Anniversaire…

Le 6 juin 2006 j’ai débuté mon blog pauvrement, un lundi de pentecôte où j’étais allée bosser. L’année dernière, j’ai fêté ma première année avec quelque surprise (car je ne pensais pas tenir aussi longtemps), en même temps que l’anniversaire du débarquement.

C’est toujours l’anniversaire du débarquement, date qui s’éloigne de plus en plus dans le passé, alors que c’était très proche quand j’étais gamine. Cette année j’irai rendre hommage à tous ceux qui l’ont vécu, et qui sont partis, et je regarderai certainement un film ou documentaire sur cet extraordinaire évènement. N’ayant pas terminé de parler de cette fichue guerre, je ne voulais pas faire de redite cette année.

Mais c’est aussi l’anniversaire de mon blog. 2 ans déjà. L’année dernière je ne savais pas que je fêterais cet anniversaire dans un vrai chez moi offert par mes filles. Cette année écoulée a été riche en bonnes et mauvaises surprises.

Cette année écoulée m’a vue perdre mon travail, mais avec ici même, une solidarité extraordinaire, un soutien auquel je ne pensais pas. J’ai vu mes parents fêter leurs 50 ans de mariage, j’ai fêté mon demi siècle avec toujours beaucoup de messages ici, j’ai rencontré enfin des bloggeuses amies ce qui conforte dans l’idée que le blog, c’est bien ! Mes filles égales à elles-mêmes vont bien et c’est un plaisir de chaque jour de les voir s’épanouir dans la vie.

Alors j’entame ma troisième année de blog en me disant que j’ai été très bien inspirée de découvrir celui de ma méchante et de créer le mien.

Bien évidemment, ce blog ne serait rien sans ses lecteurs. Alors merci à tous et à l’année prochaine, je l’espère, en touchant du bois et en croisant les doigts, ça ne mange pas de pain !

A demain, si vous le voulez bien !

Un joyeux bon anniversaire !

En fait la chanson qui me trottait dans la tête c’était « un joyeux non anniversaire – à moi ? à Vous ! » dixit le chapelier toqué de Alice au Pays des merveilles.

Il flottait dans l’air du temps comme une déprime annoncée, comme une décennie à fêter, et j’avais dit NON ! Cette année je resterais chez moi, à me morfondre devant l’injustice du temps qui passe, devant la rigueur de l’année écoulée, devant l’injustice de trop d’injustices. Chez moi je prendrais les bonnes décisions, je ferais les bons choix, je réorganiserais enfin après tant de mois, ma disposition, je pousserais les meubles et mettrais du net et du joli dans ma vie… après ce jour morne.

Il flottait dans l’air du temps comme une conspiration qui s’annonçait, via des chuchotements que mon oreille encore jeune pouvait percevoir. Il flottait dans l’air du temps que je n’étais pas paranoïaque et tout à coup cette certitude qu’allait venir une surprise cette fois-ci non annoncée.

Il flottait dans l’air du temps mes deux bébés trop grandes filles maintenant qui ne voulaient pas laisser leur maman se morfondre un si beau jour de mai, le même que celui qui l’avait vue mettre le nez dehors.

Cela a été des « psitt Delphine ! » de Mrs Bibelot, alors que je montais l’escalier et ne pouvait percevoir que ce « psitt ! » un peu louche. Cela a été Delphine et ma soeur chuchotant un peu alors que je revenais de me laver les mains. Cela a été mes articles de Canalblog passés en archives et Pulchérie même pas inquiète me disant qu’en une semaine ce serait résolu. D’ailleurs une copine à elle que je connais avait eu les mêmes soucis, je pouvais la contacter pour qu’elle me rassure. Cela a donc été une blogueuse prête à faire un gros mensonge par mail pour éteindre mes craintes puis fugitifs soupçons.

Cela a été comme une oreille qui frise un peu, une intuition générée par peut-être trop de sensibilité depuis quelques mois. Comme un baume sur le coeur, et l’envie de me laisser porter jusqu’au jour J.

Cela a été ma mère me programmant une jolie sortie pour le jour de mon anniversaire, un beau château à visiter, un restaurant à savourer, et que si que j’allais dormir chez mes parents la veille pour être certaine d’être bien réveillée à l’heure ?

On m’éloignait de chez moi, je le sentais bien, mais je ne savais pas pourquoi. Pour que je ne mette pas pendant un petit temps un oeil sur Internet ? Pour…

Cela a été meilleure amie m’annonçant sa venue pour le dimanche 11, m’intriguant quelque peu mais sans plus. Ma soeur proclamant que le samedi et le dimanche elle pioncerait, marre de cette vie de fou, trop de sorties. Cela a été Delphine hésitant à venir pour mon anniversaire et Pulchérie qui ne savait pas si elle pourrait.

Et voici donc votre sorcière débarquant chez ses parents le jeudi 8 mai. A-t-elle oublié quelque chose ? Ses médocs ? Sa chemise de nuit ? « tu es tellement distraite ma chérie ! » (moi ????). Sorcière cogitant un peu. Surprise pour le samedi ou le dimanche ? Et si c’était mieux de ne pas savoir ? Si c’est samedi ou dimanche, pourquoi m’occuper un peu trop la veille et le jour J ?

Et voici son père à 19 H alors qu’elle revient de Fontainebleau, la sommant d’aller très vite chez elle. Il y a urgence mais pas grave.

Cadeaux ! Me voici chez moi un peu stupéfaite, après avoir cogité à mort pendant le court trajet.

Delphine radieuse mais si mais si, qui a tout déménagé pour que cela soit comme dans mes rêves, ayant eu des idées comme je n’en avais pas eues, et qui s’est coltiné un travail de déménageur vu les bibliothèques, la vaisselle et le reste dont une bonnetière qui pèse un âne mort. C’est tout joli chez moi, à revivre. Et fugitivement je songe à ce à quoi je n’avais pas pensé pour que cela soit ainsi. On se bloque sur des idées toutes faites, on n’imagine pas un meuble dans une autre pièce et pourtant cela change tout !

Pulchérie radieuse me transportant maintenant dans mon univers virtuel. Mon blog est tout beau tout neuf, et je sais quel travail cela lui a donné. Je suis vraiment chez moi partout maintenant, même si je vais chercher quelques affaires et quelques clics pendant plusieurs jours. Les messieurs des demoiselles sont hilares : l’un a remis de l’ordre dans mon ordi saccagé par Charles Hubert avec ses programmes pirates, l’autre se penche sur mon téléphone et les connexions TV.

Et puis la surprise du vendredi, alors que j’avais fugitivement pensé à une petite fête le samedi ou le dimanche : tous ceux que j’aime pour le soir même, dans un jardin fleurant bon les fleurs de printemps, au son des oiseaux aussi contents que moi. Une merveilleuse soirée étouffant la tristesse des derniers mois, des cadeaux choisis avec soin, un vrai anniversaire enfin !

Et ici, connus ou inconnus, venus me souhaiter cet anniversaire que j’imaginais si triste. A vous tous merci du fond du coeur !!!! Ainsi qu’à ceux que je vois peu mais auxquels je pense parce qu’ils sont loin, et qui m’ont adressé tous leurs voeux ce jour là via les mails dont on peut apprécier l’existence.

Merci mes filles pour l’organisation, les idées, la synchronisation, la logistique, ces beaux cadeaux, et tout l’amour de tous. Merci pour la peine que vous vous êtes donnée sans rechigner. Merci de m’avoir donné l’occasion de reprendre de l’énergie et du courage.

Merci à tous ceux qui ont fait de cette journée, une de celle que je ne pourrais jamais oublier.

Bon Anniversaire Gentille Sorcière !!

Voilou, c’est un de mes cadeaux d’anniversaire cette année, un blog tout neuf, sans pop up casino, chat coquin et autre, et sans feuille de style horrible canalblog, j’espère que tu apprécieras 🙂

Après avoir rapatrié toutes les archives de ton ancien blog, en passant manuellement en brouillon chacun de tes 600 et quelques posts (manip insupportable, j’ai mis 5 heures), j’ai bien cru que tu allais avoir une attaque en constatant qu’il te manquait des archives. J’espère que tu ne m’en voudras pas trop, mais rassures toi, tous tes billets sont bien au chaud ici, protégés, et enregistrés en backup 🙂

Et puis je crois que là, il y a des gens qui ont quelque chose à te dire dans les commentaires… Bon anniversaire ma p’tite mouthe.

Signé : ta méchante 😉

Mai 1968 Bis…

Demain 3 mai 2008, il y aura 40 ans que tout a commencé.

Comme on va nous rebattre les oreilles avec mai 1968 qui a 40 ans (quelle rhorreur que ces 40 ans !), je vous mets juste un petit lien sur le post que j’ai déjà édité sur le sujet. Pour le côté politique et social il y a des gens plus doués que moi pour vous en parler.

Mes souvenirs de petite fille de 10 ans sont donc .

Et je précise que si nous dinions à la bougie, c’est bien parce que l’heure d’été n’avait pas encore été inventée. Et NA !

Une sorcière têtue…

29 avril 1945

Alphonsine_accoucheMalgré les soucis qui sont les siens, elle s’est levée tôt Alphonsine. Toutes les femmes de la famille en ont fait autant : Mrs Tricot, Mrs Morgan, Tante Hortense, mon arrière grand-mère, les autres. Toutes étaient debout dès le petit matin.

Alphonsine, Mrs Tricot et Mrs Morgan, se sont fait un shampoing et une petite mise en pli. Pas les plus âgées pour qui le shampoing c’est une fois l’an.

Elles ont mis du temps à choisir leur toilette, réfléchi à deux fois pour la jupe machin, ou la jupe truc (pas de pantalon à l’époque), le caraco à porter sous le chemisier le plus joli. Elles ont parfois ressorti le plus jolie col de dentelle sur lequelle elles ont passé des heures quand leur mère leur apprenait le point d’Alençon ou le point de Venise.

Elles ont mis du parfum ou de l’eau de cologne. Pour les plus jeunes : poudre de riz, eye liner et mascara en cake… Elles se sont faites toutes belles, sous le regard parfois narquois de leur époux, quand époux il y avait.

Elles se sont retrouvées dehors avec plein de femmes s’étant roulées dans leur commode comme elles. Elles se sont souvenues ensemble des heures noires, des disparues, de celles qui avaient sacrifié leur vie pour l’avenir. Elles se sont souvenues ensemble de l’autre guerre, où il s’en était tant passé.

Pour se retrouver, quasi les premières devant la mairie où le bureau de vote allait ouvrir.

29 avril 1945 : pour la première fois, les françaises vont voter, il n’en manque pas une !

Très en retard sur d’autres femmes, dont les turques et les tunisiennes (entre autres, je vous passe la liste). Certains partis, surtout de gauche avaient rejeté ce droit de vote des femmes, sous des prétextes idiots : elles voteraient pour le prestige de l’uniforme, en écoutant la voix du curé… Ceci a été démenti dès le premier scrutin. Mais bon, les femmes étaient forcément très bêtes à les écouter, même si elles avaient pris la relève en 14/18, ou s’étaient sacrifiées peu de temps auparavant, ayant le droit de torture et de mort, mais pas celui de vote…

Je me souviens de leur toujours émotion à mon arrière grand-mère, et à tante Hortense, quand elles allaient voter. Même émotion pour la génération suivante d’ailleurs. Pour rien au monde elles n’auraient râté un scrutin. C’était tout une cérémonie.  L’abstentionnisme d’aujourd’hui leur flanquerait de l’urticaire…

Elles savaient, toutes ces femmes, ce que cela représente que le droit de s’exprimer…

Il ne m'énervera plus…

Tout était en place pour une tragédie antique. Je venais de me cogner mon emménagement chez moi, les cartons de chez mes parents à mon chez moi (enfin chez soi !), la sortie des meubles du garde meuble, un chantier inqualifiable pendant 3 semaines, à continuer à dormir chez mes parents avec les filles, pendant 2 semaines.

Filles parties chez leur père, l’homme m’annonce que le samedi soir nous sommes invités chez Philippe et Irène. Ils habitent Paris, je dormirai donc chez lui, à la Garenne Colombes. Il m’attends vers 19 H, vu les embouteillages sur le périf, et qu’Irène nous attend vers 20 H, ce qu’elle me confirme.

Toujours pas de portable à l’époque.

  • Evidemment je suis en bas de chez lui à 18 H 55

  • Je sonne : personne

  • Je retourne dans ma voiture et commence à attendre

  • 19 H 55 : je file à la cabine téléphonique et j’appelle mes parents pour savoir s’il n’a pas téléphoné. Comme je ne suis pas chez moi, le relais c’est forcément eux.

  • Jean-Poirotte me confirme qu’il n’a pas téléphoné.

  • Je lui donne jusqu’à 19 H 30 pour arriver, faute de quoi je m’en vais. Là, ça sent vraiment le roussi.

  • Lâchement maintenant je lui donne jusqu’à 20 H

  • 20 H 15, alors que je fais ma marche arrière, il arrive. Il était chez sa mère comme d’habitude, et n’a pas vu le temps passer. On ne part pas direct il a sa douche à prendre

  • 20 H 30 : il a réussi à décoincer le robinet de la salle de bain

  • 20 H 45 il sort de la douche

  • 21 H : il est fin prêt et moi au bord de l’explosion.

  • De 21 H à 22 H : périf bouché

  • 22 H : il prend son temps pour se garer. Moi je meurs de faim et de honte pour ce retard inexcusable. Il traîne la patte derrière moi, et je lui intime de se dépêcher car je suis au bord du malaise

  • 22 H 02 : l’inconscient me rétorque « oh moi ça va j’ai mangé une escalope à la crème et des frites chez ma mère » (pendant que je l’attendais, c’est simple, je le hais)

  • 22 H 05 : il a perdu le code de la porte d’entrée de nos hôtes, il faut qu’il trouve une cabine.

  • 22 H 15, je m’avachis épuisée de faim, de rage et de fatigue (les cartons, je les sens encore) devant un appéritif.

  • 3 H : nous arrivons devant chez lui. Je descend de voiture

  • Je suis tellement fatiguée que j’hésite : mais là trop c’est trop, je ne passerai pas une nuit de plus à côté de ce crétin abruti bouffeur d’escalope (même à la crème)

  • Je monte dignement (si) dans ma voiture sous son regard stupéfait. Je le revois encore, la bouche ouverte comme un poisson hors de l’eau depuis 15 secondes

  • Je démarre. Il a le bon goût tout de même de s’écarter pour que je fasse ma manoeuvre sans lui écraser les pieds (j’en étais capable)

  • Je rentre chez moi, pour m’écrouler dans mon lit.

A partir du lendemain, le téléphone n’arrêta pas de sonner… Epuisée à nouveau (il appelait toutes les heures, nuit et jour) j’ai fini par décrocher, lui dire le fond de ma pensée, que tout était terminé. Il me suggéra qu’il pouvait se jeter de son 15ème étage. J’ai répondu « c’est cela, saute ! » et je n’ai pas raccroché le téléphone.

Le lendemain, je passais en liste rouge (bien la peine d’avoir mémorisé mon numéro).
Le surlendemain je recevais une lettre de 10 pages. Oui : 10. J’ai à peine lu « je t’aime », j’ai entamé la liste de tous mes défauts et de ses qualités, et puis à la 2ème page, j’ai été tout benner dans le vide ordure.

Crétin !!!

J’allais oublier : la vie n’est qu’un long calvaire parsemée ça et là de retardataires…

L'évolution sans Darwin…

  • 1 jour : OUIINNNNNN ! OUIINNNNNN !
  • 1 mois : OUIINNNNNN !
  • 1 an : a gatiou a plou ! (coup dans la cuillère)
  • 2 ans : pas dodo, pas dodo
  • 3 ans, z’vais à l’école à la rentrée, pas dodo, pas dodo
  • 4 ans : pas l’école auzourd’hui ! pas dodo, pas dodo
  • 5 ans : z’aime plus zoël, ze préfère gaspard, pas dodo, pas dodo
  • 6 ans : je vais à la grande école à la rentrée, pas dodo, pas dodo
  • 7 ans : la maitresse est nulle, j’fais dodo ce matin
  • 8 ans : je n’ai pas de devoirs à faire, j’ai besoin de faire dodo
  • 9 ans : il me faut absolumment une console Truc
  • 10 ans : mamannnnnn ! j’ai les seins qui poussent ! Non, je n’ai pas sommeil.
  • 11 ans : me v’là en sixième, on passe son temps à passer de petit à grand, pour retourner chez les petits, j’en ai marre ! Ca me rend insomniaque
  • 12 ans : les profs sont tous des cons, ça me flanque la migraine, du coup je vais me coucher
  • 13 ans : tu peux me rendre la télécommande de la console truc ? Comment ça ? ça empêche de dormir ? RIEN ne m’empêche de dormir.
  • 14 ans : ma rupture avec Thomas m’a ruinée, tu n’as pas un somnifère à me refiler ?
  • 15 ans : ma soeur m’emmerde, c’est trop con à 12 ans.
  • 16 ans : je suis assez grande pour savoir ce que je fais, j’éteins quand je veux
  • 17 ans : comment ça « debout ! », il est à peine midi…
  • 18 ans : j’suis majeure et libre de te dire merde, mais non j’rigole !
  • 19 ans : dis, éventuellement, je peux rester jusqu’à 30 ans ?
  • 20 ans : comment ça « debout ! » il est à peine 14 heures !
  • 21 ans : dormir, tu plaisante, j’ai mes examens dans 3 semaines
  • 22 ans : tchao p’tite maman, j’file à Paris, j’ai trouvé une chambre de bonne. Au fait je t’emprunte temporairement tes tourne-vis (et je te pique ta pince à épiler)
  • 23 ans : ouiiiii je saiiiiis qu’il est 3 heures du matinnnnn, mais j’ai trop de chagrin fauuuut que je te paaaarle ! SNIF !
  • 24 ans : j’fais des insomnies, tu fais quoi dans ces cas là ?
  • 25 ans : tu te rends compte mamannnnn, je viens de passer le quart de siècle. Arrête de rigoler ce n’est pas drôle.
  • 49 ans : allooooo mamannnn, Truchon m’a virééeeee, je n’ai plus qu’à mouriiiiiir !

En fait on en prend pour perpète, et en plus on est innocent…

Trop tard pour lui…

Garfunkel_2C’était le médecin du village. Il était juif et ne savait pas que c’était un crime. Il exerçait depuis un petit moment, habitant au dessus de son cabinet avec sa petite famille : une femme et le choix du roi. Ils espéraient une petite fille de plus pour 1944.

Et puis la tempête nazie est arrivée jusque là. Personne pour les dénoncer : sans penser à mal, ils avaient adopté l’étoile jaune, comme c’était « prescrit ». Personne n’imaginait ce qu’il pouvait bien se passer et pourquoi il fallait tant les reconnaître.

Le premier embarquement cela a été la femme enceinte et ses deux enfants. Ils ont attendu le retour du médecin qui venait de pratiquer un accouchement difficile en sauvant la femme et l’enfant, et il est parti à son tour.

Ce qu’ils ont connu, nous le savons aujourd’hui, même si certains minimisent ou refusent l’évidence. Cela a été les wagons plombés, la soif, la faim, la chaleur ou le froid suivant la période. S’éclaboussant de merde et d’urine, serrés à mort les uns contre les autres en suffoquant, des hommes et des femmes cessaient d’être humains pour ne devenir que des nombres, que des ombres. Certaines femmes qualifiées de barbares parce que juives ont préféré étrangler leurs enfants plutôt que les voir mourir à petit feu sans à manger, et sans rien à boire dans ces wagons qui n’en finissaient pas de rouler. Mes filles sont grandes, une puissance suprème m’a épargné d’avoir à choisir entre les tuer tout de suite ou attendre. Lâchement, enfant, je me disais que je n’étais pas juive… Cela me rassurait sur ce passé si proche.

La date de l’assassinat est connue parce qu’il a eu lieu dès l’arrivée dans ce camp maudit. Il l’a su et compris trop tard… Lui était un homme valide, et médecin qui plus est. Juif ou non, c’était précieux et utile. Sa femme enceinte et les deux enfants ont filé direct vers la chambre à gaz et les crématoires. Il ne voulait pas y croire. Il refusait d’y croire. Il se répétait que les allemands étaient civilisés. Il l’a écrit, il a laissé des traces de ses pensées.

Presque 2 ans dans ce camp dit « de la mort ». Sans doute a-t-il pu survivre tout ce temps car il était médecin et que les nazis faisaient sortir les médecins du rang. Il a laissé quelques notes sur ce cauchemar « les médecins sortez du rang ! ». Un autre en a fait un livre qui relate le moment où il n’est pas sorti du rang tellement il n’en pouvait plus… Il a écrit qu’à un moment le mot « civilisation » cessa de représenter quelque chose pour lui.

Presque 2 ans d’espoir malgré ce qu’il voyait. C’est un squelette livide qui rentra en 1945 pour retrouver l’appartement vide et quelques patients qui venaient le voir pour lui apporter qui 6 oeufs, qui 1 litre de lait, qui un fromage, qui de l’affection et du soutien… En fait on essayait de le soigner plus qu’il ne soignait. Il ne pouvait pas se soigner lui-même. On ne parlait pas des blessures de l’âme et de la conscience à l’époque. Lentement il a repris son activité qui était de guérir, de soigner, d’aider, en espérant toujours.

Et si… Et si sa femme et ses enfants étaient dans un camp à recevoir les antibiotiques nouvelles et salvatrice. Et si, elle avait pu s’enfuir et prendre le temps du retour. Et si…

Il a attendu attendu attendu, jusqu’au jour où il a compris qu’ils ne reviendraient pas. Sa femme et le bébé qu’elle portait, ses enfants.

Juste avant une nouvelle année à venir, dans une maison vide d’espoir, vide d’enfants, vide d’amour, après une année de trop passée à espérer un miracle, à pleurer seul, à trop se souvenir, il a fait son choix d’en finir. Comme Madeleine longtemps auparavant, il a choisit la corde, ne laissant qu’un mot laconique sur l’espoir qui l’avait porté et qui était vain. Le pire peut-être est le « pardonnez-moi » qui terminait son message. Il demandait pardon du mal qui lui avait été fait et qui l’obligeait à violer une loi divine qui dit « tu ne sauras ni le jour ni l’heure ». Il était croyant. Enfin, il l’avait été.

Je pense à lui régulièrement. Mes grands parents et mes parents l’ont connu. A l’endroit où se trouvait son cabinet médical, c’est un office notarial désormais, mais garni d’une énorme plaque que je vous livre telle qu’elle est.

Du coup on se souvient de lui… Et je rends hommage à la municipalité qui a pris la peine que l’on se souvienne. Je trouve que l’hommage rendu à ce médecin est admirable. Je pense qu’il manque d’ailleurs, plein de plaques un peu partout… C’est mon avis, et je le partage.

PASSANT SOUVIENS TOI !

Il commence à m'énerver

Dans la série « horloge » ,j’ai fréquenté pendant un an, un homme qui était diaboliquement toujours en retard. J’aurais dû me méfier, pour notre premier rendez-vous, j’ai poireauté 1 H sur les Champs. Il est arrivé avec une bonne excuse.

En retard, en retard, je suis toujours en retard, j’avais l’impression d’être Alice au pays des merveilles avec lui. Il avait des qualités (j’ai oublié lesquelles), aussi je suis restée patiente avec lui, d’ailleurs de la patience, il en fallait.

Mon premier énervement est tombé le jour de mon anniversaire, bien préparé (mon énervement) par ses forfaits précédents. Il faut dire que je l’ai attendu attendu et que même s’il finissait par venir, j’en avais ma claque de l’attendre. Voici le samedi où je fêtais mon anniversaire. 30 personnes enfants compris, que je recevais chez mes parents (c’était juste avant que j’emménage dans mon appart). Il m’annonce qu’il arrive avec ses deux enfants vers 14 H pour m’aider. (il pouvait, j’avais du taff…)

  • 15 H le téléphone sonne (pas de portable à l’époque). Il m’appelle de chez lui. Il y a une promo de chaussures je ne sais plus où, il part s’en acheter une paire (notez qu’il part une heure après l’heure d’arrivée prévue chez moi et qu’il a 3/4 d’heure de route).

  • 16 H : c’est bon il a les chaussures, mais maintenant il en a pour 1 H  de route, il ne sera pas là avant 17 H

  • 17 H : il m’appelle de chez lui : il avait oublié les affaires des enfants pour la nuit, il arrive après avoir fait demi tour pour s’acheter une deuxième paire de pompes

  • 18 H : personne. Le téléphone sonne : il m’appelle du garage où il s’est arrêté pour prendre un rendez-vous qu’il reporte depuis 3 semaines.

  • 19 H : les invités commencent à arriver, lui toujours pas

  • 20 H : bon dernier (eh oui dans mon coin, c’est 19 H/19 H 30). En costume avec des nikess flambant neuves. Visualisez le comptable et ses pompes dans « le bonheur est dans le pré ». Avec un jean ça passe, ou un jogging, pas avec le reste…

  • Je suis tellement exaspérée contre lui que je ne dis rien. Pas de scandale devant les autres, et puis il y a ses mômes qui ont l’air bien fatigués.

  • Scène de ménage après le départ de tout le monde et là je prononce une phrase dont il aurait dû comprendre le même pas sous-entendu : « je t’avertis, la prochaine fois, je te largue ».

J’ai encore tenu bon. 3 semaines plus tard j’emménageais chez moi, il devait arriver en fin de matinée pour m’aider à trimballer des cartons. Moralité je me suis mise aux cartons avec ma soeur vers 14 H. Elle se souvient encore du costard que je lui ai taillé ce jour là et s’est dit que la fin était peut-être proche.

Il est arrivé à 19 H avec des tas d’excuses. En plus il a fait la tronche parce que Mrs Bibelot avait prévu des sardines grillées et que préparer les sardines le dégoûtait profondément… Il s’est installé sur le balcon à lire les cours de la bourse, pendant que tout le monde s’éclatait dans la cuisine.

Donc la suite à venir : il a finit de m’énerver.

Internet et moi…

Je_hais_l_informatiqueInternet m’énerve régulièrement (78 fois par jour).

A ma décharge, si je suis loin d’avoir des dons d’informaticienne, je sais au moins maîtriser parfaitement pas mal de programmes. Et Internet a été installé par Charles Hubert (autrement dit au départ, n’importe comment).

J’en sais peu, mais j’en sais tout de même un peu. Hors Charles Hubert appelait le PC en lui-même « la grosse boîte noire dans laquelle on met les disquettes » (ceci à la hot-line Wanadooooo en train de lui restaurer son installation, le mec a dû mourir de rire), ceci vous situe son haut niveau. L’histoire du disque dur l’a toujours dépassé (forcément lui il a un disque mou), ainsi que tout ce qui était programme. Word lui a toujours posé d’énormes problèmes et il fallait que je vienne m’y coller. Lui parler d’Excell, de Power-pointt, pire que pire : adobe photoshopp ou autres (faire un scan, passer les photos du numérique sur le disque dur, etc), c’était rencontrer un regard vide. Un peu le mien quand j’écoute ma fille parler code html, flux rss et autres joyeusetés avec un informaticien. Même si je n’y entrave que pouic, au moins je sais que cela existe (ainsi que le setup qui peut sauter le coquinou).

Il y a 8 mois j’ai fait un grand nettoyage dans mes programmes, après installation faite grace à la méchante d’un nouvel anti-virus et pare-feu (ah bon, il faut un pare-feu ?). J’ai donc éliminé un grand nombre de programmes après avoir fait des captures écran de l’état de mon dossier « programmes » pour les montrer à l’informaticien de la boîte. Il m’avait coché ceux que je pouvais supprimer sans problèmes. Nous avons donc découvert que Charles Hubert visiblement cliquait toujours sur OK quand on lui proposait une installation quelconque. De plus il avait téléchargé lui, déjà plus de 4 anti-virus qui bien évidemment se contrariaient les uns et les autres.

Je n’échappe pas malgré mes efforts, aux publicités intempestives qui n’arrêtent pas de se pointer sur mon écran de manière régulière (curieusement depuis le début de cet article, je n’en ai pas eu une) :

  • Connexion Internet + 2 minutes : voici les rencontres mystiques qui se pointent. Je ferme. Elles insistent, au cas où ma demande de fermeture soit une erreur

  • + 5 minutes : c’est un autre site de rencontres, certainement plus hot. Je ferme. Il revient, au cas où ma demande de fermeture soit une erreur

  • + 10 minutes : pratiquer le téléchargement d’une sonnerie ultrasons pour le portable « que même tes profs et parents n’entendent pas » (ni le môme d’ailleurs, l’humain ne perçoit pas les ultrasons, rhooo l’arnaque). Je ferme. Il insiste au cas où ma demande de fermeture soit une erreur.

  • + 20 minutes : les USA veulent m’accorder une green card, je l’ai gagnée, c’est écrit. Je ferme.

  • + 40 minutes : la j’redoute a des promotions à me proposer. Je ferme. Elle me demande si je suis certaine ou si je veux voir les promotions. Je suis certaine, je ferme. Elle se repointe au cas où ma demande de fermeture soit une erreur. 4 clics pour éliminer sa tronche de cake

  • + 45 minutes : ma préférée. Une blondasse peroxydée à l’air niaiseux comme pas possible, me propose d’un air aguichant de rentrer dans la plus grande salle de casino du monde. D’ailleurs le programme commence à se télécharger. Je ferme et j’annule. Le programme recommence à se télécharger. Je ferme. La blonde revient 3 minutes plus tard au cas où ma demande de fermeture soit une erreur. Je dis plein de gros mots.

  • + 60 minutes : on trouve tout sur Ebayyyy. Je ferme. On se repointe au cas où ma demande de fermeture soit une erreur. Je comprends que Charles Hubert ait pris cela pour une obligation (de télécharger un programme quelconque, ou de cliquer sur OK…)

  • Maintenant on va recommencer à partir du début. Et en plus j’en passe et des meilleures… (dont les pages jaunes qui font de la pub pour leur nouvelle présentation encore plus merdique que la précédente, d’autres sites de rencontres, etc (le pire étant parfois dans le etc…))

  • Je flanquerais bien de temps à autres un grand coup de pied dans la grosse boîte noire où l’on met les disquettes, mais j’y tiens trop…

Une sorcière très légèrement agacée…