Fifi brin d'acier…

Je l’ai oubliée dans mes livres 4 à 4… Elle m’est revenue en mémoire ce midi quand Jean Poirotte devant les couettes de la petite dernière, a évoqué Fifi brin d’acier…

Ma nièce n’est pas Fifi brin d’acier : elle frise… Mais tout à coup me sont remontés à la mémoire ces livres que j’adorais, de cette petite fille vivant toute seule, trop forte, avec des cheveux méga raides… D’où le surnom… Brin d’acier pour la force et la raideur du cheveu… (un peu moi pour les cheveux…)

Y a-t-il UNE personne ici, qui sait qui est Fifi brin d’acier ????

Cachée dans le placard…

Dans_le_placard_57519927Cette histoire est 100 % authentique d’où la série « chroniques d’une vie ordinaire »… (c’est sans commentaires sur « la vie ordinaire »)

Albert vendait des appartements en kit aux Arcs. Vous savez, ceux des bronzés qui font du ski et que si tout le monde prend 12 heures de retard et bien Juniot il skiera en juillet dans 7 ans ?… (et comment qu’il balance le scraable par la fenêtre).

Bref ce n’est pas drôle du tout. Albert devait passer 1 semaine par mois à la montagne pour vendre ses kits, pendant 3 mois.

La première semaine, comme nous avions un appart pour nous tous seuls, nous avons invités mon frère et ma future belle soeur à nous accompagner. Elle était ravie, elle qui était skieuse hors pair, et mon frère aussi (ravi) qui ne demandait qu’à découvrir (le ski) (pour la deuxième semaine Albert avait invité son père et sa mère, et aurais-je la force de faire un post sur cette semaine inoubliable ?)

Déjà à l’époque mon frère et sa future s’engueulaient tout le temps (ça a duré un morceau de temps), mais nous ne nous en rendions compte que le dimanche midi chez le grand père (l’apiculteur) et l’après midi du dimanche. On pouvait espérer que le dimanche n’était pas un bon jour pour eux…

Arrivée dans l’appart : déjà bouderie : un seul lit de deux personnes et des lits superposés dans l’entrée. Comme Albert et moi vivions déjà ensemble (et donc pouvions crapuler à notre aise), nous leur avons cédé très rapidement le lit pour deux pour nous en faire un pour nous dans l’entrée en nous débrouillant avec les lits superposés que nous avons dé-superposés…

Premier petit déjeuner : mon frère ne mange rien le matin et il a tort, parce qu’il va faire du ski et que le petit déjeuner c’est super important… Première dispute « je ne mangerai pas » (des oeufs, du fromage blanc, des toasts à la confiture, des saucisses, etc…)  « tu mangeras », etc… Albert déjà un peu las… qui récupère les oeufs sur le plat de mon frère sous la table pour éviter le carnage… Il me faut reconnaître ici et maintenant que j’aurais aimée avoir l’autorité de ma belle soeur (ben oui je la considère comme cela, du coup ça m’en fait deux (de belles soeurs, suivez un peu)… car moi je suis genre poire qui déteste les conflits, si que cela aurait obligé mon mari à manger des oeufs sur le plat au petit déjeuner… Moi je n’ai pu obliger aucun de mes maris à RIEN.

Je débutais le ski avec mon frère dans l’école ad hoc, pendant qu’Albert partait avec sa future belle soeur (fallait bien que l’on se marie un jour ou l’autre). Le premier jour s’est bien passé, sauf que j’ai alerté le moniteur après une chute « j’ai cassé mon ski » « non c’est la sécurité qui a sauté mademoiselle« …(ça fait rêver longtemps après). Le lendemain je débute une crise de rhumatisme articulaire äigü dans le genou gauche (exit le ski et bonjour ma carrière d’emmerdeuse moyenne qui débutait).

Je m’en foutais un peu, la montagne que je découvrais n’était pas pour moi : la neige me donne mal aux yeux (je souffre de photophobie aigüe depuis ma plus tendre enfance), impossible de trouver mon équilibre sur les skis, quand je suis en haut j’ai le vertige (et mal aux yeux) et quand je suis en bas ça m’oppresse…

Bref, munie du diagnostic, les antibiotiques à haute dose qu’il me fallait sur ce coup là, je rentre à l’appart avec 7 ou 8 livres à bouquiner pendant que les autres skieraient.

Je végététais dans l’appart en lisant ce qui n’est pas abominafeux pour moi… En ayant prévenu que vu l’état de mon genou il ne fallait pas compter sur moi pour faire la bonne à tout faire…  Mon frère progressait très vite. « Sans aucun style » d’après Albert qui avait, lui, commencé à 5 ans, mais « il va vite et il n’a pas peur ».

Les voici donc partis un bel après midi, skier à trois : Albert le spécialiste depuis ses 5 ans, mon frère débutant mais près à tout, et ma belle soeur fortiche en ski également mais moins téméraire que les garçons… (d’après Albert, moi j’étais incapable de juger)

Je lisais un truc super quand tout à coup ça sonne  : j’ouvre : la belle soeur en rage, ça se voyait tout de suite…

  • J’étais avec les garçons, je les suivais, je suis tombée, ils ne se sont même pas arrêtés pour m’aider à me relever (elle pose ses skis dans l’entrée)

  • Vraiment des rats les hommes (elle enlève sa combinaison)

  • On se fait un thé ? (oui TU fais un thé)

  • J’aurais pu me blesser grave en tombant (dit-elle en buvant le thé). Ils n’en avaient rien à foutre, ils sont repartis sans m’attendre.

  • J’aurais pu me tuer…

  • Ah les salauds, je suis morte sous un pin et ils skient avec allégresse, tu vas voir comment ils vont être  joyeux en rentrant…

Là j’ai refermé mon livre.

  • Déjà Coraline, tu ne m’as pas vue du tout. Je ne suis pas rentrée. Où sont mes skis ? Je les planque sur le balcon… Ils n’y vont jamais ces rats…

  • Ton frère va se faire un sang d’encre, il sera bien temps, j’aurais pu crever sous le pin, je suis morte sous le pin… Bien fait pour lui, j’espère qu’il va en faire un ulcère

  • Si je mets ma combinaison sur le balcon ça n’est pas l’idéal, je peux t’emprunter ta valise ? merci, t’es un chou ! Hops je lave et je range ma tasse de thé (deux ça ferait louche)

  • Quand ils vont rentrer tu ne m’as pas vue hein ?

  • Où que je vas me mettre : tiens dans le placard : regarde j’y rentre tout bien…

  • (ouverture de la porte du placard) : j’y tiens bien, mais avec un tabouret ce serait plus confortable… Merci Coraline.

Et la voilà dans le placard à 16 H. A cette époque à la montagne le retour des skieurs a lieu vers 17 heures… Donc elle a poireauté pendant 1 heure et pendant 1 heure à ne rien faire qu’attendre, on cogite, surtout, je l’imagine très bien, assise sur un tabouret dans le noir d’un placard (le salaud, je le quitte, je prends le train de minuit, je suis déjà partie)…

Ouverture de la porte à 17 H pétantes, mon frère en tête, Albert levant déjà les yeux au ciel.

  • Coraline ? tu n’as pas vu Julienne ?

  • Heu non… pourquoi ?

  • Putain, elle fait chier ! elle est tombée, on l’a attendue, elle nous est passée sous le nez en criant je ne sais quoi…

Rien à répondre heureusement. La porte du placard s’ouvre et ma belle soeur en sort comme un diable de sa boîte. Pas le temps de dire quelque chose,  mon frère la pointe du doigt.

  • Je le savais que tu étais là !

  • Tu ne savais rien du tout pauvre crétin ! Je pouvais crever sur la piste, tu n’en avais rien à foutre !

  • Tu rigole ? on t’attendait et tu nous es passée sous le nez en disant des  choses abominafreuses ! Je le savais bien que tu n’étais pas morte !

  • Tu t’en fous que je crève !

  • Oui, enfin non, mais là maintenant, tu peux retourner dans ton placard ça nous fera des vacances !

  • Où sont passés Coraline et Albert ?

  • Je ne sais pas, ils viennent de partir en claquant la porte

  • Faut qu’on les retrouve (surtout pas, mais si, ils nous ont retrouvé à la fondue du secteur)

La vie n’est qu’un long calvaire…

Quand on racontait ça au papa de la belle soeur, il souriait en disant  » je ne le la voyais pas comme ça » (et là sa femme levait les yeux au ciel, car des scènes père/fille, elle en avait eu sa dose)

Sinon on s’est bien amusés cette semaine là (me reviennent plein de souvenirs) et il faudra que je vous raconte comment je suis restée moi, deux heures et demie derrière une armoire… Rappelez-moi de le faire (si ça vous intéresse s’entend)…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Il s'en va…

C’est quelqu’un que j’aime beaucoup, que j’apprécie beaucoup… Il a décidé de nous quitter pour vivre une autre vie dans une autre société… Pour le temps qu’il lui reste à faire avant la retraite dans quelques années. « Une opportunité » dit-il, « l’envie de me poser un peu »

Je n’ai rien à dire sur ses motivations, les raisons de sa démission, qui lui appartiennent, je suis simplement triste qu’il parte… Il va me manquer terriblement, même si son successeur est agréable, charmant et tout le bataclan (pour de vrai), il va me manquer vraiment. L’annonce de son départ fut un choc pour beaucoup… Dont moi. J’avais les mains moites et le coeur palpitant à 40 de tension… Non pas lui !

J’ai travaillé avec lui main dans la main pendant des années, je l’ai épaulé à ses débuts. J’ai pisté tout ce qu’il pouvait perdre et le retrouver, je lui ai fait GPS, je lui ai trouvé des chambres d’hôtel de la gare en catastrophe. Je l’avais au bout du téléphone 15 fois par jour… Sur les gros dossiers « chauds » nous nous soutenions à raison de plusieurs appels par jour, c’était toute une vie (professionnelle) en fait… J’étais son assistante, celle sur laquelle il comptait, et je peux compter avec juste une main les mercuriales méritées ou non, que j’ai pu prendre de sa part…

Il m’appelait « perso » quand il y avait des problèmes autres (comme quand Truchon a fondu un câble), pour m’assurer de son soutien, me remonter le moral et le sien au passage.

Aujourd’hui, c’est le « pot » de départ et je rentrerai tard, certainement triste, très triste, mais je ne le montrerai pas vraiment parce que certains se réjouiraient de ma tristesse et de celle de beaucoup. Parce que certains aiment la tristesse des autres, la méchanceté qu’ils divulguent sans honte, donner glorieusement 2 euro pour le cadeau. Parce que « fêter » un départ c’est tout de même un départ. S’il partait à la retraite, je serais également triste mais plus sereine… J’aurais sû à l’avance.

C’est « entre nous » au téléphone qu’il saura qu’il va me manquer et j’oserai lui dire « tu m’abandonne » d’ailleurs je l’ai déjà fait. Oui il m’abandonne et d’autres avec, sur un chemin que nous avions pavé ensemble… Mais il le sait déjà qu’il va me manquer, nous manquer, à tous ceux qui ne le montreront pas aujourd’hui, et dieu reconnaîtra les siens et lui avec, et je sais qu’il va être triste face à moi, et comme je ne le serai pas, nous resterons dignes. Les plus pleurnicheurs seront les plus hypocrites…

C’est toute une période qui va mourir aujourd’hui lorsque, je le sais, il va me faire la bise en m’appelant sa petite Coraline chérie… Avec son départ c’est toute un monde qui s’en va et ne reviendra jamais. C’est une voix que je n’entendrais plus que rarement, c’est une ambiance qui meurt.

C’est juste un collègue qui s’en va… Quelqu’un que j’appréciais, qui me faisait rire, me donnait beaucoup de travail, mais j’étais là pour ça, avec qui je partageais plein de choses..

Il va terriblement me manquer. Et sachez le, il n’y a jamais rien eu entre nous que la bonne entente entre collègue….

J’ai découvert avec l’annonce de son départ que les deuils ne se vivaient pas qu’avec des « proches »… Il va me falloir faire mon deuil de lui et ce ne sera pas simple. Il s’en va effectivement le 31 juillet alors que je débuterai mes congés. A mon retour de congés, je pourrai mesurer le vide… Pas de mail de lui, pas d’appel…

Ce « pot » de ce jour, n’est qu’un long calvaire… (ça c’est sûr…)

Ca vous est déjà arrivé ?

Les livres 4 à 4…

SourireMe voici invité par Danaée aux livres 4 à 4… Donc je réponds… Bien évidemment mes 50 ans proches vont se faire sentir…

4 livres qui ont marqué mon enfance :

  • Les aventures de Suzy la rouquine, traduites du danois dans la série « rouge et or ». Je sais c’est une série, mais pour moi c’est un livre.

  • Les aventures de Puck, là encore traduites du danois dans la série « rouge et or Dauphine » (on progresse). Pareil, c’est une série mais pour moi c’est un livre uniquement.

  • « Gulla » fille de la colline et ses suites (là encore pour moi juste un livre). Rouge et or Dauphine également, traduit du Suédois et montrant vraiment la misère d’une époque et des conditions de vie difficiles (pas étonnant qu’ils aient émigré en masse aux futurs USA…)

  • « Aggie » (bande dessinée). La jeune américaine qui a changé souvent de dessinateur. On passe de l’infortunée Aggie malheureuse à l’Aggie gaie et flamboyante en pleine adolescence, dans l’Amérique d’après guerre. J’adorais. Il y avait « l’espiègle Lilly » aussi, mais je n’avais droit qu’à 4 (et comment je triche !)

4 écrivains que je relirais, encore et encore

  • Margaret Mitchel : dommage qu’elle n’ait écrit qu’un seul livre

  • Maurice Druon : j’ai débuté à 14 ans avec les rois maudits, et j’ai lu tout le reste dans la foulée. Mes parents avaient la paix pendant les vacances à la campagne sans meilleure amie…

  • Zola : pas drôle drôle mais j’adore son écriture. En plus comme il n’est pas traduit, je pense qu’il a vraiment bien écrit….

  • Agatha Christie (que j’appelais petite « tagada Christine » quand maman me demandait d’aller lui chercher son livre) Je ne m’en lasse jamais, et j’espère un jour avoir l’intégrale à la maison, sans racheter un livre que j’ai déjà… (ma spécialité)

4 écrivains que je ne relirai plus

  • Boris Vian : désolée ce n’est pas classe de l’avouer, mais je déteste (jamais pu finir un truc de lui…)

  • Balzac : ce mec m’a toujours gonflée grave, ce n’est pas de sa faute, de la mienne certainement, mais c’est comme ça

  • Patrick de Carolis : Pulchérie connaissant mon amour du moyen âge m’avait offert les « demoiselles de Provence ». Choix judicieux quand on me connait, sauf que je le préfère en journaliste qu’en écrivain (je n’ai pas pu terminer le livre). Ca m’a fait peine comme on dit dans le midi, que ma fille se soit donné du mal pour trouver le bon livre qui tombe pile dans mes goûts et manque de bol…

  • Pour tuer définitivement ma réputation : Jean Paul Sartre… J’ai hésité avec Albert Camus, mais ma réputation est à jamais ruinée… Ils me gavent comme pas possible… (Désolée Simone, et l’autre aussi d’ailleurs…) (et comment que je triche encore)

4 livres à lire, en attente dans ma bibliothèque

  • « Nous les dieux » de Bernard Werber. J’adore depuis les fourmis et surtout les « thanatonautes » (ah bon ça ne s’écrit pas comme ça ?)

  • Le dernier Dan Brown qui en fait était le premier comme celui d’avant d’aiilleurs (« Deception point) qui  fut déception  tout court… (c’est l’auteur dont on édite les livres à rebours en précisant « par l’auteur de Da Vinci Code »

  • Rien d’autre, je n’ai jamais 4 livres en attente dans ma bibliothèque, sauf cas d’angine monstre… Ah si, Dame Vénézia m’a prêté « le parfum »…

4 livres que je suis en train de lire

  • Je lis un livre à la fois… Désolée… Donc « les cavaliers » de Kessel que je relis régulièrement…

4 livres que je n’ai pas terminés

  • « la mémoire dans la peau » de Ludlum. J’aime bien les films que l’on fait de ses bouquins, mais le lire me fatigue (j’ai hésité à le citer comme auteur un peu plus haut)

  • Le dernier « Mary Higgins Clark » : je n’ai pas accroché, d’ailleurs depuis pas mal de temps j’ai du mal à la lire…

  • L’histoire des croisades en 15 volumes que m’a léguée mon grand père maternel (celui qui avait des ruches). C’est sympa les croisades et j’adore le moyen âge, mais en 15 volumes forcément ça fatigue…

  • Le journal d’Anne Franck : de savoir comment ça c’est terminé ça m’a toujours plombé le moral. Je n’ai jamais pu aller jusqu’au bout à cause de cela…

4 livres que j’apporterais sur une île déserte (c’est quoi cette restriction barbare ?)

  • « Autant en emporte le vent »

  • « Les rois maudits » de Maurice Druon (ça fait 6 tomes mais pour moi c’est UN livre)

  • « Les mémoires de Zeus » du même auteur (idem, il y a deux tomes mais c’est UN livre)

  • « Les semailles et les moissons de Troyat ». Curieusement je n’aime que ces 5/6 tomes là de lui (donc un livre) sinon il me fatigue (surtout quand il se promène en Russie dans la première partie de la série : « tant que la terre durera » « les semailles et les moissons rassemblant les français et les russes dans le dernier tome)

  • l’intégrale de Nicole de Buron

  • « Les fourmis » de Werber et le reste avec d’ailleurs

  • « l’esprit de famille » (en plusieurs tomes également) de Jeannine Boissard, et tout ce qu’elle a pu écrire d’autre au passage, on dira qu’un auteur = un livre

  • L’intégrale de Tagada Christine (idem pour elle)

  • Y’a les Robin Cook aussi (le meurtre médical et l’infirmière qui a une tête de sérial killeuse dès le premier chapitre)

  • L’intégrale de Zola pour rigoler un peu sur mon ile…

  • En BD il me faut l’intégrale de Franquin… + Aggie bien sûr et l’espiègle Lilly…

  • « les lions diffamés » de Pierre Naudin

Je ne peux pas tout prendre ? (et encore j’ai fait des restrictions) J’y vais pas sur cette île de merde ?! (pour y faire quoi d’ailleurs ?) Je préfère tout de suite m’ouvrir les veines avec un post-it.

La vie n’est qu’un long calvaire… Faudrait aller sur une île déserte qui ne le sera plus dès que j’y aurais posé les pieds, et en plus de ne pas avoir d’ordi, faut se restreindre sur la lecture… (bon d’un autre côté faut se nourrir et j’aurais bien fait de lire « Robinson Crusoé » plus à fond dans mon enfance au lieu de lire Aggie, comme Jean Poirotte me le conseillait)…

La vie n’est qu’un long calvaire. Si quelqu’un a des insomnies je peux lui énumérer ma bibliothèque, il ne sera pas déçu (j’ai même des livres sous mon lit, dans des cartons…). Pour l’insomnie tenace, aller jeter un coup d’oeil chez Jean Poirotte et Mrs Bibelot : les chiens ne font pas des chats…

7 révélations sur moi…

SourireRécupéré chez madame patate au hasard, car personne ne voulait de moi, snif (à savoir que je n’ai été nominée chez personne même si nominer ne fait pas partie de la langue française si on veut être un peu vache sur le coup du vocabulaire). Du coup je ne recopie pas le règlement et je ne tague personne.

Donc 7 choses à vous révéler de moi… Le jeu se corse un peu, c’est la mode de mentir. Madame patate a mentit une fois, la méchante aussi. Moi, il n’y aura qu’une chose de vraie… (rigolo non ?) (je sais je suis puérile)

  • J’ai été promeneuse à cheval en Camargue parce que j’étais tombée bêtement amoureuse d’un camarguais. Savoir que je me levais à l’aube pour nourrir les petites bêtes, accompagnait à longueur de journée des touristes ravis de découvrir la Camargue et ses moustiques, me couchait très tard après avoir nourrit les petites bêtes. Histoire d’amour qui m’a fait perdre 9 kg en 9 mois…

  • J’ai été secrétaire d’une gynéco homosexuelle (je l’ai sû trop tard), qui m’a virée quand elle a sû que j’allais épouser Albert (un homme quoi). Là j’ai regretté d’avoir quitté mon secrétariat médical à la radiologie d’un hôpital que je n’aurais jamais dû quitter sous prétexte qu’on était mieux payés à l’époque dans le privé. J’y serais encore sans ce prétexte maintenant faux, sans me demander de quoi demain sera fait (à part de malades venus se faire radiographier et échographié et scanner à l’occasion)

  • J’ai eu raison d’un jésuite (avec l’aide d’Albert au départ) après 3 heures de discussion acharnée pour savoir si le christ était le fils de dieu ou non. Il a finit par dire qu’il n’était pas certain… J’étais ravie, sauf qu’en fait je ne lui avais pas fait perdre la foi, il se foutait de ma gueule autant que moi de la sienne. Pas honteux pour un jésuite ? il se devait de me faire changer d’avis.

  • Au cours d’une période de chômage, je me suis lancée dans le « métier » « écrivain public » (en tapant également au passage des thèses toutes admirables et passionnantes, surtout une sur un haricot mexicain qui intéresse beaucoup les chercheurs), pour découvrir très rapidement que cela ne payait pas parce qu’on profitait de la misère des autres (et je ne pouvais pas exploiter mon prochain, honte à moi, même si les lettres aux impôts étaient ce que je préférais rédiger, ainsi que les lettres de rupture). Finalement entre le temps que j’y passais, le prix de la cartouche du vieux mac, j’ai renoncé (les thèses par contre c’était pas trop mal payé mais toujours très mal écrit).

  • J’ai l’intégrale des Beatles et des Moody blues chez moi, en vinyl et CD

  • Je fais toujours pipi dans mon bain. C’est mon pipi et c’est mon bain, et je n’oblige personne, mais dès que je mets un pied dans l’eau je ne peux pas faire autrement que de faire pipi, même si c’est 3 gouttes… J’ai beau prendre les pires précautions, c’est l’horreur…

  • J’ai toujours 2 bouteilles de mousseux au frais au caz-ou… avec de la liqueur de cassis pour faire kir princier…

Je refile le BB à qui qu’en veut, sous la forme qui lui fera plaisir…

Ne me remerciez pas, moi j’ai hérité de « dans la peau de »… via les ménagères… Un vrai plaisir…

1 an déjà…

Mon petit blog a un an aujourd’hui… Le jour où j’ai posté mon tout premier message…

Même pas fait attention que j’avais débuté le jour du débarquement (oh la honte !), c’était le lendemain de la Pentecôte, et j’étais en colère d’avoir dû bosser la veille.

Merci à ma méchante de m’avoir poussée sur ce blog et de m’avoir fait de la pub. (Ici et ) (je vous épargne tous les là là là…)

Merci à mes lecteurs fidèles et à leurs commentaires, et même aux fidèles qui n’en laissent pas… Je sais qu’ils sont passés.

Un an déjà… Qu’à l’an qui se termine… comme on dit dans le midi « si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins ».

Bon anniversaire ma petite maman !

Coeur_LS015908Bon anniversaire à Mrs Bibelot, née juste avant l’anniversaire du débarquement et surtout, la pauvre, juste aux périodes « fête des mères »… (à un jour près elle cumulait les deux)

Que l’avenir nous accorde de t’avoir longtemps encore avec nous, avec ta fougue, ton côté un peu « à côté de la plaque » qui fait tout ton charme, ton amour de la vie, ton énergie qui parfois me manque, moi avec qui tu n’as que 21 ans de différence (mais nos vies ont été tellement différentes que j’ai décidé de ne plus culpabiliser)

Que l’espoir ne soit pas vain de te voir encore tailler avec amour tes rosiers dans 10 ans et voire même encore plus longtemps, pendant que je t’aide à tondre ta grande et vaste pelouse parsemée « ça et là » de plantations qui obligent à faire des détours pas possibles… (passer la tondeuse dans ce jardin magnifique est une horreur absolue…)

Que tes souvenirs restent, oui, qu’ils restent, toi qui est la mémoire de ta famille dans laquelle je puise souvent… Que tu sois encore là longtemps pour me recueillir le coeur en vrac ou la tête brisée, quand je viens m’abriter à l’ombre de l’amour tutélaire de mes parents qui savent faire ce qu’il faut, et dire ce qu’il faut.

Que je t’entende dire « gouzi gouzi arrheu il est mignon le tout petit » au prochain bébé qui sera de mes filles ou de leurs cousins/cousine…

Que tu garde encore pour longtemps ta démarche alerte, toujours de jeune fille, ton côté excentrique, ta passion des bibelots… Quoi que puisse en penser Pulchérie il y en aura que je récupérerai, certainement en larmes, en pensant à toi, le plus tard possible je l’espère…

Bon anniversaire ma petite maman. Tu n’as pas Internet alors je te téléphonerai bien sûr… Je n’aime pas te voir prendre un an de plus. Egoïstement je sais que je te suis à 21 ans à peu près, et surtout surtout, que le temps passe de plus en plus vite, qui fauche nos espoirs, nos amours, notre vie…

Pour moi tu es toujours la jeune maman de 30 ans, ces 70 ans, c’est une mauvaise blague du destin…

Tu es toujours la jeune grand mère de 44 ans couvrant ta première petite fille de vêtements, tu es toujours la femme enceinte de ma petite soeur, celle sur laquelle j’ai toujours pu compter. Je sais que tu sais que tu peux également compter sur moi. Enfin je l’espère.

J’ai mis le gros coeur sur Internet, car se dire « je t’aime » entre nous, comme je le fais avec les filles, cela n’a jamais été de mise. Je n’ai néanmoins jamais eu de doutes sur l’amour que tu me portais et en cela je te dis à jamais merci.

Bon anniversaire Mrs Bibelot (et bien SI, je lui ai offert un bibelot pour la fête des mère et son anniversaire…)

Ca ne se dit pas…

Ce_ne_se_dit_pas_53272481Me voici revenue avec mon troisième énorme bouquet de muguet ce premier samedi de vacances. Ce n’est pas le tout, mais avec tatie chérie, maman, nous en avons laissé plein ! donc on va y retourner demain, après demain, et tous les jours de la semaine à venir, voire même après, jusqu’au moment où le muguet aura terminé sa pousse.

Je rassure les écologistes : on en laisse toujours assez pour la reproduction, d’ailleurs cela fait 5 générations que nous ramenons des brouettes de muguet des mêmes endroits et il pousse toujours, voire même de plus en plus, il s’étend, il gagne du terrain.

Je descend de voiture rentrée chez moi, avec mon chou fleur à la main et ma voisine sur son balcon, cette innocente, me demande où je ramasse cette manne merveilleuse. Mon sang se fige, mon sourire aussi sans doute.

Une place à muguet « ça ne se dit pas« . C’est comme les places à champignons, ou autre…

Pour ceux qui connaissent « Jean de Florette » et « Manon des sources », vous savez déjà que dans le midi « une source ça ne se dit pas« . C’est comme plein de choses…

J’ai été élevé dans un milieu plutot rural. Et bien chacun avait ses places. A muguet, à jonquilles,  à morilles, à girolles, à cèpes, trompettes de la mort, mousseron, etc… Nous ramassons beaucoup les champignons dans la famille et c’est une chance pour le père d’Albert que je ne lui ai jamais fait de fricassée d’ammanite mortelle (dieu sait pourtant que j’y ai songé, mais je n’ai pas l’âme d’une tueuse).

Seulement une place à n’importe quoi « ça ne se dit pas ». Et il a fallu que j’atteigne l’âge de raison pour que mes grands pères m’emmènent avec eux pour apprendre l’essentiel « ça tu n’y touche même pas » « ça c’est un bon »… Après avoir exigé de moi le secret solennel et mon silence absolu sur la place qu’ils allaient me faire découvrir…

Le père de Mrs Bibelot sachant qu’il n’arpenterait plus les bois, me demanda un jour de l’emmener pour qu’il me montre ses places, afin qu’elles ne se perdent pas. J’en suis encore émue. Il m’a tout montré. Mrs Bibelot sa fille étant en vacances, il m’avait choisie moi, pour me montrer le secret de famille qu’il tenait de son père qui lui-même le tenait du sien…

J’avais le droit de les montrer à sa fille à l’occasion, mais à personne d’autre

Une place ça ne se dit pas. A personne…

Pareil avec le pêcheur. Question stupide « ça mord ? ». Si ça mord il ne va pas vous le dire, il n’a qu’une trouille c’est que le lendemain il vous trouve à sa place. Non, il est juste venu se détendre avec une canne à pêche en mettant une banane au bout de l’hameçon pour que les poissons lui foutent la paix… Ca ne mord jamais c’est désespérant…

Idem avec le chasseur. « Ca donne ? ». Non il n’y a plus de gibier, les agriculteurs tuent tout avec leurs pesticides. Il aère juste son fusil qui s’encroûte à la maison et il tue le temps qui passe. Il sortira son carnier plein de la voiture, à la nuit tombée, hors d’un regard indiscret. Non mais !

A l’agriculteur qui cultive encore, inutile de lui demander si c’est une bonne année. Ce n’est jamais une bonne année. Ca aussi ça ne se dit pas… Par contre 1976… Ah 1976, ça c’était une sacrée année. Sauf qu’en 1976 il n’en a rien dit ce rat.

Je suppose que c’est la même chose avec la vigne qui ne donnera jamais aussi bien qu’il y a 5 ans, et même secret sur le rendement de la culture du chou en Finlande (faut suivre) qui n’égalera jamais celle de 1956 quand on n’était même pas né…

Tout ça pour vous dire que je ramasse mon muguet où je veux d’abord, mais que vous ne saurez jamais où… J’ai bien proposé à Dame Vénézia si elle a l’occasion de venir une fois avec moi, mais c’est bien parce que c’est elle et que je m’en vas brouiller les pistes et bien la perdre…

Une place : « ça ne se dit pas« … Je pense qu’il y en a certain « à qui ça parlera »…

Bon anniversaire ma petite soeur !

La_maternit__53271420Tu seras toujours pour moi, la petite soeur, même quand je n’aurais pas car je ne les aurais jamais quand j’aurais 95 ans et toi toujours presque 11 ans de moins que moi (14 avril – 9 mai, la marge était courte pour les 11 ans).

Je me souviens de l’annonce d’un « bébé » arrivant. C’était tout con et ça c’est mal goupillé pour les parents qui voulaient taire l’évènement. J’étais tombée dans les pommes en août. Mon premier évanouissement mérite que je le raconte.

C’était la campagne, chez le grand père apiculteur ou presque… On se lavait à l’eau froide dans l’évier de la cuisine, j’étais en train de me laver les dents quand je me suis sentie toute drôle. J’avais 10 ans (je sais que c’est bête…). Tout bourdonnait, ma vision se brouillait. Maman me parlait et je n’entendais pas ce qu’elle me disait, j’étais « toute drôle ».

J’avais l’air tellement niaise que Mrs Bibelot a cru que je me fichais d’elle et elle m’a flanqué une claque (mère indigne !). Sur cette claque je suis tombée dans les pommes, ce que j’étais de toutes manières en train de faire… Mon souvenir est le cri de maman « grand mère au secours, elle s’est évanouie ! ». J’étais rétamée dans la cuvette dans laquelle les chiens buvaient. Aucun souvenir de la claque. Juste le « je me sens toute drôle » et la tête dans la cuvette, et maman hurlant, persuadée qu’elle m’avait fait tomber dans les pommes avec sa claque.

Elle pleurait en attendant le médecin appelé en urgence (un vieux médecin sage qui suivait la famille depuis ma naissance), en me demandant pardon. Elle était persuadée qu’elle avait provoqué mon évanouissement par sa claque. Avantage de la chose : elle a modéré après sa main leste… Inconvénient, j’étais mal de voir ma mère pleurer et me demander pardon… (et un traumatisme, un !)

Le médecin ne trouva rien de mieux que de me prescrire la première prise de sang de ma vie… Je me souviens de l’infirmière se déplaçant pour procéder à l’opération. Re-tombage dans les pommes… mais là tout le monde faisait l’habitué de service…

Tout normal apparement, et maman 2 semaines après, prenant rendez-vous chez le médecin. J’étais inquiète, je pensais qu’il était question de moi. J’avais forcément une leucémie pour le moins et l’on me taisait la chose… Je demande à maman si elle va voir le médecin pour moi, et elle me répond « oui » (à l’époque les parents étaient maladroits, aujourd’hui cela n’existe plus…).

J’étais donc fatalement inquiète et à espionner. Et puis voici papa rentrant du boulot (hé ho, hé ho). Nous étions tous dans la cour à savourer ce soir d’août non caniculaire. Il prend la main de maman, l’interrogeant d’un regard.

« Oui » dit-elle simplement.

Je ne sais pas pourquoi j’ai oublié ma leucémie aigüe et compris que maman allait avoir un bébé… J’avais dû en entendre et en comprendre inconsciemment. Je me suis levée en dansant « on va avoir un petit frère ou une petite soeur ! »…. Papa a haussé les épaules sans conviction « n’importe quoi ma chérie ». Mais j’étais certaine. Les adultes en présence d’ailleurs étaient moyen à me contrarier.

Le surlendemain, dîner chez Mrs Morgan. Question d’elle et réponse de maman « oui ». Et là, la grand mère qui met les pieds dans le plat « vous voulez un petit frère ou une petite soeur ? ». Et Jean Poirotte de râler « fallait vous taire Morgan, on ne le leur avait pas dit… ». Ben oui, 9 mois c’est long à passer, et ils souhaitaient nous le déclarer le plus tard possible (loupé)

Et ainsi vint au monde le 14 avril 1969 la der des der pour les parents. A 23 H 16 très exactement. Je m’en souviens comme si c’était hier. Mrs tricot était arrivée pour s’occuper de nous, à l’alerte tardive, Mrs Bibelot étant la spécialiste de l’accouchement en retard pour cause de date mal fixée rapport à des cycles fantaisistes (maintenant ça n’existe plus, les échographes vous annoncent la minute près de la conception), et nous avons sû le matin du 15 que c’était une petite fille. Mon frère pleura parce qu’il voulait un petit frère pour jouer aux billes avec. Il constata avec consternation au retour de la mère et de la petite soeur, que cette dernière était incapable de jouer aux billes, qu’elle n’avait même pas de dents, et qu’elle ne gargouillait même pas en français…

Moi j’ai pouponné à mort pour la première fois de ma vie, ce qui ne m’empêcha pas quand on me mit Pulchérie dans les bras, à changer pour la première fois, de ressembler à une poule qui a couvé une clef anglaise. Alors que j’avais changé ma soeur des milliers de fois, sous l’oeil approbateur de maman…

Et la naissance de ma petite soeur nous a bien fait rire, un jour où nous avons retrouvé chez tante Hortense, une carte postale de Mrs Bibelot, datant de juillet 1968.

« Vacances excellentes, 14 juillet magnifique, retraite aux flambeaux, feu d’artifice, etc… »

Le etc est passé à la postérité dans un éclat de rire général….

Bonne anniversaire ma petite soeur.

Le miel de mon enfance…

Lorsque j’étais petite, mon grand père (celui-ci) avait une quarantaine de ruches. Il tenait son matériel et son amour des abeilles de son père et avait tenu à garder « ses ruches ».

Il n’était pas apiculteur à proprement parler, car c’est un vrai métier. Il se contentait de surveiller ses ruches aux hasards de ses nombreuses promenades, de leur donner à boire pendant une sècheresse et de les protéger du froid certains hivers rigoureux (il en perdit les 2/3 en février 1956 où il fit -20° pendant tout le mois, malgré tous ses efforts).

Il « levait » les ruches dès le premier week-end d’août avec Jean Poirotte, commençant par celles du fond du jardin, dont une était toujours « méchante », ce qui nous empêchait d’aller gambader dans les poireaux. J’adorais le voir préparer son matériel dans « la pièce au miel », qui en a gardé pendant des années l’odeur… J’adorais voir les hommes s’équiper avec tout le bataclan, sortir du sac de patates à brûler (pulvériser la fumée pour neutraliser la ruche le temps de lever les hausses, et non, ça ne tue pas les abeilles. Elles prennent peur, se gavent de miel, se préparent à quitter la ruche en bourdonnant et hop on retire les hausses et on se tire, du coup elles restent).

Première arrivée de « hausses ». Papa empoignait le couteau à désoperculer et m’envoyait chercher tatie chérie dont le rôle était traditionnellement de tourner la manivelle de « l’extracteur ». Nous les mômes, bravions les abeilles ayant suivi « les méchants », une assiette à la main pour récupérer ce que nous appelions « des gâteaux de miel », à savoir de la cire alvéolée dégoulinante de miel liquide. Le grand père s’occupait de récupérer les dits gâteaux pour les mettre dans « le maturateur ». Papa mettait les cadres dans l’extracteur (une sorte de grosse centrifugeuse). Dès qu’il était plein, tatie tournait la manivelle et le miel coulait à flots.

Cela s’étalait pendant tout le mois d’août, Jean Poirotte ne pouvant s’y consacrer que le WE + une ruche tous les soirs. Une ruche donnait en moyenne 40 kg de miel. Mon grand père le vendait à pas très cher : ce n’était pas pour lui une activité lucrative. Nous en consommions beaucoup et nous adorons toujours cela.

J’ai vu arriver les premiers champs de colza. Nous avons découvert que le colza durcissait le miel, il fallait le mettre en pot très rapidement (c’était donc du mille fleurs). Il y avait les ruches du fond du jardin qui donnaient du miel de tilleul, 3 magnifiques tilleuls trônant chez le voisin du fond… que nous mettions en pots à part pour notre consommation personnelle. Il y avait la tournée des ruches à faire toutes les semaines quand le grand père acceptait de nous emmener (des enfants ça fait du bruit dans les bois), celles méchantes ou non, à abreuver ou non, mortes ou non (l’hiver, il posait son oreille sur la ruche pour vérifier qu’elle était bien vivante et savait si oui ou non), et surtout les appels au secours de personnes chez qui un essaim venait se poser, ceci 7 à 8 fois entre le mois de juin et de septembre.

Un essaim qui quitte la ruche c’est très impressionnant. Un jour nous en avons eu un chez nous qui venait du jardin pour s’installer dans le cerisier de la cour, sous lequel mon arrière grand mère faisait la sieste. Les abeilles se gavent de miel pour suivre la reine qui va partir. Elles ne piquent donc pas quand elles essaiment car elles sont gorgées de miel, elle « bourdonnent » très fort d’où le bruit impressionnant d’un essaim en vol qui est sans danger. Elles suivent avec précision la reine et s’aglutinent sur elle dès qu’elle s’est posée, généralement sur une branche d’arbre sous lequel quelqu’un faisait sa sieste… Là elles commencent à s’activer, il faut intervenir.

Je les ai accompagnés plus d’une fois… Ils partaient avec une ruche neuve à laquelle on mettrait des hausses l’année suivante seulement, le temps que la ruche se constitue et puisse vivre d’elle même. Papa ou le grand père montait dans l’arbre comme il le pouvait, et à la main, décrochait l’essaim qui tombait direct dans la ruche. Une fois la reine à l’intérieur, toutes les abeilles s’y engoufraient allègrement et c’était une ruche de plus. Juste espérer que la reine ne viendra pas se poser sur l’épaule de celui qui s’occupe de l’essaim, parce que tout le monde va suivre. Mon grand père évaluait le nombre d’abeilles au poids de l’essaim (1 kg = 10.000 abeilles) et apparement ne s’est jamais trompé (important pour savoir quand la ruche risque de traverser une mauvaise période)

A une certaine époque les gens appelaient les pompiers qui détruisaient les essaims… Petit à petit, mon grand père n’a plus renouvelé ses ruches et nous avons arrêté le miel.

Que de bons souvenirs et je me dis que j’ai entendu mon dernier essaim en juin 1999, alors qu’il se posait dans l’arbre qui donnait sur mes fenêtres chez Truchon & Co… Là on a fait venir un apiculteur qui a procédé comme je l’avais vu faire souvent….

Nous avions en tête mon frère et moi, de reprendre un jour cette activité (mais chacun dans notre petite tête). Nous ne l’avons malheureusement pas dit à notre grand père, qui tenait à son matériel comme à la prunelle de ses yeux (soi-disant), pour le donner un jour à un copain de son voisin. J’étais verte et mon frère aussi. Quand nous l’avons sû il était trop tard et il a été consterné lui-même. Pourquoi diable ne pas lui avoir dit que nous pensions reprendre cette activité ?

Ce sont tellement de souvenirs, finalement j’y pense un peu tout de même (pour quand Truchon m’aura virée)… J’y pense depuis longtemps à racheter du matériel et à avoir des ruches. Sauf que, vous le savez peut-être, mais les abeilles sont malades.

Chaque année il en meurt des millions et des millions de par le monde. Les apiculteurs n’arrêtent pas de tirer la sonnette d’alarme devant la mort de leurs ruches qui s’accélère. C’est une catastrophe écologique en vue, due à un virus (qui peut se traiter) et surtout aux multiples cochonneries qui sont répandues dans les champs et dont nous profitons aussi (bien évidemment, mais nous pour l’instant ça ne nous tue pas, ça fait juste baisser la fertilité et nous ne sommes pas en voie de disparition, et on mange n’importe quoi, pas le choix…).

Hors ne venez pas me dire « je n’aime pas le miel ». Si le miel représente un marché, l’abeille elle est le pilier de la pollinisation. Sans elles, si elles disparaissent, ce seront des milliers d’espèces végétales qui disparaitront. Adieu cerises, pêches, pommes, poires, abricots, et j’en passe je ne suis pas non plus une encyclopédie du monde végétal. Et paradoxalement certaines cultures qui les tuent, ne pourront plus, sans elle, être produites…

Je vous invite à faire une recherche gogolesque sur la disparition des abeilles. J’en ai trop lu, j’ai la flemme de mettre un lien (je ne sais pas lequel choisir) et trop mal au coeur… Alors que j’étais partie d’un bon souvenir, avec des odeurs dans la tête, mon père encore jeune, mon grand père encore là, et le bruit de l’extracteur tournant avec tatie rigolant…

« Quand les abeilles auront disparu, les humains n’auront que cinq années à vivre sur cette planète ».
Albert Einstein
(je suis peut-être bête, mais je pense que ce monsieur était très intelligent et très lucide…)

La vie n’est qu’un long calvaire. Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? Ce ne sont plus nos petits enfants qui auront à faire face aux problèmes. C’est peut-être, sûrement, déjà nous…

Ce soir je me suis arrêtée sous un cerisier en fleurs… « Avant » c’était un boudonnement incessant. Là : rien ou quasi rien. Si les abeilles sont mortes il n’y aura pas de cerises… Pas de prunes, pas de tout un tellement de choses que j’ai envie de faire quelque chose…

Et par pitié, si vous avez le bonheur de croiser un essaim. N’appelez pas les pompiers, mais l’apiculteur le plus proche…

Edit du 12 avril 2007

News

Une commission d’enquête sur les abeilles

Une quarantaine de députés de tous bords demandent une commission d’enquête parlementaire afin de faire toute la lumière sur la surmortalité des abeilles, a annoncé le député-maire de Vienne Jacques Remiller (UMP), qui a déposée mardi une résolution en ce sens.
Le député-maire de Vienne a souhaité qu’une décision de principe soit prise avant la fin de la législature pour que la commission d’enquête soit opérationnelle au début de la prochaine, lors d’une conférence de presse.

« L’apiculture vit depuis dix ans la plus grave crise de son histoire en France et en Europe », a souligné M. Remiller, précisant qu’en France, 1.500 apiculteurs, amateurs et professionnels, cessent leur activité chaque année, 5.000 emplois étant ainsi menacés.

La production française de miel a chuté de 10.000 tonnes depuis dix ans, soit 1.000 tonnes par an, a ajouté le député.

Et « la surmortalité des abeilles continue alors que les produits incriminés (Gaucho et régent TS) sont suspendus depuis deux ans », a-t-il fait remarquer.

Le député a indiqué que cette commission devra évaluer les décisions prises depuis dix ans pour enrayer la surmortalité des abeilles, juger de la bonne utilisation des fonds européens par la filière apicole et définir une politique nationale de sauvegarde des abeilles.

 

 

Mardi 20 Février 2007