenait de l’aspirine avec, je le soupçonne, comme une trace de narcoleptique dedans…

Une question me taraude : même si Maritza a ses bons côtés qui ne sautent pas aux yeux comme un coup de pied aux fesses quand je parle d’elle, quand elle raconte sa vie je me demande COMMENT Trevor a fait pour l’épouser 2 fois

Parce que tout de même, quand je dis « quelle idée que de se remarier », au moins, j’ai l’excuse de ne pas avoir épousé deux fois le même…

Quelle horreur !!!

Alerte cyclonique !!!!

Une perturbation d’origine cyclonique a quitté la Perfide Albion au niveau de Tintagel et arrivera sur les Yvelines demain en tout début d’après midi…

Maritza arrive demain en bref. Maman a perfidement (comme l’Albion) attendu ce soir pour me demander à MOI, d’aller la chercher à la gare !!! (après avoir fait semblant de ne rien comprendre à la lettre sauf que nous non plus, nous n’avions rien compris au calendrier des dates et à la lettre, alors que Mrs Bibelot connaît Maritza par coeur…)

Ou : comment se faire couillonner dans les grandes largeurs…

A 14 H 50 le 19 octobre 2010, à la gare de ma bourgade où je dois réceptionner le colis, je serai en fâcheuse posture au volant de ma voiture qui, cette salope, va démarrer du premier coup…

Une fois de plus, je sens que cela ne va pas être triste, et que mon père depuis la confirmation (?) de la grande nouvelle, a des brûlures d’estomac…

A SUIVRE !!!!! (Forcément…, mais cela bouleverse mon plan d’édition de mes posts…)

L'anniversaire de mon "filleul" (réédition du 5 août 2009)

nouveau-neUN AN DEJA ! Et il marche, sourit toujours, et est bien plus mignon que le jour de sa naissance où il m’a flanqué la trouille de ma vie…

Seule cette introduction en « gras » n’est pas d’origine…

Je voulais vous en causer du mois d’août. L’occasion est trop belle, je vais le faire mais pas comme c’était prévu.

Dans ma cage d’escalier nous ne sommes que 3 appartements occupés sur 9. Tous les autres sont partis, même le vieux con d’en dessous.

Ne restent que mes nouveaux voisins de pallier avec leur petite Marion qui semble bien turbulente, ceux du dernier étage dont la dame devait accoucher le 19 août, et votre sorcière et son chat noir.17 H, coups de sonnette affolés. Quand on sonne dring dring dring dring, c’est soit pressé/urgent, soit quelqu’un qui pense que vous êtes sourd.

Je n’ouvre jamais sans demander de quoi qu’il s’agit. C’est le voisin, du dessus de chez madame Vampire, qui crie au secours…

J’ouvre. D’ordinaire cet homme charmant est noir, là il est gris clair…

  • Ma femme accouche, ma femme accouche ! Vous vous y connaissez en accouchement ?

Heu, je sais pousser en montrant mon kiki à 7 personnes dont un peintre égaré dans la salle d’accouchement, mais mon savoir s’arrête là.

  • Vous avez appelé les pompiers ?
  • Quels pompiers ?
  • Les pompiers… Le 18
  • Venez vite, venez vite, ma femme accouche.

Je le suis dans les escaliers.  Pendant qu’il appelle frénétiquement le 18 sa femme git sur un magnifique canapé blanc, qui apparemment ne va pas le rester longtemps. Elle souffle comme un phoque et me voit arriver telle le messie.

  • Perte des eaux il y a 1 H… contractions… 2 minutes… peux pas bouger…Faites quelque chose ! (ou est la tronçonneuse pour la césarienne ?)

Les pompiers ne peuvent pas être là avant 20/25 minutes minimum, mais ont rassuré le papa : pour un premier il faut le temps. Et puis si une voisine est là, elle va pouvoir aider, c’est bien connu, toutes les femmes s’y connaissent en accouchements.

  • « Essayez un médecin » que je dis, mal aimable, en le voyant toujours gris clair, tourner en rond, qu’on dirait Diabolos qui se prépare à se coucher

Il essaye, aucun n’est joignable, tous les répondeurs renvoient vers le même médecin qui ne peut pas être là avant 2 bonnes heures. Faudrait emmener la mère aux urgences dit-il au père de plus en plus clair. Pour qu’elle accouche dans ma voiture sans doute, son mari n’a qu’une camionnette de société…

Et là, elle précise qu’elle ne bougera pas, parce qu’elle sent que la tête est déjà fortement engagée. Elle est assise donc sur le canapé (blanc), vêtue d’un grand Tshirt, les jambes posées sur la table basse, écartées, donc je vois très bien qu’elle a gardé sa culotte et je sens qu’il va falloir la lui retirer… Elle est dans une bonne position théoriquement mais…

Je transpire. Déjà qu’il fait une chaleur pas possible.

Le père me demande s’il doit mettre de l’eau à chauffer (faut vraiment arrêter avec le coup de l’eau chaude), je lui demande d’aller chercher des serviettes de toilette propres, beaucoup, une cuvette, des ciseaux, du désinfectant, d’ôter la culotte de sa femme en la cisaillant avec une paire de ciseaux puisqu’elle ne peut pas bouger, et je vais me laver les mains dans la cuisine, en les passant au  moment du rinçage à l’eau de javel, verte de trouille : ça en fait des couleurs !!!

Pourvu qu’elle se trompe et que l’enfant attende au moins les pompiers. Mais comment on fait ? J’essaye de me souvenir du chapitre destiné à Albert « comment faire face à un accouchement inopiné » (j’en ai toujours ricané après coup) dans mon premier livre sur la grossesse, mais mes méninges se mélangent les pinceaux. En plus j’ai mal au ventre moi aussi, par solidarité sans doute.

Elle ne semble pas souffrir plus que ça cette emmerdeuse, je la vois reprendre son souffle après une sacrée contraction, et je soulève sa chemise de nuit, pour risquer un oeil. Pas l’habitude de fréquenter les femmes en leur zieutant le kiki. Je peux vous assurer que vous pouvez vous en passer, vous ne perdez rien.

Putain de bordel de merde, je vois confusément quelque chose. Elle n’a pas tort, cela doit être le haut du crâne de l’enfant ou alors elle a le kiki mal foutu. Elle pousse en plus et ça se précise. C’est bien la tête, elle va sortir, elle va sortir, je passe du désinfectant qui ne me semble pas poser de problèmes d’allergies éventuelles,  avec du coton, comme je peux, dans le secteur incriminé, en me demandant quel crime j’ai commis dans une vie antérieure, pour mériter cela.

Un grand boum derrière moi, c’est le mari qui n’est même plus gris qui vient de tomber dans les pommes… Heureusement j’ai toutes les serviettes de toilette de la maison à ma portée, je les dispose un peu partout, et je me demande comment procéder, quand tout à coup après un grand coup de « poussez madame » que même pas j’aurais osé dire, la tête sort complètement, et du sang aussi, du sang partout, maman j’ai peur.

Au même moment l’interphone sonne, enfin les pompiers, et l’autre par terre qui est incapable d’aller ouvrir la porte d’entrée et de préciser qui il est (à mon avis il ne le sait plus, j’aurais dû me méfier quand il m’a dit « quels pompiers »).

Le choix est cornélien. La tête est sortie, théoriquement je devrais tirer dessus (pourquoi est-ce lui et non pas moi qui est dans les pommes ?). Et si je lui arrachais la tête (au BB)  ? je serais inculpée d’infanticide volontaire.

Je sais tout de même, qu’à la prochaine contraction, si elle continue à pousser avec cette ardeur, l’enfant va sortir totalement même si on ne tire pas la tête.

Et tomber par terre si je suis en train d’ouvrir aux pompiers.

Je choisis l’option « je tiens la tête, mais je ne tire pas », et la mère me précise « allez leur ouvrir, je vais tenter de me retenir »… T’en foutrais moi, quand on accouche en quasi moins d’une heure, tu parles qu’elle va se retenir…

5 secondes pour ouvrir aux pompiers en glapissant « dernier étage à gauche en sortant de l’ascenseur », et voici le chiard qui sort et que je récupère. C’est gluant, c’est plein de sang, c’est merveilleux.

Je pose l’enfant sur le ventre de sa mère. Couper le cordon, plutôt mourir, d’ailleurs on ne sait jamais, s’il avait des problèmes respiratoires… Mais non, il ne crie pas mais sa petite cage thoracique bouge un peu. Il commence sa respiration doucement.

Les pompiers débarquent donc. Deux pour s’occuper du père (toujours dans les pommes), le médecin qui coupe le cordon, enveloppe l’enfant (un garçon) dans un linge stérile, avant de procéder à la délivrance (j’avais bien fait de prévoir une cuvette).

Moi j’ai la bloblotte, je pleure. D’émotion (une naissance même de petit chat, me fait pleurer), et de peur rétrospective : et si… et si… et si…

Il y a donc une pompière qui s’occupe aussi de moi, le médecin qui me félicite après s’être occupé de la mère que l’on va embarquer avec son môme à la maternité la plus proche et qui m’a embrassée de reconnaissance et demandé si je voulais bien être la marraine. Le père reprend conscience, apparemment il ne s’est pas blessé, mais il va faire un petit passage aux urgences (je peux certifier qu’il ne s’est cogné la tête sur rien).

Il a suffisamment reprit ses esprits pour me proposer un coup à boire.

Je déteste le cognac, 17 H 25 c’est un peu tôt pour l’apéro, mais j’ai bu mon verre de cognac sous l’oeil hilare du médecin (qui m’avait demandé si je devais ou non conduire) et je suis redescendue chez moi escortée, pour réaliser qu’heureusement j’étais en train de bloguer avec un très très long Tshirt, parce que moi, j’étais totalement sans culotte…

Moralité : copulation en novembre à proscrire car = accouchement en août, au moment où la France semble être rescapée d’une attaque nucléaire ou d’un sale virus. Je ne critique pas les pompiers qui étaient déjà sur un accouchement de jumeaux prématurés, mais ne pouvoir trouver personne pour aider, franchement, faut pas charrier…

Et autre moralité : le canapé en tissu blanc c’est à proscrire si vous souhaitez vous reproduire…

Encore autre moralité : comme me l’a dit le père avant de perdre son si peu : ne pas trop se fier aux dates soi-disant exactes à la minute près… Car la dernière fois que j’avais croisé la mère, elle ressemblait réellement à une montgolfière en pleine ascension et que j’avais du mal à croire qu’elle tiendrait encore 15 jours…

MAIS : la vie n‘est qu’un long calvaire

Le mariage de Pulchérie : Les photos !!!

femme-horrifiee

HIIIIII, quelle horreur !

Ah, ça n’est que moi…

Ah, c’est moi 🙁

Si j’ai parlé du martyre de la photo d’identité, ce n’est pas sans raison.

En effet, pendant le mariage de Pulchérie, la photographe a mitraillé énormément, ainsi que Anne So et d’autres d’ailleurs. J’ai tout fait pour éviter le clic fatal, mais vous pensez bien qu’en tant que mère de la mariée, j’étais carrément cuite…

Je suis tout, sauf photogénique et je craignais donc le pire, quand Pulchérie sous le sceau du secret, m’a transmis les coordonnées du site sur lequel je pourrais découvrir les photos de Marianne Taylor.

Je craignais le pire.

J’avais tort.

En ce qui me concerne personnellement moi je, c’était au delà du pire : en fait il n’y a pas de mot pour ça.

Ca démarrait gentiment le visionnage des photos : la maison de mes parents sous toutes les coutures, la coiffure de la mariée, les deux soeurs en train de se maquiller, Delphine en train de rectifier la barbe de gendre n° 2 (n’a pas le droit au majuscule, il vit dans le péché avec ma toute petite, et ça ne se pardonne pas !-))

Et puis tout à coup « c’est moi ça ? » qui m’a flingué le moral pour plusieurs jours.

C’était moi ça, avec un air que plus ahurie tu meurs, pendant que tatie chérie me donnait un dernier coup de peigne.

Le regard de la femme traquée par le photographe (j’ai dit « ahurie »), un double menton deux fois plus volumineux que dans ma glace de salle de bain (qui serait donc, trop indulgente).

D’ailleurs en ce qui concerne ma glace de salle de bain, elle est aussi indulgente concernant les rides. Sur la photo j’en ai une quantité incroyable. Une seule solution dans mon cas : la crème la plus chère possible, même si elle est radioactive. Un lifting complet serait peut-être à envisager. Et encore, cela sera-t-il suffisant ? Et où trouver le fric ?

Le martyr a continué, à chaque fois que je me suis vue en photo, j’ai retenu mon souffle.

Mon meilleur profil ? C’est quand on me prend de dos.

Si c’est dans le noir d’ailleurs, c’est encore mieux…

D’ailleurs l’objectif rajoute du poids superflu : en plus d’être moche (et vieille, avec l’oeil torve et le cheveu plat sur le dessus du crâne) je suis grosse. Ma balance aussi est indulgente (mais formelle)…

On peut dire que l’objectif rajoute du poids, cela n’empêche pas les autres d’êtres toutes belles, et minces, et tout et tout !

Le visionnage des photos m’a donc déclenché une crise de cafard terrible, d’autant que Delphine m’a précisé que sur une ou deux (mais pas plus), je suis très bien !

Comme je vous le disais dans mon post précédent, si sur une ou deux photos je suis très bien, qu’est-ce que c’est quand je suis très moche ? (en fait ce sont les autres photos)… Donc, je suis très moche…

Mrs Bibelot a pris des photos l’an passé à la Grande Motte. Sur une, je me trouve « assez bien ». D’où le dialogue :

  • Ah tiens, pour une fois je ne suis pas trop loupée en photo
  • Fais voir ? Oh c’est sombre !
  • Oui justement…

Justement, c’est pour cela que j’étais bien…

Les négociations de diffusion des photos avec Pulchérie vont être difficiles, je le sens bien !

La vie n’est qu’un long calvaire !!!!

PS : ceci avec une photographe talentueuse, alors je ne vous dis pas quand c’est ma nièce de 11 ans bientôt qui fait « clic »…

PPS : seul avantage : quand j’ai commencé à regarder les photos j’avais un hoquet qui persistait depuis 2 heures, quand j’ai vu ma tronche il est passé tout seul…

Le long martyre de la photo d'identité…

Simone_02Sur cette photo : la maman de Jean Poirotte, autrement dit ma grand mère paternelle.

Vous pensez bien que s’il s’agissait de moi, cette photo figurerait régulièrement sur mon blog et même ailleurs…

Zolie vous ne trouvez pas ? Elle l’était effectivement, et même plus que jolie. Mais elle n’était pas folle elle, elle allait se faire photographier chez un photographe professionnel qui coûtait moins cher qu’on ne croit et lui tirait 50 exemplaires de ses nombreux portraits (tout le monde en a, dont moi 15 à tous les âges, elle est toujours sublime).

Mon autre grand mère faisait comme elle, et un jour je vous la montrerai : impossible de me reconnaître dans la rue avec les photos de mes grands mères : l’hérédité n’est qu’un long calvaire et mon incognito assuré (surtout quand on sait que Delphine tiendrait plutôt de la photo et que je ne vois pas pourquoi cela saute 2 générations, même si je suis heureuse d’avoir des filles ravissantes (Pulchérie tient de l’autre grand mère…).

De nos jours il est fréquent que l’on ait besoin d’une photographie dite « d’identité » (pas comme ici), et là le parcours du combattant commence, car il est exceptionnel que l’on s’adore via ce biais.

Déjà en règle générale, on se trouve moche, donc on s’adooooore tout particulièrement en photo, surtout quand le bon copain qui fait « clic »  choisit le moment où l’on ferme les yeux en disant « bof » avec une grimace, un verre de beaujolpif à la main. C’est divin.

Donc, il faut une photographie qui nous ressemble, respecte les règles strictes imposées (ne pas sourire, etc…) et ne fasse pas peur au douanier ce qui est primordial (mais difficile) pour éviter la fouille… de nos bagages. Une qui ne fasse pas douter le flic qui contemple notre permis de conduire d’un air dubitatif, et contente l’ambassade des USA qui essaye de dépister les terroristes avant de délivrer un visa (en plus la photo est fichée et fera le tour du monde).

On teste la cabine automatique. Généralement quand je récupère les clichés (on a le choix entre 3 prises et on se trompe toujours), je me retrouve rousse alors que je suis blonde, ce n’est plus de vagues cernes que j’ai sous les yeux mais carrément des lunettes, et j’ai le nez en biais alors qu’après vérification il est normal (il faut bien que quelque chose soit normal chez moi). Je déprime donc à mort.

La dernière fois que j’ai été obligée d’aller me faire tirer le portrait en 12 exemplaires, un rat italien m’avait chourré  à Rome tous mes papiers avec le portefeuille qui allait avec et  donc le fric qu’il y avait dedans.  J’étais donc de fort bonne humeur. Contrainte et forcée de me faire refaire : carte d’identité, permis de conduire et passeport. Direction la cabine automatique. J’en suis ressortie avec la bave aux lèvres en déchirant les clichés pour que personne ne les mette dans une sordide collection, et j’ai filé droit chez le photographe.

Une femme en sortait avec la mine d’un abominable tueur psychopathe , et j’aurais dû me méfier car elle n’avait pas l’air d’être en train d’accoucher. Et le photographe n’a pas fait dans la dentelle, a essayé de me refourguer de la couleur à quoi j’ai dit non avec fermeté, m’a demandé de baisser la tête, m’a fait le fond d’oeil et m’a tendu 15 minutes après de quoi rameuter à mes trousses tous les flics de France et de Navarre, Interpool, le FBI et la CIA  + la mafia bretonne, en me précisant « vous êtes particulièrement réussie« .

Si cette chose là, sur les 12 carrés c’était moi particulièrement réussie, je n’avais plus qu’à aller m’ouvrir les veines ou aller tuer quelqu’un, comme la femme que j’avais croisée, et que j’aurais dû interroger avant de m’enfuir pour devenir une sans papiers. Mais comme j’étais particulièrement réussie, je n’ai pas osé retenter un autre tirage : de peur que je ne sois ratée au deuxième essai.

Avant… Il y a très longtemps, les photographes faisaient poser avec ou sans sourire, recherchaient le meilleur profil, choisissait le fond adapté à leur modèle et même pour l’identité, ils faisaient du joli (j’étais ravissante sur mon permis qui circule en Italie, mais bon j’avais 20 ans tout en n’étant pas plus photogénique qu’aujourd’hui). Maintenant ils vous font asseoir devant 12 personnes qui attendent, font clac et vous tendent de quoi faire un serial killer de plus. C’est donc à la mochitude absolue que je ressemble sur tous mes papiers d’identité. Manquerait plus que le fisc nous demande notre photographie, je ne vous cause pas des 50 % qu’on se prendrait en pénalités, pour avoir essayé de traumatiser un honnête fonctionnaire…

La vie n’est qu’un long calvaire.

(Réédition d’un post du 5 septembre 2006, qui a ses raisons d’être réédité)…

Le mariage de Pulchérie : rangement…

mariage-copier1Les jeunes mariés devaient impérativement rentrer chez eux le mardi 29 au soir, travaillant tous les deux le lendemain.

Le lundi, l’ampleur de la tâche était = un travail de romains. Pire que les préparatifs qui s’étaient tout de même étalés dans le temps, sauf les deux jours avant le jour J. Je n’étais pas dans une forme olympique (je découvrirai le lendemain matin que j’avais oublié mon comprimé contre l’hypertension), mais il y avait les tentes de réception à démonter et à ranger dans leurs cartons, les bouteilles à rassembler pour la récupération, les chaises à rassembler, et j’en passe. Le « yapuka » et bien, c’était « enkoretoutça » !

Quelques poubelles à rassembler et à fermer correctement en pensant « voyages à la déchetterie : minimum 3 ». La voiture de papa et sa remorque seraient à nouveau réquisitionnées…

Le lundi soir, nous étions tous crevés, et le fort grand séjour salon de mes parents, à nouveau totalement encombré. Il avait fallu rendre bancs, tables et tréteaux à qui de droit, et en particulier à des voisins de mes parents, qui avaient prêté largement du matériel, et offert leur maison en leur absence si nous voulions y faire dormir du monde.

Je dis « chapeau » à ces gens qui ont donné leur clef en toute confiance, à des personnes qu’ils connaissaient à peine. Pulchérie et MON GENDRE avait trié sur le volet les personnes qui pourraient bénéficier du maximum de confort (la maison de mes parents était pleine à craquer).

A charge de revanche, pour ces personnes qui reçoivent beaucoup, les tentes leur seront prêtées en cas de besoin, cet arrangement satisfaisant tout le monde.

Lundi soir donc : dernier barbecue, avec pour le lendemain, le tri du « à donner » ou pas. La simple idée de remettre les pieds dans le petit bois défrisait tout le monde, même moi qui frise un cran par mètre… Les chaises avaient été rassemblées sous une bâche ou reprises par leurs propriétaires. Restait à démonter les tentes restant sur le camping (la mienne et celle de mon ex beau frère), mais personne n’a eu le courage de le faire.

Le mardi, j’ai pratiqué une occupation qui avait été souvent la mienne pendant la préparation du mariage : attendre…

Les deux mariés ont donc trié à n’en plus finir. Un voyage était prévu sur Paris avec le break de papa pour remporter ce qu’ils souhaitaient garder et les deux chats en villégiature à la campagne depuis le mercredi soir.

Ils avaient prévu de partir vers midi, ils le firent, exténués à 14 H 45, le break de papa plein à craquer…

Après leur retour, yavépluka les emmener à la gare afin qu’ils rentrent s’écrouler chez eux.

J’avais compté un peu : tant pour aller à Paris, tant pour vider la voiture et rendre le studio utilisable, tant pour revenir…

Voyant l’heure tourner, je me suis dit que j’allais les emmener au RER de Saint Rémy lès Chevreuse qui les mène en bas de chez eux, et non pas à la gare, car le trajet train + métro prend 45 minutes de plus.

Pour moi c’est quasi une heure aller et retour, mais je pouvais bien faire cela pour eux.

Quand Pulchérie m’a téléphoné d’une voie épuisée, vers 17 H, que ça y’est, ils étaient sur le chemin du retour, elle a pris mon annonce avec une joie non dissimulée : « oh maman, c’est super gentil ». Qui a dit que j’étais méchante ? Cela me semblait normal, je n’avais pas pu donner toute l’aide que je voulais, en maudissant souvent mon dos et mes articulations de merde (merci les parents !).

J’avais par contre beaucoup attendu et véhiculé avant le mariage, la fête vraiment finie je trouvais normal d’être à leur disposition pour le voyage de retour.

Comme je les conduisais vers le RER (25 minutes de route environ), ma fille, fine mouche, me déclara :

  • « Maman tu ne vas pas déprimer maintenant que tout est terminé hein ? (comme elle me connait bien). Et puis tu vas venir plus souvent nous voir à Paris, pas de problèmes pour te coucher.
  • « Et puis tu as promis à Katia et Deedee un thé entre « filles », alors, pas de cafard hein maman ?

MON GENDRE était bien d’accord, et je les ai débarqués devant le RER, heureuse de leur trajet « direct », leur économisant du temps.

Bisous « reposez-vous mes chéris », et départ, vers chez moi.

Où j’ai pleuré comme une fontaine car je n’avais rien promis du tout. La fête, préparée pendant 9 mois  était vraiment finie…

Elle restera dans les annales c’est certain, la minutie, la maniaquerie, l’imagination, le « sortant du commun » ayant payé pour que tout soit parfait, et une bonne fée ayant donnée la météo qu’il fallait, pendant les jours qui convenaient…

Et c’est parce que c’était parfait, que nous avons été nombreux après coup, à cafarder  sur le temps qui n’avait pas suspendu son vol, pour nous faire profiter un peu plus de ce qui était féérie réelle…