Hommage à…

11_novembre

Elle les a vus passer tout simplement, tous beaux dans leur bel habit, l’air trop accablé. Trop beaux, trop accablés, il ne pouvait y avoir qu’une raison.

Elle a mis sa jolie robe, sa plus belle robe en fait, une robe crème. Celle qui a le plus de dentelles. Elle a regardé celle en préparation pour son mariage, les « entre deux » qu’elle peaufinait avec soin et venait de terminer. Elle l’a mise en place bien en évidence sur son lit. Elle l’a déposée là comme un message.

Elle a mis ses jolies botines, est passée par la grange 2 minutes pour garnir son sac, et elle est partie sans se faire voir de ses parents. Une distraction de leur part, une volonté de sa part…

Elle a marché longtemps longtemps Madeleine, qui traîne quelque part sur cette photo. Elle a marché tellement longtemps qu’elle est arrivée au pied d’un arbre un peu sacré dans la région, tellement beau que l’on pourrait penser qu’il est là depuis la nuit des temps. Un peu loin de chez elle…

Elle s’est assise sur une énorme racine Madeleine, écoutant son coeur battre trop vite, puis ralentir petit à petit, écoutant monter un chagrin qui ne voulait déboucher sur rien.

Rien. Pas une larme, pas un sanglot salvateur. Le coeur et les yeux secs, elle écoutait juste son coeur se remettre de la longue marche, faisait appel à ses souvenirs qui la trahissaient. Tout à coup les visages aimés, le visage tant aimé se dérobaient à elle. Et les odeurs, ce qui fait qu’un être est unique… Rien, plus rien. Il n’y avait que la voix que l’on n’oublie jamais, qui retentissait dans sa tête, à en devenir folle. Il n’y avait plus que la dernière fête alors que tout le monde était heureux sans savoir, au cours de laquelle « ils » s’étaient engagés…

Et le chagrin figé quelque part dans sa poitrine, ne se déclenchait pas vraiment. L’horreur absolue que de ne vouloir qu’une chose : hurler comme une bête le visage contre la terre mère, pleurer à s’en vider la tête, et ne pas pouvoir. Non rien. Pas une larme, juste la gorge bloquée, bloquant tout et surtout la raison qui défaille de toutes manières, tout à coup.

Juste une vision qui obsède. Ces 3 hommes vêtus de noir, passant devant chez elle, pour aller non loin, elle a bien regardé où ils rentraient, elle n’est pas folle Madeleine. Elle est juste lucide et ne refuse pas la vérité. Si elle est folle, c’est de chagrin qui ne veut pas sortir.

Une certaine joie depuis quelques jours rodait, et il a fallu qu’ils passent. Dans la maison où ils sont rentrés, ils étaient déjà venus 3 fois. L’accablement était trop visible pour laisser le moindre espoir.

Le « mortuaire », c’était donc pour Georges, le seul survivant des 4 fils jusque là. Le mortuaire c’était pour les parents, pas pour la fiancée, l’amoureuse qui venait de vivre 4 années de souffrance, d’attente, puis d’espérance.

Quand les parents de Georges ayant surmonté un peu leur chagrin sont venus pour voir Madeleine et ses parents, des amis de toujours, ils ont trouvé une famille un peu affolée par la disparition de la « petite », la vision de la robe de mariée trop en évidence.

Il a fallu à l’autre Georges paniqué, le père de Madeleine, qui tournait en rond sans savoir quoi faire, mettre en laisse son malinois préféré sur la demande du père du mort qui lui, avait gardé la tête froide après trop de douleurs. Il a fallu au père de la petite, qui boîtait d’une sale blessure récoltée dans les tranchées, prendre à la main la chemise de nuit de sa fille et ordonner au chien « cherche mon garçon, cherche » après la lui avoir donnée à renifler. Le malinois était ravi : enfin du travail intéressant !

Il les a menés sans grande hésitation jusqu’au hêtre magique, ce qui leur semblait loin, car tous les hommes valides étaient en fait rescapés d’une blessure quelconque ou un peu âgés. Le chien s’est mis à aboyer en s’asseyant, ravi d’avoir rempli sa mission. Ils n’ont pas compris tout de suite, il leur a fallu lever les yeux à la lueur des lanternes pour comprendre.

Madeleine s’était pendue à la plus basse branche du hêtre un peu haute tout de même. Sa belle robe était en haillon suite à l’escalade qu’elle avait dû faire, ses chaussures étaient sales. Elle avait fait ce qui lui semblait avoir à faire en y réfléchissant de toute évidence, car une telle gymnastique ne se fait pas sur un coup de tête. Les 2 hommes qui sont montés détacher la corde en pleurant, ont pu en attester. Il avait même fallu à Madeleine une force surhumaine pour arriver à ses fins, à sa fin, sans aide…

Elle s’était brisé la nuque, donc son visage n’avait pas souffert de sa mort. On a ramené chez elle à la lueur de lanternes, une jeune fille de 22 ans qui n’était pas défigurée et dont les femmes : sa mère, sa soeur, et son ex future belle mère, se sont attelées à faire la toilette mortuaire. Les pères pleuraient sur le désastre de cette guerre qui les rattrapait après l’armistice.

Elles lui ont mis sa robe de mariée, sans une larme, sans un mot, sans rien de plus à dire…

La gorge bloquée, le chagrin se refusant à sortir… L’envie d’aller crier comme une bête contre la terre mère en faisant de la boue de leurs sanglots qui se refusaient à venir. L’une avait perdu 4 garçons, l’autre 2 garçons et maintenant une de ses filles. La dernière, innocente, avait elle aussi perdu son fiancé, et maintenant sa soeur, avec laquelle elle pouvait évoquer les heures noires.

Madeleine. Peut-être une des dernières victimes de la grande guerre, Georges étant mort après l’armistice, 2 jours tout de même après l’armistice que ne connaissaient pas certains postes…

Tante Hortense et mon arrière grand mère ne manquaient jamais de l’évoquer le jour férié du 11 novembre… Longtemps elle a été pour moi « cette pauvre Madeleine » inconnue, jusqu’à ce que tante Hortense ne m’en donne une photo(graphie).

Une jolie jeune fille avec le sourire, et une robe claire à dentelles, qui croyait encore que Dieu existe… Je la garde pour moi, pour qu’elle soit une personne qui vous appartiendra un peu.

Une pensée très forte, méritée, pour toutes les victimes de cette guerre, en ce jour où le dernier aura son hommage national et avec lui, tous les autres…

Je n’oublie pas les allemands au passage, parce que je trouve stupide de les écarter de cette grande guerre, la der des der… (à lire : à l’ouest rien de nouveau) et de cet hommage. C’est mon avis, et je le partage… Après tout, peut-être reste-t-il un allemand quelque part, encore en vie, qui porte en lui les images de l’horreur…

Passion perverse…

Passion_perverse_5332881734 jours… J’ai une passion perverse pour les serveurs téléphoniques. Si ! Si ! En fait je me vois en train de préparer dans ma cuisine un explosif hors du commun, de le solidifier comme Nobel, et d’aller faire exploser tous les serveurs téléphoniques, ni vue ni connue, mais avec une joie forcément suspecte (et perverse).

Il y a le plus simple : tapez 1, tapez 2, tapez 3, etc. Faut tout de même noter frénétiquement à quoi cela correspond.

Dans ces cas là, en bonne emmerdeuse, j’attends que l’on me passe un opérateur parce que je n’ai rien tapé du tout (en le plaignant, du coup je suis aimable). Sur ce coup là normalement on gagne du temps…

Il y a les serveurs où il faut causer. J’adooooore. On est au téléphone à hurler « inscription » (au hasard). Et ça nous répond « nous n’avons pas reconnu votre demande, bip bip bip ». Faut tout recommencer avec les étoiles, les dièses (jamais les bémols c’est mauvais pour le moral), et la voie sulfureuse de la connasse à l’autre bout du fil qui ne s’écoute jamais.

Là généralement je raccroche la bave aux lèvres. C’est qui l’imbécile, le connard, la triple andouille, le lézard crépusculaire, la mygale avec un chromosome cintré, qui a pondu ce serveur vocal ? Si j’étais dieu, comment que je le mettrais au purgatoire à tester son truc pendant 2000 ans (minimum)…

Donc, samedi 26 janvier fin de journée, je découvre, en passant un coup de fil forcément urgent, que je suis en mode limité. A savoir que je peux appeler les pompiers, le samu, les urgences, et France je cause comme je veux en mode limité. Je suis ra-vie…

Un coup de la banque. J’en ai deux. Celle qui gère les affaires courantes et chez qui j’ai des placements, et celle qui ne sert qu’à régler : EDF, France je cause et canal + qui ne fonctionne plus. Autant dire que pour la deuxième banque je suis régulièrement dans le rouge parce que je ne sais pas pour combien j’ai causé dans le téléphone… N’empêche que la conseillère de la banque, sympa me passait un coup de fil pour me signaler que j’étais dans le rouge. Remplacée par une conseillère pas sympa du tout qui va s’en mordre les doigts que Mrs Bibelot aille voir ailleur. Vu l’heure d’ailleurs, elle est injoignable ce samedi là et devra attendre mardi pour apprendre que Mrs Bibelot déménage (et moi avec, mais moi elle s’en fiche, n’empêche qu’elle a tiré la tronche)

Je me déplace le lundi à France je cause (de bonne humeur bien sûr), mais le gars ne peut rien pour moi. Il est en train de résoudre le problème d’une personne dégroupée sauvagement, qui n’a plus rien parce qu’on lui a piqué sa ligne. Le type n’est pas bien haut mais il n’a pas l’air plus aimable que moi. Le technicien me donne une carte : je vais régler ma facture non réglée (d’après ce qu’on me dit) avec ma CB et tout ira bien.

Je rentre à la maison et me rue sur le téléphone pour appeler le SERVEUR TELEPHONIQUE

  • Pour prendre notre nouvelle option téléphone + Internet Illimité + télévision tapez 1, sinon, patientez

  • Je patiente

  • Veuillez déclarer clairement votre demande

  • Je hurle « régler ma facture ». Je déteste ce genre de truc, c’est horrible, immonde, bref, inventé par un µ*!!;!

  • Nous vous mettons en ligne avec le service concerné (chic)

  • Veuillez nous préciser votre demande

  • « Régler ma facture » (sont bouchés ou quoi ?)

  • Pour régler votre facture faites le 1, pour être renseignée sur un problème de facturation, faites le 2, pour souscrire à notre nouvel abonnement faites le 3.

  • Je fais le 1 (sont de plus en plus bouchés ? Ouiiii !)

  • Nous consultons votre compte !

  • Votre compte est débiteur et votre ligne en service minimum (quelle surprise !)

  • Nous ne pouvons prendre en compte votre demande de règlement. Bip Bip Bip !

La bave aux lèvres, je me rends à la banque le lendemain : personne n’a refusé le prélèvement de France je cause. Il y a un problème avec un logiciel qui déclare que l’autorisation de prélèvement n’est pas en règle. Je retourne chez ma mère, toujours la bave aux lèvres pour appeler France je cause + la banque en cas de contradiction.

9 coups de téléphone et 42 minutes plus tard, je suis enfin en relation avec un conseiller. Qui me règle le problème en 2 temps 3 mouvements. Mais que de cheminements pour trouver la ruse qui permet d’être enfin en ligne avec un conseiller. Une vraie personne quoi (et efficace en plus). Heureusement l’appel est gratuit.

Enfin il est question qu’il devienne payant….

Les serveurs, ça peut être pratique pour le plus simple, mais il faudrait qu’ils soient vraiment opérationnels et vous permettent de vous diriger sur quelqu’un dans les cas extrêmes. Là j’ai fait comme si mes parents voulaient ouvrir une deuxième ligne et j’ai eu tout de suite quelqu’un. C’est infâme non ?

La vie n’est qu’un long calvaire…

Une journée pourrie…

Des journées pourries, si mes souvenirs sont bons (deux heures de vérification après : ils le sont), je vous en ai raconté deux.

Comme si je n’avais jamais de journée pourrie que par-ci par-là. On rêve. En plus, depuis un paquet de temps (Uranus va graviter ailleurs !) la chance me court après en ricanant qu’elle ne me rattrapera pas.

Donc une journée comme une autre. Je me réveille bourdonnant de projets, et c’est assez rare pour être souligné. Moi le matin mes pensées sont comme celle de Gdoubelyoubouche : inexistantes. Depuis que je suis chômeuse en plus, je ne sais jamais quel jour je suis : la veille ou le lendemain ?

  • J’ouvre la porte de la chambre et je mets le pied dans du vomito de Diabolos qui m’attend en frétillant.

  • Exit mon thé immédiat et salvateur. Me voici en train de récurer la moquette en maudissant le chat qui me vrombit autour tel une sale bête mise là juste pour m’enquiquiner. Mes injures le laissent froid, ses miaulements me laissent froide (enfin c’est limite)

  • Je me dirige vers la cuisine et je prends de l’eau pour mon thé avant que Diabolos ne prenne sa douche (dans l’évier). Plus de thé. C’est un comble. Il y en a c’est le café. Moi, sans mon thé du matin, c’est chagrin. Je farfouille vaguement dans le placard parfaitement en ordre (pour une fois), et je récupère un sachet de thé parfumé (berk). Mais c’est ça ou l’anorexie.

  • Comme un autre jour maudit, je verse le lait dans le thé : il tourne. Autant dire adieu à l’éventuel chocolat salvateur vu que c’était le dernier litre.

  • Je renonce à la minute soupe à cette heure là (au chômage l’aube ça peut être 10 heures, d’ailleurs c’est samedi, donc j’ai le droit de me lever tard)

  • Comme je ne vais pas survivre très longtemps sans thé, je me prépare hâtivement, et je file à Rampion faire le plein de lait, de thé, et autres joyeusetés.

  • A 150 mètres de Rampion Copine fait vling, gloups, vrang. Comment vous dire… J’ai dû accrocher une branche par terre que je n’ai pas vue et qui galope maintenant dans le moteur. Je me gare comme je peux. Je redémarre la voiture : ce raffut est insupportable.

  • J’appelle mon frère en catastrophe : il n’habite pas loin et il est bricoleur (vous n’avez entendu parler que de la perceuse pour les crèpes, mais il a d’autres cordes à son arc) et s’y connait un peu en bagnoles. Il arrive.

  • Il arrive à ouvrir le capot de copine et me sort une courroie définitivement décédée. « Tu ne bouges pas ta voiture d’ici tu risques gros ».

  • J’appelle ma mère pour qu’elle me prête sa bagnole. En l’attendant, pelée de froid (sans thé), je fais mes courses à la hâte. Elle arrive pile poil comme je sors croulant sous mes deux sacs de lait et de thé. Je la ramène chez elle et je rentre chez moi avec sa voiture pour appeler l’assistance SOS pour laquelle je paye.

  • Le dépanneur arrive dans approximativement 5 minutes sur le parking de Rampion. Pas le temps de me faire mon thé.

  • Une heure après le voila. J’étais tellement frigorifiée 2 heures plus tôt, que j’ai mis mon manteau neuf dont j’ai remonté la fermeture éclair jusqu’au cou.

  • Le dépanneur décide d’emmener Copine chez le vendeur : à lui de se démerder (le vendeur), lui ne change pas les courroies récalcitrantes le samedi sur le parking de Rampion. Et me voici, suivant copine sur sa dépanneuse (snif !) en me demandant comment on dés-embue la voiture de Mrs Bibelot.

  • Nous laissons la voiture au garage. Le dépanneur se tire pendant que j’explique au vendeur (le mien justement il tombe bien) quel est le problème. J’exige le changement de la moindre courroie (cause toujours), que l’on m’appelle lundi matin dès l’aube, enfin, en fin de matinée pour me tenir informée

  • Je rentre chez moi,

  • A moiiiiiiii le thé au lait, à moiiiiiii le toast grillééééé.

  • Avant tout, me déshabiller. J’empoigne la fermeture éclair du manteau, remontée jusqu’au menton. Rien à faire, elle ne veut pas bouger d’un poil.

Allons bon, me voici coincée dans mon manteau maintenant…

Merci Truchon ! (ou le pied de ma vie)

Merci_TruchonJe sens gogole s’affoler, mais là c’était bien le pied de ma vie, et je pèse mes mots… Je parle du moral !

Vendredi 4 janvier, on ne peut pas dire que le temps soit souriant. Je ne le suis pas non plus d’ailleurs, car j’ai pris du retard dans mes rangements, à déposer frénétiquement des CV sur internet (en soi-disant 5 minutes et 3 clics), et me battre avec le site Assedic pour actualiser ma situation (toujours au point mort, mais faut l’actualiser quand même, faute de quoi on me coupe les vivres auxquels je n’aurais droit que début avril…).

Delphine est en pension chez mes parents pour plancher ses partiels en toute sérénité et dans un silence quasi complet, nourrie de pot au feu et de hâchis parmentier par des grands parents aimants et gourmands. Je rentre à la maison un peu morose et lasse du run time error qui accompagne toutes mes sorties d’Internet. Bref ce n’est pas la grande forme, sans être le marasme le plus complet non plus, n’exagérons rien.

En plus ce vendredi a mal commencé : les ménagères annoncent une interruption des programmes (rétablis depuis). Marcus les relaye, mais impossible de laisser un commentaire. Ma méchante boude un peu son blog. J’ai reçu de mauvaises nouvelles d’amis très chers, le site Assedic fonctionne quand il veut et le chat veut des haricots verts, c’est sa nouvelle marotte…

  • 15 H : DRINNNNG : ah c’est le téléphone. Je reconnais vaguement, oh, très vaguement le n° qui s’affiche sur mon mouchard, mais je ne réalise pas à temps avant de décrocher…

  • « Allô Coraline ? André à l’appareil ».

  • Tiens… Truchon… J’ai la glotte qui se coince un peu. Il va me demander de reprendre mon poste en lui remboursant ce qu’il m’a réglé ? Peut crever ! Faut qu’il me paye le double pour que je revienne. Et encore, je me fais réparer l’autre épaule à ses frais parce qu’il me rend mon ancienneté et mon droit à 3 mois d’arrêt de travail de date à date…

  • « Bonjour André » (je ne vais pas lui présenter mes voeux à ce con, parce que je lui souhaite des hémorroïdes, la grippe aviaire et deux ruptures de la coiffe des rotateurs (le bras droit et le gauche), + de se vriller les deux genoux). On reconnait là ma nature généreuse et facilement appitoyée (pas par lui en tous cas…)

  • « Coraline je souhaitais prendre de vos nouvelles, et vous présenter tous mes voeux pour l’année 2008 »

  • Glotte coincée… Je décide de faire l’andouille (trop c’est trop, c’est louche) et de faire semblant de le prendre pour mon frère, même s’il n’y a pas photo sur la voix… « bon Mr Perceuse, ça suffit tes blagues débiles ! Je t’ai parfaitement reconnu »

  • « Heu… Non c’est André, votre patron, je ne suis pas Mr Perceuse ».

  • « Ah André c’est vraiment vous ? Mon EX patron ? heureusement que je suis assise » (non je ne lui demanderai pas de ses nouvelles, ça va le stabiliser…)

  • « Coraline il est tout à fait normal que je prenne de vos nouvelles, après ce triste licenciement auquel on m’a obligé » (et mon cul c’est du poulet ?) « et surtout je tenais à vous présenter tous mes voeux pour 2008 ».

  • « Ah… Vous m’aviez présenté vos voeux pour 2007 en sachant très bien ce qui allait m’advenir, alors je crains le pire »

  • Sa glotte se coince. Je fais mes comptes : il ne me doit plus rien, sauf faire Paris/Chartres à genoux pour aller embrasser une vierge quelconque dans la cathédrale en demandant pardon au seigneur devant toute la société statufiée qui compte un grand nombre de mécréants… J’adore cette idée…

  • « Coraline, vous savez bien que je n’y suis pour rien… J’ai tout de même pris la peine de vous téléphoner pour ces fameux voeux… Vous ne me présentez pas les vôtres ? » (persiste et signe)

  • « Heu… Non, il ne vaut mieux pas, ils pourraient se réaliser ».

  • « Ah au fait ! (on en vient à l’origine de l’appel, et ce « au fait » me rappelle trop Albert pour ne pas me faire voir rouge). J’ai un petit souci de mémoire car vos fichiers ont tous été effacés du serveur, alors que vous gardiez fort justement tout (sors une autre pommade sale con). Vous souvenez-vous du nom du Monsieur qui s’occupait de nos intérêts en Tunisie en 1999/2000 ? J’en ai vraiment besoin »

  • Je fais le bilan en 1/4 de seconde. Sûr qu’il en a vraiment besoin, sinon il ne m’aurait pas téléphoné. Il est encore en train de bidouiller quelque chose de malhonnête, c’est son style car c’est un gros bidouilleur. Lui répondre c’est lui rendre service et curieusement je n’ai pas envie du tout…

  • « Ah André je suis vraiment désolée (le nom me revient illico), mais mon licenciement brutal a déclenché chez moi en ce qui concerne le travail, une amnésie antérograde de 9 années. Je ne me souviens de rien, sauf du nom de mes collègues et des soirées merdiques… »

  • « Une amnésie antérograde ? C’est quoi ce bordel ? »

  • « Allez voir sur gogole pauvre blondin! » (vous n’avez pas encore eu le post sur lequel il me traitait de blonde, et je venais fort heureusement de revoir « le bon, la brute et le truand » avec pôpa, film au cours duquel Clint Eastwood est le « blondin »)

  • Shlark ! (raccrochage sauvage de ma part)

Il n’a pas rappelé. Mais moi j’étais motivée comme pas possible. 18 pilules roses ne m’auraient pas fait autant de bien que ce coup de téléphone !!!

Oui je sais c’est mesquin. Donc je suis mesquine. J’assume, surtout face à lui. Car je l’ai déjà dit, il ne faut pas prendre les gens que pour des cons… De toutes manières je n’avais rien à perdre, pas même sa considération distinguée. Car pour lui, dès que l’on a quitté la boîte, on mérite tous les qualificatifs les plus grossiers…

Tag des ménagères sur les expressions…

SourireNous héritons tous d’expressions familiales ou autres, que nous finissons par employer régulièrement, sans que tout le monde comprenne.

Merci à Dom (ici, ben non je ne trouve pas le lien et c’est un scandale) de m’avoir gentiment taguée sur le sujet alors que je n’en puis plus, ce n’est plus possible ! (oui, je précise : à l’heure où je rédige ce post, on prépare les 50 ans de mariage des parents, déjà passés sur ce blog, et Dom envoie moi le lien illico, merci d’avance, ou dis-moi discrètement comment faire)

  • Quelqu’un cherche un truc qui a une logique de rangement évidente (genre une fourchette, forcément rangée avec les couverts, ou le PQ normalement dans les toilettes)
    « Maman il est où le PQ ? » « Maman où je trouve une fourchette ? »
    « Dans le sucrier avec le peigne« …

  • Quand l’emmerdeur a dépassé les bornes dont la frontière marque la fin, tout le monde le sait au son du « il a chié dans mes bottes jusqu’en haut de la tige« . Inutile de revenir là-dessus, quand c’est en haut de la tige, c’est terminé !

  • Pulchérie qui aimait bien à faire la comédie, a souvent entendu son grand-père lui déclarer « sainte Pulchérie, vierge et martyre« … (ça veut dire quoi martyre maman ?). Delphine y a eu droit également, pauvres bichettes !

  • On se préoccupe d’untel qui ne va pas fort ? « il a touché le fond et il a commencé à creuser« 

  • Si mon grand père était toujours de ce monde, le voisin de mes parents serait un « peigne cul« 

  • Comme il n’est plus là, le voisin n’est qu’une « gueule de raie » (ma voisine du dessus aussi d’ailleurs, ça m’y fait songer. Vous avez déjà vu la tête de cette pauvre bête qui fait concurrence à la lotte ?)

  • On parle beaucoup. D’où le célèbre « si tu crois que j’écoute ce que tu me dis » de Mrs Bibelot qui est régulièrement réutilisé.

  • Quelqu’un dont la santé est plus que moyenne a un pied dans la tombe et l’autre sur une peau de banane

  • « Maman, j’ai mal aux dents, j’ai mal à la tête, j’ai mal au pied, j’ai mal au ventre… » (tout pour échapper à la gym) Et tu as le trou de balle en chou fleur ? (horrible mère indigne)

  • Dans la famille personne ne fait allusion à Rockfeller, mais personne n’est Rotschlid

  • Quand une personne insiste trop sur le sujet on ne va pas passer le réveillon là-dessus ! ou bien « tu ne vas pas nous en chier une pendule ! » ou encore « tu ne vas pas nous en pondre une locomotive avec des ressorts en bois ! » (tête du gamin : c’est quoi une locomotive à ressorts ?)

  • Faut pas trop disserter avec Jean-Poirotte car ça lui fait fumer ou bouillir la cervelle (surtout quand il s’agit d’un discours idiot d’un homme politique, ou des théories de Freud sur la reproduction des oursins, ou de Maritza sur l’évolution des poissons)

Je passe sur les classiques et très connus :

  • Il pleut comme vache qui pisse (allant avec le : il fait un temps à se pendre de Jean-Poirotte)

  • Je n’aime pas les gens qui me nuisent (au menuisier, si vous dites cela au plombier, c’est loupé)

  • Tu veux encore du champagne ? Pitain t’as une descente que je n’aimerais pas remonter à vélo

Comme à l’heure où je rédige ce post, je sors d’une immersion totale dans la famille, et ben du coup, je sèche, car abus de bien peut nuire…

In memoriam…

6 ans déjà… J’en avais parlé l’an passé longuement (ici). L’anniversaire de Pulchérie approchant à grands pas, je me souviens de cet enterrement où tout le monde est allé lui souhaiter un bon anniversaire à ma puce, qui ne pensait peut-être pas vraiment que ce jour là c’était ses 20 ans… le « bon anniversaire ma chérie » au cimetière, cela doit marquer…

J’en reste triste d’associer la naissance de mon premier bébé avec l’adieu définitif à quelqu’un que j’aimais. Mais c’est ainsi…

Juste me souvenir de lui… J’aurais d’autres souvenirs, plus lumineux que le jour triste et gris du rendez-vous au cimetière.  C’était juste « en passant »… Qu’il repose en paix tant que quelqu’un peut se souvenir de lui. C’est après que nous sommes vraiment morts…

Compte rendu… Part 2

SourireJ’ai donc les cheveux glacés et dégoulinants, mais basta, j’ai fait mon boulot et je monte me préparer complètement. Mon frère récupèrera le buffet et les jeunes qui arrivent à la gare à 17 H 35 (très exactement) (je parle des filles et du gentil).

Pas de coup de mascara dans l’oeil, mais pas de crayon khôl non plus (donc pas d’exorcisme pour cause d’oubli…). Je ne sais pas combien d’aller et retour j’ai fait dans les escaliers pour emprunter un crayon à ma mère, aller le lui rendre, aller le reprendre pour en remettre… Me voici prête à affronter les critiques de ma progéniture qui pour une fois sont élogieuses.

Et après petit à petit ce sont les arrivées…

  • Nous sommes plusieurs à seconder Mrs Bibelot qui nous parle poubelles de récupération pour le carton, le papier, le plastique (finalement elle a collé des gobelets en plastique pour les buveurs de coca cola, bien fait pour eux), etc… Nous lui faisons comprendre gentiment qu’on triera demain, sauf pour le non triable pour lequel elle nous offre un second sac poubelle… (dans le premier, ne perdons pas le nord, ce qu’il faudra trier, elle vient vérifier de temps à autre…)

  • Au départ tout le monde se connaît à peu près. Les présentations sont faites pour ceux qui font connaissance ou se reconnaissent. J’adore entendre le « tu n’as pas changée ! » alors que mes tantes et leur copine de jadis se retrouvent après 40 ans bien sonnées.

  • Au niveau de la distribution de champagne, punch ou autre, cela ressemble un peu à une file d’attente à la RATP pendant les grèves. Pulchérie mitraille à qui mieux mieux avec son appareil, un ami de mes parents en fait autant. Ils discutent graphisme, art de la photographie, pixels et numérisation, avant d’attaquer les codes HTML et RSS ou HSS ou PSS machin chose, enfin la merdouille qui fait que ma page d’accueil est ce qu’elle est (Dom relève toi et arrête de rire bêtement…).

  • Je me souviens de l’existence des pains suprises : il était temps, tout le monde allait mourir de faim (pour la mort de soif ce n’était pas le cas du tout, et, je précise qu’au moins 12 personnes ne reprenaient pas le volant)

  • Chacun ayant encore la tête à peu près à l’endroit, nous remettons sonnellement à Mrs Bibelot et Jean Poirotte le résultat de la quête organisée depuis un mois. Le pécule est destiné à acheter de la vaisselle pour remplacer celle brisée par 50 ans de mariage, des déambulateurs éventuels… En fait du vin qu’ils préfèrent acheter eux-même et boire avec nous (tout le monde est d’accord !)…

  • Ils sont mignons tout plein mes parents qui reçoivent leur cadeau ! Maman ressemble à une jeune fille avec son petit haut mode pour lequel ses petites filles ont donné leur approbation. Papa est tout serein et heureux. Ils se tiennent la main avec bonheur et j’ai bien fait de faire de l’humour en remettant le cadeau : je peux verser ma fatale petite larme en toute discrétion (on ne me refera pas, une vraie fontaine, née à Versailles, c’est normal pour les grandes eaux)…

  • Chacun s’installe à une table, à regret parfois. Nous avions raison, nous les enfants : l’avantage d’un buffet c’est de bouger et de voir un peu tout le monde. Je m’installe à une table d’anciens, en soupirant vers mes filles qui font semblant de ne rien remarquer. Du coup je suis toute contente parce que le seul Monsieur que je ne connaissais pas, « n’imaginait pas une minute que pour les 50 ans, je suivait juste derrière »… Ca fait plaisir, je suis de bonne humeur.

  • Sauf que c’est dingue ce que les gens mangent comme pain. Je me relève pour la troisième fois découper une troisième baguette pour ma table.

  • Les filles veulent nous piquer du pain : la révolte gronde : chaque membre de la famille peut aller découper une baguette pour sa tablée. Ah mais !

  • Ca s’amuse un peu partout. Le buffet défile, le fromage passe sans discrétion rapport au Livarot. On commence à bouger, à aller discuter avec d’autres. Tout se passe bien !

  • Clou de la soirée. Tous les petits enfants du couple sont présents pour la première fois depuis une éternité. De Pulchérie 26 ans à la nièce à bouclette qui en a 3, il n’en manque pas un. Ca s’immortalise.

  • Les flashes crépitent à n’en plus finir. On croirait que des journalistes ont investi la pièce. Vérifier que le président de la république n’est pas dans le secteur avec des alcootests (d’où l’arrivée des journalistes)…

  • Parce qu’après on prend les grands parents avec leurs petits enfants. Et puis on rajoute les futurs gendres. Le « copain » de Pulchérie avouera 110 photos sur ce coup là…

  • Et après, tradition familiale, et je comprends pourquoi Jean Poirotte astiquait sa guitare, et bien on chante, parce que danser ce n’est pas possible faute de place. Mes filles détestent (ce qui n’empêche pas Delphine de demander un titre à son grand-père), les autres petits enfants aiment souvent. Et tout le monde s’y colle sur les refrains, et je revis les noëls de mon enfance, quand nous chantions tous (bien fait pour moi, à l’heure où je rédige ce post, je suis aphone, n’ayant plus les cordes vocales de mes 20 ans…). C’est autour de la musique que les humains communiquent vraiment, je l’ai déjà remarqué. Bien sûr nous évitons les chants grégoriens et les ave maria, et choisissons les « paillardes » qui sont en finesse, rapport aux enfants présents.

  • 2 heures du matin ? Déjà ? Tout le monde s’en va à regret. Certaines confisquent les clefs de voiture à leur conjoint, d’autres cherchent leurs clefs de voiture… Les costauds se donnent RV le dimanche pas trop tôt (12 H), pour remettre les meubles à leur place

  • Le gros débarassage terminé, la famille part à son tour. C’est l’heure pour moi de rejoindre les filles pour quelques parlottages.

  • Une fois au lit : impossible de dormir… J’ai « l’Auvergnat » qui me trotte dans la tête et déjà la nostalgie de cette soirée que nous avons tant préparée.

Elle se devait d’être mémorable : elle a tenu ses promesses.

Compte rendu… Part 1

SourireJe débarque le samedi 8 décembre chez les parents, mon sac fin prêt (en fait non, j’avais oublié mon crayon khôl, si je n’oublie pas quelque chose, la famille appelera un exorciste, car ce sera mauvais signe) + une broutille que Mrs Bibelot voulait pour présenter ses « trucs à appéro » (genre un plateau chinois à plusieurs cases, qui vaut un bras, mais qu’elle m’a offert, donc elle se souvient très bien que je l’ai…)

Je débarque pour trouver Jean-Poirotte en train de décoller des étiquettes (que ça à faire). Des étiquettes de quoi ? Vous ne devinez pas ? Mrs Bibelot est partie à l’aube et seule (à l’heure où blanchit la campagne et gnagnagna) pour aller acheter des verres à pied en verre pour qu’avec son vieux service cela fasse 30 et exit les verres en plastique.

J’aurais dû parier avec un inconscient, mais j’en étais sûre… Je viens de perdre bêtement du fric (dans ma situation, c’est ballot…). Je le savais que ma mère irait acheter des verres à pied, n’importe où, mais pas n’importe quand : elle a soigneusement évité le moment où je pouvais lui dire « je viens avec toi ! ». D’ailleurs ni ma belle soeur ni ma soeur n’ont été surpris. Mon frère non plus, lui aussi le savait à l’avance (alors que tout le monde sait que les hommes ont autant d’intuition qu’un fusil de chasse).

Faire les plateaux à charcuterie. Interdiction formelle de s’en occuper, c’est son truc à elle. Et que je roule une tranche de machin que je fixe avec un petit parasol en papier (elle a trouvé en même temps que les verres). J’ai juste le droit de glisser un cornichon dans le cornet réalisé et Jean-Poirotte de se taire. Moi c’est le genre de truc pour lequel je n’ai jamais la patience. Je dispose grosso modo, d’ailleurs plus modo que grosso… Après elle s’attaque au plateau de fromages et elle est priée (tout de même !) de se dépêcher : le livarot est fait à coeur, c’est une évidence, l’odeur en réveille la chienne elle-même qui somnolait tranquillement (si l’on peut somnoler tranquillement dans cette maison de fous, mais elle est à moitié sourde, alors elle peut).

J’ai le droit de faire le plus passionnant : remplir les beurriers, les moutardiers, les cornichoniers, sortir les corbeilles à pain, les couverts, etc… J’adoooorre ! Je compte les serviettes pour que tout le monde en ait deux : ça aussi, j’adoooorre !

Y a-t-il assez de punch ? Non résolument pas que je décrète, appuyée par ma mère dont l’appui est indispensable en cet heureux jour. Jean Poirotte en confectionne un L de plus. Personne n’est d’accord sur le nombre de baguettes de pain nécessaires pour 30. Mrs Bibelot en a commandé 10, nous (les enfants) préconisons 15, nous en mangerons 12… D’ailleurs qui va chercher le pain (donc 15 baguettes, le commissionnaire étant forcément aussi têtu que Mrs Bibelot) et les petits fours ? Et qui va chercher le buffet chez le boucher/charcutier/traiteur ? Pas Mrs Bibelot qui sera entre les griffes dans les mains de tatie coiffeuse, ni Jean-Poirotte occupé à se faire beau… (c’est lui qui l’a dit : c’est du boulot, mais je ne suis pas d’accord, mon papa est toujours beau…)

Il faut organiser les emplacements des véhicules de ceux qui : a) dorment là, b) ne dorment pas là mais vont se déplacer pour aller chercher les mets délicats du soir, c) vont vouloir se garer dans la ruelle en bloquant toute la circulation au voisinage non invité.

Comme la douche/préparation est pour moi un moment de détente, je repousse ce moment le plus possible. Les filles et le gentil arrivent vers 17 H 30, les invités 18 H. A peine sortie de la douche vers 17 H, (tout étant à peu près en ordre), les cheveux trempés, j’apprends que c’est moi qui m’y colle pour aller chercher le pain (15 baguettes et non pas 10) et le dessert. Ce que je fais en pestant comme je sais si bien le faire, sous des trombes d’eau et un vent glacial. Que personne ne vienne plus me vanter les vertus de l’eau de pluie pour les cheveux… Je me suis coltiné toute la soirée des cheveux dégoulinants (en apparence) et déprimants…

D’ailleurs en rentrant de la boulangerie pour me garer n’importe comment par rapport à ce qui était prévu, vu que personne n’a tenu compte des prévisions, j’avais une vague envie : aller me coucher…

Impossible, j’étais piégée…

La semaine va être dure…

baguetteJ’ai déjà dû vous dire que j’allais avoir 50 ans en mai prochain… Et que ce passe-t-il avant ? Hein ? Je vous le donne en mille.

Jean-Poirotte et Mrs Bibelot doivent fêter leurs 50 ans de mariage… (ne comptez pas, je suis une prématurée…)

Un moment que l’on en parle : les faire-parts ont été envoyés, concoctés par ma soeur « savez-vous quels sont les ravages causés par 50 ans de mariage ? » « Venez donc constater par vous-même l’état de délabrement avancé de Mrs Bibelot et Jean-Poirotte le samedi 8 décembre à partir de 18 h ». Tout à fait de la famille ça…

50 ans de mariage, c’est beau, et une chose est certaine : je ne pourrai jamais faire de même. Cela me laisse une certaine nostalgie en songeant qu’avec Albert j’y croyais. Mais bon, point trop de nostalgie, car là ça se précise, et mes meubles suis priée de ne point bouger cette semaine (encore une semaine de fichue), parce que cela urge et commence même drôlement à presser…

Il a fallu comme pour un mariage, faire une liste des invités (au total nous serons 30). Puis il a fallu se résoudre à commander un buffet. A qui ? Comparaison de prix, etc… Mrs Bibelot ne semblait pas trop pressée au départ, mais poussée au cul par 2 filles et une bru indignes, a accéléré la cadence. Donc le buffet est commandé (ouf).

Après 50 ans de mariage, c’est fou ce que cela peut se chipotter les mariés « moi je préfère une pièce montée », « moi je n’aime pas la pièce montée je veux des petits fours frais », « et gnagnagna… » Epique… Et les pains surprises ? Ils seront à quoi les pains surprises ? « pas de charcuteries, il y a un plateau de charcuteries », « pas de fromage, il y a un plateau de fromages », « pas au saumon uniquement… Si ? alors prends-en deux », « y’a pas au foie gras ? », « et gnagnagna »…

Mrs Bibelot veut sortir son cristal véritable. C’est non unanimement (d’abord qui va laver ? Pas elle ce jour là). Les verres en plastique, elle cède, mais elle en veut des zolis. 4 semaines qu’elle court les magasins pour trouver de zolis verres et des assiettes en plastique également qui soient zolies aussi… Tout cela parce que j’ai refusé de rapatrier chez elle le service de table 72 pièces de mon arrière grand mère qui ne va pas dans le lave vaisselle (fille indigne). Elle a trouvé de zolies assiettes, mais pas en quantité suffisante… La galère pointe son nez…

Jean Poirotte commence à s’impatienter, parce qu’il doit faire un pâté, un taboulé, et du punch. 48 fois qu’il me demande si je préfère du punch au champagne et 48 fois que Mrs Bibelot lui rétorque que je ne tiens pas au champagne. Combien de litres doit-il prévoir ? je rétorque « au moins 15 » sans qu’il ne moufte, depuis le 2 octobre où je suis à disposition. Ca lui fait penser aux nappes (le punch ça doit salir). On va mettre des nappes en papier. Mrs Bibelot s’y oppose formellement : elle a de zolies nappes damassées qui valent la peau d’une fesse et qui se lavent très bien, et font la taille requise par rapport aux tables. Jean Poirotte va vérifier pour la 36ème fois la taille des tables et revient, vaincu par le système métrique…

Parce qu’il faut bouger les meubles, pour caser 30 personnes, et donc rentrer la table du jardin. Deux amis costauds se sont proposés pour le vendredi 7 mais bon, le dimanche 2 il songeait déjà à pousser une ou deux vitrines pleines de bibelots. Le divorce n’étant pas loin, je détourne habilement la conversation vers les courses de non urgence à faire, le lundi 3 par exemple, genre les cochonneries à appéro, les jus de fruits, etc… Malheureuse, qu’ai-je dit en causant jus de fruits ? Jean-Poirotte se demande à nouveau combien de litres de punch il doit prévoir… Je précise « 15 », mais il sent que je me moque (MOI ?)

On commence aujourd’hui par Rauchan et Picard avec môman… La semaine va être dure… Samedi soir à 22 heures je serais pieutée, cannée et même pas bourrée par le punch…

La suite très prochainement… Je sens que je vais en rigoler… après…. D’un autre côté on ne peut pas leur en vouloir. Ils n’ont pas pu fêter leur mariage comme ils le voulaient, alors ces 50 ans sont à eux… Et je crois que j’aurai la larme à l’oeil (mais bon j’ai toujours la larme à l’oeil…)

Le coup du téléphone (2)…

Le_coup_du_t_l_phoneDonc, ma sciatique étant (momentanément) guérie, me voici partie à Rauchan avec maman qui cherchait une bouilloire. Moi j’avais besoin d’un téléphone sans fil… Chacun ses priorités… Elle pouvait faire chauffer son eau sur le gaz, moi, ma gazinière ne me permet nullement de téléphoner.

Le vendeur enthousiaste, commence, cet innocent, à me présenter le top du top qui mémorise 100 numéros (mon dieu mais quelle horreur), a des tas d’options (encore pire). Sadique (je sais, je peux être une chieuse infâme), je lui demande si je peux prendre l’adagio d’Albinoni comme sonnerie, il se fige, navré… Non. D’ailleurs il ne sait visiblement pas trop de quelle musique je peux bien lui parler… (Albinoni, c’est quel groupe ?)

Bon bah alors puisque c’est comme ça, je vais prendre le moins cher. Il a beau me rétorquer que je n’aurais pas non plus l’adagio d’Albinoni, m’en fous, je veux celui à 29,90 euros (et non pas 30, cela aurait fait trop cher).

Je rentre à la maison pour constater que le mode d’emploi est écrit en tout tout petit, blanc cassé sur gris clair. Pas certaine qu’avec ma vision d’avant j’aurais pu le déchiffrer. Là, autant dire que je suis aveugle. Je vais emprunter une loupe à ma désormais ex voisine, pour tout bien décrypter.

Evidemment il faut qu’il se charge le trésor. Et pendant qu’il se charge, on m’appelle comment ? Un éclair de génie (si si, c’est possible !) me fait me souvenir que j’ai une prise qui fonctionne dans ma chambre (éclair de génie parce que j’y ai testé le défunt téléphone). Je vais y brancher le nouvel appareil adoré qui fait bien « bip », comme convenu. Dans le salon me reste mon vieux avec fil avec sa moche sonnerie…

C’était écrit sur la notice « 24 heures d’autonomie ». En plus ce ne sont pas des batteries, mais des piles rechargeables : youpee le progrès (sauf qu’elles auront déliquescé avant de crever en déliquesçant au passage le boîtier à piles, et qu’il me faudra changer d’appareil…).

Mise en service de l’appareil après débranchage du vieux avec fil. Vérification : j’ai la tonalité. Mrs Bibelot m’appelle sur mon portable : je suis injoignable. Damned, il me fallait programmer une sonnerie. Je retourne emprunter sa loupe à la voisine qui prépare ses cartons… Je trouve une sonnerie, je la programme. J’ai tort. C’est la même mais en moins fort, que celle de Madame Vampire, ma voisine du dessus. Dès que ça sonne chez elle, je me précipite sur mon appareil… Régler le son, je n’ose pas : j’ai peur de tout annuler (déjà que la sonnerie de mon portable change quand elle veut…). Du coup, quand ça sonne chez moi, je crois que c’est chez elle et je ne me dérange pas…

15 novembre : plus de téléphone. Je tirlipotte les boîtiers : rien à faire. Je met l’appareil sur son socle : pas de bip.  Ne me reste qu’à partir chez mes parents appeler « France’j’téléphone » qui est pour une fois formel : pas d’anomalie sur ma ligne. Ca me turlupine : c’est peut-être un problème de fil ?

Je rentre un peu énervée pour aller reporter cette merde chez Rauchan. Surprise : ça fonctionne. A bien calculer je l’avais laissé 48 heures sans le remettre sur son socle et il était tout bêtement déchargé. Au point de ne pas faire « bip » quand je l’avais remis sur son socle, comme il l’avait fait lors de la première utilisation (là c’est à n’y rien comprendre).

Et bien je vais vous dire ce que je pense du modernisme qui me permet de vous inonder de posts débiles : la vie n’est qu’un long calvaire !!!